Une proie facile, voilà ce que Nyméria représentait pour ce monde qu’elle ne connaissait que par ses suppositions. Sortant d’un café où elle dégustait un chocolat chaud fumant en lisant le journal local, la jeune femme s’affolait de toutes ses disparitions. Elle repensait à son père, à celui qui perdait la vie sous ses yeux. Son pas se pressait vers la maison qui se trouvait à quelques mètres. Sa main qui ouvrait la boîte aux lettres qui comportaient encore le nom de cette lâche mère qui l’abandonnait quelques années plus tôt. Une feuille de papier, les contours dentelés. Aucune signature. Une seule et unique phrase. Son regard s’illuminait pourtant. Quelqu’un prétendant détenir des preuves de ses bêtes sauvages. Son âme qui s’imbibait d’espoir. Elle détiendrait certainement une nouvelle vérité. Celle qu’elle attendait depuis ces années.

Passant devant sa porte pour finalement rebrousser chemin, elle se dirigeait vers cette forêt obscure qui ne lui inspirait rien de bon. La tension y teignait tandis que Nyméria s’enfonçait sans voir le danger. Un coup bien placé sur son cuir chevelu avant qu’elle ne s’effondre puis le trou noir. Page qu’elle ne pourrait noircir sur le roman de sa vie. Ses yeux qui finissaient par s’ouvrir. Les mains et les pieds liés par une vieille corde. Une migraine venait dévorer le sommet de son crâne. Elle l’entendait, cet homme qui se trouvait dos à elle. La jeune femme, bien trop sonné, ne pouvait reconnaitre cette silhouette tandis qu’en tournant la tête, Nyméria observait quelques humains dans la même posture. Elle avalait sa salive, incapable de comprendre pourquoi. Les rites sataniques, certainement. La brune sentait la mort approchait, se faufilant doucement dans ce qu’il y avait de plus vivant en elle. Le froid commençait à lui mordre les chevilles dans un premier temps avant de s’attaquer aux jambes. Le froid ou ses fous, l’un d’eux auraient sa peau. Ses collants noirs opaques qui devenaient obsolètes ainsi que sa robe mauve et sa veste d’hiver qui retardaient la morsure finale.

Il avait oublié de se trouver une victime pour le rituel. Cilian n’était pas comme ça, d’habitude. Parce que le jeune homme avait des critères. Quelqu’un qui ressemblait un peu à sa mère (ou sa soeur) : une blonde, en général c’était son critère le plus important. Mais voilà… Il n’était pas encore certain qu’il intégrerait le Cercle ou pas… Alors oui, il avait oublié de se trouver un sacrifice. Et quand il vit finalement cette humaine entrer dans le bois, il ne put résister. C’était presque trop facile. Les légendes de Glencullen disaient tous la même chose : il ne faut pas s’approcher des bois lorsque la nuit tombe. Cilian laisse tomber sa cigarette par terre, pour une fois, et l’écrase de son pied. Il a un sac en bandoulière avec ses affaires – son couteau, des bougies, un briquet, un peu d’encens pour camoufler son odeur, afin que les loups ne le pistent pas trop facilement – et glisse ses doigts sur la sangle. Il s’approche. « Hey, tu ne devrais pas te promener seule dans les bois, une nuit de pleine lune. » Un sourire étire ses lèvres, avant qu’il ne la sente. L’impulsion de la Mère. Finit de bavarder Cilian. « Faites la dormir, Mère. » Une langue inconnue qui glisse sur sa langue avec facilité, et qui fait tomber sa victime dans ses bras. Il passe une main sous ses jambes, son autre bras reste à ses épaules et il la soulève. Mine de rien, Cilian a des muscles fins et secs sous sa carrure longiligne. Il a l’habitude de devoir transporter ses victimes, après tout… Ce soir, Lyle n’est pas avec lui. Il s’occupe de tout mettre en place. Connaissant sa Mère, il sait que le sort ne durera pas longtemps mais la voilà attachée, de toute manière. Alors elle peut se réveiller, et hurler, il ne s’arrêtera pas.

