Encore une journée qui s'achevait, entre routines et mauvaises surprises. Il était rentré tard, ce soir. Son travail de nuit n'était pas toujours des plus intéressant, ni même des plus amusants. Et là où il y avait trouvé une certaine passion à ses débuts, il commençait à se lasser. Il ignorait pourquoi. Sans doute était-il trop vieux pour cela, désormais. Allez savoir. En rentrant chez lui, l'appartement était vide. Le sorcier soupira, quelque peu déçu de ne pas apercevoir sa meilleure amie, et voisine de pallier, squatter son canapé comme à son habitude. Il s'était accoutumé à la présence de celle-ci, à tel point, qu'il avait l'impression qu'elle faisait partie intégrante de son appartement. Comme une colocataire, mais en moins énervante, et en plus inattendue. Elle remplissait son frigidaire, il lui faisait son ménage. Ils dormaient ensemble; il lui achetait des tonnes et des tonnes de pyjama. Ils avaient beau vivre à quelques pas l'un de l'autre, c'était comme si la distance n'existait pas à leurs yeux. Ils n'avaient qu'à franchir le hall qui les séparaient, et ils étaient de nouveau ensembles. Au fond, ils auraient peut-être mieux fait de vivre ensemble, et de ne partager qu'un seul appartement. C'était déjà tout comme, et leur façon de passer d'un appartement à un autre n'était qu'une manière fortuite de se distraire dans leur solitude apparente. Déposant ses affaires et vérifiant toutes les pièces (sait-on jamais, que Nerys ait décidé de squatter toute l'eau chaude, encore une fois), il dut se rendre à l'évidence : elle n'était pas là. C'en était presque déconcertant, la vitesse à laquelle il s'était habitué à sa présence, et à quel point il se sentait mal à l'aise, et terriblement seul, sans elle. Ne souhaitant pas s'éterniser dans son appartement une minute de plus, il fonça chez sa voisine de pallier, sans même prendre la peine de fermer derrière lui. L'appartement de Nerys était plongé dans le noir, et pour une fraction de secondes, il songea à faire demi-tour -elle était probablement sortie- quand des bruits étouffés de pleurs attirèrent son attention. Ni une, ni deux, il fonça vers la provenance des bruits. Pour y trouver une Nerys, en proie aux larmes et aux tremblements. Nerys ? what's going on ? Sans doute un peu trop direct, au vu de la situation. Il se rapprocha doucement, prenant le temps de la prendre dans ses bras, et de s'assurer qu'elle n'allait pas l'envoyer valser à l'autre bout de l'appartement à coups d'incantations. You know, I don't like seeing you cry. Et c'était la vérité. S'il y avait bien une chose qu'il ne supportait pas, en dehors des loups, c'était de voir ses amis, les gens auxquels ils tenaient, souffrir. Il lui prit la main, bien décidé à la consoler et à rester à ses côtés, même si elle ne désirait pas parler, même si elle décidait de l'ignorer et de lui dire de s'en aller. C'était son rôle en tant qu'ami. Il l'aimait bien trop pour l'abandonner ainsi.

elle était de retour. elle, comme tu te surprenais à l'appeler. comme s'il s'agissait d'une personne. une personne ne souhaitant qu'une chose, te gâcher la vie. au fond, la personnifier lui donnait probablement plus d'importance qu'il ne fallait. mais dans ces moments là, tu ne sais plus. tu te perds dans les recoins les plus sombres de ton esprit. un rien peut te faire sombrer. lentement, mais surement. et te voilà triste à nouveau. sans explication. sans raison. t'es persuadée depuis toujours qu'il y a quelque chose qui cloche chez toi, de toute façon. alors tu ne cherches pas. tu ne cherches plus, préférant la facilité de l'abandon. abandon que tu exècres en temps normal. c'est tout toi. telle une girouette, tu changes sans arrêt d'opinion, suivant ce qui t'arrange. fais ce que je dis, pas ce que je fais pourrait être ton motto. finalement, ça ne t'étonne pas vraiment de te retrouver toujours seule. seule. l'es-tu réellement? ta dépression ne t'abandonne jamais, en tout cas. douce compagnie sur laquelle on peut compter. tu l'as sentie arriver. t'as essayé de l'empêcher de faire son retour. ce fut peine perdue. alors t'es là, dans ta salle de bain. assise sur le carrelage froid. triste. sans raison. techniquement, rien ne s'est passé. tu vis ton train-train habituel. métro, boulot, dodo, sacrifice. rien ne s'est passé. rien qui ne justifie ton état, en tout cas. ça t'agace. ça t'irrite au plus haut point. tu te bafferais volontiers. et ça t'attriste d'autant plus. un vrai cercle vicieux dont tu te passerais bien. t'as perdu la notion du temps. tu ne sais pas depuis combien de temps tu es dans cet état. le monde semble s'être éteint autour de toi. probablement parce que le seul bruit présent provient de tes larmes. ton appartement te semble bien vide quand thaddeus n'est pas là. il n'y a que toi. toi et tes pensées. toi et ta solitude. being alone doesn't bother you, being lonely does. et puis la porte de salle de bain s'ouvre. tu sais. tu n'as pas besoin de lever la tête pour savoir. tu ne veux pas, de toute façon. tu ne veux pas qu'on te voit dans cet état. nerys ? what's going on ? tu fronces les sourcils. comme si t'allais répondre. ton système de défense te hurle de ne pas le laisser s'approcher. mais c'est thad. thad. alors tu ravales tes mots. tu gardes le silence. et bientôt, ses bras t'entourent déjà. tu fermes les yeux, comme si tu te faisais violence. et pour essayer de faire cesser les larmes, peut-être. sait-on jamais. you know, i don't like seeing you cry. bien sûr que tu le sais. tu n'aimes pas non plus le voir mal. alors tu peux comprendre. il est probablement la personne à laquelle tu tiens le plus. tu te demandes bien ce que tu ferais sans lui. alors au fond, même si tu as en horreur qu'on puisse te voir comme une petite chose fragile, t'es tout de même reconnaissante. tu resserres l'étreinte de vos mains et enfouies ta tête dans son cou. tu restes comme ça un moment. sans bouger, sans parler. tu ne sais pas quoi dire de toute façon. t'as l'impression que tout ce qui pourrait bien sortir de ta bouche ne ferait qu'empirer les choses. tu te sentirais d'autant plus stupide. t'as envie de lui dire de s'en aller, qu'il perd son temps. et pourtant tu restes plongée dans ses bras. peu importe à quel point tu penses ne pas en valoir la peine. i don't know why you're still there.. pas maintenant, mais dans ta vie. people always leave.

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