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Elrich Marbh & Augustus O'Callaghan



 
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 nils ☾ like paper boats floating on a stream

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Saoirse O'Callaghan
howling at the moon

Saoirse O'Callaghan
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MessageSujet: nils ☾ like paper boats floating on a stream   nils ☾ like paper boats floating on a stream EmptyVen 26 Fév - 23:09


nils, saoirse
like the moon that makes the tides that silent guide is calling from inside

La vie de Saoirse, après réflexion, n'était faite que d'une succession de petits événements répétitifs. De petites choses qu'elle ne remarquait pas forcément avant de les perdre.
Il y avait par exemple la lumière rouge de l'alarme incendie, dans son salon, qui clignotait lentement quand elle regardait un film sur la grande télévision. Il y avait aussi la musique des voisins, quand elle ouvrait la fenêtre en soirée, ou les lumières de l'immeuble en face qui passaient un peu à travers ses rideaux. Il y avait les tics des uns, les tics des autres; le bruit qu'elle entendait ses talons faire sur le sol, le cliquetis de son téléphone dès qu'elle tapait sur l'écran. Il y avait la légère odeur de cannelle au travail, celle de fraise dans la maison familiale où vivaient encore ses parents. La présente simple et délicate d'un collier sur sa peau, et ses cheveux qui venaient chatouiller sa nuque. Il y avait autant de choses auxquelles Saoirse s'était habitué à ne plus faire attention. Des détails qui paraissaient n'avoir aucune importance et pourtant en avaient une énorme. C'étaient autant de petites choses, de lumières, de parfums, de sons et de sensations qui faisaient que cette vie était la sienne et pas celle d'un(e) autre; une sensation agréable au quotidien, quand elle se rendait compte qu'elle ne la quittait jamais.
C'était un repère plus qu'essentiel, surtout en ce moment. C'était plus que dur pour Saoirse de savoir où elle en était, ou même qui elle était encore, mais ces choses là étaient éternelles. Saoirse pouvait bien se changer en loup, tigre, belette ou rat des champs, ces petits détails-là ne changeaient pas pour autant, jamais, et lui survivraient probablement. Une stabilité réconfortante en tous points.
Et puis, un peu moins conventionnel, un peu plus rare dans une vie, il y avait des repères qui ne restaient que pour un temps. Qui s'imposaient un beau jour, sans attirer trop d'attention. Et ainsi, la petite fleuriste qui arrangeait ses bouquets devant sa boutique, les gamins qui gigotaient devant les grilles de l'école et le chien qui aboyait au coin de sa rue étaient autant de détails qui s'étaient intégrés au paysage sans prévenir.
Il y avait notamment, au beau milieu du centre-ville, une petite bulle hors du temps. Un petit quelque chose qui s'était gracieusement installé à peine deux semaines plus tôt. C'était la vie de quelqu'un qui s'exposait en musique, alors que personne n'y faisait vraiment attention. Les gens passaient, n'adressaient tout au plus qu'un regard à la petite musicienne qui s'était installé là. Plus frêle qu'un oisillon, comme si on avait pu la casser en l'effleurant à peine – et pourtant elle était toujours là. Chaque jour, au même endroit, à créer sa parenthèse musicale, une petite interlude dans la vie des quelques auditeurs.
Saoirse ne s'était attardé qu'une fois pour l'écouter plutôt que l'entendre. La regarder plutôt que la voir. Elle avait profité d'un petit attroupement attiré par la nouveauté pour se tenir derrière quelques autres. Elle aurait voulu rester plus, voire un peu tous les jours, ne serait-ce que le temps d'une chanson par jour, mais c'était une proximité qui la gênait. Le simple fait d'être seule face à la musicienne l'aurait mise mal à l'aise; elle n'était pas sûre de quand repartir, comment se tenir même. Est-ce qu'elle devait vraiment sourire bêtement pendant trois minutes de mélodie ? Elle n'avait généralement pas de souci par rapport à ça, mais elle n'avait jamais vraiment fait attention à ces artistes de rue, bien qu'elle ait toujours eu un grand respect pour leur travail. C'était juste celle-là qui s'était imposé avec une certaine surprise, d'une manière assez agréable. Alors chaque jour, quand Saoirse entendait quelques notes de guitare ou quelques mots chantés dans ce même coin de rue, elle passait en vitesse et déposait quelque chose pour la musicienne. Quelques pièces, un petit billet les jours où elle n'avait rien de mieux à lui offrir, pas grand chose mais toujours mieux que rien.

