SAFE AND SOUND
YOU DON'T FORGET THE FACE OF THE PERSON WHO WAS YOUR LAST HOPE

Il s'était porté volontaire. Bien sûr qu'il l'avait fait. C'était sa dernière année, sa dernière occasion. Dix-huit ans. Il ne serait plus éligible, l'année prochaine. Beaucoup aurait aimé avoir cette chance. Atteindre la majorité sans jamais avoir été tiré au sort. Pouvoir espérer vivre une vie paisible, jusqu'à ce qu'on ait soi-même des enfants en âge d'être envoyé aux Jeux. Et le cauchemar recommence. C'est un cercle sans fin, et ça le Capitole le sait. On est jamais vraiment en sécurité, jamais vraiment paisible. Nolan, lui, il avait choisi de se rendre aux Hunger Games. Il avait été élevé pour ça, pour apporter la gloire à sa famille et à son district. On lui avait enseigné tout ce qu'il avait à savoir. Comment se nourrir, comment se battre, comment tuer. Il était l'un des meilleurs, particulièrement au maniement des armes blanches. Il avait adopté la lance comme arme de prédilection. Mais il savait se débrouiller avec tout ce qu'on mettait à sa disposition. Qui plus est, il avait l'avantage de sa nature. Un sorcier. Certains avaient crié à l'injustice, mais ça l'avait fait sourire. Il n'était pas le seul, après tout. Le district un misait beaucoup sur lui. Il avait embarqué dans le train qui l'emmenait jusqu'au Capitole avec l'autre tribut de son district, Clarissa. Sur place, les alliances étaient très claires, prévisibles même. Tous les deux, avec les tributs du district deux. Les quatre carrières, qui mettraient à feu et à sang l'arène. Ceux à craindre. Nolan était plutôt solitaire, d'ordinaire, mais il savait que pour survivre le plus longtemps possible, il devait faire ce qu'on attendait de lui. Ne pas décevoir les sponsors, ne pas jouer au mouton noir. Pourtant, ça n'était pas ses alliés qui avaient su capter son attention, mais elle. La brune du district quatre, son aura blanche similaire à la sienne. Une sorcière, de l'eau, à en juger ses capacités lors des entraînements. Il l'avait longtemps observé, sans dire un mot, sans même oser l'approcher. Il ne s'agissait pas vraiment de timidité, ça n'était pas dans sa nature. Non, il la jaugeait, il essayait de la comprendre. Il se sentait irrémédiablement attiré vers elle. Il ne connaissait rien de cette fille, mais il avait envie d'en apprendre plus. Pourtant, il ne pouvait pas. Elle allait mourir, dans cette arène. Et lui allait vivre. Dans tous les cas, il ne pouvait se permettre de sympathiser avec une autre tribut. Malgré tout, ils s'étaient retrouvés tous les deux, alors qu'il maniait l'une des lances que le centre avait mis à leur disposition. Elle l'avait regardé viser les cibles, avant de prendre un couteau et de le lancer juste à côté de son arme. Il l'avait regardé, incrédule. Et elle lui avait sourit. Comme si c'était normal, comme s'ils étaient deux adolescents qui n'étaient pas voués à s'entretuer d'ici peu. Le plus stupide, c'était qu'il avait répondu à son sourire. Et le soir, dans son lit, il ne pouvait cesser de ressasser ce moment. Il ne comprenait pas. Il n'avait pas dormi beaucoup cette nuit. La nuit précédant son entrée dans l'arène. Il appréhendait, malgré ce qu'il laissait paraître. Et plus rapidement qu'il ne l'aurait pensé, il fut lâché dans l'immensité de la forêt. Une forêt luxuriante, il n'aurait pu rêvé mieux. Il était parti en compagnie des carrières, arme au poing. Il avait tué dès les premières minutes. Le canon si familier, qu'il avait entendu maintes fois à la télévision, avait résonné dans ses oreilles. Il avait fait couler le sang et il ne ressentait rien. Pas une once de remord. Mais lorsqu'il était tombé sur elle, avec les tributs, il n'avait pu se résigner à les laisser faire. Il n'avait pas réfléchi, pour le coup. Il avait créé une flamme, au creux de sa main, et il avait enflammé les arbres autour d'eux. Une barrière s'était créée, entre les carrières et la tribut du deux. Il avait traversé le brasier sans même s'en soucier. Les flammes n'étaient qu'une caresse sur sa peau. Il avait pris son bras et l'avait entraîné plus loin dans la forêt. Ils avaient fui, tous les deux. Et il était incapable de dire pourquoi il avait fait ça.

« I've heard one cannon while you were asleep. » Plusieurs jours sont passés, depuis le début des Jeux, depuis qu'il a abandonné son alliance avec les carrières. Il ne saurait même pas dire combien de temps exactement. Il a perdu toute notion d'heures, de jours, depuis qu'il est ici. Les concepteurs se font un plaisir de les rendre fous, en faisant tomber la nuit précipitamment, en la faisant durer bien trop longtemps. Et les nuits sont froides. Il se réchauffe grâce à la flamme qu'il réussit à créer et à étouffer dès qu'il se sent menacé. Il veille sur Nerys lorsqu'elle dort, elle fait de même lorsqu'il ferme les yeux. Il n'arrive jamais vraiment à trouver le sommeil. Au moindre bruit, moindre bruissement des feuilles, il se relève en sursaut. Il la soupçonne de ne pas vraiment dormir non plus, mais comment pourrait-il la blâmer? Il pose son regard sur elle, tandis qu'elle s'étire, avant d'attraper la gourde qu'elle a laissé à côté d'elle. « It's almost the end. » Il ne dit rien de plus, mais elle sait ce qu'il sous-entend. C'est bientôt la fin. La fin des Jeux, la fin de leur vie. Ils ne s'en sortiront pas tous les deux. Ils n'en parlent jamais, mais ils savent. Un accord silencieux entre eux deux. Ils ne seront pas à l'origine de la mort de l'autre. Nolan ne sait pas comment ils en sont arrivés là. Pourquoi est-ce qu'il a choisi de la sauver, au début? Il aurait pu la laisser mourir, ça aurait été beaucoup plus simple. Il n'arrive pas à trouver de réponses à ses questions. Il essaye de ne pas y penser, parce qu'il ne peut pas se le permettre. C'est la fin. Bientôt, il rentrera chez lui. Il est persuadé qu'il va s'en sortir, qu'il va vivre. Mais étrangement, la victoire n'a plus la même saveur. Il a été marqué, plus qu'il ne s'y attendait, pas cette arène, par elle. Et lorsqu'il sortira d'ici, il ne pourra oublier son sourire, ses grands yeux, ses lèvres, les traits de son visage. Peut-être que, dans d'autres circonstances, ça aurait pu donner quelque chose. Eux. Mais ce sont des suppositions que Nolan ne peut se permettre de faire. Parce que c'est voué à l'échec. Parce que l'un d'entre eux va mourir, aujourd'hui.

c'est toujours un moment intense, chargé en émotions. le tirage au sort résonne comme un supplice. deux. deux jeunes gens voient leur destin basculer et pourtant, c'est tous le district qui est en émois. cependant, lorsque ton nom sort, un sourire s'affiche sur ton visage. tu le savais, tu le sentais. ta première pensée fut pour ta soeur, eithne. alors quand les caméras se tournent vers toi, tu hoches légérement la tête. tout va bien se passer. tout ce qui compte, c'est que la cadette de la famille n'ait pas été choisi. elle n'est qu'une humaine, elle n'aurait eut aucune chance. bien sûr, ça ne signifie pas qu'elle ne sera jamais tirée au sort, mais elle a encore une année devant elle, dans le pire des cas. au moins, toi t'as l'avantage d'être une sorcière. t'as connecté avec ton élément alors que tu n'étais qu'une enfant. t'as tout de suite compris. t'étais assez précoce, pour le coup. alors les sorts, tu les maîtrises assez bien. pas tous, certes, mais le nécessaire. t'es confiante. tu n'as jamais vu les jeux comme une fatalité. pas pour toi, du moins. non, ta participation ne te fait ni chaud ni froid. tu pourrais aller acheter du pain, que ça te ferait le même effet. innocence ou inconsciente. probablement les deux. l'entrainement, tu le prends comme un jeu. il y a des armes que tu n'as jamais eu l'occasion de toucher. comme l'arc, par exemple. toi, t'es plus couteaux. t'as un peu t'entrainement, avec ta dague. dague que t'as pris soin d'emmener avec toi. elle ne te quittera pas, quoi qu'il arrive. t'as commencé les rituels seulement cette année, mais c'est déjà tellement naturel pour toi. alors plutôt que de t’entraîner avec ce que tu manies le mieux, tu préfères toucher à tout. observer, détailler. c'est une de tes spécialités, remarquer les petits détails. et puis t'en servir à ton avantage. alors naturellement, tu t'es bien rendue compte qu'une paire d'yeux se pose répétitivement sur toi. tu ne dis rien, ne prends même pas la peine de croiser son regard. jusqu'à ce que vous vous retrouviez tous les deux. tu l'observes, sa lance à la main. il est plutôt doué, et apparemment il prend les choses très aux sérieux. pas toi. alors, d'humeur taquine, tu lances un couteau sur la cible, après que son arme s'y soit plantée. juste à côté. et puis tu lui lances un petit sourire charmeur, avant de t'éloigner. tu sens quelque chose en lui. quelque chose de spécial. t'en es persuadée, t'avais en face de toi le gagnant de cette année. pourtant, il ne te fait pas peur. personne ne te fait peur, à vrai dire. mais il y a quelque chose de différent avec lui, tu te sens sereine en sa présence. tu entres enfin dans l'arène, en compagnie de l'autre tribut. thaddeus. également un sorcier de l'eau. vous vous connaissez déjà, grâce votre nature. depuis pas très longtemps, mais tu l'apprécies tout de même. c'est probablement la personne la plus gentille que t'ais jamais rencontré. alors lorsqu'un autre tribut - humain, qui plus est - l’achève devant toi, sans que tu n'es eu le temps de voir venir les choses, ça te brise le coeur. mais avant même que tu ne puisses faire quoi que ce soit, il est parti. tu te retrouves seule, les yeux remplient de larmes. notamment des larmes de rage. tu finis par reprendre chemin, désorientée. tellement que tu ne sens pas la présence d'autres personnes. quatre, pourtant. et lorsque tu t'en rends enfin compte, tu te contente de leur faire face. sans bouger, à leur merci. et alors que t'essaies d'imaginer quelle mort ils te réservent, tes yeux s’écarquillent. du feu. partout. et ce jeune homme, celui de l'entrainement qui passe à travers les flammes. l'étonnement dans ton regard se transforme alors en admiration. t'as remarqué, qu'il contrôlait le feu. mais jamais tu n'avais vu une chose pareil jusqu'ici. avant même que tu ne le réalises, tu te retrouves plus loin dans la forêt, à ses côtés.

