Calme, sympathique, il a la chaleur des forêts, la tendresse des feux de foyer. Dorian est amical avec les autres, il sait se faire aimer, il fait tout pour que son entourage soit heureux au point de (souvent) sacrifier son propre bonheur. Chaleureux, naturel, il était proche du monde, de sa famille, c'est certainement pour cela qu'il a autant de mal à assumer sa propre mort, aujourd'hui. Cette personnalité, elle n'existe que sous le regard des autres, sans eux, Dorian, le portrait de Dorian, il n'existe pas. (02) : Dorian, c'est un pianiste de talent, il laisse ses mains aller sur les touches et toutes les émotions accumulées se déversent dans un torrent musical. Le bien, le mal, il oublie tout et il se vide l'esprit pour ne conserver que son intelligence tacite. Possédant l'oreille absolue, un don, une capacité qui lui a servi dans certaines chasses, il ne s'est plus approché de l'instrument depuis maintenant plusieurs semaines, peut-être est-ce pour cela qu'il est sur le point d'exploser. (03) : Cette facette aimable, bienveillante, réservée, affable, ce ne sont que les peintures qui sont mises à la vue du public. Dorian, il a tendance à refouler ses émotions pour ne pas les laisser altérer son jugement (conceal, don't feel, don't let them know). En parfait contrôle de ses sentiments, il est capable de tuer sans broncher. Il comprend pourquoi il fait couler le fluide incarnat, il sait qu'il fait cela pour le bien de ce monde, il n'a, par conséquent, pas la moindre raison de s'en vouloir, right ? La haine, les remords, tout cela l'empêcherait de faire son boulot, il est une machine, un homme-machine, un jour, il sera mieux que la machine, il en est persuadé. (04) : Réfléchi, il adorait les sciences, toutes les sortes de sciences. Comprendre le fonctionnement du monde, cela lui semblait essentiel. Il a passé un nombre incommensurable d'heures à démonter des armes pour les remonter par la suite, se délectant de l'aisance des mécanismes, et les modifiant pour leur redonner leur aspect d'antan. Il n'aime pas quand c'est trop simple, Dorian, c'était la complexité de son fusil à platine qui le rendait si cher à ses yeux (et son prix, mais dans une autre vie, il aurait été artilleur, il avait tellement aimé l'art qu'il serait devenu artilleur). (05) : La chasse, c'est le seul endroit où il ne se laisse pas envahir par la retenue, même si ses sentiments sont toujours emprisonnés dans une muselière. Le piano, c'était le seul qui pouvait entendre ses faiblesses. Battant, Dorian était doté d'une prédisposition particulière aux armes à feu, mais n'avait d'affection que pour le (« foutu », aurait ajouté son père, désireux de voir son fils se pratiquer à autre chose que le tir), fusil à platine. C'était un gamin-pirate, Dorian, il conquérait les forêts comme on conquérait les mers. Malheureusement, en fonçant dans le danger comme il le faisait, il a bien fini par foncer tout droit dans la gueule du loup. (06) : Il chasse ceux qui chassent les humains, il chasse pour défendre ceux qui ne pourront pas se défendre eux-mêmes. Il estime que c'est son devoir puisqu'il connaît l'existence du monde surnaturel. Le futur, c'est sa responsabilité, et il veut un monde bon, c'est pour cela qu'il s'est toujours battu, Dorian. Cette quête, elle est (trop) grande pour un humain, elle est impossible, et c'est pour la réussir que le jeune homme vivait pour les autres, leur renvoyant l'image d'une personne forte, sur laquelle ils pourraient toujours se reposer. Dorian ne s'autorisait à ressentir aucune émotion qui pouvait l'affaiblir. La colère, la peur... Cela ne lui avait cependant pas toujours été utile. À force de faire le fier, de jouer avec le feu, de nier le danger, il s'est fait casser le nez, il s'est fait mordre par un loup, et il paie le châtiment, l'homme qui a voulu se prendre pour Dieu. (07) : Il a peur de mourir, terriblement peur de mourir avant d'avoir accompli son devoir. Il a pris la fuite, mais au final, il regrette, il aurait dû mourir pour de vrai plutôt que de devenir l'animal contre lequel il s'était toujours battu. Il était idiot, vraiment. Au lieu de choisir la  lame, une mort en honneur, le cercueil de fleurs, il avait choisi l'agonie, l'insoutenable torture des flammes infernales. (08) : Maintenant, ses émotions resurgissent sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit pour les terrer au plus profond de lui-même. La musique n'existe plus, aujourd'hui, il n'entend que les hurlements. La mécanique n'existe plus, ce déchirement n'est que le bruit de sa carcasse lancinante  se modifiant sous le diapason du ciel. Un abîme s'est installé en lui, une sensation de vide persistante, et il le sait, Dorian, il le sait, il a besoin d'une meute, un loup ne peut pas rester seul, c'est contre nature (tout comme un chasseur mordu, il est une abomination, un monstre, un misérable mécréant). Il ne se rabaisserait pas, il ne se rabaisserait jamais à être une saloperie de loup. Il a toujours été en contrôle et être soumis à la nature, quelque chose de plus grand que lui-même, c'est nouveau pour lui. Icare s'est brûlé les ailes à force de voler trop près du Soleil. Dorian, lui, s'est brûlé les ailes à force de vouloir remplacer le Soleil.