Cette fois-ci pourtant, elle n'eût pas le temps de glisser quoi que ce soit à la chanteuse. Saoirse allait rentrer chez elle, à vive allure pour contrer la météo capricieuse – une averse commençait à tomber sans prévenir, plutôt violente pour la surprise qu'elle représentait. Et encore une fois, cette fille-là n'attirait pas l'attention, elle n'était qu'une partie du paysage qui se mouvait pour réunir ses affaires sans avoir suffisamment de place pour le faire.
La juriste hésita un instant, avant de se détourner de sa route pour se rapprocher d'elle. Donnez ça. Saoirse se saisit du petit chapeau qui servait à recevoir quelques dons, avec une délicatesse suffisante pour ne pas avoir l'air de lui voler ses biens. Vous avez quelque part où vous abriter près d'ici ? J'ai peur que l'averse ne passe pas avant un moment. Saoirse prenait les affaires de l'autre les unes après les autres pour la débarrasser un peu, avant de lui accorder un sourire. Quitte à ce qu'elle soit dans la galère, autant qu'elles le soient à deux.


Dernière édition par Saoirse O'Callaghan le Mar 1 Mar - 20:30, édité 1 fois
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Nils Ward
howling at the moon

Nils Ward
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Occupation : à la recherce d'un emploi, joue de la guitare ou du saxo dans le centre ville pour se faire un peu d'argent en attendant.
Poste dans la meute : oméga - traitre. Meute : anéantie - tyrannicide, parricide on t'accuse ici-bas de biens des noms et l'univers juge un criminel en ta personne. Un choix. Celui de la paix. A quel prix ? Celui du sang des tiens. Innocents et porteurs de morts. Annihiler pour éviter l'escalade de violences menant au massacre. Funeste destin - ironie du sort. Les premiers violents se retrouvent six pieds sous terre. Ta chaire comprise. Toi pour seule bouc émissaire.
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MessageSujet: Re: nils ☾ like paper boats floating on a stream   nils ☾ like paper boats floating on a stream EmptyLun 29 Fév - 16:34


 
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  Saoirse & Nils
 
 


 
Le temps glorieux d'Irlande peut se vanter de garder l'île verdoyante. En une simple journée il peut y avoir divers types de microclimats dont le grand soleil côtoie aisément la pluie. Nils avait déjà apprit par le passé, à ses dépends, la capricieuse météo insulaire du diamant vert. Le temps de quelques secondes elle croise son reflet dans la vitrine du magasin d'en face...encore une semaine et elle se fond définitivement dans la masse. Cette peau tannée se décolore de jour en jour telle une tenture bariolée fanant à l'ombre. Renouer avec ses véritables origines lui procure une drôle de sensation et elle se demande si ceux de là-bas pourrait encore la reconnaitre ? Maigre, blafarde - translucide à faire pâlir un génocide. Les yeux se baissent fuyant ce reflet, sa gorge serrée elle doit attendre quelques minutes assise sur son banc habituel pour retrouver ses esprits. Personne ne doit être témoin de ces moments de faiblesses la frappant à plusieurs reprises dans une journée. A chaque arbre est un pendu qui se balance, à chaque feuille une tâche de sang. Asphyxier une fois de plus ses angoisses - un adulte normal voudrait qu'elle ait un suivi psychologique. Qui dirait-elle ? Rien. Silence. Fardeau. Nils a choisit cette vie. Elle a fait son choix et aussi juste est-il rien ne la sauvera de cet éternel tourment. Elle les voit souvent, ces masques déstabilisants sur des visages anonymes. Trainer à chacun de ses pas le manteau fantomatique des martyrs, une chaine de perfectionnement à la douleur morale cliquetant à ses pieds épouvantablement malheureux. Nombres de fois elle s'est demandée ce qu'elle foutait encore en vie - heureusement Prim est là pour le lui rappeler. Il a encore quelque chose à protéger ici-bas et même si est loin Lazare veille sur lui.