tu ne saurais dire depuis combien de temps vous êtes dans cette arène. probablement quelques jours, mais ça te parait une éternité. t'as l'impression que ça fait des semaines, des mois. tu veux juste que ça se termine. plusieurs fois, t'as pensé à rejoindre ton père. tu n'as jamais réussi à sauter le pas. pas tant qu'il reste encore d'autre tribut. pas tant que tu sois complètement sûre qu'il sera le gagnant que t'as vu en lui. non pas que t'en doutes, mais tu veux voir ça de tes propres yeux. pas littéralement, mais t'aimerais être la dernière. celle qui lui donnera la victoire. tu le sais, il n'en fera rien, mais t'es prête à faire ce sacrifice. tu peux t'en charger toute seule. vous ne vivrez pas tous les deux, quoi qu'il arrive. i've heard one cannon while you were asleep. tu t'étires doucement, avant d'attraper la gourde à tes côtés. tu bois une, deux gorgées. pas trop, pour ne pas gaspiller. juste assez pour dissiper la sensation de gorge sèche. un canon de plus. à vrai dire, tu l'as entendu aussi. tu ne dors que sur une oreille. tu ne veux pas prendre le risque de rester complètement vulnérable. prendre le risque qu'il soit complètement vulnérable. en cas d'attaque, il ne te laissera pas. peu importe le temps que tu mets à réaliser ce qu'il se passe. tu ne veux pas lui faire ça. pas après tout ce qu'il a fait pour toi. et puis, lui aussi ne dort pas vraiment. tu n'as jamais rien dit, mais t'as remarqué. comme toujours. it's almost the end. il n'avait pas besoin de le préciser pour que tu le saches. l'ambiance n'est nettement plus la même que lorsque tout a commencé. les environs se font de plus en plus calmes. un calme dérangeant, paradoxalement. le moindre petit craquement devient angoissant. c'est à devenir fou. tu te rassoies correctement, avant de poser ton regard sur lui. un sourire se forme alors sur tes lèvres. ça te démange. tu veux profiter de ce calme si fragile pour lui parler. lui dire tout ce que t'as sur le coeur. à quel point il sera beau, qu'il fera de grandes choses. they're going to like you so much. tu n'es pas sûre en ce qui concerne le capitol. mais le peuple, s'ils voient en lui ce qu'elle voit, alors ils ne peuvent que l'apprécier. loin de toi l'idée de le mettre mal à l'aise en abordant un sujet tabou. mais tu le sais, il le sait. autant se faire une raison.

Cinq morts, par ses mains. Cinq tributs qu'il a transpercé de sa lance. Cinq personnes qu'il a regardé dans les yeux, tandis que toute trace de vie les quittait. Des meurtres, mais pas ses premiers. Chaque pleine lune, depuis deux ans, il sacrifie un innocent. C'est pour sa propre survie. Rien n'est différent dans cette arène. Il tue pour survivre, pour gagner. Les autres ne sont que des dommages collatéraux qu'il aurait aimé pouvoir éviter, mais ça n'est pas possible. C'est ce qu'on attend de lui, de toute façon. Qu'il blesse, qu'il tue, qu'il emporte les Jeux. C'était ce qu'on avait attendu de sa sœur aussi, deux ans auparavant. Eileen, la jolie et douce Eileen, capable de tout avec des dagues et du poison. Elle avait fait une participation exemplaire, le Capitole était à ses pieds, on la surnommait le bijou de la nation. Les sponsors affluaient pour lui offrir des cadeaux dans l'arène. Mais elle était trop confiante, trop sûre d'elle. C'est cette arrogance qui la mena à sa fin, le dernier jour, alors qu'ils n'étaient plus que trois. Sa propre dague, plongée dans son cœur par un garçon du onze que personne n'attendait là. Le poison l'acheva en quelques secondes. Elle n'eut pas le temps de souffrir. C'est probablement le seul réconfort que Nolan arrive à tirer de cette situation. Sa sœur qu'il a vu mourir à la télévision, alors que tout était déjà prêt à la maison pour l'accueillir comme la grande gagnante qu'elle serait. Un deuil bien lourd à porter pour l'adolescent qui avait toujours vu sa sœur comme un modèle. Il s'était promis qu'à dix-huit ans, il participerait aux Jeux et qu'il ne ferait pas les même erreurs qu'elle. Qu'il l'emporterait, pour honorer sa mémoire, pour apporter cette victoire qui leur avait été volée. Et maintenant que tout touche à sa fin, il commence à sentir cette pression ambiante. L'adrénaline qui court dans ses veines s'intensifie. Ce soir, tout est fini. Il le sait, il le sent. Les Jeux ont assez duré, ils ne sont plus nombreux. Peut-être vont-ils leur faire le coup de la catastrophe naturelle ou des mutations génétiques pour les regrouper tous au centre de l'arène. Pour les regarder s'entretuer et sacrer le grand vainqueur de ces Jeux. C'est tout ce dont Nolan a toujours rêvé, cette situation. Il n'attend que ça, d'entendre la voix raisonnée dans l'arène pour le sacrer grand vainqueur de ces Jeux. Et pourtant, les choses ont changé. Une part de lui restera dans cette arène. Une part de lui partira avec elle. Il détaille les traits de son visage, la courbe de son sourire. Ce sourire qui réchauffe son cœur, qui lui a souvent redonné un peu de courage ici. Il ne peut s'empêcher de sourire, lui aussi. Comme un adolescent, qu'il n'est plus depuis bien longtemps. Il est jeune, mais toute trace d'innocence l'a quitté depuis des années déjà.  Il plonge sa main dans son sac et en sort quelques noix qu'ils ont cueilli plus tôt dans la journée. Leurs réserves ne leur serviront bientôt plus à rien, alors autant en profiter pour prendre des dernières forces. Il tend une poignée à Nerys, sans quitter son visage des yeux. « They're going to like you so much. » Nolan sourit un peu plus. Vraiment, cette victoire, c'est la consécration de sa vie. Aussi jeune qu'il soit, il sait qu'il ne lui arrivera jamais rien de mieux. C'est cet événement qui va changer son existence, dicter ses futurs années. Mais il se rend compte que cette victoire aura un goût bien amer sans elle. Il construira sa vie, comme n'importe qui, mais il sait qu'il ne réussira jamais à oublier Nerys, l'adolescente du district quatre. « I hope so. » Il ne doute pas vraiment de ça. Ils l'apprécieront, aussi bien dans les districts qu'au Capitole. Il a ce côté humain, qui manque souvent aux carrières. Ça lui apportera l'affection des plus réticents. Il deviendra mentor, profitera des vices de la capitale. Chaque année on le reverra à la télévision à la période des Jeux. Le reste du temps, il profitera de sa vie paisible dans son district. Il apportera de nouveaux vainqueurs à son district. Tout ce qu'on attend de lui. Et il gardera toujours une affection prononcée pour la fille du quatre. « I will miss you. » Et c'est sincère, vraiment. Il n'aurait pu rêver meilleure compagnie dans ces Jeux. Lui qui privilégie la solitude d'ordinaire, il a trouvé le bon compromis. Ils se comprennent sans même avoir besoin de parler. La plupart du temps, un silence apaisant règne entre eux. Chacun sait quand l'autre a besoin d'être un peu seul avec lui-même. Mais désormais, le silence est devenu pesant. C'est l'angoisse de la fin qui monte. Alors ils parlent, pour se rassurer. Nolan a besoin qu'elle sache, avant que tout ça soit fini. Qu'elle sache à quel point il a été heureux de la connaître.

