identity card PRÉNOM : Callan.  AGE : 42 ans. PROFESSION : Grand propriétaire terrien, il a hérité des terres de la famille et donc  (ou éleveur de conifères et autres balais géants touffus et feuillus, et accessoirement dresseur de vaches.)  STATUT SOCIAL : Techniquement marié à un légume RACE :  Humain (100% fermier grincheux élevé en plein air.) NATIONALITÉ : Irlandais (Tu le vois l’trèfle tatoué sur sa fesse gauche ?) ORIGINES : Irlandaise, un peu de kilt, enfin de sang écossais quelque part du côté de son père, et une grenouille dans celui de sa mère.  FAMILLE : Gouvernée d’une main de fer par une Granny McFarrel terrifiante. Ses parents sont morts il y a un moment et lui ont légué la ferme. Ce qui a foutu la merde avec son frère, Niel, qui a claqué la porte, furieux voilà plus de 18 ans. Il n’a plus de nouvelles. Il a deux petites soeurs, deux petites choses fragiles et sophistiquées qui n’ont jamais rien voulu à voir avec le domaine et se sont envolées dès que possible vers la grande ville. Oh. Et sur papier, il est marié, il a même la bague pour le prouver. C’est compliqué.

characterization ◆C.O.C.U. Dans le genre «  qui a évité de justesse la taule après avoir surpris sa femme, Jane, chez lui avec un de ses employés. ( Beau Hepburn)» Il pensait pouvoir lui faire confiance à ce con ! ◆ Ils étaient ensembles depuis 5 ans, mariés depuis 4. Il l’a récupérée en vrac alors que son ex lui tapait dessus. Et voilà qu’elle se pointait, exigeait qu’il divorce car Beau, son aide, l’avait mise en cloque. Pour disparaître. Et être ramenée, à moitié morte par son amant. Il avait faillit le tuer. Cela fait 3 mois. Il ne va la voir que pour vérifier qu'elle est toujours vivante. Callan ? Rancunier ? Demandez à Beau, il vous dira. ◆ Beau travaille toujours pour lui. Malheureusement, trouver du personnel compétant qui supporte son caractère est bien difficile. Et il s’est pas cassé le cul à former celui-là pour rien !◆ Callan est un poissard en amour. Pour ça qu’il se contente de baiser maintenant. Sa première véritable petite-amie est tombée en enceinte par accident et a avorté sans lui dire. Hors de question de se retrouver coincée dans une ferme, même de luxe ◆ Il a le contact facile avec les animaux et les mioches. Déteste les seconds, trop fragiles, la truffe toujours pleine de morve ◆Couper du bois le détend. Et personne n’osera dire à un mec armé d’une hache qu’il est un cliché ambulant.◆ Tout est 100 % bio sur sa ferme. Sauf les barbelés électrifiés qui l'entourent : ça fait quelques années qu'un prédateur vient régulièrement se servir dans son troupeau. ◆Callan est un peu...anti-informatique. Le seul ordinateur est dans son bureau car impossible de gérer des terres sans ça maintenant. Il n'a pas de télévision, juste une vieille radio qui fonctionne très bien: suffit de savoir comment lui taper dessus. Son portable a plus de 10 ans, c'est un vieux Nokia à clapet◆ Il a des lunettes pour pouvoir lire les petits caractères depuis quelques semaines. Sa fierté les déteste.  ◆ Il fume comme un pompier quand il est de mauvais poil.   ◆ Il n’a peur que d’une chose : Granny McFarrel, une femme de pas plus 1m60, âgée de 80 ans, en fauteuil roulant et qui s’entête toujours à vivre seule en ville. Tout le monde craint Granny. ( Sauf Beau, ce taré suicidaire. Elle l'adore) ◆Granny est une ancienne chasseuse. Ses enfants et petits-enfants l'ignore. Elle savait que sa femme était une garde mais s'est tue car Callan était bien accrochée. ( PS: méfiez-vous de son fauteuil.) ◆ Il peut disparaître des jours durant de l'autre côté de ses terres. ◆A moitié insomniaque, ses solutions pour enfin dormir son : bosser jusqu'à se tuer à moitié, s'envoyer en l'air, boire assez pour s'assommer. ◆Comment son horloge Tic et Tac : Vieux porc-épique solitaire. – Râler est Son sport national.- Grande Gueule – Responsable – Direct à la «  je t’assène ma vérité PAF dans les dents », sans jamais amortir ses coups - Autoritaire et charismatique - Bourrin ascendant bélier – Tempérament explosif. – Lui arracher les dents ne suffirait pas à le faire parler. S’étalera sur son lit de mot. Ou dans son épitaphe. Les actions, c’est bien mieux que toutes les confessions du monde - Aussi protecteur que possessif : son domaine, ses affaires, ses emmerdes, ses emmerdeurs – Adepte de l’amour vache. – Tellement exigeant envers lui-même qu’il est capable de travailler jusqu’à épuisement. – Ne fait rien à moitié : il ressent tout pleinement. Peut-être trop. – Mais il assume tout. Sans complexe. –