Chaque jour diluer les cauchemars de la veille dans la douce quiétude des journées irlandaises. Retrouver une identité perdu. Cela lui fait drôle de renouer avec des origines dont elle ignore tout. Un britannique rirait de cet infâme accent pourtant il fait parti d'elle plus que n'importe quel phrasé délicat des enfants de la couronne. Aujourd'hui elle a besoin de se changer les idées. Eviter de broyer du noir. Sortir sa bonne vieille guitare et gratter à s'en faire exploser la pulpe. Le premier incident arrive à la fin de Stairway to Heaven. Les autres s'enchainent au fur et à mesure que la journée s'écoule lentement. Peu de gens s'arrêtent pour l'écouter. Nils prends le temps de panser ses doigts meurtris avec le peu d'argent récolté. Continuer de jouer pour un petit garçon. Il est à croquer. Nils adore les enfants. Elle joue fréquemment avec eux quand elle va faire de la musique dans le petit parc de la ville. Leur innocence ressource la louve quelque peu. Il part rejoindre sa mère à la fin du morceau. S'asseoir et s'en griller une, puis deux. Regarder ses sms. Pas de nouvelles de Prim. Penser qu'elle ne doit pas s'être remise de la cuite qu'elle s'est prise hier soir où que la chasseuse doit avoir trouver un job pour la journée. Nils est rappelé à la réalité par son estomac qui gronde. Ne pas voir encore manger de la journée la motive à reprendre sa guitare même si le temps se menaçant. Décidément quelle de journée de mer**.

Nils prend conscience que peu de ses habitués sont passés aujourd'hui. Pas même son nouvel ami Elric. Ni cette blonde. Nils ne la comprends pas bien. Toujours d'une grande générosité, ne profitant même pas de sa musique. Penser qu'elle devait bien faire pitié aux gens pour qu'il lui donne juste de l'argent parce qu'elle joue dans la rue et pas pour ses qualités de musicienne. S'éclater l'un de ses derniers doigts valides sur un accord. Son image la dérange encore autant que cela ? Ou c'est plutôt le fait que les inconscients ne sentent pas le danger émanant d'elle. Cette enveloppe charnelle ferait damner des saints. Depuis que le gène lycan a imprégné son sang personne ne pouvait être témoin de toutes ses blessures du guerre laissant une peau lisse. La morsure seule compte. Non, elle n'est pas venue. Prendre le temps de se remémorer ses traits. Elle a toujours l'air ailleurs, préoccupé. Ces occidentaux perpétuellement obnubilés par leur travail. Jouer l'une des rares chansons d'amour peuplant ce répertoire. Nils n'aime pas ces chansons là car elle ne peut pas mettre son cœur dedans. N'avoir jamais aimé d'amour n'est pas un mal selon la louve, c'est juste handicapant, même en saisissant toute la beauté de l'instant il ne peut être que partiellement vrai.

Sentir quelques gouttes rouler le long de son visage. Elle n'aurait donc pas de quoi manger avant qu'elle ne rentre chez elles. Quinze seconde plus tard il pleut des trombes d'eaux. Déclarer forfait pour ce jour. La jeune femme range ses affaires sans non plus hâter le processus. La pluie est froide mais ne la dérange pas. L'humidité et la fragrance de la pluie sont des sensations qui lui rappelle les berges du Bayou. Une voix chaude, autoritaire a pour effet de l'arracher à ses souvenirs et la faire sursauter. Elle ne l'a pas vu approcher. Elle ne l'a pas senti approcher. Son odeur n’est pas aussi agressive que ceux imprégnés par leur meute et puis il y a quelque chose de doux mélangé à un suc puissant…elle a été mordue il y a peu. La pluie a du couvrir son odeur et avant Nils ne l’a jamais senti. La délicate fragrance des nouveaux nés à la lune - qui ont déjà connus leurs premières lunes emplis de douleur mais n’ont pas encore gouté au sang. La brune ignore si l’étrangère sent son odeur. Si elle peut sentir l’odeur de l’oméga isolée ? A ses débuts il y  des ça déjà plusieurs années elle ignorait la différence des parfums…c’est avec le temps que son flair s’est affiné. Les plus vieux sentent l’odeur de rouille et de sang imprégné sur sa toison de louve. Cela rassure la brune qui après la stupeur de l’instant se détend. La blonde daigne enfin lui accorder un peu plus d’attention…pour lui chourer son argent…Les sourcils se froncent quelques temps avant de comprendre. Ces yeux s’écarquillent un peu trop - sincèrement surprise par cet acte de bonté. Ils sont rares ici-bas. On dit les irlandais chaleureux. Nils n’a pas encore profité leur charité. Déglutir lentement avant de lui offrir un sourire sincère et guise de remerciement.

