Le nuit était tombée depuis bien quelques heures, des orages zébraient le ciel successivement, il n'y avait aucune étoile en cette soirée couverte par d'épais nuages sombres. Une légère pluie tombait doucement en faisant chanter les feuilles des arbres d'un doux plic ploc. Un croissant de lune se dégageait parmi les grands arbres, entre deux nuages, l’atmosphère était pesante, l'air lourd, il n'y avait presque aucun bruits, exceptés les très légers bruits de pas de Lovka qui s'était engouffrée dans les tréfonds des bois. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait à subir ce petit scénario, fuir, courir, se cacher et attendre. Emmitouflée dans un gros sweater noir elle se fondait dans la masse, sa capuche cachant son visage et ses yeux brillant dans l'obscurité. Elle est ses parents habitaient un petit chalet non loin de Repojoki, en Finlande, cela faisait bien cinq ou six mois qu'ils y étaient installés, à la fois près de la ville et assez proche de la foret pour pouvoir se dégourdir les jambes sans risque de ramener l'attention sur eux. Après chaque déménagement d'un pays à un autre, une nouvelle histoire s'écrivait, Lovka s'implantait dans une ville, se faisait des amis ou du moins essayait pour ensuite devoir fuir et ne plus jamais les contacter de nouveau. Les hunters n'en avaient pas particulièrement après sa famille, mais tôt ou tard, une piste aussi minime soit-elles pouvait coûter la vie à la famille Romanov qui préférait alors de fuir vers un nouvel endroit de paradis, pour un petit moment.

La nuit était plus que totale, l'ouïe de la louve était à l’affût, le moindre bruit suspect était signe de fuite, ses parents avaient prit un autre chemin pour semer les hunters, il n'était pas aisé de ce défendre les soirs ou la pleine lune ne remplissait pas le ciel. Rapide et endurant, ils leur étaient facile de parcourir de longues distances même sous forme humaine, leur plan ? Traverser la foret pour se rendre en Norvège, semer les hunters ne les distrairaient pas assez longtemps pour fuir, mais Lovka et ses parents gagnaient ainsi une sacrée marge de manœuvre.

Les minutes passèrent sans que rien ne se passe, c'était bien trop long, devait elle risquer de désobéir à son père pour prendre de l'avance et courir vers les frontières Norvégiennes ou devait-elle rester ici et attendre que les hunters se rapproche ? Les battements de son cœur s’accéléra, son souffle aussi, bientôt elle ne cru ne plus entendre les bruits de la foret tellement sa respiration se faisait lourde. Agrippant d'une main le tronc d'arbre, elle le griffa au point de se faire saigner, son corps était tendu de la tête au pieds alors que la peur commençait lui bloquer l'usage de ses muscles. Bouger ou rester. Tendant l'oreille, elle perçu un très léger craquement venant de derrière elle, enfin son père devait avoir finir de laisser une fausse piste. Lovka se retourna en soupirant, le stress s'évacuant doucement. Levant les yeux vers l'ombre noire, elle ne vit tout d'abord pas la forme, mais un point rouge luminescent dans le noir, comme un laser pointé sur son visage,  puis descendant doucement sur son sweat. Lovka inspira une grande bouffée, petit à petit, ses sens reprenaient vie, ce n'était pas son père, l'odeur était bien trop différente, un hunter. Comment l'avait-il trouvé ?

« LOVKA » cria une voix, celle de sa mère qui courrait dans sa direction. Lovka se tourna vers le hunter puis, sa mère, reculant d'un pas puis deux, pourquoi ne prenait-elle pas la fuite ? Lorsqu'elle se décida à partir, le coup de feu retentit dans toute la foret. Il était trop tard, même le plus habile des loups n'aurait su esquiver la balle. Lovka s'attendit à ressentir une douleur énorme dans sa poitrine, mais rien, juste le bruit sourd d'un corps tombant au sol. La louve n'avait pas besoin de se retourner, tout comme un film dramatique, elle savait précisément ce qui s’était passé, elle tremblait. L'orage gronda. Un hurlement glaça les veines de la Russe qui s'était transformée en un instant comme une statue. Dimitri, son père, les avait rejoint et s'était occupé de régler le compte au hunter en se jetant dessus avant de lui trancher la gorge d'une dague bien aiguisée. « Lovka putain, cours. » lâcha t-il avant de balancer sa dague non loin dans crane d'un hunter qui avait surgit par la gauche. Le coup de feu les avait attiré un a un, ils seraient bientôt assez pour faire face aux Romanov. Un nouveau coup de feu, celui ci manqua.

