“I’m just the boy inside the man, not exactly who you think I am. Trying to trace my steps back here again so many times.
I’m just a speck inside your hand, you came and made me who I am. I remember where it all began so clearly”

odeur était sûrement la pire chose qui émanait de cet endroit. Encore plus lorsqu’on devait s’accoutumer à l’odorat développé du loup qui sommeillait en moi. Pour être honnête, ça m’empêchait de dormir. A moins que ce soit le ronflement de mon voisin de gauche ou le regard lubrique de ce mec complètement défoncé en face de moi, qui me tapait sur le système. Pour que j’accepte ses avances, il aurait fallu qu’il me promette beaucoup d’argent et d’ordinaire c’était plutôt lui qui en recevait pour ce genre de service. N’allez pas croire que je portais un jugement sur ses activités. Au contraire, j’aurais été plutôt mal placé vu que je survivais grâce au moindre petit boulot qui me tombait sous la main et ça n’excluait pas de me servir de mon corps s’il le fallait. Un mec sans papier ne peut vraiment pas se permettre de faire le difficile. C’était pour ça que j’étais venu sur Dublin cette nuit-là. J’avais dû effectuer une livraison, pour une commande qui ne devait pas être déclarée. Et c’était plutôt bien payé. Mais pas assez pour que je me permette de prendre une chambre d’hôtel, alors je m’étais retrouvé dans ce squat, qui était encore moins clean que le taudis que je louais à Glencullen.

J’avais besoin d’air, de respirer autre chose que cet atmosphère nauséabond et de marcher un peu puisque je n’arriverais pas à dormir. Ramassant toutes mes affaires – dans un lieu comme ça, on ne pouvait même pas laisser une paire de chaussure sans surveillance – je me glissais à l’extérieur du bâtiment. Mais je n’avais même pas atteint les docks, qu’une nouvelle odeur attira mon attention. L’odeur d’un homme et la poudre encore fraiche sur ses doigts. Un chasseur sans aucun doute. Je ne savais encore que peu de choses à leur sujet, mais une chose était sûre, ils me traquaient et ne me laisseraient aucun répit. Pas avant de m’avoir tué. Bien décidé à leur échapper une fois encore, je restai près des entrepôts, afin de pouvoir m’y réfugier au dernier moment. Mais c’était trop tard, il m’avait déjà repéré et alors que je courrais vers une issue de secours, le premier coup de feu partit, frôlant mon oreille dans un bruit assourdissant. Le souffle court, j’accélérai l’allure, me glissant dans l’obscurité du bâtiment. Mais il était rapide, surentraîné, alors que moi, je n’avais qu’une expérience de quelques mois, avant cela c’était le trou noir. Et j’étais incapable de rivaliser. Le troisième coup, m’atteignit à la jambe, frôlant suffisamment ma chair pour que je puisse sentir la brûlure de l’argent bien que la balle ne soit pas entrée dans mon corps. Sous le choc, je trébuchai avant de tomber à genoux dans un grognement de douleur.

« Enfoiré... » Saleté de chasseur. Toujours là pour me pourrir la vie, alors que je n'avais rien demandé et surtout pas de me faire mordre par un loup. Depuis, ma vie était un combat constant pour survivre. Parfois je tentais de me dire qu'elle était peut-être pire avant tout ça, mais j'en doutais sérieusement. Qu’est-ce qui pouvait être pire que d’être devenu un animal, une proie ? Rampant jusqu’à l’intérieur du bâtiment, je savais que ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’il ne m’attrape et cette fois, il ne raterait pas mon cœur, je le savais… Pourtant, je ne voulais pas mourir. J’allais me battre et me débattre, jusqu’au bout s’il le fallait. Parce que ces quelques mois de vie n’étaient pas suffisants. Non, je n'avais pas peur de mourir. Mais j'étais terrifié à l'idée de ne pas avoir assez vécu.

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