Fermer la housse de sa guitare la mettre sur son dos. Prendre la mallette contenant son saxophone dans une mains et sortir un parapluie de l’autre. Pas pour elle. Nils s’en fout de la pluie. Mais pour sa sauveuse. L’ouvrir et le placer complètement au dessous d’elle n’en profitant qu’à moitié. De toute façon Nils est déjà trempée jusqu’aux os. Fermer les yeux un instant, écouter la pluie s’écraser sur les pavés. Sa voix se mélange au paysage sonore que la louve savoure. « Non…je loge dans une ferme en dehors de la ville - c’est à une demi-heure quarante-cinq minutes d’ici en vélo - lorsque le temps est clément. Sinon je vais dans un café ou à l’église…Merci au fait …euh…hm…je ne connais même pas votre nom ? » Elle ne prends même pas la peine de la regarder. Observant autour d’elle . Se sentant étrangement sans crainte en présence de la louve. Réaliser qu’elle ne s’est même pas présenter elle-même, corriger cette erreur. « Je m’appelle Nils, je viens d’arriver à Glencullen il y a quelques semaines. Merci encore…pour tout. Je pensais qu’aujourd’hui vous ne passeriez pas, ce matin vous n’étiez pas là. » Il n’y pas de reproche…c’est juste un fait. Nils n’a jamais vraiment maitrisé l’art de la conversation - se contentant habituellement de la pluie et du beau temps.
 
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Saoirse O'Callaghan
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Saoirse O'Callaghan
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MessageSujet: Re: nils ☾ like paper boats floating on a stream   nils ☾ like paper boats floating on a stream EmptySam 19 Mar - 2:45