depuis quand habitez-vous à Glencullen ? Et pourquoi avoir choisi cette ville ? : Il est né sur la table de la cuisine, parfaitement m’sieur. D’ailleurs, il n’a jamais quitté Glencullen, sauf pour ses études. Et ce fut pénible. Il déteste la foule, l’agitation et la pollution des grandes villes : où est passé le vert ? Où sont les vaches et les poules ?! Où se perdre quand on a envie de s’isoler ? Sous un pont qui sent la pisse ?
Avez-vous remarqué la présence de plusieurs créatures surnaturelles ? Croyez-vous en leur existence ? Si vous êtes vous-mêmes une de ces créatures, avez-vous conscience de la présence de chasseurs, ou vous pensez-vous plus fort qu'eux de toute manière: ?  Il sait qu’il y a des choses mystérieuses, il tient une ferme de luxe, il n’est pas aveugle, mais de là à croire qu’il a des loups qui se promènent sur son domaine et ont fréquenté son lit… Il est vrai que depuis quelques années, on s’acharne beaucoup sur les clôtures qui longent ses terrains, si bien qu’un bon bout de son budget y passe maintenant. Quant aux chasseurs, il a déjà viré à coup de carabine dans les miches des satanés chasseurs de ses terres. Chasser pour se nourrir, il comprend mais pas CHEZ LUI et surtout pas pour le sport. ( De vrais chasseur ? Non. Connait pas. Il sait pas non plus que Granny en était une. Chut. )
Enfin, Callan ne se croit pas supérieur, il l’est. Il est persuadé qu’il pourra toujours tout faire sans aide. Ce qui lui joue souvent des tours bien qu’il ne soit que trop borné pour jamais l’admettre. Croyez-vous en l'existence de divinités quelconques ? Avez-vous une religion ? Si oui, laquelle ? La pratiquez-vous sur une base régulière, ou pas du tout ? : Chrétien catholique baptisé, il a fait sa communion, mais ça s’arrête là. Ses parents allaient à l’église de temps en temps de ce qu’il se souvient, pour les grandes occasions surtout. Granny, elle, est très superstitieuse, elle perpétue les anciennes croyances et les lui a légué quand il était plus jeune. Des histoires à claquer des dents courageusement avant de vous endormir. Callan en a gardé quelques habitudes, comme toujours laissé un petit bol de lait et de miel dans sa cuisine ou accrocher un fer à cheval au-dessus de sa porte d’entrée, ne pas jouer avec les miroirs – jamais- etc. Mais cela ne va pas plus loin. Ses terres sont sa religion. Et ses démons la météo quand elle menaçait ses productions ou ses prés, ainsi que les petits malins qui s’amusaient à tuer ses bêtes et défoncer ses clôtures. Les acharnés ! Et bon...tout le monde sait que la pleine lune détraque les gens, c'est scientifiquement prouvé qu'elle est encourage les fous furieux à sortir de leur trou.

PSEUDO : Un dos ( y tres ! un pasito  ~) PRENOM : Lou AGE : 26 COMMENTAIRE, SUGGESTION ? : Vous dépotez tous !   Avec un accueil pareil, vous arriverez plus jamais à m’décoller ! (J’aime beaucoup votre contexte qui a réussi à apporter une touche personnelle et agréablement mature aux légendes des loup-garous et autres)  AVATAR : Hugh Jackman GROUPE : Humain PERSONNAGE : inventé (100 % made in me )