(ouvert à qui veut répondre)

Nolan l'a encore en travers de la gorge, cette humaine qui a réussi à lui échapper, il y a quelques lunes de cela. Alors ce soir, en vue du rituel peu ordinaire qui l'attend, il a décidé de choisir une victime peu ordinaire elle aussi. Il se souvient qu'elle travaille au poste de police, alors il l'attend non loin de là. Lorsqu'il reconnait sa silhouette et ses cheveux blonds, il attend qu'elle arrive près de lui. Elle ne fait pas attention à lui et c'est son unique erreur. « J'espère que tu te souviens de moi. » Et avant même qu'elle ne puisse réagir, il pose une main sur sa bouche et l'entraîne avec lui, avant de prononcer des mots destinés à sa Mère, qui lui font perdre connaissance. Elle lui tombe dans les bras et il en profite pour la mettre dans sa voiture et conduire jusqu'à la forêt. Il profite qu'elle soit encore inconsciente pour lui lier les poignets et les chevilles, et lui mettre un foulard autour de la bouche pour étouffer ses cris. « Tu m'as échappé une fois, mais pas deux. » Ses pas le mènent jusqu'au Nemeton sans même qu'il ait besoin d'y réfléchir. Ses compagnons du Cercle sont déjà présents, avec leurs victimes. Tout le monde semble agité, ils savent que quelque chose est sur le point d'arriver. Une menace, qui s'insinue dans l'ombre. Nolan pose la jeune femme sur le sol, alors qu'elle commence doucement à reprendre conscience. Il prépare ensuite le rituel, place les bougies là où il faut, en attendant que tous les sorciers du Cercle soient présents pour commencer leur prière collective.

Le périmètre avait été bouclé par l’Ordre. Lui se trouvait à l’est avec une équipe dirigée par une femme, bien sûr. Les femmes dirigent, chez les chasseurs, et les hommes exécutent. Ca n’a jamais vraiment dérangé James. Il n’a pas ce préjugé là, comme quoi les femmes sont un soi-disant sexe faible. Après avoir passé quelques années de sa vie avec Faith, il est bien placé pour savoir que ce sont des conneries. Elle était capable de lui botter le cul sans problème… Et le ferait probablement encore, désormais qu’elle était une louve. Un frisson le pris, tandis qu’il raffermissait sa prise sur son arme. Cette nuit, il sent une certaine agitation prendre les bois, mais ne saurait expliquer ce dont il s’agit. Il sait que pour les chasseurs, c’est une nuit spéciale. Un gros coup, pour mettre fin à ces disparitions de plus en plus fréquentes et abondantes. Glencullen devient de plus en plus sinistre, et James, comme les autres, veut protéger sa ville.

(ouvert à qui veut répondre)

Elle était loin d'être seule dans les bois, cette nuit-là. Ça se sentait, partout autour, et ça se voyait, partout autour. Des odeurs, des traces de pas, des bruissements - ils s'enchaînaient comme dans une mélodie infernale. Imogen avançait lentement, son arbalète bien placée entre ses doigts habitués, prête à tirer. Elle suivait la trace d'un loup solitaire, un loup qu'elle traquait depuis des jours déjà, qui ne cessait de lui filer entre les doigts. Elle détestait perdre, Imogen, encore plus contre un de ces sales loups. Mâchoire serrée, dos droit, corps tendu, elle avançait aussi silencieusement que possible, suivant son entraînement à la lettre. Mais quelque chose la tiraillait - son instinct. Il lui disait que cette nuit-là n'était pas comme les autres. Il y avait quelque chose dans l'air, quelque chose d'anormal, comme si quelque chose d'horrible se tramait. Elle ne doutait pas que c'était le cas - après tout, les meurtres s'accumulaient et le poste de police était plongé dans le chaos depuis quelques temps. Elle avait son arme de service et son badge à portée - juste au cas où. Mais ce soir, elle n'était pas Imogen l'officier de police, elle était une Abberline, chasseuse de sang, prête à se battre, prête à affronter la nuit noire. Malgré cela, sa gorge était étrangement serrée, et une horrible pensée lui traversa l'esprit - peut-être n'aurait-elle pas du sortir seule. Elle continua d'avancer, toute vêtue de noir dans la pénombre, malgré le rythme accélérant de son coeur, et crut soudainement apercevoir une lueur au loin. Yeux plissés, elle fixa longuement l'horizon de derrière son capuchon, avant d'entendre un craquement de branche à sa droite, tout près. Elle leva son arbalète d'un geste rapide, scrutant l'obscurité.

(ouvert à tous)

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Somethings coming, Somethings on its way. Mountains are crumbling Like statues of clay - we are one, we all must run, we'll burn a light into the Darkness.