nils, saoirse
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Saoirse n'était pas spécialement connue pour sa générosité – elle aidait quand elle pouvait, mais surtout quand ça ne changeait pas ses plans. Elle n'était pas, et surtout pas depuis qu'elle avait été mordue, de ceux qui consacraient une part entière de leur vie à faire le bien pour autrui. C'est pour ça qu'elle lâchait toujours quelque chose à cette petite musicienne, c'est pour ça qu'elle achetait parfois à manger à un sans-abri qu'elle croisait – elle agissait à très petite échelle, mais ne déviait jamais de sa route.
Jamais sauf aujourd'hui – et allez savoir pourquoi.
Ç'avait peut-être été la frimousse d'ange de la chanteuse. Elle n'avait pas plus de la vingtaine, et quand bien même Saoirse aimait entendre quelques unes de ses notes en passant le matin ou le soir, quand bien même elle avait aimé, la première fois, se cacher entre les gens pour mieux écouter, il fallait admettre qu'elle ne ferait pas fortune dès le lendemain. Elle pensa un instant qu'il pourrait être intelligent de l'inviter à jouer pendant les soirées qui s'organisaient parmi ses connaissances – les anniversaires, les pots de départ, ce genre de chose. Pas grand chose, mais elle ne cracherait probablement pas sur un petit salaire du genre de temps en temps. Saoirse rangea cette pensée dans un coin – elle saurait la ressortir plus tard.
Ç'avait peut-être été, sinon son beau minois, ce genre de choses qu'elle ressentait mais n'expliquait pas. La même chose qui lui avait donné l'envie de fuir face à Nolan comme lui avait eu envie de lui refermer la porte au nez, mais inversée. Elle n'avait pas envie, cette fois, de fuir, mais il y avait quelque chose. Au contraire, elle se sentait plutôt bien, sans pour autant la connaître. Saoirse n'avait jamais eu de difficultés à faire de nouvelles rencontres et se faire apprécier – elle était même à vrai dire plutôt douée pour ce dernier point –, mais c'était autre chose. Quelque chose qu'elle ne saurait pas expliquer avec son petit vocabulaire trop humain. En poussant un peu, elle aurait presque osé penser qu'elle pouvait avoir confiance en la musicienne – ne serait-ce qu'un peu. Plus qu'elle n'avait confiance en un autre inconnu en tout cas.
Son sac et les affaires de la jeune femme dans les bras, Saoirse se redressa, n'attendant plus qu'elle. Un sourire illumina son visage, incrédule, quand elle lui plaça un parapluie sur la tête, ans même prendre la peine de se protéger elle-même. Comme si elle méritait moins d'être au sec. Non…je loge dans une ferme en dehors de la ville - c’est à une demi-heure quarante-cinq minutes d’ici en vélo - lorsque le temps est clément. Sinon je vais dans un café ou à l’église…Merci au fait …euh…hm…je ne connais même pas votre nom ? Saoirse la dévisagea de haut en bas – avec un regard bienveillant cependant – avant de remonter à ses yeux. Je m’appelle Nils, je viens d’arriver à Glencullen il y a quelques semaines. Merci encore…pour tout. Je pensais qu’aujourd’hui vous ne passeriez pas, ce matin vous n’étiez pas là. Elle avait l'air d'un chaton. Un chaton perdu. De grands yeux, une voix douce et beaucoup trop de gentillesse et d'attention pour qu'il eut été correct de la laisser se tremper. Saoirse chargea tout ce qu'elle portait sur un seul de ses bras, se servant ainsi de sa main libre pour se resserrer contre la jeune femme. Comme si elle l'avait toujours connu, elle posa sa main sur sa taille – le parapluie n'était pas bien grand, et elle ne voyait pas un moyen plus sûr de s'assurer que toutes deux resteraient bien cachées en-dessous. Saoirse. Je m'appelle Saoirse. Sa voix était bien plus douce et posée que quand elle avait voulu attirer son attention. Je suis flattée que vous aillez remarqué mon absence de ce matin – j'avais simplement beaucoup de boulot, je suis resté à Dublin pour la nuit. Saoirse commença à s'avancer vers le café le plus proche, au coin de la rue, ses talons claquant sur les pavés en rythme avec la pluie qui leur tombait dessus. Vous ne risquez pas de pouvoir rentrer chez vous par un temps comme celui-ci. Une boisson chaude devrait vous tenir compagnie jusqu'à ce que la pluie s'en aille. Sans jamais libérer Nils de son étreinte sur le chemin, Saoirse et elle arrivèrent devant le café. Elle laissa la plus jeune ranger son parapluie, avant de le ranger dans le long pot contre la porte, et alla poser tout ce qu'elle portait sur une table contre les fenêtres, s'asseyant sur la banquette. Elle fouilla quelques instants dans son sac, profitant du fait que Nils ne la voit pas pour glisser quelques euros avec ceux qu'elle avait déjà gagné dans la journée. Elle n'en avait pas encore eu l'occasion aujourd'hui, mais y tenait tout de même. Puis, quand la musicienne arriva à sa hauteur, elle fit comme si de rien était. Alors.. Nils, c'est ça ? Qu'est-ce qui vous amène à Glencullen ? Je suppose qu'il y a quelque chose de plus que le charme des passants dans la rue ou que nos églises – ou bien vous devez être sacrément déçue de vous être déplacée pour ça.
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Nils Ward
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MessageSujet: Re: nils ☾ like paper boats floating on a stream   nils ☾ like paper boats floating on a stream EmptyJeu 31 Mar - 0:00


 
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 Saoirse & Nils
 
 