◆ 6 ans ◇  Sa première, douloureuse, désillusion. « Cornflakes ? » Les murmures  de conversation autour de la table cessèrent brusquement. Callan se retrouva le centre de l’attention de ce repas de famille. Mais son regard à lui était fixé sur son assiette, le goût de lapin à la moutarde dans sa bouche, son plat préféré, cuisiné spécialement pour lui, pour lui faire plaisir, se teinta de bile.
Granny fronça les sourcils. «  Qu’est-ce qui t’arrives mon garçon ? C’est pas bon ? C’est pourtant toi qui l’as choisi ce lapin. Mange donc avant que ça refroidisse. Ta mère a trimé en cuisine juste pour toi. Allons ! »
Ce jour-là, Callan apprit une leçon de vie très importante sur le domaine des McFarrel : si l’on engraissait un lapin, ce n’était pas pour qu’il devienne votre nouvel meilleur ami.
Qu’on ne se méprenne pas, cette famille n’était pas cruelle, du moins, pas volontairement. Cependant, ils étaient des gens de la terre, habitués à leur façon de vivre, si bien, qu’il était facile d’oublier que certaines choses devaient s’apprendre.


◆ 8 ans, presque 9 !  ◇ Mama McFarrel était très fière des jardinières à ses fenêtres… et son fils ainé, se pensant sûrement très discret était en train de ramper dessus. « Callan McFarrel. Puis-je savoir ce que tu crois faire dehors alors que tu es censé être en train d’aider papa avec les poules ?» Mains sur les hanches, la jeune femme toisa son fils, camouflant bien vite la lueur amusée dans ses yeux au bond que son appel provoqua. « C’est pas moi j’ai rien fait ! » glapit son fils irradiant de culpabilité et accessoirement à la bouche barbouillée de sang.  «  Qu’est-ce qui t’es –encore- arrivé ?! » Son regard survola l’arrière-cours qui donnaient sur leurs champs sans apercevoir une trace dudit mari. «  Et où est ton bon à rien de père ? »  Pour toute réponse, Callan brandit fièrement son poing, l’ouvrit révélant la petite dent de lait ensanglantée nichée au creux de sa paume. «  J’ai perdu ma dent ! T’as vu ? »
Malgré elle, Mama McFarrel sourit. «  Il faudra la mettre sous ton oreiller ce soir si tu veux que la souris passe. Viens par là. » D’une main de mère habituée à voir son gamin tenter de lui filer sous le nez, ignorant ses piaillements indignées, elle entreprit de nettoyer sa frimousse avec un mouchoir. «  Tout ça ne me dit pas où est ton père, reprit-elle.  Callan….je connais par cœur cette frimousse … qu’as-tu fait cette fois ?
-Rien, rien du tout ! le garçon répondit outré, gonflant ses joues. P’pa est en train d’rattraper les poules !
– Bien…et pourquoi Papa est en train de courir après les poules quand elles sont dans leur poulailler ?» continua-t-elle de l’encourager. Elle commençait à comprendre ce qu’il s’était passé. Son enfant la regardait avec de grands yeux brillants d’innocence mais sa mère n’était plus dupe depuis longtemps. Il tenait bien d’elle ce gamin, pas mieux qu’elle ne l’avait été à son âge. Le dimanche précédent, il avait eu la bonne idée de lâcher une grenouille en plein milieu du repas. Apparemment, il avait ‘ oublié’ qu’il l’avait glissé dans sa poche. La pauvre créature avait atterrit en plein milieu de l’assiette de son petit frère, sa soupe chaude volant dans toutes les directions, arrosant copieusement ses voisins.
- Peut-être…. Callan se balança d’un pied sur l’autre. ...parce qu’on a oublié d’fermer le portillon ? .
– C’est ça….’on’…Callan….Elle soupira. Viens, il est temps de prendre ton bain. Mais ne crois pas qu’on ne reparlera pas de ton oublie. »