Une nuit de plus à Glencullen qui allait sûrement se terminer en bain de sang. Quelque part. Elle devait vite entrer chez elle avant d'y être invitée. Sa soirée de travail terminée, elle quitta le poste, l'esprit ailleurs, encore troublée de ce qu'elle avait vu récemment. Si obnubilée par le souvenir de Thaddeus et du sacrifice pendant lequel elle l'avait pris en flagrant délit qu'elle ne fit même pas attention à la silhouette familière qui s'arrêta à ses côtés. « J'espère que tu te souviens de moi. » Oh non... pas lui. Ayant à peine le temps de poser son regard sur le jeune homme, elle sursauta. Le cri n'échappa jamais ses lèvres puisqu'il était venu plaquer sa main contre elles pour la taire. Et aussitôt qu'il prononça des mots incompréhensibles, elle perdit conscience. Ce fut le noir le plus complet. Poppy s'affala dans ses bras, comme une poupée de chiffons et il put alors l'amener en forêt sans problèmes. Elle n'était plus de ce monde. Pas pour le moment... « Tu m'as échappé une fois, mais pas deux. » Des mots qui la tiraient lentement hors de l'inconscience. Lentement, encore prisonnière d'un rêve vide, peuplé de noir. Puis, elle commença à ouvrir les yeux, incertaine de vouloir reprendre contact avec la réalité. Car elle sentait ses mains et ses pieds liés, et cette insupportable sentiment de déjà vu. Elle était étendue sur le sol froid, sa vision était brouillée mais elle comprit bien une chose. Elle n'était plus aux abords du poste de police. Lentement, le visage du sorcier refit surface à ses pensées et elle sursauta, redressant la tête dans le but d'appeler à l'aide mais tout ce qu'elle réussit à faire c'est s'étouffer contre le morceau de tissu enroulé autour de ses lèvres. Cette fois, elle était bien réveillée et se mit à observer les alentours frénétiquement pour constater qu'elle était dans la forêt. Encore une fois un sacrifice. Ce même sorcier venu terminé ce qu'il avait commencé. Non, non... elle devait trouver un moyen d'y échapper, tentant subtilement de défaire les liens qui l'entravaient. Sans succès.

Il n'avait pas mis longtemps avant de se trouver une victime. Une humaine, encore bien jeune et bien trop naïve. Il l'avait traquée pendant plusieurs heures, la guettant assise à un café, avant de céder et de s'enfoncer dans la forêt, ténébreuse. Elle ne l'avait pas vu, et n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Le coup était parti et elle était tombée, assommée. Il ne connaissait même pas son nom. Cela rendait la chose plus facile. Il était encore tôt, mais déjà l'influence de la Lune pouvait se faire sentir, se déversant dans tout son être, telle une promesse. Le Nemeton était là, les autres victimes siégeant à son pied, en attente de leur mort, leur sacrifice. Sa victime les rejoignit, revenant à elle peu à peu.  Le Cercle serait fort, ce soir. C'était nécessaire, indispensable. Lui liant les mains et les pieds, il aperçut Nolan approcher, accompagné lui aussi de son sacrifice. Il adressa un sourire à son meilleur ami avant que son visage ne se crispe, à la vue de qui était son sacrifice. Non, non ! L'air lui manquait, et la panique le prit de court. Pas elle. Surtout pas elle. Poppy ? Il avait tout fait pour la protéger les nuits précédentes. Son sang ne fit qu'un tour et la rage l'envahit. Il était hors de question qu'une seule goutte de son sang ne soit versée en cette nuit, et ce, malgré la volonté de sa mère. Grinçant des dents, il lança froidement à l'intention de son meilleur ami : Relâche-là.

Son mal de crâne qui lui ôtait toute raison. L’horreur qui lacérait sa gorge et l’angoisse qui s’emparait de son âme. Saut d’humeur, colère qui ne cessait de l’envahir depuis que ses mains et ses chevilles se trouvaient liés. Après son enfance, l’hôpital psychiatrique, elle se promettait de ne plus jamais être une prisonnière. Cette sensation l’oppressait tandis que son agresseur semblait vide de sens. Du moins, avant de croiser l’un des fous qui se trouvaient dans les parages. La jeune femme, elle écarquillait ses yeux. Un instant d’absence avant que ses sourcils ne se fronçant. Nolan, que faisait-il ici. Libre. Les questions qui se bousculaient dans sa tête. Nyméria, elle commençait à gigoter tandis que l’homme semblait à présent s’offusquer d’une des prisonnières. Un sourire narquois sur les lèvres. Qu’ils étaient faibles, ses hommes qui s’attachaient encore à un sentiment puéril. À ce moment, la brune ressemblait réellement à une déséquilibrée mentale. Bi-polaire. Le démon qui s’imprégnait d’elle. Il ne prenait pas soin de lui ôter la parole. Cela restait bien sa seule liberté et elle en userait jusqu’à la mort. Quitte à quitter ce monde, autant faire partager son sarcasme une dernière fois. « Ce n'est pas le moment de faire le joli coeur à moins que Nolan ne veuille défendre ma cause. » Elle roulait des yeux. Nyméria, son regard qui ne présentait plus aucune âme. La mort semblait finalement élégante, doux sommeil qui la ramènerait à son père. « Dépechez-vous, qu’on en finisse avec vos rites à dormir debout. J’ai au moins la satisfaction de ne pas être la plus folle en ses lieux. » Elle finissait par murmurer. « Si seulement ma mère pouvait être là pour voir ça. » Un rire sournois, la folie qui raisonnait dans le bois. Elle ne crierait pas, ne rechignerait pas. Nyméria, elle pensait à cette vie qui ne la méritait pas.