 
La pluie ne semble pas s’apaiser cette fois. Le fil de leur pas se hâte à mesure que le rideau perlé s’épaissit. Lentement le cerveau de Nils est submergé par un souvenir persistant. D’énormes goutes s’écrasent sur une stèle. Un nuancier de gris habille ce jour de deuil. Le ciel sombre menace de faire éclater un orage à tout instant. Les yeux souris du paternel voilà d’une solennité. Pas de tristesse. L’enfant reste silencieuse depuis que sa mère l’a reprise pour avoir dévisager la demoiselle en larme, les épaules rentrés et le corps convulsé par le chagrin. A cet âge Nils effleure le mystère de la vie. Prends conscience de la fragilité humaine. L’horloge interne s’arrête de tourner et le cœur ne bat plus. Déjà insoucieuse de sa propre finitude, c’est la main de sa mère qu’elle serre très fort. Elle aussi, elle peut mourir – c’est bien ce que cela veut dire ? La procession se détourne du tambourinement cruel. Ce n’est plus la palpitation de l’organe mais celui de la terre frappant contre le chêne. La lenteur est insupportable et pourtant petite Nils sait qu’hâter le pas est proprement mal éduqué. Ses géniteurs risquent d’êtres déçus. Prendre le temps. L’honnête homme prends son temps, subit les aléas de la météo et se montre inchangé par les intempéries. Faire preuve de toute la galanterie du monde ne suffit guère et l’éducation rattrape le vécu. Son pas inconsciemment ralenti au souvenir aigre-doux de cette première confrontation à ce qu’elle qualifierait désormais de vieille compagne de route. La mort, une fois acceptée, est toujours belle. La louve rêve du jour où l’on embrassera son front pâle avant d’entrevoir un dernier sourire étirer ses lippes. Achille le grand rêvait lui-même de cette mort – celle du héros. Kalos thanatos. La belle mort. Se souvenir que Jacob, helléniste émérite et enfant de Lycaon comme il aimait lui-même se qualifier, rappelait sans cesse à l’adolescente que la mort du vieillard était moche. Sans honneur.  Nils au côté de sa Bible garde précieusement avec elle désormais l’Illiade et l’Odyssée.  Ces récits initiatiques eux-mêmes échos du cheminement de l’homme depuis la nuit des temps. Jacob est mort en héros. Protégeant sa femme. Protégeant sa meute.

Laisser échapper un soupir silencieux. Inaudible. Juste une addition infime au vent froid accompagnant ce triste temps. La température a baissé. Sentir son poil s’hérisser et réfréner des grelottements intempestifs. Petite chose fragile et pourtant létale. Infâme état de fragilité physique se dissolvant dans la douceur d’une embrassade. Une pierre semble obstruée sa trachée, son débit de penser se stop immédiatement et le silence absolu régnant dans sa psyché ne permet que mieux d’entendre le signal d’alarme lancé par le cervelet. Un léger voile rosé couvre ses pommettes saillantes. Son regard déjà ailleurs ne se félicite que plus de cette initiative et un sourire hésitant entre la gêne et l’appréciation éclot sur ces lèvres de vestale. Il fait plus chaud lorsque ce bras repose contre sa hanche et l’esprit s’engourdit suffisamment pour qu’un petit peu, juste le temps de quelques battements erratiques, la parricide baisse sa garde. Accord tacite. Enfin accord. L’étrangère ne lui laisse pas le choix. La peur de l’inconnu est remplacé par l’excitation de la nouveauté. Personne ne l’a jamais touché. L’affection n’était guère l’art de vivre de cette tante rigoriste auprès de laquelle Nils a vécu le plus grand nombres de ses années terrestres. L’étreinte de la mère est trop lointaine pour en garder l’amour délicat que l’on dédie habituellement à sa progéniture. Et Primrose ? Non. Ce n’était pas tout à fait pareil. Rien n’était donné - gratuit. L’étreinte de la sauvageonne se mérite. Poursuivre leur route sans s’embarrasser d’un silence agréable.

