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Elrich Marbh & Augustus O'Callaghan



 
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 (thaddilis) open wound

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Azilis Harkwood
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Azilis Harkwood
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Âge : vingt-quatre années que le monde l'a vue naître - vingt-quatre années qu'elle vagabonde et qu'elle essaie.
Statut civil : elle sait que son coeur bat pour quelqu'un - mais pour qui, cela lui a toujours échappé.
Occupation : on la voit souvent vendre des fleurs et des plantes en pots, mais rares sont ceux qui savent que la nuit, elle sort et chasse ceux qui la chassent.
Armes de prédilection : les armes blanches ; elle ne sort pas sans un couteau à la cheville gauche, et lors de ses chasses, sans deux grandes lames dans le dos, parfois même accompagnées d'une épée à la ceinture. elle sait aussi manipuler les hormones et les parfums, comme le reste des membres de sa famille.
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MessageSujet: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyDim 31 Jan - 23:34

(∆∆∆)
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Elle claudique et garde son bras droit collé contre ses côtes. Elle fait attention à ne pas trop le bouger, sans quoi une douleur insupportable lui vrille l’épaule, le cœur et le crâne. Elle ne fait pas attention aux regards des passants, qui s’arrêtent sur son bandage – certes caché par la manche de son pull, mais tout de même visible -, sa jambe boiteuse et les immenses poches violacées qui cernent ses yeux. Elle n’a pas dormi. Elle a passé la majeure partie dehors, dans les bois, et l’a terminée assise sur le sol de sa chambre à éponger son épaule sanglante.

Le sang ne s’arrêtait pas de couler. Il s’était même incrusté dans les rainures de son parquet. Elle savait parfaitement quelle en était la cause, et elle se pince les lèvres, par automatisme, quand elle revoit le jeune homme s’avancer, quand elle ressent sa lame ensorcelée lui entailler la peau. La douleur, d’abord tolérable, puis horrible, ne voulait désormais plus la quitter. Elle avait vu pire, Azilis, mais elle savait que cette blessure ne cicatriserait pas. Pas toute seule, en tous cas. Du gaélique l’empêchait de se refermer, et seule cette même langue pourrait rendre cette plaie commune. Elle n’aurait plus qu’à attendre que la peau se régénère, à son rythme, et à l’entretenir comme elle l’avait déjà fait des centaines de fois.

Jamais elle n’était rentrée d’une pleine lune sans une égratignure. Mais jamais elle n’avait été touchée par une lame de sorcier. Et surtout, jamais elle n’aurait cru que ce soit précisément lui qui lui infligerait ce sortilège pour la première fois

Elle progresse dans la rue, bien qu’elle essaie de s’en dissuader. Elle est certaine de pouvoir trouver quelqu’un capable de la soigner – quelqu’un d’autre. Elle est certaine qu’elle n’a pas réellement besoin de lui, que tant d’autres solutions s’offre à elle. Mais une voix, celle qu’elle devrait écouter plus souvent, susurre à sa conscience que c’est lui, la solution. Qu’il est le seul à pouvoir lever la malédiction qu’il avait jetée sur sa lame et qui l’empêchait de guérir correctement. Elle sent son bandage glisser de quelques millimètres, et comprend qu’il est trop imbibé, qu’elle aurait dû mettre deux ou trois couches de plus. Mais on lui a appris à ne pas se démonter – alors elle n’en fait rien. Elle continue d’avancer, ignorant du mieux qu’elle pouvait la douleur qui s’éveillait de nouveau dans sa cheville.

Elle sait parfaitement où elle va – le chemin de chez elle à chez lui, elle le connaît par cœur. Nombreuses furent les années où elle le faisait tous les jours, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Surtout de la nuit, vers la fin. Avant que la vérité n’éclate – parce que cette garce finissait toujours par éclater et tout ruiner. Puisqu’au final, c’était quand même gros, ce qu’ils avaient. Elle ne s’en doutait pas vraiment, la rouquine, mais ça lui était précieux ; peut-être que ça lui est tout aussi précieux aujourd’hui, d’ailleurs. C’est le genre de réflexion qu’elle n’a pas le temps de se faire, que son inconscient refoule automatiquement – parce que mauvaises, parce que poison.

Elle arrive enfin devant sa porte, et elle soupire. Un long soupir qui laisse s’échapper, avec l’air, ce qui la retenait de frapper. Pour que seule demeure cette petite voix, qu’elle prendrait aujourd’hui pour celle de la sagesse – mais qui, dans quelques jours, quelques heures peut-être, deviendra celle de l’ombre se cachant au plus profond de son être. Elle a les lèvres serrées quand elle abat doucement son poing sur le bois, et elle les humidifie quand il vient lui ouvrir. Elle porte la main à son épaule, avant de soupirer une nouvelle fois et de baisser les yeux vers ses chaussures. Et, presque en chuchotant, elle lâche ce que la petite voix n’a de cesse de lui répéter. « J’ai besoin de toi. »


Dernière édition par Azilis Harkwood le Dim 7 Fév - 13:57, édité 1 fois
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Thaddeus Killingworth
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Âge : vingt-six hivers, écorché vif.
Statut civil : coeur à la dérive, âme à l'agonie. il prend ce qui vient, ni plus ni moins.
Occupation : il entretient et entraîne le corps des autres le jour, avant d'aller exposer le sien dans les bars le soir
Élément : les abysses qui étouffent, asphyxient, et détruisent. l'eau, destructrice.
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptySam 6 Fév - 16:47

Il avait des envies de meurtre. Plus encore que la veille, alors même que le Soleil avait regagné sa place là-haut sur son trône nébuleux, et que la Déese avait rejoint son amant, dans l'obscurité. Sa soif de sang était parti, réduit au silence, en même temps que son sacrifice de la veille. Il ferma les yeux, ressassant en boucle les évènements de la nuit, se complaisant dans la morbidité et la violence qui y avaient pris place, tout en pestant contre Nerys, contre les chasseurs et contre tout le reste. Cela aurait du être une soirée dédiée à sa Mère, au lieu de quoi, tout avait foutu le camp. Mais au fond, personne n'avait vraiment été gagnant, dans cette histoire.

On vint toquer à sa porte. Thaddeus grimaça. Il avait pris sa journée, refusant de travailler aujourd'hui, et de devoir faire face à Poppy, encore une fois. Elle avait trop souvent échappé à la mort, il n'aimait pas la savoir ainsi prise entre deux feux, sa loyauté envers lui, et son humanité, qui la rendait vulnérable et précieuse aux yeux des siens. Il refusait de la perdre, et après cette soirée dans les bois, c'était hors de question. Le sorcier ne voulait pas lui faire face, pas aujourd'hui. Ils avaient tous les deux besoin de mettre leur distance pour quelques temps. Quant à ses autres élèves, il n'en avait tout simplement rien à faire. Il n'avait envie de voir personne aujourd'hui. Hormis Nerys et Nolan, qui refusaient toujours autant de s'adresser la parole. Et il n'avait pas réussi à joindre ses soeurs. Il soupira longuement, éreinté et exaspéré, avant de finalement se décider à ouvrir la porte.

Au fond, il n'était pas vraiment surpris. Il s'était même attendu à sa visite. Azilis. L'humaine refusait de croiser son regard, une main agrippant son épaule gauche, d'où le sang affluait toujours. Et il ne savait que trop bien la raison de sa présence chez lui. Fut un temps où il l'accueillait sans arrêt, nuit et jour, comme une amie dans les premiers jours, puis comme une amante vers la fin. Et aujourd'hui ? Dire que la situation était compliquée était un doux euphémisme. Ils agissaient dans des mondes bien trop différent pour qu'ils puissent se fréquenter comme d'antan, leurs ébats oubliés au détour de menaces étranglés et d'insultes acerbes. Tel était devenu leur quotidien, désormais.

La rouquine l'implora, d'un chuchotement, et il lui ricana au nez. Il ne la guérirait pas. Il ne lui ferait pas se plaisir. Il appréciait bien trop de la voir souffrir ainsi, et de venir le voir, ravalant sa fierté d'Harwood, de chasseuse. Ne prenant même pas la peine de lui répondre, le sorcier lui referma tout simplement la porte au nez. Ils n'étaient plus amis, plus amants, plus rien. Seulement des inconnus, à l'attirance encore bien trop présente. Il s'était jouée d'elle la veille, la narguant, la menaçant, sans pour autant l'achever. Thaddeus lui avait laissé un petit souvenir néanmoins, cicatrice qu'elle porterait à vie.