tu peux sentir l'issue fatale arriver à grand pas. ça ne te fait pas peur. c'est une évidence pour toi. c'est ainsi que les choses doivent se passer. tu l'as accepté avant même de débuter. dès que ton regard à croisé celui de nolan, à vrai dire. il n'a fait que te le prouver tout au long de ces jeux. et malgré les morts qui s'enchaînaient, tu n'as cessé de le regarder avec admiration. complètement subjuguée par son charisme, sa prestance. tu pourrais le suivre jusqu'au bout du monde. alors non, tu ne regrettes pas. tu ne regrettes pas d'avoir été tiré au sort, que ta vie ait été chamboulé à tout jamais. non, la boule au creux de ton ventre n'est pas synonyme de peur. c'est de l'angoisse. l'angoisse de savoir qu'il ne te reste plus beaucoup de temps à ses côtés. les heures sont comptées. dorénavant, c'est un contre la montre. bientôt, vous serez séparés. pour un très long moment. ce que tu espères, étrangement. tu n'aurais jamais imaginé que les choses se passeraient ainsi. t'es entrée dans l'arène avec toute l'innocence qui te caractérise si bien. petite fille ébahit devant un rien, qui n'a pas peur du monde. naïveté apparente qui trouble. force qu'on se soupçonne pas. rien n'a vraiment changé, étrangement. si ce n'est que t'as trouvé quelque chose, quelqu'un. t'as trouvé ce qui t'avait toujours manqué. toi qui te sentais si différente et seule, même entourée. t'as fini par trouver ta personne. après dix-sept années à errer, il est enfin là, en face de toi. tu prends les noix qu'il te tend, un sourire aux lèvres. il a fait ça depuis le début, prendre soin de toi. il le fera probablement jusqu'à la fin. du moins, jusqu'à ce que vos chemins ne se séparent. i hope so. c'est une certitude. tu peux presque déjà entrevoir l'agitation autour de lui. les personnes souhaitant être comme lui, celles souhaitant être avec lui. il aura un succès fou, t'en es persuadée. tu ne vois pas les choses autrement. ça te réconforte, au fond. mais tu ne peux t'empêcher de ressentir un pincement au coeur. t'aurais aimé voir ça de tes propres yeux. et pourquoi pas, partager ça avec lui. tu gardes ton sourire, cependant. tu veilleras toujours sur lui.  i will miss you. c'est la première fois qu'on te dit quelque chose comme ça avec autant de sincérité, et d'émotion. ton pincement au coeur s'accentue et ta gorge se serre. t'avales ta salive pour dissiper ça. il aura une longue vie heureuse. petit à petit le manque s'atténuera, jusqu'à devenir une petite pensée de temps en temps. c'est comme ça que ça se passe, peu importe ce que l'on pense. ça te va. tu préfères, même. but you will be fine, have a great life, dis-tu en prenant sa main, et entrelaçant tes doigts aux siens. la victoire lui apportera gloire et richesse. deux choses non négligeables. cependant, t'espères qu'il aura plus. le bonheur, le vrai. c'est tout ce que tu lui souhaites. tu plonges tes grands yeux dans les siens, gardant toujours ce sourire. when you'll be outside, open yourself. open up to the right person. you're a loner, but i don't want you to be lonely. find someone who makes you smile, even when you don't want to. someone who makes you happy no matter what. someone you can truly trust. someone who can takes your breath away, just by existing. au final, c'est tout ce que tu voulais. trouver quelqu'un, l'amour. t'y crois, à ces choses là. t'es persuadée que certaines personnes sont faites pour être ensemble, que les choses sont écrites. alors après tout, il doit y avoir une bonne raison pour que tu te retrouves ici, dans ces circonstances, aux côtés de nolan.  

L'obscurité n'est pas rassurante comme elle a pu l'être avant qu'il entre dans cette arène. La nuit, ça a toujours été quelque chose qui le fascine. Dans le district un, il sortait souvent de chez lui pour observer les étoiles dans la rue. Il sent sa Mère qui veille sur lui, lorsqu'elle est présente dans le ciel. C'est apaisant, reposant. Mais ici, rien n'est réel. Ce n'est pas la Déesse qui brille dans le ciel, mais une pale copie créée par les concepteurs des Jeux pour leur faire croire que la nuit est tombée. Alors forcément, il ne se sent pas bien. Son organisme n'arrive pas à être dupé par l'obscurité ambiante. Non, ça n'est pas la nuit, c'est juste le noir. Et même s'il est habitué, depuis le temps, et que ses yeux ont réussi à s'adapter à la pénombre, il n'est pas rassuré. Il n'est pas à l'aise. Et le silence n'arrange rien. Il a l'impression d'entendre des menaces partout. Chaque bruit le fait resserrer un peu plus son étreinte sur le poignard à sa taille. Quelques coups d’œil à la lance étendue à ses côtés. Seule la présence de Nerys près de lui réussi à l'apaiser. « But you will be fine, have a great life. » Elle lui prend la main. Il avait envie de le faire depuis un moment déjà. Les yeux de Nolan quittent le visage de la jeune fille pour se poser sur leurs mains entrelacées. Cette vue lui donne un pincement au cœur. Il était si obsédé par l'idée de participer aux Jeux et de les gagner, qu'il a oublié une partie essentielle de la vie : l'amour. Il n'a jamais laissé de place à ce sentiment dans son cœur. Il a toujours privilégié les entraînements, les combats, les meurtres. Sa vie tournait autour des Jeux. Il vivait pour ce moment où il aurait enfin l'occasion d'y participer. Il regrette tellement d'être passé à côté de tout ça, de sa jeunesse. Il ne pourra rien rattraper en sortant de cette arène. Il ne sera plus le même. Il lui en veut d'une certaine façon d'avoir chamboulé sa vision des choses, mais il la remercie tellement. Car elle a su réveiller en lui quelque chose qu'il n'avait jamais connu avant. « I wish we weren't in this together. » Il s'arrête un instant, lève les yeux pour détailler son visage. Il a envie de caresser sa joue, de toucher du bout des doigts sa peau d'ivoire. Un sourire se niche sur son visage sans même qu'il puisse le refréner. « You should have been in next year Games. We would both be winners. » Il aurait gagné cette année, elle l'année suivante. Parce qu'elle a le potentiel d'un vainqueur, il le sait. Elle aurait l'affection des districts, avec son charme naturel. Ils se seraient rencontrés lors de sa tournée de la victoire. Ils auraient appris à se connaître et à s'apprécier. Et peut-être qu'ils auraient pu construire quelque chose, tous les deux. Dans son district, près de l'océan. Nolan n'est pas très attaché au district un, de toute façon. Ça aurait été beau, simple. « When you'll be outside, open yourself. Open up to the right person. You're a loner, but I don't want you to be lonely. Find someone who makes you smile, even when you don't want to. Someone who makes you happy no matter what. Someone you can truly trust. Someone who can takes your breath away, just by existing. » Son sourire se perd, un instant. Il sent son cœur se tordre dans sa poitrine, à la simple idée que ce quelqu'un ne soit pas elle. Il se sent lourd. Il ne pourra jamais trouver quelqu'un comme elle, là-dehors. Ses yeux dans ceux de la jeune femme, il n'hésite pas un instant avant de réduire le peu d'espace qu'il y avait encore entre eux. Ses lèvres trouvent naturellement celles de Nerys. Un baiser chaste, un baiser doux, mais qui laisse transparaître avec clarté ses sentiments. Sa main libre a trouvé sa place sur la nuque de l'adolescente. Après un instant, il s'écarte, juste assez pour que leurs bouches ne se touchent plus. « I won't find that person outside. » Because she's here.

l'adrénaline a parcouru tout ton corps à maintes reprises depuis que t'as pénétré l'arène. ce sentiment ne t'était pas étranger, jusqu'ici. tu ressens cette sensation à chaque pleine lune, à vrai dire. ça ne fait pas si longtemps que ça que ça a débuté. la plupart des sorciers subissent leur première à seize ans. toi ce fut cette année; dix-sept ans. t'as pourtant connecté avec ton élément bien jeune, à huit ans. tu ne comprends pas vraiment comment ça marche, mais tu fais confiance à la déesse. elle sait ce qu'elle fait. ta première, tu l'as passé à l'intérieur. tu n'es pas sortis, tu n'as pas pris de vie. tu l'as senti passer. t'as cru mourir cette nuit là. jamais tu n'avais autant souffert jusqu'ici. alors la douleur, tu peux la gérer. tu ne penses pas pouvoir connaître pire que ça, de toute façon. ce que tu ne peux gérer, en revanche, c'est la douleur psychologique. c'est surement la raison pour laquelle t'as un rapport particulier avec la mort, ton père. tu ne le crains pas. au contraire, tu l'attends. certains jours plus impatiemment que d'autres. aujourd'hui, c'est le jour. enfin. et bien que tu l'ai souvent provoqué, et nargué tant d'autres fois, t'espères sincèrement qu'il te laissera encore de précieuses minutes. des minutes que tu pourras partager avec nolan, ton soutien. il n'y a pas vraiment d'autre mot pour le qualifier. parce qu'après tout, vous n'êtes rien de concret. au fond c'est peut-être ça le plus triste. en attendant, tu profites du peu de temps qu'il vous reste. le contact de sa peau suffit à t'apporter le réconfort que tu ne soupçonnais même pas avoir besoin. i wish we weren't in this together. tu l'espères aussi, tellement. t'aurais aimé partager tant de choses avec lui. tu sais pertinemment que même si les choses s'étaient passés différemment, ça n'aurait pas été simple pour autant. mais t'aurais au moins voulu voir de tes propres yeux les choses qu'il va accomplir. de grandes choses, t'en es persuadée. d'un autre côté, ça t'a semblé tellement facile à ses côtés. la confiance, ça change tout. vous vous faites tellement confiance malgré la situation dans laquelle vous êtes. ça t'apporte une certaine sérénité qui n'a pas lieu d'être. tu te sens bien, à ses côtés. malgré tout, ça en valait la peine. i couldn't have dreamed of a better partner. tu n'en aurais probablement pas eu. pas comme ça. t'es la bonne copine, la rigolote. seulement, il est difficile de te faire confiance. tu sembles te foutre de tout, n'en faire qu'à ta tête. imprévisible, capable de tout. ce n'est pas forcément de bonnes choses, ici. tu ne sais pas ce que nolan a vu en toi. tu ne sais pas pourquoi d'un coup, sans crier garde, il a tout lâché pour te rejoindre, se mettant les meilleurs tributs à dos. les meilleurs, après lui. tout de même, il a laissé tomber un gros avantage pour toi. thank you, lâches-tu presque inaudiblement. tu lui en seras reconnaissante jusqu'à la toute fin. non seulement pour t'avoir sauvé, parce qu'il est évident que tu n'aurais pu les affronter, contrairement à ce que tu voudrais croire. mais également pour être resté à tes côtés jusqu'au bout. pour t'avoir apporté réconfort et espoir. pas de survivre, non. mais qu'au final, t'aurais pu trouver la personne. tu l'as trouvé. you should have been in next year games. we would both be winners. tu réponds à son sourire. cette idée te plait assez. tu te permets même d'imaginer ce que ça pourrait donner. non pas la tournée en elle-même, puisqu'au final, elle ne t'a jamais fait de l'oeil. tu ne cherches pas la gloire ni la richesse. ta petite vie dans ton district te suffit amplement. elle te plait même plutôt bien. ce que t'imagines, c'est ta rencontre avec le gagnant de la précédente édition. et dans un moment de folie, tu vous imagines ensemble. how great would that be? demandes-tu rhétoriquement, d'une voix douce. et même sans aller jusque là, t'aurais été simplement contente de le connaître, de pouvoir le voir évoluer, grandir. simplement. tu n'en demandes pas plus. après une aventure comme celle là, on change sa façon de voir les choses. tu ne t'y attendais pas. ça t'a quand même fait grandir, mine de rien. tu plonges tes yeux dans les siens. t'aimerais rester comme ça pendant des heures. ce n'est pas possible, tu le sais. alors t'en profites pour l'observer minutieusement. comme pour graver son image dans ta tête. comme si tu pouvais l'oublier. il s'approche et pose ses lèvres sur les tiennes. tu fermes alors les yeux. tu ne te souviens pas avoir sentie ton coeur battre aussi vite auparavant. pas avec cette sensation de bien-être, en tout cas. c'est tendre, doux. pourtant, tu peux sentir une larme se former au coin de ton oeil. tu rouvres les yeux lorsqu'il se détache légèrement. i won't find that person outside. t'essaies de sourire. tu sais très bien ce qu'il veut dire et au fond, ça te fait tout de même plaisir. mais c'est triste, tellement triste. tu ne sais même plus ce que tu ressens. t'es juste une boule de sentiments. confuse. you have to. i'll keep an eye on you, but you need someone. tu poses ta main libre sur son torse. until we meet again. tu déplaces ta main de son torse à son bras, lorsqu'un bruit résonne dans ce silence. un craquement. une branche, vraisemblablement. tu tournes subitement la tête, essayant de voir d'où ça vient. t'as beau être habituée à l'obscurité maintenant, tu ne vois rien. tu peux sentir qu'il y a quelque chose, cependant. plusieurs choses même. tu te figes un instant, te concentrant sur ce que tu ressens. wolves, finis-tu par souffler. mais pas des tributs, non. il y a quelque chose de différent, d'anormal.