Les pas résonnent sur le pavé, claque à cause des petites flaques ainsi que sous le cliquetis régulier des talons de sa comparse. Ce nom résonne sans heurt. N’afflige pas les oreilles attentives de la demoiselle. Rompt avec délicatesse le silence confortable. Un nouveau sourire éclos sur les lèvres de Nils. En deux semaines, elle a déjà parcouru les livres de la bibliothèque de O’Leary. « C’est un joli prénom. La liberté. » Sans pour avoir autant fait du gaëlique ce terme se retrouve dans plusieurs manuel relatant le combat de ces amoureux éperdus de liberté et d’indépendance. Rêveuse ses yeux clairs se perdent dans le paysage dilué par le rideau de pluie. Presque pixélisé, les enseignes sont presque indéchiffrables au loin pour l’œil humain. Le sien habitué, le fait sans peine. « J’ai peu de chose pour moi, alors j’essaie de combler mes lacunes par l’apprentissage au travers de l’observation de mes semblables. » Désormais emprunte à la conversation, la louve énonce pragmatiquement ce que sa cadette connaît déjà. Son temps est mesuré, doux et pourtant autoritaire. Nils n’a guère le choix de refuser l’offre proposée. Ne faire aucune remarque à ce propos  ne désirant pas fâcher cet ange gardien gaëlique. Arriver après quelques minutes de marches supplémentaires dans un café dont Nils pourrait désormais se qualifier d’habituée. Sourire un tenancier, il l’observe surpris de la voir une fois de plus en compagnie d’une nouvelle personne. Il n’oserait guère avoir d’arrière-pensées à ce propos, Nils ayant depuis peu pris en charge ses deux enfants dans son enseignement de la catéchèse à l’église de Glencullen. Il passera sûrement la saluer chaleureusement une fois qu’elles seront installées. La jeune louve laisse à son ainée l’entière décision du lieu de leur installation. Pendant ce temps secouer un peu son parapluie avant de la déposer dans un pot prévu à cet dans l’entrée du lieu public.

A peine assise la demoiselle n’a même pas le temps de se redresser que la voilà assaillie de question. Prendre le temps de les assimiler. Offrir un sourire amusé de la situation. Elle paye un café pour les lui extorquer c’est cela ? Donnant donnant ? Où est-ce plutôt par politesse pour occuper le temps. Nils opte plus pour l’option A. Lire dans son regard la curiosité la détermine et pourtant la louve avance sans crainte dans la gueule de sa congénère. « Je…attendez…tutoyez moi s’il-vous-plait je me sens ni suffisamment vieille ni suffisamment sage pour mériter telle marque de respect. » Lui offrir un demi-sourire complice et pourtant il y a de la vérité dans ce qu’elle dit. Toujours. L’estime et la fierté sont des choses inconnues quand l’on passe son existence à vivre pour les autres. Se perdre un instant dans la contemplation dans son interlocutrice qu’elle peut enfin voir. Des boucles blondes, des yeux clairs – rien de surprenant. Et pourtant que dire. Son visage est charmant. Ses traits délicats. Baisser le regard pour dissimuler la honte de la dévisager ainsi. Observer ses propres doigts blessés, pansés à l’arrache. « Ma demi-sœur est revenue ici car elle avait une opportunité de travail. Je vivais dans le Sud et elle dans le Nord. A ma majorité elle m’a proposé de partir avec elle et j’ai accepté. Aussi simple que cela. » La regarder droit dans les yeux et lui mentir est plus difficile que Nils ne l’aurait penser. Ces yeux clairs semblent lire ceux de la jeune louve comme dans un livre ouvert. Déglutir lentement. Changer de sujet. « Alors comme ça vous travaillez à la Capitale ? Qu’y faites-vous, si cela n’est pas trop indiscret ? » Le patron arrive à leur hauteur, interrompant leur entrevue. Salut Nils en la remerciant de raconter d’aussi beaux textes à ses enfants. Il s’étale sur comment son fils imagine de mille façon comment lui se serait échappé du ventre de la baleine et la demoiselle lui offre un regard bienveillant en acquiesçant à ses paroles.

Pour elle cela sera un chocolat chaud. Laissant Saoirse commander. Il s’en va. L’interrogatoire reprends. « Et vous ? Vous êtes originaire de Glencullen ? Où est-ce plutôt votre compagnon ? Ou peut-être même le charme local dont vous me parliez précédemment ? » Plaisanter. Cela vient plus facilement face à l’ange qu’à l’accoutumer. Se tenter même à ajouter à cela un sourire amusé, non dissimulé, dans son plus simple appareil sous le regard attentif de son ainée.  
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