Dernière édition par Thaddeus Killingworth le Sam 2 Avr - 14:33, édité 1 fois
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Azilis Harkwood
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyMar 9 Fév - 22:23

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Le rire qu'il lui adresse - court, acide -, il la heurte comme une claque. Elle fronce les sourcils, trop de temps pour qu'elle-même s'en rende compte. Il est grand, trop grand pour qu'elle voie quoique ce soit derrière lui. Mais elle devine ce qu'il cache, parce qu'elle connaît tout par cœur. Plusieurs années de sa vie ont été rythmées par les visites rendues au jeune homme - parce qu'il n'était qu'humain, à l'époque. Il n'était rien d'autre qu'un garçon qu'elle trouvait gentil, chez qui elle aimait aller parce qu'elle s'y sentait presque chez elle. Son inconscient ne pouvait s'empêcher de la faire s'imaginer les meubles et les objets, l'intensité de la lumière que produisait l'ampoule du salon. Des images, des sons, des odeurs se pressaient dans son crâne, presque violemment. Elle était à la limite de l'étourdissement. Elle trouve cependant la force de placer son pied entre la porte et le mur, empêchant le sorcier de la fermer complètement. Jamais il ne lui avait fermé sa porte au nez - jamais. Il y avait même eu des fois où elle n'avait même pas eu besoin de dire quoique ce soit pour se retrouver assise dans la cuisine ; ou allongée sur son lit. Elle ne bouge plus, laisse son pied là où il est, attend une réaction. Le connaissant, il forcerait, essayant de lui broyer quelques os de plus au passage. Ce qu'il fit. Et elle résiste, elle essaie de ne pas flancher. Parce qu'elle aurait pu laisser tomber, faire demi-tour et trouver quelqu'un d'autre pour lever ce foutu sortilège. Il y avait ce type de l'hôpital. Il ne serait sûrement pas plus enclin à lui apporter son aide, mais probablement plus facile convaincre que Thaddeus. Elle finit par ne plus en pouvoir, d'attendre qu'il abandonne. Alors elle finit par retirer son pied. Une soudaine montée d'adrénaline lui fournit la force nécessaire pour soulever sa jambe et donner un grand coup dans la porte, sans laisser au brun le temps de la verrouiller. On lui avait appris que la détermination était la source de force sur laquelle elle pouvait le plus compter ; elle n'avait que faire de la fatigue, des blessures et du sang qui manquait. Elle reprend une grande bouffée d'air, grimace alors que la douleur dans son ventre s'éveille. Elle lève les yeux vers l'autre, croise son regard, soupire avant de lâcher un rire, à son tour. Elle ne sait pas d'où il sort, ce rire. Comment elle a réussi à le produire. Sûrement parce qu'elle se rend compte qu'ils viennent d'atteindre le point de non-retour. Ils se détestent. Mais s'aiment quand même. Deux aimants qui se repoussent mais qui se forcent eux-mêmes à se coller, dans l'espoir que peut-être les lois physiques seraient oubliées. Rien ne peut leur permettre de retourner à ce qu'ils étaient avants - amis, amants, peu importait. C'était cette Déesse, qu'il vénérait et qu'elle maudissait, qui n'avait rien arrangé. La Lune gâchait toujours tout. Différents mais pareils. Le pire des scénarios. « Si tu voulais pas me revoir, fallait me tuer quand t'en avais l'occasion. » Hier soir. Il avait lancé une première incantation alors qu'il aurait pu lui trancher la gorge. Il avait autorisé la blessure à se refermer, alors qu'il aurait pu laisser la rousse allongée sur la mousse, à se vider de son sang. « C'est trop tard. » Cette phrase, elle l'avait laissée sortir alors qu'elle n'en avait nullement l'intention. Mais il le savait aussi bien qu'elle. C'était trop tard.
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Thaddeus Killingworth
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Thaddeus Killingworth
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptySam 20 Fév - 1:38

Thaddeus rageait intérieurement. Il était las. Bien trop las pour ce genre de conneries. Il voulait simplement qu'on le laisse tranquille. Mais elle était là, plus obstinée que jamais, et le dévisageant comme un étranger. Il ne chercha même pas à l'arrêter, à retenir son pied ou bien à l'envoyer valser hors de son appartement. Car, au fond, il ne le souhaitait pas vraiment. Pas plus qu'il n'avait voulu la tuer la veille, alors que la logique aurait voulu qu'il la sacrifie, sans même une once de culpabilité. Alors il l'avait scarifiée, torturée, et faite souffrir. Dans le simple but de combler ce manque. L'adrénaline, ce besoin de sang, typique des siens. Le plaisir que cela lui procurait, à chaque pleine lune. Mais on lui avait retiré ce droit là. Et quitte à ne pas pouvoir la tuer, il avai,t par conséquent, fait couler son sang. Ce liquide vermeil qui le fascinait tant. Il y avait eu quelque chose, dans le fait de faire couler son sang à elle. Une obsession malsaine qu'il n'aurait su décrire, mais qui l'enchantait grandement. Il avait observé chacune des gouttes de sang coulant de son épaule, et de son abdomen, voulant toujours plus. Et à ce stade, il ne savait plus vraiment si c'était du à l'influence de la lune, ou bien tout simplement sa propre folie. Certainement un mélange des deux. Et il en voulait toujours plus. Te tuer ? Un énième rire cassant franchit ses lippes. Aucun d'eux ne jouait plus, ni ne se fourvoyaient dans des chimères utopiques, idylliques. Les faux-semblants, ils les avaient balayé d'un revers de main catégorique, le jour-même où leurs natures respectives avaient été révélées.  Et ils agissaient comme des prédateurs, jouant avec leurs proies, sans jamais la dévorer. Et à force de se tourner ainsi autour, ils allaient tous les deux finir par se brûler les ailes. J'aurais sûrement dû, en fin de compte. Blasé, voilà ce qu'il était. Aucun doute, aucun remord ne perçaient dans sa voix.  C'était ainsi. Fini le temps où les sourires et l'affection rythmaient leur relation et leur quotidien. Fini le temps des caresses et des baisers, l'affection qu'ils éprouvaient alors l'un pour l'autre, dissipés aux quatre vents tels des volutes de fumées. A quoi bon ? C'était futile, sans espoir. Ils étaient maudits depuis le départ, jouant à un jeu dont les règles étaient faussées, trompeuses. Tu ferais mieux de rentrer, inutile que les voisins assistent à ta mort en direct. Elle continuait de saigner, la plaie encore plus protubérante et impressionnante que la veille. Ses yeux fixaient son épaule, sans jamais la lâcher du regard. Oh, il n'allait pas la soulager de ses maux tout de suite. Pas sans un compromis.   Tu veux de l'aconit avec ton thé ? Ou tu préfères que je t'ampute le bras tout de suite ? Acerbe, la voix. Il se moquait bien qu'elle se vide de son sang et qu'elle agonise en plein sur son parquet. A vrai dire, il souhaitait la voir agoniser, le suppliant d'intervenir. C'était son seul plaisir de la journée, et il comptait bien l'obtenir. Et, éventuellement, il envisagerait de la soulager. Si elle faisait la même chose en retour.

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Dernière édition par Thaddeus Killingworth le Sam 2 Avr - 14:48, édité 2 fois
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Azilis Harkwood
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptySam 20 Fév - 12:37

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Il ne fait que rire, d’une rire qu’elle ne connaît pas – ou du moins, qu’elle ne connaissait pas avant hier soir. En réalité, l’être tout entier qui lui faisait face lui était inconnu. Elle ne reconnaissait plus personne, Azilis – comme si son monde tout entier changeait sous ses yeux alors qu’elle était incapable de modifier la moindre petite chose chez elle. Elle hoche la tête quand il répète deux de ses mots, haussant le ton pour le rendre interrogatif. Oui, la tuer. Parce que c’était ce qu’il était supposé faire. C’était ce que sa Mère lui demandait ; elle le savait, Azi, parce qu’elle avait lu et appris tout ce qu’il y avait à savoir sur les semblables de Thaddeus. Et parfois, quand le sommeil ne venait pas, elle repensait à ses années passées à ses côtés, lors desquelles elle n’avait rien vu. Chasseuse formée et accomplie, sa véritable nature lui était passée sous le nez. Et la plupart du temps, elle s’en voulait ; tellement de choses auraient été différente si elle avait compris tout de suite. Ils n’auraient pu eu le temps de s’attacher, et la déchirure aurait été beaucoup moins douloureuse. Elle secoue la tête, presque imperceptiblement, les forces lui manquant trop pour pouvoir rendre ce geste plus vif. Elle n’en peut plus, elle, de devoir assister à ça. De devoir rester planter devant lui, à la fois familier et étranger. Elle n’en peut plus de la mémoire qui lui revenait, et des mots qu’il lui lançait. Tout cela lui faisait mal, presque plus encore que ses deux blessures. Tout lui échappe et, pendant quelques courtes secondes, elle a juste envie de s’asseoir contre le mur du couloir et attendre. Attendre sa mort en direct, comme il l’avait dit. Devant tout le monde. Parce qu’elle ne supportait plus rien, en avait marre de refuser de baisser les bras. Pour une fois, elle avait envie d’être faible. Et elle était prête à faire demi-tour, peut-être même à s’excuser pour le dérangement. Elle était prête à lui tourner le dos une bonne fois pour toute et à se jurer de mettre fin à ses piteux jours. Mais il rouvre la bouche, et son sarcasme est de trop. Une nouvelle fois, la force de sa détermination lui permet d’avancer, assez vite pour le surprendre, le pousser jusque contre un mur et l’immobiliser, son bras valide contre sa gorge. Ne se maintenant plus l’épaule, elle sent la douleur augmenter, et vite devenir insupportable – mais il n’y prête aucune attention. Elle ne s’occupe que du regard du sorcier, qu’elle ne reconnaît pas non plus. « Alors tu vas faire comme si rien ne s’était passé ? » Elle en a marre, Azilis, et elle a ce soudain besoin de parler, de crier, de l’abattre. Elle enfonce son coude dans son épaule, espérant lui faire mal. Elle n’élève pas tellement la voix, mais son ton est sec, dur. Elle a les dents serrées et ses mots sortent comme des sifflements. « C’est pas en essayant de ne pas y penser et de ne pas en parler que tout s’effacera. » Elle avait essayé, pourtant, de tout balayer. Mais ça ne marchait pas comme ça. Le passé était intouchable. Inchangeable. Il était juste là, narguant, s’amusant à vous rappeler vos échecs et vos erreurs. « Tu vas m’aider, ok ? Parce que je sais très bien que ta conscience ne supportera pas de me laisser comme ça. » Ils avaient beau prétendre, ils avaient beau désirer se haïr plus que tout au monde, il restait tout de même ces parts d’eux qui refusaient de tout oublier.