Il ne souhaite pas qu'elle le remercie, car elle n'a pas de raison de le faire. C'est lui qui devrait lui dire merci. Merci d'avoir réussi à lui ouvrir les yeux sur des sentiments qui lui étaient jusqu'à ce jour encore inconnus. Et même si les découvrir, ici, dans les Jeux, n'est pas forcément la situation idéale, il ne regrette rien. Il a eu raison de la sauver. Si à ce moment, sa tête ne savait pas encore, son cœur avait déjà rallié la cause de Nerys. Il était déjà perdu avant même de s'en rendre compte. Nolan n'a jamais vraiment fait partie de cette alliance avec les carrières. Il ne s'est jamais posé la question, avant d'entrer dans l'arène, car c'était ce qu'on attendait de lui. Son mentor lui avait dit de s'allier aux plus forts, de se les mettre dans la poche. Clarissa lui avait dit qu'une fois lancés, ils s'occuperaient des tributs du deux pour ne pas avoir de soucis avec eux à la fin. Il l'avait écouté, distraitement, sans réellement mettre de sens sur ses mots. En réalité, il n'aurait jamais pu leur faire confiance. Il aurait toujours eu ce doute, cette menace qui aurait plané sur lui. La crainte de se faire assassiner dans un moment de relâchement. Avec Nerys, c'est différent. Il la connait depuis si peu de temps, mais il est prêt à lui confier sa vie. Il l'a déjà fait, à maintes reprises. Et il le referait, sans hésiter. Même avec les heures qui filent, le temps qui les rapproche doucement de la fin, il lui fait confiance. Une confiance aveugle, qu'il n'a jamais su accorder à personne, pas même à sa propre famille. Et il ne saurait expliquer ce qu'il a vu en elle. Pourquoi est-ce qu'elle est si différente à ses yeux. On dit que les sentiments ne s'expliquent pas, il comprend mieux maintenant. Son coeur sait. Son âme aussi. C'est tout ce qui compte. « How great would that be? » Mais la vie n'est jamais si simple. Nolan, il a vécu une enfance dorée pour un gamin des districts. Le un, les privilégiés. Personne n'est réellement pauvre là-bas, pas comme on peut l'être dans le onze ou le douze. Et le garçon, il fait partie de la classe aisée, fils de joailliers, il a toujours été fasciné par tout ce qui brille. Alors le Capitole, il n'a jamais eu à s'en plaindre. Les Jeux, il a toujours vu ça comme un sport plus qu'une punition. Il a été élevé pour y participer. Il n'a jamais considéré ça comme injuste. Il n'y a même jamais vraiment réfléchi. Mais aujourd'hui, il commence à comprendre la vision des autres tributs. On les lance dans une arène pour qu'ils s'entretuent, pour divertir les riches. On s'attend à ce qu'ils perdent toute humanité et lorsqu'ils ne le font pas, ça plait encore plus. Aujourd'hui, Nolan réalise que tout ça n'est pas juste. Ces Jeux lui ont apporté la plus belle rencontre de sa courte existence, mais ils vont également lui enlever, avant même qu'il n'ait pu réellement en profiter. Et ça le fait rager de savoir qu'ils puissent les regarder et apprécier ce qu'ils voient. La pathétique histoire d'amour de deux tributs, vouée à l'échec. Il sait que ça leur plait, que ça va leur attirer la sympathie de la foule. C'est presque malsain, tout ça. Et ça l'enrage, plus que jamais, de savoir que tant de personnes vont se délecter de leurs malheurs, de sa mort. You have to. I'll keep an eye on you, but you need someone. Until we meet again. » Nolan a envie de discuter, de la contredire, mais il s'abstient. Il aura tout le loisir de le faire une fois qu'elle ne sera plus là. Il pourra faire ce qu'il veut, de toute façon. Elle ne sera plus capable de lui dire quoique ce soit. Cette pensée lui noue la gorge. C'est inévitable, il le sait, mais c'est malgré tout difficile à accepter. La larme qui était restée au coin de l'oeil de Nerys roule soudainement sur sa joue. Une unique larme, qui laisse derrière elle un sillon sur le visage poussiéreux de l'adolescente. Du bout du pouce, le jeune homme essuie la  larme, imitant ce geste qu'il a si souvent vu chez sa mère, lorsqu'il était enfant.  « You'll stay forever young. » Il sourit, mais ce sourire s'efface rapidement lorsqu'un bruit sourd résonne autour d'eux. Nolan se fige, un instant, ses yeux cherchant la source de ce bruit dans l'obscurité. « Wolves. » Il hoche la tête, elle a raison. Il peut le sentir, ce frisson qui parcourt toute sa colonne vertébrale ne trompe pas. Mais ça n'est pas leurs ennemis mortels. Non, c'est quelque chose de différent. Ça ne présage rien de bon pour eux. « We need to leave. » Sa voix n'est plus qu'un murmure. Il aurait dû s'en douter. Les concepteurs n'allaient pas leur laisser le répit qu'ils méritaient. C'est l'occasion pour eux d'assurer le spectacle, mais Nolan n'est pas prêt de les laisser faire. Rapidement et aussi silencieusement que possible, l'adolescent attrape leurs affaires ainsi que sa lance. « Run. » Elle lui accorde un regard, avant de partir en courant, lui sur les talons. Ils ne mettent pas longtemps à entendre les hurlements des loups qui les pistent. Ça lui glace le sang, mais il se garde bien de dire quelque chose. Ils courent, aussi vite qu'ils le peuvent. L'obscurité ne facilite pas leur fuite, Nolan manque à plusieurs reprises de trébucher sur des branches. Il sent la menace se rapprocher et il sait qu'ils n'arriveront pas à les distancer. Il s'agit de bêtes, de mutations, qui ne disparaîtront pas avant de les avoir traqué et tué. Après plusieurs minutes de course effrénée dans la forêt, le sorcier s'arrête net, ignorant les appels de Nerys, à quelques mètres de lui. Il n'a pas besoin de former des phrases, la simple force de sa pensée suffit à créer une flamme, qui se propage en une longue ligne devant lui, formant une barrière de feu. Bientôt les loups apparaissent dans son champ de vision. Ils sont immenses et l'éclat rougeâtre leur donne un air encore plus féroce. Ils n'hésitent que très peu avant de se jeter dans la barrière de flammes qu'il a créé. Certains se tordent de douleurs, d'autres se roulent au sol afin d'éteindre le feu. Mais finalement, ça n'est pas suffisant pour les anéantir. Il s'en doutait. D'un geste rapide et précis, le jeune homme attrape un poignard à sa taille et le lance sur le premier loup qui accourt vers lui. Un deuxième couteau le frôle et vient se loger directement dans le flanc d'un autre loup. Nolan n'a pas besoin de se retourner pour savoir que Nerys est revenue sur ses pas afin de l'aider. « I don't know if we can beat them, but running away is not the solution. They're too fast. » Il évite de peu un loup qui se jette sur lui, avant de le transpercer de sa lance. Si Nolan n'a jamais aimé les loups, ça n'est pas prêt de changer ce soir.

