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"but if you close your eyes, does it
almost feel like nothing
changed at all?"
ft/ cilian o'callaghan.

les mains fourrées dans les poches de ta veste, tu parcours les quelques mètres qui séparent ta boutique de ton immeuble. les températures remontent, l'hiver vous quittant doucement. une légère brise te caresse tout de même le visage. ça ne te dérange pas, au contraire. un peu d'air frais n'a jamais fait de mal à personne. avec le beau temps qui arrive, les gens recommencent à sortir de chez eux. il faut dire que ça fait un moment que rien d'inhabituel ne s'est produit. il semblerait que la peur s'estompe petit à petit. tu n'es pas dupe, cependant. les choses n'en resteront pas là. surtout avec ces créatures qui se sont mises en tête de battre ces fameux nécromanciens (si tu as bien tout compris, tu ne sais pas trop). ce serait une idée bien stupide. non seulement parce que tu n'es pas pour combattre le mal par le mal – en théorie. ton coeur peut être remplie d'une envie mortelle de vengeance, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut mettre tout le monde dans le même bateau. un loup a mordu ta soeur, tu n'en a pas profité pour tous les exterminer – mais également parce que les représailles risquent d'être explosives. rien de bon ne peut sortir de toute cette histoire. il y a bien un court instant où tu as pensé à te battre, toi aussi. mais plus maintenant. à vrai dire, tu te fiches de tout ça désormais. tu t'es désintéressée, comme toujours. tant que personne ne touche à ceux que tu aimes, tu ne vois pas l'intérêt de remettre de l'huile sur le feu. les choses finiront par exploser d'elles-mêmes. c'est toujours le cas. surtout ici. une silhouette familière t'extirpe de tes pensées. non loin, droit devant toi, se trouve un jeune homme, blond. tu plisses les yeux, l'examinant attentivement. cilian. ton cilian. t'as l'impression que ça fait une éternité que tu ne l'as pas vu. et au fond, c'est le cas. tu ne le vois pas souvent, cilian. et ça t'attriste un peu. tu l'apprécies pourtant énormément. mais tout est compliqué en ce moment. c'est peu de le dire. plus tu t'approches, et plus tu sens bien que quelque chose a changé. à commencer par son aura. la belle lueur qui l'entourait autrefois s'est envolée. de plus, sa peau semble plus claire que d'ordinaire. elle l'est, tu peux le voir. cilian? mais c'est bien lui. tu te trouves maintenant à quelques pas de lui. quelque chose à changé, mais tu réalises que ça te passe au dessus de la tête. tout ce que tu ressens à ce moment précis, c'est le fait que tu sois contente de le voir. une fois en face du blond, tu passes tes bras autour de son cou et le serres contre toi. it's been such a long time. i've missed you. légère mélancolie dans la voix. cilian, c'est celui avec qui tu oublies tes problèmes. ton échappatoire. tu te rends compte que t'as bien besoin de ça en ce moment.