◆ 11 ans, 2 mois, 1 semaine, 6 jours.◇  Mains enfouies dans la terre à la recherche de vers de terre, le bocal de Callan se remplissait lentement mais sûrement. Il comptait en faire bon usage dès l’après-midi même. Le jeune garçon adorait la pêche. Une ombre couvrit soudainement le carré d’herbes qu’il remuait joyeusement. Niel, son cadet, un rabat-joie toujours fourré dans les jupes de leur mère. Et surtout, ce que le garçon n’arrivait pas à comprendre et accepter : il préférait rester à l’intérieur, le nez dans ses …brrr…livres et ses BDs plutôt que de venir jouer avec lui dehors !
«T’es en retard pour manger ! La voix de son frère était un peu essoufflée d’voir couru depuis la maison pour le chercher. Ca fait trois fois que maman t’appelle ! »
Callan referma à contre-cœur son bocal où s’agitait ses vers encore vivants, le coinça sous son bras en se redressant. «  Rabat-joie. » Il grommela. Il avait appris ce mot la semaine dernière et l’utilisait à présent à toutes les sauces. «  Hé, Nick ! » Il se retourna pour avertir son compagnon de jeu. Nick Powell. Son meilleur ami depuis qu’il savait marcher et qui bien sûr, adorait autant la pêche que lui.  « Nick ? Niiick ? » Sourcils froncés, Callan s’éloigna de son frère. «  Bah…ça …Nick ? » Où est-ce qu’il était passé ? Il était là 5 minutes encore plus tôt, lui promettant un de ses plus beaux calos s’il partageait ses appâts avec lui. ( Ce qu’il avait bien entendu eu l’intention de faire depuis le début. Nick était son meilleur ami ! Mais les affaires étaient les affaires, il n’était bête au point de passer à côté d’un si beau deal.)
«  Il est p’t’être déjà rentré chez lui. » avança son stupide petit frère.
«  Mais non ! Regarde, il y a encore ses billes et sa canne à pêche là, bêta. Comme s’il partirait sans.
– Si t’arrêtes pas de m’appeler ‘ Bêta’ je vais le dire à maman ! Tu sais qu’elle a dit que tu dois être plus gentil.
- Rah mais t’es vraiment qu’un sale rapporteur ! »
Une petite graine d’inquiétude commençait à croître en lui. Bien différente que celle qu’il ressentait en sachant qu’il allait se faire gronder après une bêtise. Comme venir au bord de l’étang seul alors qu’on lui avait interdit. Plusieurs fois. Où était Nick ? Callan déglutit. « Niel…j’crois…j’crois qu’il faut aller chercher maman et papa. »
Ils retrouvèrent le jeune Nick Powel pas même une heure plus tard, dans l’étang, coincé dans les racines d’un grand arbre. Plus jamais les enfants McFarrel retournèrent à cet étang.




◆ 15 ans ◇  A chevaucher aux côtés de son père, Callan se sentait déjà homme. Contrairement à ses sœurs et à son frère, lui ne se sentait jamais autant à sa place, qu’au milieu de leurs terres,  avec un tapis d’herbes vertes et de fleurs sauvages à perte de vue. L’idée de passer plusieurs jours dehors, à camper le soir, être privé du petit confort de la maison McFarrel et des bons petits plats préparés par sa mère, ne le gênait pas. Il n’avait pas des envies de grandeurs. Il était peut-être jeune mais il sentait déjà ses racines profondément enfoncées dans la terre de ses ancêtres. C’est ici qu’il appartenait. C’est là qu’était sa place. Quand il pensait au futur, quand en classe, on lui posait cette indémodable question «  Que veux-tu faire plus tard ? » Il savait déjà qu’il n’y avait aucune autre réponse possible que : reprendre le domaine familial.
Fermier, étrangement, n’était pas un choix de carrière qui attirait les filles comme « acteur », «  docteur » ou même «  militaire ». Même avec toutes leurs terres. Il avait joué la carte des chevaux avec Betty. Une balade à  cheval dans la nature ? Quoi de plus romantique. Lui, en jean usé jusqu’à la corne, troué sous la fesse, ses bonnes vieilles bottes crottées,  elle, en mignonne petite tenue d’équitation, sa ridicule petite bombe à la main. Puis le cheval de la demoiselle s’était emballé et l’avait désarçonné. En voulant se relever, elle était tombée les fesses dans la boue. Comment dire ….ce fut extrêmement efficace. A présent, quand Betty le croise, elle émet ce petit bruit de gorge mi-outré, mi-dédaigneux, un peu à la manière d’un chat qui tentait de recracher une boule de poils.