A ses pieds, le sang de sa mère s'écoulait doucement, l'odeur était insoutenable, la vie de sa mère lui avait été enlevée, par sa faute, elle n'avait rien fait pour éviter cela. Des larmes de colère coulèrent de ses joues, avalant ses sanglots Lovka se mit à courir, elle ne savait même pas quelle direction elle s'en allait, mais elle partait très loin d'ici. Lâche, je suis qu'une lâche, se maudissait-elle. Les bruits de coup de feu résonnaient derrière elle, son père se battrait, il en tuerait suffisamment pour venger Aleska et permettre à sa fille de s'en sortir, il l'avait toujours dit. Maman, pardonne moi.

Un tir la marqua au niveau de sa jambe droite, un léger filet de sang dégoulinait sur son jean, elle se mordit si fort les lèvres pour ne pas crier qu'elle en saigna. La balle était en argent, et la douleur semblait insoutenable, la blessure ne voulait pas se refermer, elle se cacha derrière un grand tronc en s'agenouillant pour regarder l'état de sa jambe. Ce n'était pas spécialement joli à voir, la balle avait du se nicher dans un tronc ou bien sur le sol, un peu plus et Lovka aurait du se débrouiller à cloche patte. « Alors petite chienne, on a mal à la papatte. » Si la balle avait raté ce n'était peut-être pas par erreur en fin de compte. La voix était lointaine, mais les pas se rapprochaient un peu plus à chaque secondes. « Viens la petite garce, que je puisse voir tes yeux me supplier de t’épargner pendant que je te saignerais, avant de t'enfoncer ce petit cadeau en plein dans ton cœur, démon. » cria t-il tel un drogué en manque de substances.

Lovka se mit à trembler, son corps se réchauffa et la douleur s'empara de son corps à nouveau, pas la même douleur qu'au niveau de sa jambe, une toute autre qu'elle connaissait trop. La rage s'était transformée en furie, la belle russe ne voulait pas mourir, pas sans se battre avec ses armes à son tour. Ses os se cassèrent pour en former de nouveaux, elle laissa un long grondement sortir de sa gorge, son corps s'allongeait et se métamorphosait, elle aurait préférée un autre scénario que cette nuit ci pour muter à sa guise. La mutation ne dura pas longtemps bien que la douleur imprégnait tout son corps, sa patte arrière droite était toujours aussi fragile. « Tu n'essaies même pas de fuir, petite conne ... »

La louve qui avait déterminée à l'ouïe l'emplacement approximatif de l'homme se mit à courir en zigzaguant à travers les arbres, un tir puis un autre, Lovka pouvait sentir le vent onduler contre son pelage, il manqua de l'avoir, mais elle esquiva de peu. La distance se réduisait petit à petit entre la louve et sa proie. Elle aurait simplement pu fuir, comme elle l'a toujours fait, mais cette nuit était la naissance d'une nouvelle Lovka, elle ne fuirait pas devant cet ennemi, quitte à mourir, elle mourrait dignement. L'homme s'était mit à paniquer, en voyant la rapidité de la bestiole qui s'approchait dangereusement, jusqu'à ce qu'elle lui saute dessus par le flanc. Un simple coup de mâchoire suffit à le faire taire, il n'eut le temps que de lâcher un cri d’étouffement avant que Lovka ne lui brise la nuque. Le sang qui coula dans sa gorge n'était pas aussi appétissant que celui d'un cerf ou d'un daim, il était même écœurant. Encore sur ses gardes, Lovka laissa bien vide le corps inanimé de l'homme, avant de prendre la fuite toujours sous sa forme de louve, elle ne courrait pas aussi vite avec sa patte abîmée, mais assez pour éviter une autre patrouille de hunter.

Cette nuit fut la plus longue qu'elle du vivre, sa mère l'avait protégée au point d'y laisser sa vie, son père lui avait fait gagner du temps, rien que pour elle. En une soirée, Lovka avait tué plus qu'en deux mois de chasse. Elle n'avait pas de destination précise, juste loin, très loin d'ici, loin de se cauchemar dont elle ne se réveillerait jamais.