great clouds roll over the hills
ft/nerys rhodes

Ses pas sont assurés sur le sol. Il a de la chance, Cilian. Le soleil est haut dans le ciel, et le ciel est dégagé. Pas mal de passants portent, tout comme lui, une paire de lunettes noires. Lui ne peut s'en passer, il a entendu dire que des sortilèges éphémères existaient pour lui faire retrouver un regard humain mais le problème c'est que ces sortilèges sont éphémères. Il devra les utiliser en cours, quand il aura appris à les lancer correctement. Sa Mère l'a abandonné, il a beau lui demander, elle se fait sourde à ses appels. Il ne l'entend même plus dans sa tête, il ne sent plus sa présence à ses côtés. Son absence laisse un vide, un vide glacial remplacé par l'omniprésence de la Mort, son Père. Il rôde tout autour de lui, comme s’il attendait d'autre remboursement de sa dette éternelle. Plus de vies, plus d'âmes. Le nécromancien revient de l’hôpital, où il a été déposé un dossier pour mettre en ordre son absence lors de son stage. Il ne sait pas trop ce qu’il va faire, mais Cilian sait qu’il ne peut pas s’arrêter de vivre. Il doit trouver une solution, il ne peut pas se permettre de ne rien faire… Mais au fond, il n’arrive pas à y réfléchir. Ca l’ennuie, il s’en fiche, à quoi bon, après tout ? Il peut avoir tant de pouvoir, juste en égorgeant un humain à la faveur de la lune. Et le mieux dans cette histoire, c’est qu’il sait qu’il ne doit pas attendre la pleine lune. Le blond marche dans la rue avec une main dans la poche, et l’autre qui tient une cigarette, sur laquelle il tire. Même la clope ne lui fait plus trop d’effet, il s’en fiche un peu mais il continue parce qu’il aime bien, au fond. Et si mourir ne lui faisait pas spécialement peur avant, c’est encore moins le cas maintenant. Désormais, le nécromancien est plus ou moins mort de toute manière. Le vent balaie doucement son visage, il en sent la caresse mais elle ne lui semble pas froide, sur sa peau déjà glacée. C’est plutôt le soleil qui semble plus chaud pour lui, que pour les autres. Et puis il entend son prénom être prononcé par une voix qu’il connaît. Nerys. Elle vient se mettre face à lui, et enroule ses bras autour de son cou. Le blond ne bouge pas, autrefois il l’aurait serrée dans ses bras lui aussi, mais là ses mains vont sur les hanches de la brune, un peu hésitant, avant de la repousser. Mais il y a plus de douceur que si ça n’avait pas été Nerys, une amie qui lui était chère, qui l’est toujours. Il est différent, mais il a toujours un peu de Cilian en lui. « Me too. » Il souffle. « How have you been, lately? » Il ne sait pas si il s’en fiche de savoir la réponse ou pas, c’est un automatisme des règles sociales qu’on lui a inculqué, de demander.

tu laisses cilian te repousser sans broncher, sans émettre le moindre signe de désapprobation. tu ne t'attendais pas à grand chose, de toute façon. tu sais ce qui a changé. tu n'as pas besoin de voir la couleur de ses yeux – visiblement cachés derrière ces lunettes non pas par pur hasard – pour en avoir la confirmation. tu peux le sentir au fond de toi. tout comme t'as pu sentir leur arrivé, bien avant que tout ne bascule. t'as toujours pris le soin d'écouter tes sentiments, de les prendre en compte. alors tu sais. cilian est un nécromancien. me too. ça t'arrache un sourire. mais est-ce réellement le cas? tu ne peux t'empêcher de te poser la question. peut-être que ça l'a été, avant que ça n'arrive. peut-être que ça l'est toujours, un peu. après tout, tu ne sais pas grand chose sur ces créatures. si ce n'est qu'elles ont ramené quelqu'un à la vie. si tout le monde s'accorde sur le fait qu'il ne s'agisse que de monstres sanguinaires qu'il faut à tout prix abattre, depuis que tu es en possession de cette information, t'éprouves une certaine fascination à leur égard. tu ne sais pas comment, mais ils ont joué avec la mort, pour sortir une personne de l'enfer. quel genre de personne fait ça? quelqu'un qui aime. how have you been, lately? tu regardes le blond un instant. t'as l'impression que ça fait une éternité qu'on ne t'a pas posé cette question. ce n'est pas qu'une impression. avec les récents événements, c'est une question qu'on omet de poser. toi-même, tu te rends comptes que tu ne l'as pas beaucoup fait. à tort. ou peut-être pas. puisque tu n'as pas vraiment de réponse. good, i guess. parce que tu es toujours en vie. parce que tu n'as été que très brièvement blessé – il y a de ça un petit moment déjà. alors que tant d'autres personnes ont perdu la vie. tu peux t'estimer heureuse. chanceuse, surtout. comme toujours. cette chance finira par te quitter. t'hésites quelques secondes, avant de finalement poser la question qui te brûle les lèvres. what happened? mots prononcés dans un souffle, presque un murmure. tu n'en avais pas l'intention, mais ça reflète assez ton état d'esprit. ce n'est pas tant le fait que vous soyez en pleine rue. ça ne t'a jamais empêché d'aborder des sujets quelques peu étranges pour le simple commun des mortels (comme si tu ne l'étais pas, mortelle). de plus, c'est une question qui reste anodine. du moins, elle le serait dans d'autres circonstances. la vérité, c'est que tu ne sais pas comment agir. tu ne sais pas ce qui a réellement changé en lui. seulement certains traits de son apparence, ou bien plus. tu pencherais plutôt pour la seconde option, si tu te bases sur ce que tu as bien pu voir des autres. les autres, justement. tu ignores ce qu'il en est de cilian. s'il est toujours celui que tu as connu. ton ami. actually, i could use a drink. ou plusieurs. une de vos soirées, rien qu'à vous.