la peur commence à faire son apparation. c'est bien la première fois qu'elle pointe le bout de son nez depuis que tout a commencé. tu n'as peur de rien, en général. à vrai dire, c'est de la mort que tu ne crains pas, mais après la mort tout semble dérisoire. alors on peut dire ça. le contact de la main de nolan sur ta peau a réussi à t’apaiser. il t'en faut peu, quand t'es avec lui. tu ne saurais l'expliquer. pas même à toi-même. tu sais, simplement. on ne choisit pas qui on aime, c'est naturel. d'ailleurs on n'aime pas une personne pour ce qu'elle est, mais malgré ce qu'elle est. nolan, ce carrière tuant de sang froid, sans montrer le moindre regret. extirpant la vie de ses adversaires aussi naturellement que respirer l'est. cette âme solitaire. t'as tout de suite su. au moment même où tes yeux se sont posés sur lui, t'as su que c'était lui. il ne t'a jamais fait peur. au contraire, tu le regardes toujours avec admiration, comme au début. you'll stay forever young. tu réponds à son sourire. ce beau sourire. tu n'as pas eu tant que ça l'occasion de le voir. la situation ne s'y prête pas vraiment, mais tu l'apprécies tout de même. t'aimerais le revoir, d'ailleurs. même si tu ne comptes pas trop dessus. c'est son sourire mais surtout ses mots, qui t'ont touché. cette idée te plait assez. tu n'as jamais été pressé de grandir, de toute façon. alors mourir jeune est probablement ce qui te correspond le mieux, au final. tu peux garder ton insouciance, ta fausse innocence que tu chéries tant. ça te réconforte dans l'idée de laisser nolan. jusqu'à ce que tout s'accélèrent. des bruits. les loups. we need to leave. il a raison. non seulement ce sont des loups, mais ils sont génétiquement modifiés en plus de ça. ni lui ni toi ne savent de quoi ils sont capables. malgré ça, t'aurais eu tendance à rentrer dans le tas sans te poser de questions. pas là. tu ne veux pas prendre ce risque. tu sais que la fin est proche, mais tu veux garder le contrôle. tu veux choisir quand le moment sera venu. pas là, pas maintenant. pas comme ça. tu laisses nolan attraper le peu d'affaires que vous avez et te lèves. run. sans plus attendre, t'obéis, nolan te suivant juste derrière. mais vous avez à peine fait quelques mètres que tu les entends déjà arriver. ils sont non loin. trop rapides. tu t'en doutais. rien n'arrive jamais par hasard ici. il y a toujours une bonne raison. les concepteurs, en l’occurrence. ils ne comptent visiblement pas vous laisser tranquille. c'était à prédire. vous êtes là pour divertir, après tout. et vous êtes parfaits pour ça. tout le monde parlera de vous, si ce n'est pas déjà le cas. la petite histoire d'amour tragique de deux adolescents assez stupides pour tomber amoureux dans un jeux pareil. un jeu. au fond, ça te met hors de toi. t'as beau t'être résignée, une part de toi bouillonne. et plus les tributs tombent, plus cette part prend de place. tu finis par te rendre compte que nolan ne te suit plus. ça te stop net. tu l'appelles à plusieurs reprises, sans succès. ça ne t'étonne pas. alors tu le rejoins, naturellement. tu ne comptes pas le laisser tomber. éventuellement vos chemins se sépareront, mais pas maintenant. tu peux encore lui apporter ton aide. il a beau se débrouiller comme il faut, les loups sont nombreux. i don't know if we can beat them, but running away is not the solution. they're too fast. il a raison, tu le sais. ils sont là pour vous tuer. c'est là leur unique but. courir ne vous aidera pas. ça ne fera que ralentir les choses, rien d'autre. à peine arrives-tu à ses côtés que tu lances un poignard droit dans l'oeil de l'un d'eux. ton dernier poignard. il ne te reste plus que ta dague. autant dire que t'es désarmée. il est hors de question que tu la balances n'importe où, surtout si c'est pour prendre un risque en allant la récupérer ensuite. autant tenter le tout pour le tout. tu te tiens bien droite, le regard au sol. tu te concentres un instant, avant de relever la tête, fixant les loups du regard. agony, lances-tu bien distinctement, presque avec colère. une langue étrangère, qui vous est pourtant familière à tous les deux. tu n'es pas encore une experte, mais c'est l'une des premières choses que t'as appris. ça en dit long sur toi. tu continues de fixer les loups qui se tordent alors de douleur. tu peux sentir l'énergie quitter peu à peu ton corps. il ne s'agit pas d'un simple petit sort, tu dois rester concentrée aussi longtemps que tu veilles qu'il fasse effet. si tu lâches, tu n'as plus qu'à tout recommencer. ils sont déjà à terre, mais tu n'arrêtes pas pour autant. tu veux être sûre qu'ils seront assez assommés pour vous laisser de l'avance. beaucoup d'avance. seulement, tu ne tardes pas à ressentir un étourdissement qui t'empêche de continuer. tu fermes les yeux quelques secondes avant de les rouvrir. let's go, dis-tu en attrapant la main de ton partenaire. ce geste banal te fait tilt. t'as besoin de lui. alors à ce moment là, tu sais. tu sais que tout est fini. ce n'est plus qu'une question de minutes.

Son cœur bat à tout rompre dans sa poitrine, si bien que Nolan a l'impression qu'il va faire exploser sa cage thoracique, comme par un désir brûlant d'être enfin libre. Il sent ses muscles se contracter, tandis qu'un mince filet de sueur perle sur son front. Une nouvelle créature se jette sur lui, et il a à peine le temps de l'éviter et de lui planter son couteau dans le flanc, qu'il ressent la douleur familière causée par les griffes qui lacèrent son avant-bras. Sa mâchoire se crispe tandis qu'il retient un gémissement de douleur entre ses dents. D'un geste vif, il se retourne et sa lance vient transpercer la chaire d'un grand loup noir. Ils ne peuvent pas continuer comme ça, ou alors ça marquera leur fin à tous les deux. Et ça n'est pas quelque chose que Nolan est prêt à accepter. Il a depuis bien longtemps décidé que si le titre de vainqueur ne lui revenait pas, il n'y avait que Nerys pour le mériter. Alors c'était lui, ou elle, mais pas quelqu'un d'autre. Alors qu'il voit une nouvelle vague de loups les assaillir, l'adolescent raffermit sa poigne sur son arme. Avant même que le premier loup ne les atteigne, les mutants commencent à se tordre au sol, poussant des hurlements à glacer le sang. Le jeune homme lance un regard à son alliée et remarque la concentration dont elle fait preuve. C'est elle qui leur inflige ça, avec sa magie. Malheureusement, lui-même a conscience que ces sorts requièrent beaucoup d'énergie, trop pour que la jeune fille puisse les maintenir plus longtemps. Bientôt ses paupières se ferment, puis se rouvrent. Ses iris sont fixées sur lui.  « Let's go. » Et pour leur donner le plus de chance, Nolan use à son tour de sa magie pour embraser la végétation près de la meute. Le contact de la main de Nerys dans la sienne lui rappelle l'urgence de la situation et il reprend sa course, entraînant l'adolescente avec lui. Il se concentre, un pied devant l'autre, ne pas tomber. Il sent qu'elle faiblit, à côté de lui. Elle tient difficilement le rythme et à plusieurs reprises il se retrouve obligé de la tirer un peu pour la forcer à accélérer. Son cœur se serre, elle a fait ça pour les sauver, pour le sauver. Leur course dure quelques minutes, qui paraissent être des heures. Leur fuite les mène jusqu'à une partie de l'arène où s'écoule une petite rivière. D'un regard vif et précis, le jeune homme scanne les environs à la recherche d'une menace potentielle. Il ne ressent rien, mais une cavité rocheuse attire son attention. Sa main exerce une pression un peu plus forte sur celle de Nerys, comme pour lui donner du courage. Il l'aide à traverser le cours d'eau, et l'entraîne ensuite dans cette minuscule grotte, à peine assez grande pour pouvoir les abriter tous les deux. Mais ici, ils seront en sécurité, bien mieux dissimulés que dans la forêt. Enfin Nolan prend le temps de respirer, de souffler un peu. Il s'assied au sol, s'appuie sur ses mains, ce qui lui arrache une grimace de douleur. Un simple regard vers son avant-bras droit lui permet d'observer l'étendue des dégâts. Le sang s'écoule des plaies causées par les griffes. Il pousse un soupir tandis qu'il fouille dans le sac de survie, à la recherche d'un tissu pouvant servir de bandage. Nerys s'approche doucement de lui, et vide l'une des gourdes pour nettoyer la blessure. L'adolescent la regarde faire, tandis qu'elle attrape un tissu qu'ils avaient trouvé quelques jours plus tôt et qu'elle l'enroule autour de son avant bras. C'est rudimentaire, mais ça fera l'affaire. Nolan n'arrive pas à quitter son visage des yeux. Il détaille chaque trait, et ne peut s'empêcher de remarquer qu'elle a l'air épuisé, à bout de force. Du bout des doigts, il replace une mèche de cheveux derrière son oreille, laissant sa main s'attarder un peu sur son visage. « Thank you. » Un faible sourire éclaire le visage de la jeune femme, tandis qu'il continue à caresser sa joue. Finalement, elle s'écarte, avant de s'allonger non loin de lui, repliée sur elle-même. Nolan continue de l'observer quelques secondes, avant de se saisir des gourdes désormais vides. « I'm gonna get us some water. » Elle ne l'en empêche pas, elle ne cherche même pas à l'accompagner. Ça le surprend, quelque peu, mais il ne dit rien. Il met ça sur le compte de la fatigue, de l'épuisement. Il la comprend tellement au fond. Avant de partir, Nolan se penche sur la jeune fille pour embrasser sa tempe. Un contact dont il a besoin, comme pour se rassurer. Il quitte alors la cavité et s'aventure près de la rivière, afin d'y chercher de l'eau. Il en profite pour prendre plusieurs gorgées qui lui font l'effet d'un coup de fouet. Il asperge également son visage pour se débarrasser de la crasse et de la poussière qui semblent s'être incrustées dans sa peau. Il a du mal à réaliser que bientôt, tout sera terminé. Il a l'impression que les Jeux ont commencé depuis une éternité, comme s'il n'avait jamais connu que cette arène. Rien d'autre.