◆ 20 ans et 2 mois ◇ Ca allait saigner. La liste des choses que Callan n’aimait pas était assez longue pour remplir tout un cahier et s’allongeait de jour en jour. Boom boom boom Callan n’aimait pas particulièrement les études. Ses longues heures à potasser et se bourrer de chiffres, de statistiques, de lois, lui donnaient un mal de crâne de tous les diables. Mais il se faisait une raison, car c’était censé l’aider à aider ses parents à gérer le domaine. Et quand on y réfléchissait, c’était pas idiot. Boom boom boom  Il avait aucune idée de la paperasse nécessaire pour maintenir la pépinière à flot ou encore pour employer ses ouvriers. Boom boom boom  Cependant, il y avait une chose, une petite chose, que Callan détestait plus que tout. Il ne l’avait découvert que récemment. Grâce à Granny McFarrel qui avait décidé que son petit-fils avait de besoin de s’endurcir et d’apprendre à vivre en communauté. Boom boom boom
L’étudiant inspira profondément, se força à ignorer les vibrations des basses, comme autant de coups de bélier à travers la fine cloison qui le séparait de la chambre voisine : son voisin était une généreuse âme amatrice de musique et déterminée à la partager avec tout l’immeuble. Callan avait envie de lui enfoncer le bouquin d’éco’ qu’il tentait en vain de comprendre au fond de la gorge. Boom boom boom Okay, il en avait assez. Sous son impulsion, sa chaise à roulettes alla s’écraser contre le mur. La porte claqua derrière lui. Sa douce voix domina bientôt cette musique infernale.  BAM BAM BAM «OY DUCON, si tu t’achètes pas bientôt un casque, j’vais t’faire bouffer ta putain musique par le trou d’balle !! »
C’est en retournant à sa chambre après ses paroles poétiques qu’il tomba nez à nez avec sa future fiancée. Cet ange tombé du ciel avait dans sa main une boite de Boules Quies et semblait prête à partager. Il l’aurait épousée à la seconde.



◆ 24 ans ◇ Son esprit était engourdi, autant par l’étreinte du whisky dont la saveur tapissait encore sa gorge, que par celle, plus implacable, celle à laquelle il ne pouvait échapper : celle du deuil . Callan ne ressentit aucune joie, aucune fierté quand il saisit le stylo, une belle chose en argent, à la plume d’or gravée, que lui tendait le notaire. Il parapha les documents sans trop de cérémonie. Sans même les avoir pris le temps de les relire.
Le domaine était à lui. Ses sœurs avaient hérité de la pépinière mais la lui avait confiée. Son frère n’avait que faire des chevaux ou encore du capital qui lui avait été légué. Lui qui n’avait jamais rien voulu avoir affaire avec le domaine, le voulait maintenant.
Un mois plus tard, il partait pour ne jamais revenir. Callan n’avait plus de lui qu’une adresse où envoyer lui envoyer son courrier. Il ne daignait même pas se ramener pour les fêtes.
Trois mois plus tard, sa fiancé disparaissait elle-aussi, ne supportant plus la concurrence double de sa bouteille de whisky et du domaine qui bouffait toutes ses journées. Honnêtement, il pouvait la comprendre.
Le temps passa, Callan, comme on dit, se remit en scelle. Le domaine McFarrel continua de prospérer, son propriétaire de grogner.
Les années passèrent.




◆ 38 ans ◇ D’une main, Callan tira sur cette cravate qui l’étouffait et qu’il ne supportait que pour une seule et unique raison: il se mariait. Malgré la sublime future mariée en train de remonter l’allée de la petite Eglise, ses sœurs en pleurs dans leurs robes de princesses au premier rang, il avait toujours autant de mal à y croire.
« Callan ! Ôte ta langue de suite de la bouche de Jane ! Un peu de tenue mon garçon ! Laisse Père Jackson faire son travail.» le houspilla Granny McFarrel. Quand, se fichant de leur répétition, du programme établit, il attira sa fiancée contre lui, ne résistant pas à l’attrait de cette taille gracile, de ses lèvres parée de rouge. Comment lui reprocher ? La cérémonie était tout ce qu’il y a de plus modeste, Jane, hormis l’Ex qu’elle avait fui et qui la confondait avec un punching-ball, n’avait plus personne. Et si ça n’avait tenu qu’à lui, il se serait contenté de signer les papiers à la mairie et de passer directement à la nuit de noce. Cependant, Granny avait menacé de lui servir ses testicules sur un plateau et de le renier s’il osait ne serait-ce qu’y penser. Personne ne défiait Granny McFarrel.
« Et tu auras bien le temps de la tripoter après !» termina sa Granny provoquant un éclat de rire général.
Quelques minutes plus tard, Callan McFarrel était à présent un époux. Et l'homme le plus chanceux du coin.Si ce n'est de la région.



