The night is here. This is your night

Tu aimes la sensation des draps qui glissent sur ta peau. La sensation entre deux songes, ta peau encore humide de ces visions sanglantes de ta main qui frappe, encore et encore. Le sang qui éclabousse ton visage. Ce sang qui colore tes lèvres. Tu t'en lèches les babines même dans ton sommeil. Cette obsession active ton corps. Tu te débats en nage entre les draps. Tes cheveux collent à ton oreiller. Tu pourrais te réveiller en hurler à t'en déchirer les poumons, mais tu n'habites plus seul alors tu te retiens. Hors de ton lit, la fraicheur du parquet soulage l'espace d'un instant tes jambes. Tu attrapes le premier tee-shirt bienvenu pour essuyer ce torse. Ce n'est pas la sueur du sexe avilissant qui dégouline le long de ta colonne vertébrale. Tu aurais largement préféré. Dans un demi-sommeil, tu marches jusqu'à sa chambre, car tu as besoin d'elle. Cependant, alors que ton poing s'apprête à frapper à sa porte. Tu t'immobilises. Ton visage s'apparente à celui d'un enfant. Pourtant, Snezhana est loin d'être ta mère ? Elle t'a apporté tellement de choses et sans elle tu serais surement mort. Qu'est ce qu'elle a pu voir en toi ? Tu poses ton front brulant contre ce bois. Cette nature arrachée. Cette terre qui t'apporte force et vie. Tu frissonnes, car tu a peur de croiser Félix qui irait se chercher un verre d'eau dans la cuisine. Pourquoi, elle t'héberge depuis plus d'un an ? Lev vient se glisser entre tes jambes. Ta peau mouillée ne semble pas le déranger. En même temps, tu passes ta vie au bureau, bien caché derrière ton écran, alors tu es loin de déranger. Tu es comme les chats de la maison, tu sais te faire discret.

Tu finis agenouillé et quelques minutes après tu es assis en tailleur, le dos contre sa porte. Tu caresses le rouquin, car lui semble vouloir de ton affection. Personne d'autre ne veut de ton affection. Tu es bien loin de ces jeunes qui arpentent les réseaux. Ces bouffeurs de chairs qui ne sont jamais rassasiés. Snezhana te fait assez la morale pour que le sois un peu plus, pour que tu te sortes un peu les doigts du cul. Lev se met ronronner et tu le laisses à sourire, là dans cette pénombre, tu es bien. Ton souffle repend son cours normal. Tes angoisses s'extirpent de tes veines. Tu as besoin de sortir. Tu as besoin de remplir ce corps d'alcool jusqu'à en repeindre le sol. Tu files jusqu'à ta chambre et tu enfiles la première frusque que tu trouves au sol. Tu t'en moques s'ils empestent le tabac ou la sueur. Tu n'as jamais su plaire. Tu sors discrètement par la porte de derrière pour ne pas réveiller la maison, même si c'est des loups et que le moindre des tes gestes sont scrutés. Tu termines dans le premier bar qui t'explose les yeux de son néon criard et les tympans de ses hurlements d'alcooliques notoires. Tu restes accoudé au bar quelques heures et tu finis par lui écrire. “Bon, si tu rappliques ton cul dans les prochaines dix-minutes, tout ce que tu bois, c'est moi qui régale.” Et, comme l'acool a commencé à t'asservir, tu ne peux t'empêcher de rajouter dans ton message. “Et, rappelle moi les règles de la maison ? Je peux ramener jusqu'à combien de mec à la fois ? Les cars de rugbyman sexy et tatoués cela compte pour un, c'est ça ? ” Tu doutes que Snezhana puisse dormir à cette heure. Tu penses que si tu avais poussé sa porte toute à l'heure tu n'aurais trouvé personne.