Nolan répond au sourire de Thad, avant de froncer les sourcils en voyant le changement d'expression sur le visage de son meilleur ami. Voilà qu'il prononce un nom, adressé à sa victime, apparemment. Le jeune homme ne comprend pas ce qui se passe, il est complètement perdu. D'un ton froid, Thaddeus lui demande de la relâcher. Un léger rire échappe les lèvres de Nolan, mais il se reprend rapidement lorsqu'il réalise que son ami ne blague pas. « Attends, quoi? Pourquoi tu veux que je la relâche? C'est qu'une humaine. Et où tu veux que je retrouve un autre sacrifice maintenant. » Il accorde un regard à la jeune femme allongée au sol, qui essaie tant bien que mal de se défaire de ses liens. Il allait répondre quelque chose d'autre, lorsqu'une voix s'élève de derrière lui. Une voix familière, qui prononce son prénom. Il se retourne pour trouver Nyméria, chevilles et mains liées. « Attends, Nyméria? » Le voilà complètement perdu désormais. Il se retrouve avec une humaine que Thad semble connaître comme sacrifice et son ami ramène lui de son côté une jeune femme qu'il connaît depuis peu mais qui a su attirer sa curiosité. « Tu veux sacrifier celle-ci? »; fait-il à l'intention de son ami. Et si Nolan ne peut pas vraiment appeler Nyméria une amie, il n'est pas sûr d'être capable de la voir mourir sous la dague de Thad. Autour d'eux, les membres du Cercle commencent à s'agiter, et Nolan sait que leur discussion risque de bientôt être écourtée.

Luan marchait frénétiquement sur le sol de la forêt, pieds nus. Il était encore une fois sous l'emprise d'une force mystique et inexplicable. Un désir inébranlable de s'aventurer dans les bois lors de la pleine lune. Le jeune blond semblait inconscient, rien ne pourrait le faire changer de direction. Il avait les yeux fermés, guidé par milles-et-unes voix l'incitant à se rendre une nouvelle fois au cœur des bois de Glencullen. Il devait faire une autre crise de somnambulisme, enfin, c'est ce que les docteurs qui s'occupent de lui diraient. Mais chaque enfant de la Lune saurait que c'est totalement faux. Luan s'arrêta et ouvrit finalement les yeux. Ses prunelles brillaient d'un bleu intense, comparables à une explosion de couleurs, comme cette nuit là. Les feuilles mortes sur lesquelles il marchait lui collaient à la peau. Elles étaient le symbole de ce qui se tramait ici. L'atmosphère était terrifiante, à vous glacer le sang. Le pressentiment qu'un événement noir allait se produire planait dans l'air. On pouvait sentir l'odeur de la peur à plusieurs kilomètres. Luan continua sa marche cauchemardesque, pantin de la Mère, à la recherche de réponses.

C'était quoi ce bordel ? Thaddeus avait juste envie d'étrangler son meilleur ami devant son refus de relâcher Poppy. Certes, il ne pouvait guère en vouloir à Nolan d'ignorer leur relation, et encore moins de se montrer sur les nerfs. Sans Poppy, il n'avait aucun sacrifice, et sans sacrifice... et bien disons que ce n'était pas la situation la plus idéale. J'en sais rien, relâche-là c'est tout. Thad serra la mâchoire. Qu'une humaine, certes, mais une humaine qui en valait la peine. Il ne pouvait dignement pas abandonner Poppy comme ça, il le refusait. Mais d'un autre côté, laisser Nolan sans sacrifice était également impensable. Dans les deux cas, il ne voyait pas comment la situation pouvait empirer. Enfin. Il fallait croire qu'il avait parlé trop vite. Tu la connais ? C'est notre jour de chance, on dirait.  Sa voix était cynique et exaspéré. Quelles étaient les chances pour que son meilleur ami et lui connaissent leurs sacrifices respectifs, vraiment ? Bien sûr que oui. Je ne l'ai pas suivie pendant des heures pour la laisser partir ainsi. Il comprenait où Nolan venait en venir. Lui aussi avait du traquer Poppy, sans nul doute. La voix de Nyméria, son sacrifice lui parvint, et ses hurlements le poussait à bout. La baffe partit toute seule. La ferme ! C'était à devenir fou. Le Cercle s'agitait et le rituel n'allait pas commencer à tarder. Hors, Nolan et lui semblaient être de nouveau à court d'humains à sacrifier.Ils avaient quoi ? A peines quelques minutes pour se trouver deux nouveaux humains ? C'était bien leur veine, tiens.