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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyLun 22 Fév - 23:49

Au fond, il ignorait pourquoi il se montrait si odieux envers elle. Sans doute le contre coup de la veille, qui aurait du être l'occasion pour lui d'honorer sa Mère, et de reprendre des forces. Au lieu de quoi, ses deux sacrifices étaient toujours en vie, l'un s'étant fait la malle, et l'autre se déversant de son sang dans son salon. Thaddeus devait faire peur à voir, avec son teint blafard et ses cernes plus prononcées que jamais. Il était faible, bien trop faible pour ce genre de conneries. Une partie de lui voulait l'ignorer, et la rejeter. Solution de facilité. Ignorer le problème, jusqu'à ce qu'il s'en aille. Et puis, il y avait l'autre partie, celui qui se remémorait leurs temps passés ensembles, avant que tou ne parte en fumée. Cette partie là voulait lui venir en aide et la consoler, en la prenant dans ses bras, lui murmurant au creux du cou que tout irait bien. Comme il l'avait fait tant de fois auparavant quand elle était triste, ou simplement pleine de questionnements et enragée contre le monde entier. Cette partie là de lui, Thaddeus ne la connaissait que trop bien. Et elle le terrifiait. Car elle le forçait à changer, et à se montrer sous un visage qui n'était pas le sien. Une façade qui se détériorait à mesure qu'elle le regardait, de ses yeux implorants, et pourtant si féroces. Et il sait qu'il a tord. Il n'eut même pas le temps de s'excuser (au fond, le souhaite-t-il vraiment, s'excuser. Il ne sait pas, plus.) qu'elle le prit au dépourvu et le plaqua contre un mur. Et là encore, son esprit était divisé. Des pensées contradictoires s'entassaient dans son esprit, si bien qu'il la laissa faire, sans même sourciller. Oui, il voulait prétendre, et continuer de se complaire dans le mensonge. Il ne savait faire que ça, depuis dix ans. Ils étaient ennemis, alors c'était ce qu'il était censé faire. Se comporter comme le plus horrible des salopards, pour la faire partir, et ne plus la faire souffrir. Mais il faut croire que malgré toutes leurs bonne volonté, ils n'étaient doués qu'à ça; se faire souffrir, encore et encore. Sans doute pour toujours. Parce que se souvenir est mieux, sans doute ? Ressasser le passé quand il est évident qu'on ne pourra plus jamais retrouver tout ça ? A quoi bon ?! Sa voix n'était qu'un soupir las. Il n'avait plus la force de hurler, il n'avait plus la force de rien, pas même de se débattre et de la rejeter. Tu n'aurais jamais du venir, Azilis. Thaddeus la regarde, prunelles vertes qui se jaugent du regard sans qu'aucun des deux ne soient capables de détourner les yeux. Alors il céda. Oui, il l'aiderait. Parce qu'il le voulait, parce qu'il le devait. Pris par une pulsion intense, soudaine, le sorcier se pencha, rapprochant la rouquine dans leur étreinte corporel, et déposa un baiser sur les lèvres de cette dernière. Aucune souplesse, aucune tendresse. Seulement un instinct primal, une envie qui le prenait aux tripes. Au fond, il ne rêvait que de ça, Thaddeus, depuis bien trop longtemps, depuis leurs adieux déchirants.  Ils n'auraient jamais du se dire au revoir. Car au final, ils se faisaient plus souffrir qu'autre chose. Au final, cela ne servait qu'à les rendre plus misérables, dans ce mode morne et sombre. Tous deux avaient été bien trop proches pour couper les ponts ainsi, pour se déclarer ennemis. Trop de souvenirs, trop d'affection et de sentiments reniés. Du mauvais sang, qui ne faisait que les achever de l'intérieur chaque jour, un peu plus. Ils n'étaient que les fragments d'une vie toute entière, mais au fond, des fragments, même infimes, ça a de l'importance, non ?  


Dernière édition par Thaddeus Killingworth le Sam 2 Avr - 16:03, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyMar 23 Fév - 21:53

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Elle ne répond pas aux questions qu’il enchaîne. Elle se contente de les retourner dans sa tête, encore et encore, essayant d’y apporter une réponse sans le lui faire savoir. Parce qu’elle n’a pas envie de s’engager dans ce débat – elle sait parfaitement comment ça se finirait. Alors elle réfléchit, et ne parvient à se focaliser que sur un seul élément de ce qu’il avait dit. Retrouver tout ça. Il n’avait pas eu besoin d’en dire plus pour qu’elle comprenne ce qu’il avait voulu dire ; comme d’habitude. Et elle essaie de mettre des mots sur tout ça. En vain. Elle est incapable de définir ce qu’ils avaient eu, parce que trop unique, trop précieux. Une fois que quelque chose possédait une définition, une explication, des caractéristiques, ça devenait commun. Et elle refusait que tout ça devienne commun. Ca n’avait rien de commun. Alors, plutôt que des mots, ce sont des images qui s’imposent. Chacune d’elle la poussant un petit peu plus à bout. Et elle a presque l’impression de voir les mêmes dans ses yeux à lui – yeux dont elle n’arrive pas à se détacher. Elle essaie de garder contenance, reprenant son ton sec, lui ordonnant presque de lui venir en aide. Mais sa dernière phrase l’atteint trop pour ne pas la faire flancher. Elle éloigne son bras de quelques centimètres de sa gorge, l’effleurant désormais à peine. Et exactement comme la veille, leurs iris se mêlent. Trop puissamment pour qu’ils puissent y faire quoique ce soit. Avaient-ils seulement envie de défaire cette étreinte oculaire ? Azilis l’avait. Elle voudrait pouvoir ne pas systématiquement tomber dans la faiblesse. Elle aimerait pouvoir penser comme lui et se dire que de toutes manières, ils étaient vains, que plus jamais il ne pourraient retrouver tout ça. Elle aimerait pouvoir accepter de telles fatalités, les plus dures des réalités. Mais elle avait accepté trop de choses en trop peu de temps. Elle n’arrivait plus à porter le poids de toutes les choses que le surnaturel lui avait pris – en commençant par une vie normale. Combien de fois en avait-elle rêvé ? Combien de fois s’était-elle demandé à quoi sa vie aurait ressemblé si elle était restée loin de tout cela ? Trop de fois, probablement ; c’était à se demander comment elle n’était pas devenue complètement folle. Elle ouvre la bouche pour lui répondre, mais elle ne sait pas, plus, quoi lui dire. Elle ne parvient qu’à lâcher un seul petit mot. « S’il te plaît. » Le calme revenu, l’adrénaline repartie, ses deux plaies s’étaient réveillées, et elle avait cette envie irrésistible de se laisser tomber sur le sol, parce qu’incapable de tenir encore debout. Elle pince les lèvres alors qu’il ne dit rien, qu’il ne fait rien. Elle sent le bandage à son ventre s’effondrer, parce que trop imbibé de sang. Elle y porte une main, retirant ainsi son bras de devant le brun. Et avant qu’elle ait pu faire le moindre autre geste, ou prononcer le moindre autre mot, il avait soudé leurs lèvres. Et elle surprend une voix dans sa tête qui lui murmure : enfin. Elle n’avait pas attendu un tel geste, n’aurait jamais osé l’espérer. Mais elle se rend soudain compte qu’elle en avait besoin. Qu’elle avait besoin de lui. Jamais ses sentiments n’avaient dépassé la très forte affection, mais elle se rappelait ne s’être sentie bien, ses dernières années, que dans ses bras à lui. Le lien qui les attachait l’un à l’autre – certes toxique, certes malsain – était beaucoup trop solide et beaucoup trop nourri pour qu’ils puissent essayer de vivre comme s’il n’existait pas. Au même titre qu’un couteau de cuisine ne pouvait pas couper un chêne millénaire, leurs maigres efforts pour se détester autant qu’ils le devraient n’étaient d’aucun recours pour rompre les chaînes qui les liaient. Ils auraient beau faire de leur mieux pour s’effacer de leurs mémoires et de leurs cœurs, ils en seraient incapables. Et il avait suffi d’un baiser, vide de sens, pour que l’évidence apparaisse aux yeux d’Azilis. Il n’y avait plus rien à faire. Elle l’avait déjà dit plus tôt, c’était trop tard. Trop tard pour prétendre, trop tard pour se haïr, trop tard pour s’éloigner. Ils étaient foutus. Alors elle baisse les bras, elle baisse sa garde, et elle éloigne leurs visages pour pouvoir lui donner un baiser, à lui aussi. Doux, tendre, comme le premier qu’elle avait posé sur ses lèvres – le jour où elle avait arrêté de réfléchir. Aujourd’hui aussi, elle avait cessé de laisser ses questions tourner en boucle. Elle défait leurs lippes, sans pour autant éloigner leurs visages. Elle garde les yeux fermés un instant, sans trop savoir pourquoi. Elle n’ose plus respirer, parce que le silence qu’ils ont installé lui est inexplicablement précieux. Mais elle finit par le briser, parce que la douleur refait surface. Une légère dose de sarcasme s’échappe, tout en murmure. Parce qu’elle est presque redevenue la Azilis d’avant. Celle d’avant la vérité. La Azilis aveugle. « Bon, dépêche-toi. J’ai des couteaux à nettoyer. »
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Thaddeus Killingworth
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptySam 27 Fév - 1:20