The night is here. This is your night

Là, accoudé à ton bar, comme le dernier gars éméché qui a les yeux qui fixent le fond de la pinte, tu penses à Snezhana et surtout à Saul. Tu ne peux que le haïr et tu pourrais lui en faire du mal, mais comme te le rappelle ce monde chaque jours. Tu n'en as pas les corones. Tu n'as pas envoyé de message à Snezhana à son sujet aujourd'hui. Tu sais - où tu te doutes -à quel point c'est dur. Maintenant, que tu viens de l'inviter à te rejoindre, peut-être après quelques verres tu arriveras à lui tirer les vers du nez. C'est peut-être le seul sujet que tu arrives à échanger à Félix - et cela même si c'est derrière le dos de la louve. Vous aimez cracher votre venin entre chromosomes Y. Cependant, tu aimeras savoir ce que la Louve veut. Tu es prêt à l'écouter, même à jouer l'avocat du diable s'il le faut. Elle s'est tellement occupé de toi, que cela te semble normal que ça soit ton tour à présent. Tu n'as pas ses crocs et ses griffes, mais tu peux faire mal. Tu peux faire couleur le sang. Il est temps de sortir de toi-même et d'enfin t'imposer. Tu regardes ton reflet dans le miroir du bar et tu abandonnes un sourire, te trouvant tellement minable, même faire le "mâle" tu ne sais pas faire.

Tu n'as même pas le courage d'affronter Félix. Tu l'avais vu sortir, surement pour acheter à manger comme il en avait l'habitude. Tu sais, pourtant, que même si vous n'échanger pas beaucoup, il y a toujours de la nourriture pour toi sur la table. Tu es le petit chat rapporté qu'on continue de nourrir même si on le regarde avec des gros yeux. Tu essayes pourtant de raser les murs et d'être le plus discret possible. Finalement, à ton bar, tu te dis que tu as malpoli, qu'il avait du frapper à ta porte une fois revenu et tu n'étais même pas là. Tu es certain que les deux loups mangeront pour toi. Déjà, il y a quoi dans ce frigo qui t'appartient ? Peut-être ce vieux plat chinois jamais terminé et une bière qui est là depuis des lustres.

J'ai l'air minable. I Know ! On va dans les bars pour faire des rencontres. Toi, tu fixes la porte derrière toi, et tu te retournes à chaque fois que quelqu'un rentre. Si tu étais attentif, tu pourrais peut-être remarquer quelques regards sur ta personne, comme quand Ashton te regarde au travail. Tu sais que cela jacasse autour de toi, que sa papote. Les accros aux ragots. Toi, tu ne vois rien ou tu ne veux rien voir. Ce qui se termine toujours de la même manière. Tu pourrais ramener Snezhana au boulot pour qu'elle flaire l'animal. D'après la belle, cela à une autre odeur. Mais, tu te vois mal demander à la Louve entre deux crachats glaireux sur Saul, si ton patron sent le cul !? Oui, tu es tout la délicatesse et dans la poésie toi. Toi, tu es un artiste, surtout avec le coup dans le nez que tu as.

Tu vois un mec viré à côté de toi et ton visage s'illumine. Tu souris. Ce qui t'arrive seulement quand tu as atteint le seuil critique de non retour. Demain, c'est la tête dans le cul que tu iras au bureau ! Tu veux la prendre dans tes bras, mais tu sais qu'elle n'aime pas ça. Alors, tu coupes la poire en deux et tu déposes ta tête sur son épaule tatouée l'espace d'un instant. “ Nice, tu es là. Alors, comment va l'autre sac de poils ? Toujours à faire la tronche ? Tu sais si il...” Tu mines assez vulgairement l'acte sexuel avec tes doigts avant de rire comme un gamin.  “ Si il baise ? Car, cela lui ferrait peut-être du bien. La matin il fait la gueule, le soir il fait la gueule...ect...” Bref, tu continues avec ça pendant encore quelques minutes jusqu'à que la louve te coupe. Tu souris face à sa commande et tu commandes pour ta part une nouvelle pinte avec des shots de tequila qui flotte à l'intérieur.  “ Pourquoi cela m'inquiéterait ? A quoi cela sert d'avoir de l'argent de côté. Tu vois des projets ? Une vie ? Je suis là car j'ai ces pulsions...Comment tu fais toi ? Pour ne pas les écouter ?” Tu parles de cette envie de tuer. Tu plonges dans ses yeux. Tu demanderas pour Saul dans quelques instants. Tu préfères laisser ce sujet brûlant encore cramer un peu sur le feu.