◆ 42 ans, quelques mois plus tôt ◇ The wife, the veggie, the traitor
Appuyé contre le chambranle de la porte, bras croisés sur son torse, l’air sombre, orageux, Callan n’avait que peu un commun avec un mari éploré. Pourtant, la silhouette frêle de son petit bout de femme était nichée dans ce lit d’hôpital, aussi pâle que les draps sur lesquels elle reposait, des marques violacées couvrant sa peau.
«Ca fait une semaine. Vous êtes sur qu’elle va s’réveiller ? Ca devrait être fait d’puis longtemps, non ? » Même sa question paraissait presque froide. Mais il n’avait toujours pas réussi à se débarrasser de la rage sourde qui couvait en lui depuis qu’il l’avait surprise, sa jolie femme, sa jolie Jane, entrelacée avec son employé dans une étreinte qui n’avait rien d’amicale. Maintenant, quand il fermait les yeux, il n’était capable que de voir sa femme, en train de sauter un autre. Ou Beau, son putain d’amant, lui ramener sa femme qui avait disparue après avoir été découverte, nue, ensanglantée, à moitié morte. Il n’était pas capable de croiser Beau sans tenter de lui faire ravaler ses dents.
L’infirmière occupée à changer la transfusion de son épouse selon la loi, hésita à lui répondre. Elle ne lui avait pas tourné le dos une seule fois. Quelque chose dans cette pièce la mettait profondément mal à l’aise, au point de couvrir la compassion qu’elle aurait ressentie pour un mari si sexy au chevet de sa femme.
La manière dont il pliait et dépliait son poing aux articulations à vif d’avoir trop cogné y était sûrement pour beaucoup. Mais cette petite gêne permettait à Callan de s’ancrer dans le moment.
« Eh bien….Il…il faudrait en reparler avec le docteur, M. McFarrel. Les blessures de votre femme sont graves. Et si les chirurgiens ont réussi à arrêter l’hémorragie, le choc qu’elle a subit… Parfois, il faut un moment à l’esprit pour se remettre… »

L’état de sa femme. La raison pour laquelle il avait failli finir en taule, avant de tenter de foutre son employé, Beau Herpburn en taule à son tour,  à défaut de pouvoir le tuer de ses mains. Malheureusement, l’enquête avait très rapidement prouvée, qu’aucun des deux hommes n’étaient coupables. En parti responsables, peut-être, et les rumeurs allaient de bon train, mais aucun des deux n’avait dépassé le stade de la garde à vue.
Sa fichue Jane refusait de se réveiller, la couarde. Elle fuyait l’affrontement une fois de plus, la responsabilité de ses actes. Callan avait le plus grand mal à avaler la couleuvre que Beau tentait de lui vendre : apparemment, sa propre femme, avait fait des avances à son propre employé, avait même été jusqu’à arguer qu’ils vivaient dans une…union libre où chacun pouvait s’envoyer qui ils désiraient. Comme s’il serait jamais partant pour un de ses plans foireux, il était peut-être de la vieille école, mais Callan était certain d’une chose : il ne partageait pas. Le mariage voulait dire quelque chose pour lui. Au passé.

Les semaines passèrent. Les blessures de sa femme se refermèrent. Elle ne se réveilla pas. On la bougea dans une aile spécialisée, elle ne se réveillait toujours pas. Comme si quelque chose l’en empêchait. On commença à parler de l’envoyer dans un centre spécialisé d’un jour à l’autre s’il n’y avait pas bientôt d’amélioration.
Que les médecins fassent ce qu’ils veulent. Callan paierait. C’était tout ce qu’il lui devait maintenant. Il n’était plus venu à son chevet. Les McFarrel avaient la rancune tenace. On ne les trahissait jamais qu’une fois.

Pas homme à s’apitoyer sur son sort, Callan se prescrit le remède le plus efficace qui soit: une bonne dose de whisky, une bonne dose de femmes qui ne risquaient pas de le trahir ou le tromper vu qu’elles ne voyaient jamais que son lit, une grosse louche de travail.
Beau Hepburn eut la vie sauve. Pas par un manque d’envie de sa part dans un premier temps ou un désir d’éviter la prison. Il connaissait Beau. Il lui avait enfoncé tout ce qu’il savait sur son job dans le crâne. L’homme ne savait pas mentir ou très mal. C’était un jeune con. Mais pas un jeune meurtrier violent et si Callan refusait de l’admettre, pas  non plus un jeune con capable de le poignarder dans le dos, pas sans un peu d’aide.
Ce n’est pas qu’il le garda comme employé mais plutôt qu’il ne le vira pas.

Maintenant, l'épineux sujet de sa femme, du bout de ferraille symbolisant leur union toujours présent à son doigt, étaient de ceux qu'on pousse soigneusement sous le tapis. Callan McFarrel avait repris sa vie. Une fois de plus. Et il n'avait pas de temps à perdre à s'interroger sur plusieurs détails...étranges qui l'avaient marqué ces derniers temps. Il avait un domaine à tenir.