Il se perdait dans des chimères imaginaires et fantastiques,  dans des souvenirs idylliques, qui semblaient le fuir. Le genre de réalité qui ne serait jamais, perdue dans une vaste étendue de "et si ?" qui ne causaient que troubles et agonie sur leur chemin. Ce genre d'utopie qu'avait par cent fois imaginé Thaddeus, auparavant, et qu'il se surprenait encore à rêver, et même à désirer. Mais dans son monde à lui, les souhaits ne se réalisent pas, et leur existence morose ne se résume qu'à ranimer la flamme d'un espoir envolé, dispersé aux quatre vents. La flamme virevolte quelques temps, et puis s'estompe, pour parfois ne plus jamais se rallumer. Et au fond, de lui, le sorcier rêvait d'autre chose. D'une vie plus simple, sans complications. Ce genre de vie parallèle qui pourrait tout arranger, et qui pourrait rendre ses couleurs à ce monde gris et terne. Une simple lueur d'optimisme, avec la certitude que tout irait pour le mieux. Mais rien n'est vrai. Rien. Alors, Thaddeus imaginait. Il pouvait entrevoir un semblant de toute cette vie-là, dans les yeux de la rousse, quelques parcelles éphémères dispersées sur ses lèvres, qu'il ne voulait plus lâcher, quitter. Elles étaient son seul refuge, à présent, son seul ancrage. Son seul barrage contre le présent et lui, contre le destin et eux. Oui, tous les deux s'étaient aimés, et s'aimaient encore probablement beaucoup trop. Et ils ne pouvaient tourner la page, pas complètement. Pas pour le moment. C'était bien trop tôt, bien trop lancinant. Une déchirure dans le coeur, que Thaddeus n'avait que trop essayer de panser, sans succès. Mais comme pour tous les navires, Thaddeus finit par couler, au moment où la pression se relâche et où leurs corps s'éloignent. Son instinct le poussait à protester, et à ne pas la laisser partir, mais sa raison l'en empêchait, conscience rationnelle, affligeante. Des couteaux. Vraiment ? Tu comptes me laisser un petit souvenir, toi aussi ? Au fond, il le méritait. Pire encore, elle aurait du le tuer en franchissant son palier, et il le savait. Tous deux ne cessaient de se tourner autour dans un ballet dangereux. Alors, ils continuaient de prétendre, prétextant ne pas être touché, émotionnellement et rationnellement. Mais Thaddeus aussi étais las de ce jeu-là. Terriblement las. Son sourire mourut sur ses lèvres, au moment même où il déposa les yeux sur la plaie de son interlocutrice, son ennemie, son amante. Il ne pouvait plus la laisser souffrir, ce n'était pas qui il était. Pas comme ça. La cruauté gratuite, il n'y croyait pas et n'y avait jamais cru. Pas envers ceux qui comptaient. Pas envers Azilis. Lentement, tendrement, il déposa sa main sur l'épaule de celle-ci, invoquant une prière à sa mère, l'implorant de l'écouter, et de la soigner, malgré ses erreurs de la veille, et malgré son manque de sacrifice. Il se savait trop faible pour exécuter une telle tâche, mais il s'y employa quand même. Pour elle. Les mots se firent compatissants, aimants, le gaélique faisant peu à peu effet sur la plaie, et Thaddeus défaillant un peu plus au fur et à mesure. Tu peux partir, désormais. Tu as eu ce que tu voulais non ? Maintenant, laisse-moi. Il voulait plus. Son corps tout entier réclamait plus, le sommant de réagir, et de saisir l'opportunité, mais il n'en fit rien. Il était fatigué. Oui, la réalité finit toujours par revenir au galop, oiseau de mauvaise augure - ombre noire au tableau, sur leurs portraits déjà salis par le temps et la fatalité.  


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Âge : vingt-quatre années que le monde l'a vue naître - vingt-quatre années qu'elle vagabonde et qu'elle essaie.
Statut civil : elle sait que son coeur bat pour quelqu'un - mais pour qui, cela lui a toujours échappé.
Occupation : on la voit souvent vendre des fleurs et des plantes en pots, mais rares sont ceux qui savent que la nuit, elle sort et chasse ceux qui la chassent.
Armes de prédilection : les armes blanches ; elle ne sort pas sans un couteau à la cheville gauche, et lors de ses chasses, sans deux grandes lames dans le dos, parfois même accompagnées d'une épée à la ceinture. elle sait aussi manipuler les hormones et les parfums, comme le reste des membres de sa famille.
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptySam 27 Fév - 17:09

(∆∆∆)
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C’est un maigre rictus qui vient s’incruster sur les lèvres d’Azilis, quand elle remarque qu’il en porte un aussi. Elle savoure ses quelques instants, lors desquels toute haine avait disparu, comme s’ils n’étaient plus les ennemis naturels qu’ils avaient découverts en l’autre. Parce qu’elle sait, au fond d’elle, que bientôt ces secondes plongeraient avec les années qu’ils avaient laissées derrière eux ; que bientôt ils devraient recommencer à faire comme s’ils se détestaient. « Un jour. Peut-être. » Car, oui, peut-être un jour arriverait-elle à lui faire mal. Vraiment mal. Mortellement mal. Mais elle voulait que ce jour soit le plus tardif possible, qu’ils puissent vivre en sachant l’autre vivant encore un peu. Il baisse les yeux vers son épaule, et elle remonte sa manche pour faire apparaître sa plaie. Elle grimace quand la manche arrive à sa hauteur, appuyant sur la blessure, rendant la douleur insupportable, l’espace de quelques secondes. Elle déroule la bande avec laquelle elle avait tenté d’arrêter l’hémorragie, tout en ayant parfaitement conscience que seule la magie pourrait y remédier. Elle pince les lèvres quand elle sent ses doigts sur sa peau ; lève les yeux vers lui quand la langue qu’elle maudit s’échappe de sa gorge. Son incantation est un murmure, et bien qu’elle n’en comprenne pas un mot, elle arrive à sentir le ton tendre qu’il y déverse. Et alors que tous ses sons étrangers parviennent à ses oreilles, elle sent son sang se faire moins épais et surtout, moins abondant. Et elle se demande s’il y avait vraiment une Lune pour l’écouter. Une Lune qui acceptait de venir en aide à une chasseuse telle qu’Azilis – qui avait mis fin à tellement de vies, convaincue de la légitimité du Code avec lequel elle avait été élevée. Elle avait laissé sa pitié et sa compassion loin derrière elle, et ce, dès lors de sa première chasse. Alors, cette Lune, pourquoi autorisait-elle sa guérison ? Si elle avait été elle, Azilis se serait laissée mourir – parce qu’elle n’aurait pas voulu voir une pareille âme survivre. Mais elle était toujours là. Elle savait pertinemment que les forces prendraient leur temps pour revenir, mais elle se sentait déjà soulagée. La douleur partirait, le sang cesserait de s’écouler à l’infini. La plaie se refermerait, ne laissant derrière elle qu’une cicatrice, blanche. Souvenir de la deuxième pire pleine lune de sa vie. Elle cherche le regard de Thaddeus, mais ce dernier semble à peine tenir debout. Elle pose une main sur son épaule – geste inutile, simple témoin d’un effort voulu pour lui faire garder l’équilibre. Il parle, et elle fronce les sourcils, secoue la tête. Maintenant, laisse-moi. La dernière fois, c’était Azilis qui avait décidé de quitter l’appartement, lâchant un violent et sec au revoir, qu’elle avait pris pour un adieu. Mais c’était différent. La colère et cette haine nouvelle avait été ses seules dirigeantes. Elle n’avait pas réfléchi à ce qu’elle laissait derrière elle. Aujourd’hui, elle sait ce qui se passerait si elle partait maintenant. Ce ne serait pas un Thad hargneux qui irait s’effondre dans son canapé, mais un Thad faible. Chose qu’elle ne pouvait pas concevoir. « J’te laisse pas comme ça. Hors de question. » Parce que c’était sa véritable nature, à la rousse. Elle avait grandi dans une famille de chasseurs, avec un père qui l’avait forcée à ne se laisser commander que par les règles et le Code, de laisser ses sentiments de côté. Et, de tout ce qu’on avait pu lui apprendre et lui transmettre, c’était la partie pour laquelle elle avait eu le plus de mal. Et encore aujourd’hui, elle ne pouvait tout simplement pas s’y résoudre. Thaddeus avait beau être un sorcier, ce que les siens appellerait abomination – comme elle l’avait si souvent entendu dans leurs bouches – il était aussi celui qui venait de l’aider et la guérir. Celui qui l’avait portée pendant de longues et lointaines années. Même avec tous les efforts qu’elle pourrait y mettre, jamais elle n’arriverait à fermer la porte de chez lui et de l’abandonner à cette faiblesse qui le gagnait, visiblement. Il n’y avait qu’à voir sa pâleur, les poches sous ses yeux, la manière dont il résistait à l’appel de la gravité. Elle avait l’impression qu’il allait s’effondrer d’un moment à l’autre. Alors elle attrape ses épaules, dans un geste presque instinctif, pour aller l’asseoir dans le sofa. Elle n’ose pas prendre place à ses côtés, alors elle s’assoit à même le sol, les jambes croisées. La plaie à son ventre crie douleur une fois encore, et elle y porte sa main, appuie, lâche un soupire. Elle demanderait à Adam de lui faire quelques points de suture, et ça irait parfaitement. Elle voit le brun qui ouvre la bouche, mais elle ne lui laisse pas l’occasion de dire quoique ce soit : elle lâche un shh sec, rapide. « J’pars pas. » Et, après avoir pris une grande bouffée d’air : « Pas cette fois. »
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyMar 1 Mar - 23:58