Elle les regardait, prise d'une envie de rire aux éclats avant que la poigne du sorcier ne vienne cogner son joli minois. La tête de l'humaine suivait le mouvement tandis que la douleur se faisait ressentir. Son mal de crâne ne faisait qu'empirer mais sa folie s'en délectait. Bouche en coeur, analysant à la sensation sa joue endolorie. Aucune impression d'être un sacrifice, petite enfant qui imitait une pose de selfie. Ses membres liés, Nyméria s'impatientait. Les deux hommes semblaient protéger leur viande, les deux humains du moins. Un soupire. Elle ne pouvait se taire malgré les coups, s'imaginant ses derniers instants de vie. « Tu peux cogner, sataniste. En attendant, je crois que vous avez un problème. » Elle voyait les autres protagonistes s'agitaient, ils devaient faire un choix. « Décidez-vous mais à votre place, je me détacherai. » Un air innocent collé sur son visage. Elle finissait enfin par accaparer l'attention de Nolan, cherchant déjà certaines responses. « Et Nolan, t'as plutôt intérêt à me faire périr ce soir sinon tu me devras des explications. Je te voyais plus dans la finance qu'adorateur de Satan ou je ne sais quoi. » Ses yeux qui roulaient. La situation paraissait normale. Du moins, aux yeux d'une femme qui croisaient déjà la mort depuis longtemps.

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Somethings coming, Somethings on its way. Mountains are crumbling Like statues of clay - we are one, we all must run, we'll burn a light into the Darkness.

Poppy aperçut soudain Thaddeus s'interposer. Elle n'aurait jamais cru un jour être soulagée de savoir le jeune homme sorcier mais ce soir, c'était le cas. Sa présence, elle l'espérait, voulait dire qu'elle allait s'en sortir. Peut-être. Peut-être pas. Après l'autre soir, elle ne pouvait pas savoir. Elle réalisait qu'elle ne connaissait pas si bien le jeune homme. D'autant plus qu'il semblait bien connaître le sorcier qui l'avait amenée ici pour être sacrifier. Deux fois plutôt qu'une. Le brun s'interposait, sa voix tranchante. Elle se redressa sur ses coudes quand elle entendit la voix de Nyméria gueuler après eux. Sa collègue, tout aussi fouine qu'elle, semblait elle aussi servir de sacrifice... la chance. Le foulard empêchant toujours la blonde de s'exprimer, d'hurler, de faire toutes ses choses que ses lèvres auraient dû faire normalement. Surtout que Nyméria faisait rien pour apaiser les choses. Elle la savait en colère que personne ne la croit sur ce monde-là, mais si elle continuait, elle allait se retrouver une dague à la gorge bien vite. Elle ne voulait pas la voir mourir... et elle ne voulait pas elle-même servir de sacrifice. Elle vit Thaddeus la gratifier d'un violent coup et la blonde planta son regard sur lui, offusquée. Le foulard l'empêchant de lui faire savoir ce qu'elle pensait, tout ce qu'elle réussit à faire ce fut des sons sans grand sens. « Mmh erh ppphh » dit-elle à l'adresse du brun et qui, si on pouvait tenter de traduire, voulait dire ; sors-nous de là, j'en prie. Et au plus vite car elle commençait réellement à s'affoler devant la tension grandissante.