le souffle court, tu t'efforces de continuer. tu ne peux pas lâcher, pas maintenant. le simple contact avec nolan te donne un peu de courage, une lueur d'espoir. infime, mais elle est là. tu ne peux pas l'abandonner maintenant, et le fait qu'il te tire un peu plus de temps en temps te le rappelle. seulement, tu restes épuisée. tu ne te rappelles pas avoir sentie une telle faiblesse auparavant. tu n'as qu'une envie, en finir. tu n'en peux plus. c'est ce qui va arriver, de toute façon. la fin est proche, le plus faible partira le premier. toi. mais avant, tu veux t'assurer qu'il est en sécurité. t'aurais aimé qu'il parte seul, mais tu sais très bien qu'il ne l'aurait pas fait. voilà pourquoi t'as pris la fuite avec lui. enfin, après avoir couru à travers des bois interminables, t’aperçois une arène où s'écoule une rivière. le changement de décor t'aurait probablement soulagé, si seulement tu n'y voyais pas un nouvel obstacle. exténuée, tu ne prends même pas la peine de regarder autour de toi. tu ne prends pas la peine d'observer le moindre petit détail de l'endroit. tu te sens vulnérable. t'as l'impression que ça pourrait être fini pour toi en une fraction de seconde. bizarrement, tu n'avais pas ressentie ça jusqu'ici. tu savais que tu ne sortirais pas de là, mais paradoxalement tu te sentais en sécurité. plus maintenant. c'est ironique, quand on y pense, étant donné qu'il ne reste plus qu'un seul tribut à part vous. nolan t'aide à traverser cette eau. il t'aide à traverser de l'eau. ça te brise le coeur. il te serre tellement que t'as l'impression qu'il va s'arrêter de lui-même, s'auto-détruire. t'aimerais, au fond. tu continues, cependant. pas pour toi, pour lui. tu se serais plus là après tout ce temps si ce n'était pour lui. une fois dans la grotte, un étrange sentiment de soulagement parcours ton corps. tu vas pouvoir te poser, ne serait-ce que pour un court instant. tu t'assoies au sol, auprès de nolan. sa grimace t'extirpe un froncement de sourcils. t'es celle qui veut tout lâcher, pourtant c'est lui qui est blessé. le sang s'écoulant de son bras te monte rapidement à la tête. non pas que le liquide en lui-même te fasse cet effet. en tant que sorcière, tu n'as pas d'aversion pour cet élément rougeâtre. c'est simplement parce qu'il s'agit de celui de nolan, ton partenaire, ton plus que ça. t'attrapes l'une des gourdes et t'en sers pour nettoyer sa blessure. tes gestes sont délicats, tu ne souhaites pas lui faire de mal. t'attrapes ensuite un tissu que t'as trouvé quelques jours auparavant. tu l'enroules autour de son bras et le fais tenir comme tu peux. ce n'est pas grand chose, mais t'espères que ça fera tout de même l'affaire. tes yeux s'attardent sur le bandage de fortune quelques secondes, avant de remonter se plonger dans ceux de nolan. il replace une mèche de tes cheveux avant de glisser sa main sur ta joue. ça te fait du bien, mine de rien. t'as toujours donné une certaine importance aux petites choses de la vie. cet échange pouvant paraître insignifiant en est la preuve. ça te sert une fois de plus le coeur. tu ne saurais dire comment c'est arrivé, mais te voilà éperdument éprise de ce jeune homme. un amour impossible. un amour tragique. même pas commencé, que c'est déjà terminé. thank you. tu ne veux pas qu'il te remercie, mais tu ne dis rien. tu ne veux pas argumenter, perdre plus de temps. tout ce que t'aimerais c'est rester à ses côtés. tu sais que ce n'est pas possible, cependant. doucement, tu t'écartes et t'allonges. t'as envie de crier, de pleurer. alors tu te recroquevilles simplement sur toi-même. t'as l'impression que ton coeur va exploser et que ton corps va te lâcher. tu fermes les yeux, dans l'espoir que cette fatigue s'atténue un peu. tu ne te voiles pas la face, cependant. i'm gonna get us some water. t'as envie de l'accompagner, de ne pas le lâcher d'une semelle en réalité. vous ne vous êtes pas séparés une seule seconde depuis ce fameux moment où vous avez fuis tous les deux. où il a fuit avec toi. où il a laissé tomber tous ses avantages pour toi, la petite tribut du quatre. tout c'est passé si vite ce jour là, que tu t'es souvent demandée s'il ne regrettait pas. s'il pensait avoir pris la bonne décision, sur ce qui semblait être un coup de tête. t'es reconnaissante, réellement reconnaissante. mais il est temps que ça se termine. il est enfin tant qu'il gagne ces jeux, comme il est prévu. avec toi à ses côtés, c'est simplement impossible. alors tu vois là une opportunité de t'effacer. ça te fait un peu peur, peur de le laisser. le baiser qu'il dépose sur ta tempe te soulage un peu. un dernier contact, comme un au-revoir. il ne le sait pas encore et tu ne sais pas vraiment comment il va réagir, mais tu sais qu'il finira par comprendre. vous savez tous les deux comment ça doit se terminer de toute façon. t'attends quelques secondes après son départ pour lui laisser un peu d'avance. puis tu te lèves, et sors de ton abri. t'observes les alentours, afin de pouvoir t’éclipser sans l'alerter. tu te mets ensuite en route, essayant de faire le moins de bruit possible. t'as pris soin de tout laisser derrière toi. tu n'auras besoin de rien, contrairement à lui. t'as simplement gardé ta dague, qui ne te quitte jamais. tu t'enfonces dans la forêt, un peu par hasard. tu n'as pas de plan, rien. tu ne peux pas réfléchir correctement. tes idées, sentiments se bousculent. plus t'avances à travers ces bois, plus la rage t'envahie. si t'avais les concepteurs en face de toi, tu pourrais tous les tuer de sang froid, et à mains nues.

Nolan ne s'attarde pas très longtemps près de la rivière, se sentant bien trop vulnérable sans la végétation pour le camoufler et l'obscurité de la cavité rocheuse pour l'abriter. Son estomac se tord,  tandis qu'il remplit la dernière gourde. Il a faim et il ne peut plus l'ignorer. Si l'adrénaline, puis la douleur l'ont empêché de penser à tout ça, son corps le rappelle à l'ordre désormais. Il a besoin de toutes ses forces avant le grand final, comme ils l'appellent. Ça lui arrache un sourire amer, comme si tout ça n'était qu'un grand spectacle et leurs morts le divertissement. Et au final, c'est ça. Juste un programme télévisé pour les habitants du Capitole, pour les sortir de leurs existences dorées et monotones l'espace de quelques semaines dans l'année. Il a envie de les insulter, tous. De lever son majeur, de le pointer vers les caméras qui sont certainement en train de l'épier. Mais il ne fait rien, il est bien trop lâche. Un soupir quitte ses lèvres tandis qu'il se redresse, les gourdes en main. Prudemment, non sans avoir observé la lisière des arbres à plusieurs reprises, il décide de s'aventurer un peu dans la forêt afin d'y cueillir quelques plantes, fruits, qu'ils pourraient manger.  Sa cueillette n'est pas très fructueuse, mais elle suffira à les caler tous les deux. Il n'a pas envie de s'aventurer plus loin pour chasser, il n'en a plus la force. Ses pas le mènent à nouveau jusqu'à la petite caverne où il a trouvé refuge un peu plus tôt avec Nerys. « I found some berries and... » Les mots meurent sur ses lèvres tandis que ses yeux s'habituent à l'obscurité ambiante. Son visage se crispe alors qu'il scanne la cavité à la recherche de l'adolescente. Nolan s'empresse de poser tout ce qu'il a dans les mains, de vérifier à plusieurs reprises les quatre coins de l'endroit - inutile, tellement la caverne est petite. Il n'y a pas de méprise possible, elle n'est plus là. Le sang ne fait qu'un tour dans ses veines tandis qu'il se précipite à l'extérieur, cherchant des yeux un potentiel piège, du sang, un autre tribut. Mais rien. Il tend l'oreille, près à entendre des cris, des bruits de luttes, mais seule sa respiration frénétique fait écho à son désespoir. Peut-être qu'on les a trouvé, qu'un tribut l'a pris par surprise tandis qu'elle était seule et vulnérable. Mais il a trop de mal à y croire, trop de mal à imaginer qu'elle n'ait montré aucune résistance. Pourquoi est-ce que le tribut l'aurait emmené, au lieu de la tuer sur place? Le message aurait été clair, pourtant. Non, rien de tout ça n'a de sens. Ça n'est pas logique. Et au fond de lui, Nolan sait. Il n'a pas besoin de preuve, pas besoin d'évidence, de mots. Bientôt le déni le quitte et la vérité le frappe de plein fouet. Elle est partie. Hésitant, il fait quelques pas en arrière, pour se retrouver à nouveau à l'abri, dans la caverne. Il se laisse tomber sur le sol froid, le regard vide. En quelques secondes, il redevient l'enfant naïf, l'enfant perdu qu'il était autrefois. Il a envie de pleurer. Une boule se forme dans sa gorge et il serre les dents pour refouler ses émotions. Il n'est pas un guerrier, pas une machine à tuer. Juste un adolescent de dix-huit ans, embarqué dans un jeu pervers, ayant trouvé une âme sur qui s'appuyer. Il se sent abandonné, vulnérable. Et c'est tellement stupide. Il le savait, il l'a toujours su. Ils allaient être amenés à se quitter, tôt ou tard. Une séparation définitive, de toute façon. Pourtant, l'espoir n'avait pas quitté son cœur. Un espoir impossible, une simple utopie, mais le rêve d'un enfant. Sortir d'ici tous les deux, avoir une vie normale (comme si ceci était possible après ce qu'ils avaient vécu). Et en quelques minutes, voilà qu'on lui envoie la réalité en plein visage. Il l'a perdu, il ne la reverra plus. Il lui en veut d'être partie comme ça, sans lui laisser l'occasion de lui dire adieu. Comme si ça aurait changé quelque chose, comme si la séparation aurait été plus simple. Tout a un goût d'inachevé, désormais. Il aurait aimé pouvoir lui dire plus de choses, pouvoir partager ce qu'il a sur le cœur. Il ne l'aurait probablement pas fait, le lâche, mais au moins il en aurait eu l'occasion, une dernière fois. Pouvoir poser ses yeux sur son visage, caresser sa joue, goûter à ses lèvres. Il aurait réussi à lui faire comprendre tout ce qu'il ne savait pas dire par un simple regard. Ils n'avaient pas besoin de parler, de toute façon. Mais il n'en aura plus l'occasion. Et au fond, Nolan espère ne pas la revoir. Car ça signifierait devoir la tuer, et il n'en a pas envie. Le jeune homme lance un regard autour de lui, elle a tout laissé. Elle n'a rien pris, aucune affaire. Elle veut lui laisser le plus de chance possible. Il secoue doucement la tête, jette un œil aux gourdes et aux baies. Il n'a même plus faim, toute cette histoire lui a coupé l'appétit. Doucement il se laisse aller, se couche sur le sol dur. Il n'a que ça à faire. Il n'a pas envie de bouger, pas envie que ça se termine. Au fond, il appréhende. Il veut en avoir fini, mais ça signifie laisser tout ce qu'il a vécu ici derrière lui. Laisser Nerys derrière lui. Et ça, ça lui est impossible.