La vie se jouait de tout le monde. C'est ainsi que Thaddeus percevait les choses. Elle vous promet des choses, avant de cruellement vous les arracher pour ne plus jamais vous les rendre. C'est ainsi que le sorcier se sentait actuellement, comme dépossédé d'une chose dont il n'avait jamais vraiment profité auparavant. Les gens prennent les choses pour acquis. Thaddeus n'avait pas dérogé à la règle. Il avait toujours cru savoir où allait les choses dans sa vie. Et puis tout était parti à la dérive, et il n'était plus qu'un amas de débris au milieu d'un océan bien trop grand pour lui seul. Sa famille lui avait tourné le dos, et essaierait probablement de le tuer si jamais il venait à croiser leur chemin. Il n'était pas le chasseur qu'on l'avait entraîné et destiné à être. Il était un sorcier, satisfaisant les désirs sanglants d'une Déesse absente chaque mois, sans même vraiment en comprendre la raison. Et voilà, qu'à présent, il devait dire au revoir à l'une des seules personnes qui comptaient vraiment dans sa vie. Parce que la vie en avait décidé ainsi, parce que leur nature n'était pas compatible, parce qu'ils étaient ennemis, et que s’entre-tuer était leur seule issue dans cet engrenage dans lequel ils étaient pris. Une issue qu'il n'était pas encore prêt à accepter. Au fond, l'accepterait-il vraiment un jour ? Il en doutait fortement. Trop de souvenirs qui venaient le hanter, le tourmenter, le conjurant de ne jamais oublier, et de s'accrocher à des chimères illusoires, qui n'avaient plus lieu d'être depuis déjà trop longtemps. Ils avaient fait leur adieu. Mais voilà, avait-il réellement fait les siens, au fond ? Non. Avec un peu de chance, tu épargneras mon visage d'ange. Et il sourit. Un sourire forcé, douloureux, comme si une telle perspective ne l'enchantait guère, mais qu'il se devait de garder une apparence. De paraître plus fort et hautain qu'il ne l'était en réalité. Car bien qu'ils soient sorcier et chasseuse, ennemis par obligation, ennemis par nature, ils restaient Azilis et Thaddeus, deux êtres que l'on s'était efforcé de forger d'une telle manière, et à dresser l'un contre l'autre, sans même penser à la personne. A ceux qu'ils étaient, à ce qu'ils voulaient, et même à ce qu'ils désiraient. Deux âmes à l'agonie, cherchant désespérément refuge. Une épaule sur qui pleurer, et sur qui s'appuyer. Et c'était la rousse qui faisait office d'appuie cette fois, une chose que le sorcier n'aurait jamais cru possible de nouveau. Il ignorait pourquoi il était autant surpris. Ils avaient traversé des moments intenses tous les deux, et chacun avait soutenu l'autre à tour de rôle. En cet instant, cela lui semblait seulement irréel, comme un doux rêve, inaccessible. Il hallucinait, ça ne pouvait être que ça. Il était même surpris que son sort ait marché, que sa Mère l'ait écouté après lui avoir désobéi ainsi. Qu'elle ait accepté sa requête, celle de guérir une ennemie, sans même le punir pour ses affronts. Mais cela lui avait coûté, et il se sentait faible. Il savait quel en était la cause. Ses mains avaient été dénuées de sang la veille, et c'est lui qui en faisait les frais désormais. Et Azilis refusait de le quitter, de l'abandonner ainsi à son triste état. Il l'avait torturée, et laissée pour morte. Et voilà qu'après l'avoir supplier, c'était elle qui lui venait en aide. C'était tellement ironique que Thaddeus aurait rit s'il l'avait pu. Mais il n'était plus capable de rien, et surtout pas de rire. Il avait l'impression d'être un mourant à bout de force, se rapprochant de la sentence finale. Il ne faisait plus attention à rien, ne remarquant même pas le fait qu'elle l'avait aidé à s'asseoir, prenant place au sol, veillant sur lui comme jamais il n'avait su veiller sur elle. Il voulait parler, lui dire à quel point il appréciait son geste, mais qu'il pouvait se débrouiller seul. Car en réalité, seule sa fierté était blessée. Pour tout le reste, il ne souhaitait pas être seul. Quitte à ce qu'elle découvre ce côté beaucoup plus fragile de sa personnalité, de ce qu'il était en réalité. Pourquoi est-ce que tu restes ? J'ai voulu te tuer. J'aurais du te tuer. C'est ce qu'il était, après tout, un tueur. Il le savait, et l'avait accepté. Mais l'avait-elle accepté elle ? Il se doutait de la réponse. Il tremblait de tout son coeur, et sa voix était rauque, désagréable. Même ses pensées se bousculaient dans sa tête, incapables de percevoir le monde, ou de faire la différence entre rêve et réalité. Alors il baissa les yeux, et croisa les siens. Deux regards plongés l'un dans l'autre, et la promesse silencieuse de se soutenir pour la nuit, quitte à ne plus pouvoir le faire le restant de leur jour.C'était tout ce que la vie leur permettait. Çà et un torrent de larmes. Merci. Un seul mot, qui faisait toute la différence. Un seul mot, qui signait leur perte à tous les deux.


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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyDim 6 Mar - 18:15

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Elle lui rend le faux sourire qu’il vient de lui adresser, alors que ses mots résonnent dans sa tête. Avec de la chance, elle ne l’épargnerait pas – elle le tuerait. Parce que si elle y arrivait un jour, ça voudrait qu’elle aurait réussi à agir sans que son cœur ne la guide. Elle avait passé son adolescence à s’y essayer, mais elle n’y était jamais parvenue. Pas avant le jour où elle avait lancé sa dague dans la poitrine de celui qu’elle avait cru être l’amour de sa vie. A chaque meurtre qu’elle commettait, elle ne s’écoutait pas. Tout se faisait de sang-froid, ses sentiments réduits sous silence, les remords rendus impossibles. Mais jamais elle n’arriverait à regarder les iris verts de Thaddeus s’éteindre en sachant que c’était de sa faute à elle. Et si un jour elle y arrivait, c’était qu’elle n’aurait pas fait exprès. Et que la chance l’aurait accompagnée. Son visage d’ange, elle passe doucement sa main dessus, l’inspectant dans les moindre détails. Non pas pour le mémoriser, parce qu’elle le connaît par cœur. Non, surtout pour essayer d’y replacer les traits qu’elle avait vus s’y dessiner pour la première fois la nuit précédente, traits que la Lune avait forcé, alors qu’il ne répondait qu’à son premier instinct. Celui de tuer pour survivre. Son teint et ses cernes suffisaient à la rousse pour comprendre le prix qu’il payait pour l’avoir laissée partir et l’avoir soignée. Pensées qui l’avaient poussée à faire passer son bras autour de son cou, à l’aider à traverser les quelques mètres qui séparaient le mur contre lequel elle l’avait plaqué et le sofa où elle allait l’asseoir. Rien qu’à sentir son poids, qu’il n’arrivait plus à porter lui-même, elle prenait conscience de l’ampleur de la situation. Au final, il avait bien sacrifié quelqu'un. Lui-même. Lui-même et toute forme de force. Il ne l’écoute pas quand elle lui dit de se taire, la laisse parler avant de renchérir. Elle hausse les épaules, regarde à sa droite, refusant qu’il voie ce qui passait à travers ses yeux. Les souvenirs et les sentiments engouffrés dans les larmes qui menaçaient de couler à tout moment. Elle le savait, qu’il avait voulu la tuer, c’était précisément le rôle que lui donnait la Mère qu’il adorait tant. Elle savait qu’il l’aurait fait, si leurs regards ne s’étaient pas croisés. Parce qu’il s’agissait toujours de ça. A chaque fois que leurs yeux se mêlaient, la situation se retournait. Et la voilà, vivante, presque guérie, assise en face de lui parce qu’elle ne considérait pas partir comme une possibilité. « J’en sais rien. C’est comme ça. » Façon déguisée de lui dire que peu importe ce dont il était – ou avait été – capable, il restait Thaddeus. Son Thaddeus. Elle avait compris, maintenant, qu’elle ne pouvait rien faire contre la place qu’il occupait. Contre ce qu’il représentait. Peu importe que la nature les aie faits ennemis. La nature, elle l’envoyait se faire foutre. Elle ne croyait plus qu’aux battements de son cœur et au sourire qui se dessinait systématiquement quand elle repensait à l’avant. L’avant vérité. Elle reporte son attention sur lui alors qu’elle le voit, du coin de l’œil, légèrement dodeliner de la tête. Et elle s’inquiète, parce que c’est ce qu’elle est – parce qu’elle l’aime. Il la remercie et elle cache son visage derrière ses mains. Sa voix est faible, mais assez puissante pour l’achever. Elle n’en peut plus, des montagnes russes qu’ils montent et qu’ils descendent. Elle n’en peut plus de cette journée passée à saigner, à souffrir et à crier. Et elle n’en peut plus de ses yeux qui restent rivés sur elle, malgré leurs adieux et leurs promesses de ne plus jamais se revoir. Ce dernier mot, ça voulait dire que tout ça tombait par terre. Que tous les efforts qu’ils avaient fournis pour se haïr, qu’ils savaient vains, s’étaient enfin écrasés. Quand elle retire ses mains de devant ses yeux, ils sont plus humides qu’elle ne l’aurait voulu.  Parce qu’avant, il ne l’aurait pas remerciée. Il aurait trouvé ça normal, elle n’aurait même pas eu besoin de lui dire qu’elle restait. A aucun moment son départ n'aurait été une alternative; parce qu’il aurait voulu qu’elle reste, elle l’aurait compris, et elle l’aurait silencieusement accepté. Elle soupire, lâche un rire qu’elle ne contrôle pas, un rire qui ne veut rien dire puisque pour rien au monde la situation ne l’amusait. « Tu m’énerves. » Un murmure qui disait vrai. Mais là où d’habitude, elle aurait explosé, elle sent le peu d’énergie qui lui restait la quitter. Elle pivote, se retrouve adossée contre le sofa, les jambes étendues devant elle. Elle les aurait bien ramenées contre sa poitrine, comme elle le faisait souvent, mais sa blessure l’en empêchait. Elle soupire, lève encore une fois les yeux sur lui. Elle n’aime pas la vision qu’il lui offre – elle n’aime décidément pas le voir comme ça. Un léger soupire s’échappe ; ça lui fait mal de devoir assister à ça. Elle ne s’était jamais vraiment rendue compte de tout ce qui dépendait de ces sacrifices, qu’elle et le reste de l’Ordre essayaient d’empêcher. Il tremble, et c’en est trop. Elle appuie ses mains sur le sol pour se redresser, peine à se lever assez haut pour s’asseoir sur le canapé, mais y arrive finalement. Elle ne s’adosse pas, reste rigide à côté de lui, toute son attention portée sur ce corps qui semble s’affaiblir un peu plus chaque secondes. « Qu’est-ce que j’peux faire ? » Elle voulait aider plus qu’elle ne voulait dormir – dormir, et échapper à la réalité qui se faisait de plus en plus étouffante. Elle s’en fichait. Plus rien ne comptait.
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyLun 7 Mar - 23:08