tu sens que quelque chose se prépare. tu ne sais pas quoi exactement, mais la tension est palpable. t'as décidé de te rendre très tôt dans la forêt, dès la tombée de la nuit. tu ne souhaitais pas attendre, tu voulais être prête pour ce qui arrive. peu importe ce que c'est. t'avais tout préparé, comme à ton habitude. c'est seulement après avoir effectué les gestes qui te viennent si naturellement que tu t'es rendue compte d'un petit détail, qui au final pourrait faire toute la différence. t'es dans la forêt. tu ne vas jamais dans la forêt. tu l'évites en temps normal, alors d'autant plus les nuits de pleines lunes. c'était comme si t'avais perdu connaissance, et que tu venais de te réveiller. perdue. tu déambules entres les arbres, cherchant quelque chose. seulement, tu ne sais pas quoi. peut-être tout simplement ton chemin. finalement, tu sens la présence d'autres personnes. il y a de l'agitation. tu te caches derrière un arbre et observes la scène attentivement. le cercle. tu ne l'avais jamais vu auparavant, et pour dire vrai, ils t'ont l'air beaucoup moins impressionnants que ce que l'on puisse dire. tu n'as pas le temps d'analyser toute la situation lorsque tu remarques que tu connais deux des sacrifices. ton sang ne fait qu'un tour et avant même que tu n'y réfléchisses à deux fois, tu sors de ta planque. ils sont agités de toute manière, c'est le moment ou jamais. tout en t'avançant furtivement vers eux, tu sors la dague de l'arrière de ton jean. en arrivant derrière thad, tu plaques la lame contre son cou, au niveau d'une veine. j'y réfléchirais à deux fois avant de tenter quelque chose de stupide, adresses-tu aux membres du cercle. tu te tournes ensuite légèrement vers nolan - que tu n'avais même pas remarqué avant ça - tout en prenant soin de garder ta prise. détaches-les. toutes les deux. un ton sec, froid, que tu n'as encore jamais utilisé pour t'adresser au jeune homme qui se trouve non loin de toi.

La chasse a commencé, et comme par hasard, la seule chose à laquelle Bailey arrive à penser est le fait qu’elle est, lentement mais sûrement, en train de geler sur pied. Sûr, rester en mouvement aidait, mais chacune de ses respirations soulevait encore un léger nuage devant son visage. Si elle regrette un peu de s’être écartée du groupe, de sa mère et de sa cousine, cette hésitation s’estompe un peu plus à chaque pas qu’elle fait, aussi silencieuse que possible, sa lampe à demi enroulée dans son écharpe pour en tamiser le faisceau lumineux la rendant si repérable. Un assortiment de revolvers est accroché à sa ceinture, et elle tire une certaine consolation de leur présence — après tout, s’aventurer dans la forêt sans armes semble suicidaire, surtout en ce moment. Ce ne sont pas les meurtres de masse qu’elle craint, mais leurs conséquences ; et même si elle ne l’avouera jamais, la perspective d’entrer en classe pour apprendre la mort brutale d’un de ses camarades est quelque chose qu’elle préfère ne pas considérer. Un mouvement la tire du fil de ses pensées, et son premier réflexe est d’étouffer totalement la lumière de sa lampe, ses doigts se posant doucement sur la crosse d’une de ses armes. Mais ce n’est pas un loup-garou, comme elle l’aurait cru, mais plutôt une chasseuse armée d’une arbalète (Imogen), pointée un peu trop en sa direction pour son confort. « Hey, hey — tirez pas. » Sur ces mots, elle rallume précautionneusement la lampe-torche, en dirigeant le faisceau vers elle-même, juste quelques secondes, le temps que l’autre femme puisse voir qu’elle n’était ni une louve, ni une simple humaine lambda.

"pray to your god, open your heart
whatever you do, don't be afraid of the dark
cover your eyes, the devil's inside"
a feast for death

seuls les reflets de l’astre lunaire, à son apogée, s’immiscent dans la noirceur de la forêt. ils illuminent le chemin du groupe des chasseurs dont fait partie clarissa, ce soir-là. convoquée par une invitation, c’est pourtant une véritable rareté de voir clare suivre les plans de l’ordre, préférant laisser la tâche à ses parents. habituée à des chasses en solo, ou en compagnie de sa sœur, aujourd’hui, la brunette a une autre idée derrière la tête. la pleine lune, qui, semble les observer du ciel, n’est que le rappel de ses arrière-pensées. cette soirée est quelque chose que clarissa appréhende chaque mois avec une certaine touche d’anxiété et d’avidité mal placés. les disparitions sont de plus en plus nombreuses et elle sait, elle peut presque le ressentir dans ses articulations, que les sorciers y sont pour quelque chose. des sacrifices, toujours des sacrifices. elle ignore s’ils se trouvent dans cette partie de la forêt, s’ils sont même dans les alentours, mais cela en vaut la peine. du moins, elle essaye de s’en convaincre alors que des bourrasques de vent glacial viennent lui lécher le visage avec force. « j’aurais du regarder la météo avant de me préparer. bordel. » elle peste à ciara, penchée à son oreille pour que seule elle l’entende. les phalanges durement refermées autour du manche de son tachi, son self-control est depuis longtemps oublié. si cette meute des loups-garous ne se pointe pas bientôt, clarissa va probablement geler et connaissant sa chance, depuis qu’elle est arrivée à glencullen du moins, ça sera probablement le cas. great.