great clouds roll over the hills
ft/nerys rhodes

Nerys est un peu comme une sœur, pour Cilian. Ils se connaissent depuis quelques années, et même son statut de nécromancien ne peut pas totalement occulter la profonde affection qu’il a pour la petite brune. Cependant, quand elle le prend dans ses bras il ne peut s’empêcher de la repousser. Une seule personne, désormais, peut le prendre dans ses bras sans qu’il ne le repousse, et ce n’est pas elle, ni même Cora ou Azilis qui sont ses meilleures amies. « Good, I guess. » elle répond à sa question. Cilian la regarde, au fond il sait que ce n’est pas totalement la vérité, parce qu’il la connaît. Il a toujours ses souvenirs des réactions de Nerys, et il se doute que quelque chose la tracasse. Peut être que c’est cette atmosphère pesante que toute la ville ressent. Celle provoquée par des créatures comme lui, pourtant il ne connaît aucun autre nécromancien que lui-même. « Good. » Il répond, sans vraiment y mettre l’émotion qu’il aurait dû y mettre. Son ton est atone, plat. « What happened? » Voilà, elle a demandé. Cilian inspire lentement par les narines et hausse les épaules. « Life happened, I guess? » Il a un léger rire, étrange pour lui qui n’a plus connu d’émotion similaire depuis des jours. « Actually, death happened, but, y’know. » Il ne voulait pas lui dire, et puis à quoi bon ? Pourquoi lui mentir ? Elle doit s’en douter, il n’a plus la même aura. Il cache son regard derrière une paie de lunettes noires. Il est froid, littéralement, sa peau est glaciale et sa peau est trop pâle, même pour lui qui a toujours été plutôt pâle. « Actually, I could use a drink. » Fait-elle. Le souvenir de l’arôme amer de la bière remonte sur les papilles du nécromancien, et il obtempère d’un hochement de tête. « Me too. » Le blond ouvre la marche, attend qu’elle le rejoigne et ils se dirigent vers un des bars dans lesquels ils ont souvent été à deux. Il y en a plusieurs, ils n’en ont pas vraiment de préférés. Glencullen n’est pas une ville aux multiples bars, contrairement à Dublin. Il suffit de trouver celui où ils peuvent s’asseoir, en général c’est le critère qui l’emporte… Et où la Guinness ne coûte pas un bras. Arrivé devant le bar le plus proche, le blond pousse la porte et entre à l’intérieur avec Nerys. Quelques piliers de bars sont déjà là, assis au bar avec une pinte devant eux. Un écran de télévision retransmet un match de football. Cilian n’y jette pas un œil, il n’aime pas ça. « In a corner. » Il dit en prenant le poignet de son amie, ses doigts glacés se referment autour de la peau qui lui semble presque brûlante, de Nerys, et il l’attire avec lui dans un coin du bar. Porter des lunettes noires à l’intérieur n’a rien de normal, surtout dans l’ambiance feutrée d’un bar. Alors il prend la chaise qui fait dos au reste du bar, et retire ses lunettes pour les poser sur la table. « That’s a side effect. » Fait-il en posant son regard d’encre - car c'est de ça qu'il parle - sur celui de Nerys, il ne lui en voudra pas si elle le dévisage, parce que tout le monde l’a fait, et surtout Adam.