Au fond, elle n'avait aucune obligation de rester. Il y avait tant de raisons à cela, au fait qu'elle aurait du partir et le laisser seul. Leurs origines, leurs natures, leurs sentiments, leurs dénis envers tout cela. Et puis, leur envie permanente, leur besoin sordide et mortel de vouloir s'accrocher à un espoir qui n'était plus. Thaddeus était le premier responsable. Coupable d'avoir échoué à sa mission, d'avoir failli à sa Mère. Et puis, Azilis, qui s'entêtait à lui tourner autour, à rester là, alors que son code d'honneur lui interdisait une telle chose. Elle n'honorait pas ses valeurs, et lui non plus. Tous deux des pécheurs, dans un monde imparfait, et aux idéologies contradictoires. Étaient-ils les plus en torts, au fond ? Sans doute pas. Mais cela n'empêchait en rien leurs idéaux de s'entrechoquer, en désaccord constant. Tels deux aimants, en constante opposition, mais sans cesse attirés l'un par l'autre. I guess they are right, opposites do attract. C'est ironique, quand on y pense. Ironique, et dangereux. Un danger qui planait orageusement sur eux, épée de Damoclès, qu'ils ne cessaient de vouloir narguer. Pour vivre heureux, vivons dangereusement. Le sorcier ne savait plus vraiment quoi penser. On lui avait appris des faits, puis tout s'était envolée en larmes et en sang. Et ces faits avaient été remplacés par des nouveaux. Et voilà, qu'à nouveau, il balayait tout sur son passage, comme incertain de sa véritable position dans le monde. Il ne savait plus ce qu'il devait faire, ni comment agir. C'était quelque chose que ni l'un ni l'autre n'aurait pu prévoir. Incapables de se haïr, malgré toutes les raisons qui nous y poussent. Et tous deux s'obstinaient inlassablement à vouloir détourner les yeux, et à changer les choses. Comme des enfants capricieux, insatisfaits du monde qui s'offre à eux, voulant refaire les choses, à leur manière. Elle pouvait partir. Il n'avait pas besoin d'elle, si ce n'est pour sa présence, et un soutien moral. Il n'était pas mourant, il n'était pas malade. Il était simplement trop faible pour s'obstiner à se battre, mais pas assez pour déclarer forfait. Elle rit, et il l'imita. Je sais que tu m'aimes quand même, princesse. Et Thaddeus a simplement envie d'aller dormir. Fermer les yeux pour le mois entier, attendant la prochaine lune avec anxiété et soulagement. Pour ne plus avoir à supporter ce manque d'énergie et ce manque de magie, nécessaires à sa survie, à son existence. Guérir sa plaie lui a retiré le peu de force qu'il lui restait, dans son altruisme inévitable. Il ne pouvait pas la laisser mourir, au fond. Aucun d'eux n'en était capable. Et ils ne le seraient sans doute jamais vraiment. Il n'y a rien à faire. Sa voix était froide, las. Elle devait prendre conscience de son monde à lui. Des conséquences qu'ils s'imposaient à lui-même en voulant contourner les règles. En voulant désobéir à la Déesse. Le mieux à faire, c'est d'attendre la prochaine pleine lune. Et les prochains sacrifices. Elle savait ce que cela impliquait. Que le sang coule à flot de nouveau, et que la magie lui revienne de droit. Qu'il puisse de nouveau être le tueur que sa Mère voulait qu'il soit. Il se montrait trop contradictoire envers elle. Bipolaire, incertain. Et elle agissait de la même sorte, ni l'un ni l'autre ne sachant sur quel pied danser. Deux ennemis mortels, pris dans la roue infinie de l'ignorance, et des sentiments. A quoi bon se battre ? A quoi bon s'obstinait ? Ils avaient par trop de fois tenter d'aller à contre-sens de leur volonté, suivant des directives qu'on leur imposait. Il était tant de cesser, et de faire ce qu'ils voulaient. Au diable les conséquences. Il releva la tête, ne s'étant pas rendu compte jusqu'à présent à quel point leur visage était proches. Trop proches. Il pouvait sentir son souffle sur son visage, et son parfum l'envahir. Le vert de ses yeux l'hypnotisant, le captivant plus que de raisons. Et sans même réfléchir, il se pencha, et déposa ses lèvres sur les siennes.


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Azilis Harkwood
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Statut civil : elle sait que son coeur bat pour quelqu'un - mais pour qui, cela lui a toujours échappé.
Occupation : on la voit souvent vendre des fleurs et des plantes en pots, mais rares sont ceux qui savent que la nuit, elle sort et chasse ceux qui la chassent.
Armes de prédilection : les armes blanches ; elle ne sort pas sans un couteau à la cheville gauche, et lors de ses chasses, sans deux grandes lames dans le dos, parfois même accompagnées d'une épée à la ceinture. elle sait aussi manipuler les hormones et les parfums, comme le reste des membres de sa famille.
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyMar 15 Mar - 23:44

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C’était la première fois que l’un d’entre eux formulait le côté presque drôle de leur relation. C’était trop bête, en fait. Trop bête qu’une amitié qu’elle avait chérie de tout son être vole en éclat à cause d’une stupide histoire de natures incompatibles. Il y avait tellement de choses qui les empêchaient d’être ce qu’il voulait être –ce qui n’avait jamais été très claire dans l’esprit d’Azilis de toutes manières. En vérité, le jour où elle avait appris qu’il n’était pas humain, une part d’elle s’était sentie soulagée, parce qu’elle n’avait plus à se demander ce qu’elle voulait vraiment. Elle était sur le point de sombrer dans des méandres desquels elle ne serait probablement jamais sortie quand la nature lui a soufflé la réponse : plus rien ne pouvait exister entre ces deux êtres, puisque la Lune elle-même ne le permettrait jamais. Et elle s’était dit chouette, plus besoin de réfléchir, seulement de partir. Mais comment faire, quand le cœur n’y était pas ? Elle avait essayé de se convaincre qu’elle avait vraiment envie de s’éloigner de lui, parce qu’il était sorcier et qu’elle se devait de le fuir – parce que la haine pour les sorciers était inscrite jusque dans son nom de famille. Et elle avait fini par comprendre que tout le monde l’avait voulu, sauf eux. C’avait été comme un accord silencieux, qui n’avait pas demandé à être stipulé à voix hautes – ils devaient se comporter comme des ennemis. Ça allait de soi, en fin de compte. Mais cette fois, il l’avait dit. Clairement, nettement. Ils ne pouvaient tout simplement pas balayer ces années, ils ne pouvaient pas se détester, parce qu’essayer les fatiguait. C’était du déni pur et simple. Ils luttaient contre cet instinct qu’ils auraient dû avoir, qu’ils voyaient comme la pire des contraintes. Non seulement n’y arrivaient-ils, en plus fallait-il que leur soi-disant volonté de se haïr s’estompe un peu plus chaque minute. Elle lève les yeux quand elle entend ce surnom, qu’elle n’avait pas entendu depuis longtemps. Une blague qui était devenue presque normale. Et elle hoche la tête, s’efforçant de rendre son geste le plus visible et le plus compréhensible possible. Fallait qu’il sache, qu’elle l’aimait quand même – qu’elle l’aimerait quoiqu’il arrive. Bientôt, le sol ne lui convient plus, parce qu’à la fois trop douloureux et trop loin du jeune homme qu’elle a l’impression de voir agoniser. Assise sur le canapé, elle se rend compte qu’elle a peur, se sent pire qu’impuissante. Elle soupire, essayant de faire le moins de bruit possible, alors qu’il lâche qu’elle n’a aucun moyen de l’aider – et elle sait qu’il n’y a qu’un seul moyen de le faire aller mieux. Recharger les batteries que la Lune lui avait accordées à sa naissance en échange du sang qu’il ferait couler pour elle. C’était horrible, en y pensant. La mort des autres pour sa vie à lui. Mais à cet instant précis, elle serait capable d’aller tuer à ses côtés si c’était pour le maintenir en vie. Elle pose sa joue contre le dossier du sofa, détourne les yeux, le plus loin possible des siens, essayant de résister à l’appel qui se faisait de plus en plus fort. Maintenant qu’elle ne mettait plus aucune force dans ses tentatives pour le détester, elle essayait de résister à cette irrésistible envie de tout foutre par terre, encore une fois. Car s’ils pouvaient coexister – elle le croyait dur comme fer –, elle était parfaitement consciente que rien ne pourrait être comme avant, que de toutes manières, la Lune se mettrait entre eux pour les empêcher de jouer avec les flammes. Car c’était ce qu’il faisait à longueur de temps, se brûler les doigts à essayer de lutter contre cette force qui s’efforçait de les séparer. Elle s’était rendue compte qu’ils étaient plus forts que quoique ce soit. Ou plutôt, qu’ils étaient faibles, trop pour s’obstiner à vivre dans le déni dans lequel ils se complaisaient, finalement. Alors quand elle le voit se pencher vers elle, elle ne fait rien. Quand elle sent ses lèvres sur les siennes une nouvelle fois, elle ne fait rien non plus. Il y a ce bref moment où elle sent qu’elle ne devrait pas – que cette fois, ce n’est pas seulement le bout de ses doigts qu’elle va brûler, mais son corps entier qui va se consumer. Elle recule, le regarde, trois ou quatre secondes. Avant qu’à nouveau, les souvenirs la submergent et qu’elle ne pense plus à rien d’autre qu’au passé. Et elle ne peut retenir un sourire, un juron qui s’échappe – murmure qui se faufile d’entre ses lippes, signe que la seule part de rationalité qui lui reste sait qu’elle s’apprête à commettre l’irréparable. Parce qu’elle se penche à son tour – et cette fois, le baiser qu’elle lui donne n’a rien de chaste. C’est sans s’écouter que ses mains glissent derrière son cou, dans ses cheveux. Elle arrive à peine à réfléchir, parce qu’elle n’en a plus l’envie. Elle cesse de lutter, elle cesse de penser ; elle agit comme elle l’a toujours fait avec lui, le plus sincèrement possible.
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Statut civil : coeur à la dérive, âme à l'agonie. il prend ce qui vient, ni plus ni moins.
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyLun 21 Mar - 1:43