Tout se passe bien trop vite au goût de Nolan. Il n'a même pas le temps de s'y opposer que la main de Thad vient gifler la joue de Nymeria. Le jeune homme pousse un léger soupir, clairement agacé par cette situation qui le dépasse. A côté de lui, son sacrifice - Poppy, apparemment - essaie de prononcer des mots qui sont étouffés par le foulard qu'il a soigneusement placé sur sa bouche. Lui, au moins, fait les choses correctement. « Tu ne peux pas me demander de la libérer alors que toi tu veux la sacrifier. » Il accompagne ses paroles d'un signe de tête vers Nymeria. « Puis, je retrouve où un sacrifice, dis-moi ? » L'échange entre les deux hommes se fait à voix basse, pour éviter d'attirer un peu plus l'attention sur eux. Deux sorciers en train de débattre sur le sort de leurs victimes, ça ne fait pas bonne impression. Cependant, c'est sans compter sur la brune qui  est toujours en train de beugler, mais cette fois-ci les phrases lui sont destinées. « Putain Nyméria, ferme la ! » Il essaie de rester calme face à cette situation qui commence sérieusement à l'énerver. Il a envie d'y mettre fin une bonne fois pour toute en tranchant la gorge de la blonde, mais il sait que ça ne réglerait pas leurs problèmes, au contraire. Il s'apprête à dire quelque chose de plus, lorsque Nerys fait apparition derrière son meilleur ami, le menaçant de sa dague. Vraiment, c'est la cerise sur le gâteau. Il ne manquait plus qu'elle. Les membres du Cercle s'agitent, ils se rapprochent du groupe mais ne font rien d'imprudent. La lame de la jeune femme est bien trop proche du cou de Thad pour tenter quoique ce soit. S'en est trop pour Nolan, qui recule pour couper les liens qui entravent les chevilles des deux jeunes femmes. Il les attrape ensuite toutes les deux par le bras. « Prends-les, avant que j'les tue toutes les deux moi-même. » Son ton est froid, la colère le fait bouillonner. Sans une once de délicatesse, il les pousse vers Nerys. Qu'elle les prenne et les emmène loin de sa vue. Et vite.

la lune éclaire la forêt, projetant aux milles recoins des ombres effrayantes. des ombres qui donneraient envie à n'importe qui se rebrousser chemin et de sortir des bois sombres de la ville. mais les chasseurs ne sont pas comme ça. les chasseurs n'ont pas peur, ils n'ont pas le droit de craindre quoi que ce soit - et surtout pas de stupides jeux de lumières. ciara, elle, ignore ostensiblement les cris d'oiseaux ou de bêtes, elle oublie les branches crochues et les insectes. elle vide son esprit, mobilise tous ses sens. elle écoute, elle sent, elle voit, elle touche, elle palpe. par tous les moyens possibles, elle cherche une piste. car loups et sorciers sont sûrement de sortie, ce soir. après tout, la lune est à son apogée, c'est ce soir ou jamais qu'il faut chasser. et ciara, en digne chasseuse, garde ses sabres coincés sur son dos, prête à s'en servir à tout moment. mais elle a beau garder la tête haute, jouer à la fière, elle est comme tout le monde et elle a terriblement froid. « si mes pieds n'atteignent pas le stade de deux glaçons dans environ une heure, je pense qu'on pourra parler d'un miracle. » souffle-t-elle à sa soeur jumelle qui, comme elle, ressent les bourrasques glacées. elle se frotte les mains, essayant de se réchauffer. ciara grogne, énervée. la météo est quelque chose qu'elle ne peut pas contrôler, et ne pas diriger un quelconque aspect de sa vie la fait fulminer.

Comme chaque pleine lune depuis sa naissance il y a trente ans, Max s’éloignait de toute présence humaine. C’était une nécessité dont elle ne se débarrasserait jamais, le prix à payer pour être venue au monde en tant que louve, pour bénéficier de tous les avantages que sa race lui apportait. Bien qu’elle ait acquit un certain contrôle grâce à ses nombreux entraînements, elle continuait à se dissimuler au fin fond de la forêt. De cette manière, si son instinct d’animal sanguinaire arrivait à prendre le dessus, la brunette ne tuerait rien de plus qu’un pauvre lapin, ou une biche, chose avec laquelle elle pouvait vivre sans se sentir coupable.