perdue, tu l'es. au sens propre comme imagé. tes pas te guident, mais tu ne sais où. tu ne vois rien. t'as beau t'être habituée à l'obscurité, ce sont les larmes qui ont remplacé cette gêne. les yeux remplies de larmes, le coeur remplie de haine. d'amour. tu savais que ça allait être dur, mais tu ne t'étais pas imaginé ça. t'en viens à souhaiter être morte le jour où les carrières te sont tombés dessus. tu n'aurais pas vécu tout ça. tu n'aurais pas eu le temps de développer de sentiments. tu n'aurais pas eu à quitter la seule personne qui ne t'ai jamais donner l'impression d'être assez bien, de compter réellement. non. ça en valait la peine. peu importe à quel point ton coeur est lourd, tu as enfin trouvé ce que tu cherchais. quelqu'un. tu te sentais vide jusqu'à ce que tu le rencontres. tu ne pensais pas que la vie était précieuse. pas la tienne, en tout cas. nolan a tout remis en question. et même si tu commences à ressentir ce vide à nouveau, tu ne pourras pas retomber aussi bas. pas avec nolan dans ton coeur. d'un revers de la main, tu chasses tes larmes naissantes. ça en valait pas la peine. il va vivre. ça en vaut la peine. tu t'accroches à cette idée qui ne t'a en réalité jamais vraiment quitté. il va vivre. ça te donne un peu de courage, de force. malgré la fatigue toujours autant présente, tu continues de marcher. tu ne sais toujours pas où, mais tu ne veux pas prendre la peine de te poser. tu ne veux pas prendre le risque d'être vulnérable. tu te dis que debout, tu auras quelques secondes pour te préparer à te battre en cas de besoin. tu veux vivre jusqu'au dernier coup de canon. le coup de canon qui annoncera la mort du dernier tribut. qui annoncera la tienne, par la même occasion. tout est déjà prévu. c'est ton seul plan. attendre ce son qui te donnera le feu vert. c'est assez rudimentaire, mais les choses doivent se passer ainsi. tu ne vois pas d'autre solution possible. tu ne veux même pas l'imaginer. et même si tu voulais, tu ne pourrais pas. t'es restée focalisée sur ça, depuis le début. en ce qui concerne la victoire de nolan, du moins. ta mort, ce ne fut qu'après. en réalité, tu n'y avais pas prêté autant d'attention. tu te fichais un peu de savoir comment ou quand ta fin viendrait. ça n'avait pas d'importance à tes yeux. un craquement te fait sursauter, te sortant de tes pensées. tu baisses les yeux pour te rendre compte que tu vient de marcher sur une branche. ce bruit vient de toi-même, tu n'as rien à craindre. pourtant, ton coeur bat la chamade. t'étais tellement obnubilée par tous ces sentiments se bousculant que tu ne t'ai pas rendu compte que l'un d'eux était plus présent que les autres. la peur. ce sentiment étrange que tu n'as pas l'habitude de faire face. pas grand chose ne te fait peur et pourtant, t'es apeurée. tu ne saurais dire pourquoi exactement. ou peut-être que si, au fond. plus les secondes passent et plus t'en viens à douter. ce que tu refusais d'imaginer jusqu'ici. le déni te quitte peu à peu. ça te glace le sang. tu ne peux t'en empêcher. t'as froid, tu trembles. ton coeur accélère encore. les larmes refont surface. tu veux retourner auprès de nolan. t'as envie de prendre tes jambes à ton cou et courir, courir. retourner le voir et lui sauter dessus. le serrer si fort et ne plus jamais le lâcher. la culpabilité te monte à la tête. tu t'en veux d'être partie ainsi. tu restes persuadée que c'était la meilleure solution, mais t'aimerais tout de même t'excuser. lui dire à quel point t'es désolée et ne plus jamais le quitter. ce n'est pas dans tes habitudes d'abandonner les autres. ayant toi-même une peur chronique de te retrouver sans personne, tu ne souhaites pas infliger ça aux autres. c'est pourtant ce que tu viens de faire. tu regardes autour de toi, à la recherche de quelque chose. tu mets quelques secondes avant de réaliser que c'est de l'air que tu souhaites trouver. tu n'arrives plus à respirer correctement. et plus la respiration se fait dure, plus tu paniques, ce qui n'arrange pas les choses. les secondes te semblent encore plus longues qu'elles ne l'étaient jusqu'ici. tu ne pensais pas que ça pourrait être possible. t'as l'impression d'être seule dans ces bois depuis une éternité - et accessoirement de perdre la tête. mais soudain, quelque chose te sort de cet état. tu manques de tomber, trébucher. tu te retournes furtivement, prête à agir. comme si la réalité venait de refaire surface en un dixième de seconde. rien. t'es toujours aussi seule. tu penses perdre définitivement la tête. mais avant que tu ne te relâches, tu te rends compte de quelque chose. le champs de force se resserre sur lui-même. pas ça. tu sais ce que ça signifie. la fin est là, proche. tu peux la sentir, comme jamais. ils vous envoient tous les trois au même endroit. ils vous envoient vous entre-tuer. ils t'envoient auprès de nolan. et peu importe à quel point tu te faisais violence jusqu'ici, tu te mets à courir. courir vers le centre, courir vers lui.

C'est un bruit sourd qui le réveille et qui alerte ses sens. Nolan se redresse rapidement, ses muscles endoloris par le mauvais traitement qu'ils ont subi ces derniers jours. Le sol dur et froid de la cavité n'arrange rien. Le sorcier est incapable de dire combien de temps il s'est assoupi. Quelques minutes, tout au plus, car la luminosité n'a pas trop changé à l'extérieur. Attrapant sa lance à proximité de lui, l'adolescent avance d'un pas lent vers la sortie de la caverne, à la recherche de la source de ce bruit. Il a un très mauvais pressentiment, pourtant il est incapable de mettre le doigt dessus avec précision. Quelque chose ne va pas, dehors. L'orée de la forêt, en face de lui, a l'air bien trop calme, sans vie. Le blond balaye le paysage des yeux, à l'affût du moindre détail qui pourrait le mettre sur la piste. Peut-être que c'est elle, qu'elle est revenue pour lui. Un sourire amer se niche sur son visage, alors qu'il se rappelle du visage de la brune. Bien sûr que non, elle est partie. Elle ne va pas revenir sur ces pas alors que la séparation est inévitable. Revenant à ses esprits, Nolan tend l'oreille, attentif à chaque bruit qui l'entoure. D'abord, il n'y a que le clapotis de l'eau qui lui arrive à l'oreille, bientôt suivi par un bourdonnement étrangement familier, quasiment inaudible. L'adolescent fronce les sourcils, alors que le sentiment de malaise se renforce un peu plus en son cœur. Son regard suit la trajectoire d'un oiseau en vol, tandis que ce dernier semble se heurter à un obstacle invisible, avant de tomber au sol, comme paralysé par un choc électrique. Alors tout ça s'assemble dans sa tête, et c'est l'oscillation (merci laura bby, jtm keur keur xoxo) du champ de force qui attire son regard qui achève de le mettre en alerte. Le champ de force, il n'est pas censé se trouver là. Son sixième sens lui crie de courir, de s'enfuir loin de ça, tandis que le bourdonnement devient plus présent à chaque seconde qui passe. Alors il le fait, il resserre sa prise sur son arme et réunit toutes ses forces pour prendre la fuite. C'est la fin, il le sait. C'est l'invention des concepteurs pour les réunir au centre de l'arène, pour assurer le spectacle final. Ils veulent du sang, ils veulent des morts incroyables. Le gagnant doit le mériter, comme si tout ce qu'ils ont fait jusqu'ici n'était pas suffisant. Le coeur de Nolan se serre dans sa poitrine, tandis qu'il se concentre pour ne pas trébucher sur le sol irrégulier. Il va la revoir. Il ne devrait pas vouloir la revoir. D'une certaine façon, tout serait plus simple si elle était déjà morte, mais il n'a pas entendu le canon. Il ne veut pas avoir à la tuer de ses propres mains et paradoxalement, il a envie de revoir son visage une dernière fois. C'est tellement stupide. Sa course se fait plus lente tandis qu'il débouche sur la clairière abritant la corne d'abondance. Ses yeux balayent l'endroit, à la recherche d'une présence humaine. Personne. Pourtant, il ne se détend pas, il ne peut pas le faire. Ses jointures sont pâles, sa poigne toujours aussi insistante sur sa lance. Il a tout laissé derrière lui, sauf son arme. Proche de la corne, il s'arrête net et fait volte-face, pointant la flèche vers l'adolescente en face de lui. Un sourire éclaire le visage de la brune. « Here we are again. » Il n'abaisse pas son arme, garde ses yeux fixés sur la jeune fille. Son visage est fermé, ses mâchoires crispées. « Where is your girlfriend? » Bien sûr qu'elle est toujours là. Clarissa. Sa coéquipière du district un. Il le savait, elle a toujours été l'une des meilleures. Et voilà qu'il se retrouve en face d'elle, après les avoir trahi, elle et les autres carrières, quelques jours plus tôt. Il distingue dans ses yeux tous le mépris qu'elle lui destine. « Where are your friends? Did you killed them yourself? » Nolan la jauge du regard. Si sa remarque n'est qu'une provocation, il sait que c'est peut-être vrai. L'un doit bien trahir les autres, à un moment donné. Il s'en fiche, en vérité. Il ne veut pas en savoir plus. Il veut juste en finir, avec elle, avec ce jeu, avec tout. Et ce sentiment semble partagé, puisque les deux se lancent l'un contre l'autre au même moment. Les lames se croisent, dans une danse mortelle. L'adolescent se concentre, ne faisant même pas attention à la silhouette qui vient d'apparaître dans la clairière. Une première blessure à la jambe lui arrache une grimace. Il profite de la proximité de son adversaire pour lui planter un poignard dans l'épaule. Elle pousse un gémissement, mais ne faiblit pas, attrapant un petit poignard courbé pour lui entailler le visage. Sa vision se teinte d'un voile rouge, alors que le sang chaud coule sur sa joue.