Thaddeus n'aurait jamais cru avoir de nouveau la possibilité de connaître la douceur de ses lèvres. Leurs adieux avaient été si déchirants, si soudains, qu'il avait même douté avoir l'occasion de la revoir, elle. Ses yeux d'un vert hypnotisant, sans oublier sa crinière aussi fougueuse que le feu. Il avait l'impression de couler - ironie du sort. De couler de plus en plus profondément, sans néanmoins parvenir à toucher le fond. Entre deux eaux, entre réalité et chimères. Les yeux fermés, il pouvait se laisser aller aux rêves. A cette sensation de complaisance qu'il n'avait plus connu depuis trop longtemps, à l'époque où tous d'eux s'amusaient encore à prétendre, la tête dans les étoiles, et leurs corps entrelacés dans le lit de leur tourment et de leurs souvenirs.  You took it with you when you left. Le sorcier avait peine à croire qu'ils aient pu tomber si bas. Qu'ils aient atteint ce point de non-retour, qu'aucun d'eux ne parvenait à quitter - ne voulait quitter. Qu'ils se soient tant aimés, pour finir par se haïr, sans jamais vraiment parvenir à complètement annihiler ce sentiment de regret qui les rongeait. Qu'ils ne puissent complètement tourner la page, ni aller de l'avant. Ils se perdaient. Il pouvait le voir. Thaddeus suffoquait, il ne parvenait plus à former une seule pensée cohérente. Tout se mélangeait, s'entremêlait, le laissant divaguer à des mirages bien trop douloureux, mais tellement tentant. Ils ne devaient pas continuer. Ils devaient cesser, et retourner à leur vie d'avant. Deux entités que tout oppose, et qui se fuient, se haïssent. Sans jamais faillir. Mais le fait est que, ils étaient faibles. Tous les deux, l'un autant que l'autre. These scars are just a trace. Leurs étreintes se firent plus désespérées, alors qu'ils s'embrassaient toujours, refusant de laisser partir l'autre. Un soupir s'échappa de ses lèvres, alors que des larmes muettes faisaient leur chemin le long de son visage. Now it wanders lost and wounded, this heart that I misplaced. Pourquoi est-ce que tu es partie ? Une simple demande, une requête, qu'il murmura entre deux baisers, entre deux soupirs las. Il connaissait la réponse, mais il avait besoin de l'entendre dire. D'entendre ces paroles, qui feraient à nouveau sombrer son coeur vers le néant. Qui ferait tout voler en éclats. Nobody said it was easy. Rien n'était jamais simple. Ils venaient tous deux de le prouver, par leur incapacité à tirer un trait sur leur relation passée. Une relation qu'il lui aurait été impossible de décrire. Bien plus que des amis, bien moins que des amants. Là aussi, une inconnue s'imposait, venant tout foutre en l'air. Salope. It's such a shame for us to part. Le sorcier ouvrit finalement les yeux, croisant le regard de la rousse. Un silence qui s'éternisait, mais qui en disaient bien trop long. Assourdissant, insupportable. No one ever said it would be this hard. Ils communiquaient par le regard. De ses yeux qui avaient assisté à bien trop d'horreur pour leur jeune âge. De ses yeux qui, autrefois, étaient rieurs et insouciants, lorsqu'ils se trouvaient dans la même pièce. Mais qui ne contenaient désormais plus que du désespoir, et de la nostalgie des jours heureux d'antan - qui n'étaient plus. Qui ne seraient plus jamais. Oh, take me back to the start. Pourquoi est-ce qu'il a fallu que ce soit ainsi ? Thaddeus posait des questions dont les réponses n'étaient plus, dispersées dans les méandres de l'univers, et de leur coeur meurtri. Ils continuaient de se dévorer du regard; animés par cette passion désespérée et cette illusion fortuite qui  les envahissait. Ce besoin farouche et éperdu de se jeter dans les bras de  l'autre, et qui ne cessait de croître à mesure que les secondes s'écoulaient. Et finalement, n'y tenant plus, tous les deux sombrèrent. Dans le délit, dans l'interdit. Ouvrant la porte à de nouveaux soucis, à un nouveau sentiment de culpabilité.   


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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptyMer 23 Mar - 0:11

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Pourquoi t’es partie ? Elle aussi, elle aurait bien aimé le savoir. Elle aussi, elle aimerait comprendre comment elle avait fait pour croire une seule seconde que vivre loin de lui était la meilleure solution – et surtout , qu’elle y arriverait. Elle venait de prouver qu’elle était incapable de se passer de sa présence. Elle était persuadée qu’il suffisait qu’il soit près d’elle – qu’il suffisait qu’elle puisse simplement poser les yeux sur lui pour la faire se sentir heureuse. Elle ne sait plus comment elle avait fait, ces derniers mois, sans avoir vu ses traits, son sourire, ses yeux. Elle ne répond pas tout de suite, savoure ce moment qu’elle ne veut pas voir se terminer. Son cœur qui bat la chamade et son sang qui tape dans sa tête lui rappellent que tout ça lui avait manqué, et que pendant des années, elle n’avait que pour cela - que pour lui. Quand ses mains s’emparent de son visage, elle sent les larmes qui venaient d’y couler, et c’est précisément ce qui fait couler les siennes ; celles qu’elle retenait depuis qu’ils avaient commencé à chuchoter, alors qu’ils étaient encore debout dans l’entrée. Leurs perles salées se mêlent, au même titre que leurs lèvres et leurs souffles. Elle finit par profiter d’avoir besoin de respirer pour lui souffler une réponse. « J’avais pas le choix. » C’était la plus belle excuse qu’elle s’était trouvée. Se dire qu’elle avait fait son devoir en claquant la porte de Thad, ce jour-là, avait été le meilleur moyen pour se consoler. Parce que c’était tellement facile de se rassurer en se convainquant qu’on avait pris la bonne décision, qu’il n’y avait rien à regretter. C’est en prononçant ces mots, dans un soupir, qu’elle se rend compte de leur absurdité. Bien sûr, qu’elle avait eu le choix. Bien sûr, qu’elle aurait pu envoyer valser toutes les valeurs sur lesquelles on avait basé son éducation. Mais elle ne l’avait pas fait. Alors qu’elle aurait tant voulu rester. « J’étais en colère. » Nouveau murmure, qu’elle aurait pu crier si elle ne s’était pas sentie si apaisée. Elle était en colère contre ce nouveau secret qui était venu ébranler ce semblant d’équilibre qu’elle avait trouvé auprès du jeune homme. Elle était en colère contre ce monde, qui échappait à la plupart des gens, mais dans lequel elle baignait depuis le début de son adolescence. Elle était en colère contre la nature qui n’était pas bien faite, qui les avait nargués en les liant pour toujours alors que ça n’aurait jamais dû être le cas. Si la nature avait été bien faite, ils n’auraient jamais pu se supporter – ils ne se seraient même pas rencontrés. Ils n’auraient pas eu l’occasion de devenir ce qu’ils étaient. Qu’étaient-ils, de toute façon ? C’était bien trop compliqué pour pouvoir y mettre des mots. Simplement deux camés qui ne pouvaient pas se passer de l’autre. Deux camés avec lesquels on avait joué, ne sachant que faire d’eux. Comme si on s’était dit finalement, mieux vaudrait qu’ils se déchirent. Alors ils s’étaient déchirés, autant l’autre qu’eux-mêmes. Elle se rappelait être rentrée chez elle, après avoir quitté Thaddeus pour ce qu’elle croyait être la dernière fois, d’être montée dans sa chambre, de s’être enfermé et d’avoir pleuré toutes les larmes de son corps, silencieusement, s’arrachant littéralement les cheveux à la simple pensée qu’il n’était plus là. Qu’elle venait de faire une croix sur tout ce qu’il voulait dire – et Dieu seul savait comme il voulait dire le monde. Il s’éloigne, d’à peine quelques centimètres, mais elle a le reflex de se pencher pour rattraper ses lèvres, qu’elle lâche finalement. En ouvrant les yeux, elle constate qu’il avait déjà ouverts les siens. Et elle s’y perd une nouvelle fois. Elle les connaissait par cœur. C’est sans s’en rendre compte qu’elle essuie les larmes qui les soulignaient avec son pouce et qu’un léger sourire se dessine sur ses lippes. Ils n’avaient rien besoin de se dire, tout passait par leurs pupilles. Comment allait-elle faire pour retirer son regard du sien des siennes ? Elle en arrivait même à se demander si elle y survivrait. Il parle à nouveau, et elle secoue la tête. « Ta gueule. » Vulgarité gratuite, parce qu’elle ne voulait pas s’aventurer sur une pente si glissante. Elle avait déjà essayé de répondre à cette question, mais quelqu’un le pouvait-il réellement ? Il n’y avait pas d’explication. C’était juste comme ça. Ils s’étaient ratés de peu, disons. Elle pose son front sur le sien, comme devenue incapable de soutenir sa tête sans quelque chose sur quoi l’appuyer ; mais elle ne dessoude pas leurs iris pour autant. Elle voulait qu’il arrive à y lire ses appels désespérés – elle voulait simplement qu’il l’aime. Plus qu’il ne l’avait jamais fait. Alors, ils plongent. Ils plongent dans les tréfonds de ce qu’ils avaient autrefois cru être la surface.