C’était donc armée de son puissant corps de louve ébène qu’elle parcourait l’épaisse forêt de Glencullen, en cette froide soirée d’hiver. Alors qu’elle courait, libre comme l’air, elle restait concentrée sur le moindre bruit, la moindre odeur lui parvenant. Jusque-là, tout s’était passé à merveille mais soudain, elle sentit quelque chose. De familier. Le choc la fit glapir : que faisaient les deux sœurs à cet endroit à une heure pareille ? Se rendaient-elles à l’une de ces soirées qui s’organisaient parfois dans les environs, et que Max avait en horreur ? Les jeunes de maintenant, ce qu’il ne leur fallait pas pour l’adrénaline !

Devait-elle les suivre discrètement pour s’assurer qu’il ne leur arrive rien de mal ? La louve était en train de peser le pour et le contre lorsque des hurlements retentirent dans la nuit.

Une blague, ce n'est qu'une blague, la Lune trône haut dans le ciel depuis déjà trop longtemps, tes envies de mort te tambourine les tempes et ton sacrifice, ce con, t'a claqué entre les doigts, une crise cardiaque l'a tué avant toi, quelle conneries. Quelques minutes de plus et tout ce serait passé parfaitement, lui, il était parfait, un clodo dont le monde n'a rien à foutre et,finalement, il est mort pour rien.

Plus de choix, tu vas devoir briser ta règle, cette nuit ne se prête plus aux règles, quelque chose d'important se passe, tu dois te dépêcher. Tu cours dans tout Glencullen, tu ne trouves personne, toute la ville semble avoir disparu en une nuit. Tu paniques, comment vas-tu faire sans sacrifice ?! Les bois t'appellent, te hurlent après, il faut t'y rendre tout de suite, mais pas les mains vides. Là, sur le trottoir, une jeune femme, aux yeux d'un bleu profond te tombe du ciel, une bénédiction. Tu te rapproches doucement, vos regards se croisent, elle a des yeux magnifiques, elle à l'air si fragile, si frêle. La nuit te ramène à l'ordre, pas le temps l'admirer, elle tourne les talons. Tu continues de te rapprocher, usant de la magie pour extirper tout l'air de son corps, elle ralentit et chancelle. La pauvre, elle ne doit même pas comprendre ce qui lui arrive, elle n'a pas eut de chance et tu le sais, demain sera un jour de regret, le regret d'avoir tué un innocent. Tu l'attrapes maintenant qu'elle est inconsciente. Dépêche-toi ! Il faut vite aller dans les bois, l'appel du sang se fait de plus en plus fort dans ton crâne, tu cours, ton nouveau sacrifice sur l'épaule. Le voile de la nuit t'empêche de distinguer quoi que ce soit, en te concentrant un peu, tu vois Cilian, il t'attend pour débuter le rituel, tu dois aller plus vite, mais elle est lourde, tu aurais dû la fouiller, juste au cas où, pourtant tu continues de courir, tu fonces tout droit sans réfléchir.

Tous les sorciers le ressentent, il en est pratiquement certain. Quelque chose arrive. C’est sombre, c’est grand, et c’est fatal. Le jeune homme commence à brûler son encens sans Elric. Il ne sait pas où il est, normalement il devrait déjà être là mais, de toute manière, ils ne partagent pas le même pentacle. C’est un pentacle par sacrifice, ils le font ensemble pour se soutenir mutuellement, c’est tout. Cilian n’a pas spécialement besoin de ça, mais son ami a plus de mal que lui avec le meurtre. Il comprend, en un sens, mais c’est aussi leur race. La chaîne alimentaire, en quelque sorte… « Qu'est ce que vous me voulez? Libérez moi ! » Cilian se retourne vers la blonde, il la regarde un instant mais n’y prête pas plus attention que ça, avant de continuer à tracer son pentacle avec l’encens. L’autre continue à se battre avec ses liens, ça l’énerve un peu. « Plus tu te débats, plus vite j’aurai envie de te tuer. » Siffle-t-il entre ses dents, alors que son regard la transperce déjà de part en part. Il la connaît, mais il s’en fiche. Il sait vaguement que c’est une amie d’Adam, c’est aussi pour ça qu’elle va mourir ce soir.

Cilian termine son pentacle quand Elric arrive, avec une brune qu’il traine. « T’en as mis du temps, Elric. » Cilian retourne près de son sac, et sort son couteau de rituel. La lame brille à la lueur de ses bougies. « Je t’attends, j’ai fini mon cercle. »