Elle avait simplement remis son pull et le bas de ses sous-vêtements, le froid l’ayant vite gagnée. Elle s’était assise exactement comme tout à l’heure, le dos contre le bas du sofa. Cette fois, elle avait réussi à ramener ses genoux contre sa poitrine. Elle regardait droit devant elle, passant ses pupilles sur tout ce qui pouvait attirer son attention. Elle connaissait la pièce aussi bien que si elle y avait vécu des décennies, mais jamais elle ne lui était apparue si grande et si vide. Elle avait l’impression d’être dans un endroit qui ne voulait pas d’elle, où elle n’aurait pas dû se trouver. Elle resserre l’étreinte de ses bras autour de ses genoux, lâche un long, bas soupir avant de fermer les yeux et de cacher son visage comme elle le pouvait. Elle repensait aux évènements qui s’étaient enchaînés, et ça lui donnait mal au crâne. Vingt-quatre heures plus tôt, Thaddeus lui enfonçait une dague dans l’abdomen – mais il reposait désormais derrière elle, paisible, son souffle régulier sonnant comme une symphonie aux oreilles d’Azilis. Symphonie qu’elle n’aurait jamais cru entendre de nouveau. Elle ne parvient pas à décrire l’état dans lequel elle se trouve ; à la fois soulagée, mélancolique, coupable et en colère. Elle se sent faible, aussi bien de façon littérale qu’imagée. Elle passe une main sur son épaule, puis sur son ventre, et grimace quand la douleur lui refait signe. Elle ne sait plus ce qu’elle veut, elle ne sait plus ce qu’elle ressent – elle se sent vide de toute émotion. Elle avait voulu partir. Encore. Mais n’avait pas réussi à s’y résoudre. Au lieu de ça, elle s’était assise là à patienter. Pour quoi, elle n’en savait rien – mais elle aimait se faire croire qu’il y avait bel et bien quelque chose à attendre. Elle sent la main du sorcier la frôler alors qu’il bouge, derrière elle – et elle frissonne, avant de faire tomber sa tête en arrière, contre l’assise du canapé, les yeux toujours clos. Voilà pourquoi elle ne pouvait pas partir. Elle ne voulait pas le laisser. Elle ne voulait pas renoncer encore une fois à tout ce qu’il pouvait lui donner. Elle voulait faire durer l’illusion dans laquelle ils nageaient – encore un peu, histoire que la réalité fasse plus mal en revenant.
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MessageSujet: Re: (thaddilis) open wound   (thaddilis) open wound EmptySam 2 Avr - 15:41

Leur relation avait toujours été particulière. Autant de mots et de langues dans le monde, et aucuns n'auraient suffi à décrire exactement ce qui les unissait, tous les deux. Un drôle de sentiment mêlant incompréhension et besoin de l'autre. De la haine, de la passion, mais également cet incapacité à se séparer. Un déchirement malsain, mortel, qui les rapprochait encore plus qu'ils ne l'auraient désiré. Leur futur était liés l'un à l'autre, deux âmes enlacées, et pourtant si opposées. Ils avaient bien trop partagés par le passé pour se dire au revoir. Tous deux devraient apprendre à rester unis, à rester ensemble. Malgré leurs origines, malgré leurs codes, malgré leurs croyances, leurs familles. Malgré eux. On a toujours le choix. Lui-même n'avait pas hésité à tirer un trait sur elle et sur leur souvenirs. Pour, au final, le regretter plus que tout au monde. Ils s'étaient jugés bien trop différents pour continuer. Pour prétendre. Mais, au fond, avaient-ils vraiment décidé d'agir ainsi ? Ou bien leurs allégeances respectives -leurs proches- ne l'avaient-ils pas fait pour eux. On avait choisi à leur place. Et ils s'étaient conformés aux règles dictées. En colère contre moi ? Ou contre le monde ? Ou contre les deux. Leurs adieux avaient été un déchirement tel qu'il préférait ne plus s'en souvenir. Des larmes, des hurlements, et des sanglots, gardés secret par l'intimité de leur coeur, et de leur appartement, tous deux confinés dans leur certitude que c'était la meilleure chose à faire, malgré leur douleur. Ils se regardèrent et se perdirent de nouveau dans les prunelles de l'autre. Vert contre vert, soulagement contre incertitude. Désir. C'était fou, la simplicité à laquelle ils perdaient leurs moyen quand ils étaient ensembles, à quel point ils n'avaient pas besoin de mot pour se comprendre. Et à quel point, malgré toute l'intensité de leur affection pour l'autre, ils ne parvenaient pas à s'y soumettre trop longtemps. Comme s'ils savaient les conséquences. Un rappel à l'ordre. Un instinct qui les séparait tous deux, malgré leur bonne volonté. Fais un peu attention à ton langage, je te prie ! Une petite pique, bien trop sarcastique pour être prise au sérieux. Un soupir s'échappa de ses lèvres, comprenant ses appels au secours, ses signaux désespérés qu'elle lui envoyait. Le sorcier n'était que trop heureux de s'y soumettre, de les soulager, d'un baiser, et de caresses. Depuis combien de temps ne s'étaient-ils pas perdu dans la beauté de l'autre, profitant de chaque minutes passées en compagnie de l'autre, appréciant le monde pour ce qu'il était et ce qu'il avait à leur offrir ? Depuis quand ne s'étaient-ils pas perdu dans l'euphorie de leur jeunesse, laissant la peur et la solitude s'évaporer au gré d'un amour de jeunesse désireux de vivre ? Depuis bien trop longtemps, tout simplement. Et d'un commun accord, Thaddeus et Azilis s'abandonnèrent à cette nostalgie des temps passés, prétendant de nouveau avoir cette simplicité qu'ils possédaient autrefois.

Le sorcier pouvait l'apercevoir du coin de l'oeil, son corps contre le sien, de nouveau habillée - alors qu'elle se tenait là, dénuée de tout - de regrets et de vêtements, à peine quelques minutes plus tôt. Il pouvait sentir sa présence, tellement réconfortante, et pourtant si détachée. La rousse était assise, recroquevillée contre elle-même, repensant sans doute aux dernières heures. Tout était allé tellement vite. Thaddeus lui-même ignorait s'il était victime d'une chimère, ou s'ils avaient de nouveau failli à leur rôle, tous les deux. Vile tentatrice qu'était la passion, et pauvres lâches qu'ils étaient, eux, des pêcheurs dans ce monde qui voulait tant les voir ennemis. Il n'osait bouger, de peur que cette illusion s'envole avec la joie qui l'envahissait. De peur que ce tableau idyllique s'effondre, et que son monde ne soit plus qu'un mensonge esseulé. Il bougea la main, toutefois, légèrement, tendrement - pour pouvoir se rapprocher d'elle, et rester en son contact. Ressentir cette chaleur, et ce manque qui l'envahissait. Tous deux pris dans une fièvre incontrôlable, dont ils ne pouvaient plus fuir. Un engrenage infini, qui les avait pris en pitié, eux. Ces amants d'un soir, et ces ennemis de toujours. Alors, il ouvrit les yeux, pleinement cette fois, laissant la luminosité l'aveugler un instant, pour de nouveau se poser sur sa silhouette. Beaucoup trop fragile pour ce qu'elle était en réalité. Beaucoup trop fragile pour ce qu'on voulait lui imposer. Ses mains vinrent se perdre dans les cheveux de cette dernière, une fois de plus, son souffle venant chatouiller son cou. Peut-être seraient-ils capables d'oublier et de prétendre, l'instant d'une journée.

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