tu n'as pas besoin de réfléchir pour que tes pas te guident. tu sais. tu sais où ils vous envoient. le grand final est là, si proche. ça te laisse un arrière goût amer au fond de la gorge. un goût d’inachevé. t'espérais que les choses se passent autrement, au fond. qu'ils te laissent décider toi-même de ta fin. tu pensais échapper à tout ça. tu ne veux pas. tu ne veux pas te retrouver face à nolan. mais ton cerveau à beau te le hurler, ton coeur n'écoute pas. et puis, ce n'est pas comme si tu avais le choix. l'aventure défile devant tes yeux durant cette course effrénée. votre fuite, les morts, vos moments partagés. ces instants là, plus que les autres. les mains qui s’effleurent, les regards protecteurs. votre baiser qui n'aura duré que quelques secondes. ça te tord les tripes. une fois de plus, t'as envie de crier. vider tes poumons. extérioriser cette rage qui bouillonne en toi. tu te demandes comment une idée aussi tordue peut sortir de la tête que quelqu'un. envoyons des enfants s'entre-tuer dans une arène, filmons ça pour divertir le capitole. divertir. ils se sont surement délectés de votre pathétique petite histoire. ils se sont probablement moqués de ces adolescents qui ne connaissent rien à la vie. stupides au point de se laisser aller au rythme de leurs sentiments. mais vous n'êtes que des enfants, au fond. des enfants perdus, brisés. des enfants ayant finalement trouvés un brin de réconfort, d'espoir. vous auriez pu devenir quelque chose, quelque chose de beau. après tout, t'es prête à te sacrifier pour nolan. t'es prête à mourir pour qu'il vive. ils ne peuvent pas comprendre, au capitole. ils ne réaliserons jamais que leur gagnant est beaucoup plus que ça. ils ne le verrons jamais comme toi tu le vois. ça te dégoûte de savoir qu'il ne sera pas apprécié à ça juste valeur. dear president, i could kill you even if it kills me. c'est ce qu'il voulait, cette victoire. tu respectes, mais t'espères tellement plus pour lui. il mérite tellement plus. les voix lointaines te ramènent à la réalité. t'es enfin arrivée là où tout à commencé, là où tout va se terminer. tu les vois, si loin mais proches à la fois. la peur te paralyse l'instant de quelques secondes. il n'en faut pas plus. tout se passe tellement vite. les coups s’enchaînent avec une telle rapidité. tu ne comprends pas tout de suite et lorsque tu réalises enfin, il est déjà trop tard. nooooo, cris-tu à pleins poumons. un cris qui vient du coeur, qui t'arrache la gorge. l'adolescente - qui te faisait dos jusqu'ici - a à peine le temps de se tourner vers toi que ta dague est déjà lancée. elle atterrit droit dans sa poitrine. elle ne réalise pas tout de suite, à en juger son expression. pourtant elle sait. la dague d'un sorcier ne laisse aucune chance. avant même qu'elle n'ait eu le temps de la retirer, elle tombe au sol. ça aurait été inutile, de toute façon. elle est morte. pas encore, mais c'est une question de secondes. t'es toi-même surprise de la facilité déconcertante avec laquelle tu l'as eu. mais même si vous aviez dû vous battre pendant des heures, le résultat aurait probablement été le même. elle s'en ait prise à nolan. celui qui ta sauvé, des autres carrières mais également de toi-même. tu ne l'aurais pas laissé s'en tirer comme ça. jamais. ton coeur bat à tout rompre. l'adrénaline coule dans l'intégralité de ton corps. et tu cours, encore. tu te laisses littéralement tomber aux côtés de nolan, qui s'est également retrouvé à terre. les larmes brouillent déjà ta vision. tu voudrais le prendre dans tes bras, lui dire que tout va bien se passer. tes gestes se font hésitants. tu ne souhaites pas lui faire mal. dévastée par la simple idée qu'il soit blessé, tu ne veux pas croire que ça se passe ainsi. il va vivre.

Les mouvements sont brusques, saccadés, bien moins précis qu'au début de leur combat. Mais ils ne cessent pas de se rendre coup pour coup, chacun refusant de plier le premier. Nolan ne rêve que d'une chose, de voir sa lance transpercer le corps de l'adolescente, pour marquer la fin de toute cette mascarade. Il n'en peut plus, il est épuisé. Chaque muscle de son corps crie à l'agonie, tandis qu'il tire toujours un peu plus sur la corde, repoussant la limite que son être lui impose. Mais bientôt, tout ça n'est plus suffisant. Son arme ouvre une profonde entaille sur le flanc de Clarissa, tandis qu'elle en profite pour planter son tachi dans l'abdomen de l'adolescent. Ça lui coupe le souffle, l'espace de quelques secondes. Ses iris sont fixés sur le visage de la jeune fille,  ses traits déformés par la douleur. Le cri de Nerys ne parvient pas jusqu'à ses oreilles, mais il suffit à alarmer la tribut du district un qui s'empresse de retirer son arme du corps du blond pour faire volte-face. Ce geste arrache un gémissement à Nolan qui lâche sa lance avant de tomber à terre, incapable de tenir sur ses jambes. Sa main tremblante effleure la plaie béante, revient tâchée de sang. Il n'a pas besoin de voir pour savoir que la blessure n'est pas belle. L'odeur âcre du sang envahie ses narines. Son sang. Son hémoglobine qui imbibe la terre, qui rejoint son père. Son souffle se fait erratique, tandis que la douleur lui tord le cœur, lui donne la nausée. Le visage de Nerys apparaît dans son champ de vision et ça lui redonne le sourire. Un sourire faible, qui éclaire à peine son visage, mais un sourire sincère. Ses yeux détaillent chaque centimètre du visage de la jeune fille, pour en mémoriser chaque partielle. Il ne veut rien oublier de son sourire si communicatif, de son nez fin, de ses pommettes  et de ses grands yeux, bien trop expressifs. Il déteste ce qu'il y voit, en ce moment même. La tristesse, le désespoir. Les larmes qui menacent de tomber sur ses joues. C'est sa faute. Leur faute. Il déteste le Capitole, pour lui infliger ça, à elle. Au final, cette situation est bien trop risible. Il aurait dû s'en douter depuis le début, lorsqu'il l'a vu. Il a été attiré par elle car il savait, il refusait juste de l'admettre. Mais aujourd'hui, tout ça s'impose à lui comme une évidence : elle a toujours été destinée à gagner ces Jeux. Il s'en est juste rendu compte trop tard. La main du jeune homme se tend vers son alliée, pour l'attirer un peu plus vers lui. Ça lui arrache une grimace, mais il s'en moque. Sa main vient trouver celle de l'adolescente. Il la serre, avec toute la force qu'il lui reste. Elle doit savoir qu'elle n'est pas seule, qu'elle mérite tout ceci. Elle ne doit pas culpabiliser, pas se rendre malade. Il faut qu'elle vive. Pour lui, pour elle, pour eux. Qu'elle ait une belle vie, longue et épanouie. Qu'elle la trouve, la vraie vie des vainqueurs. Lui ne le pourra pas. Son regard se fait insistant, toute comme la pression qu'il exerce sur sa paume. Elle doit comprendre. « Promise me. » Il a besoin qu'elle se batte, besoin qu'elle affiche un sourire face à toutes ces pourritures du Capitole. Il veut qu'elle les défie, avec la  tête haute et son regard de braise. Qu'elle leur montre qu'ils ne l'ont pas brisé et qu'ils ne le feront jamais. Qu'ils n'ont pas ce pouvoir sur elle. Nolan a besoin de lui dire tellement de choses, mais il sait qu'il n'en est pas capable. Les mots refusent de se former sur ses lèvres, sa gorge est bien trop serrée. Alors il espère tout simplement qu'elle a compris tout ce qu'il attend d'elle, comme elle a toujours su le faire dans les Jeux. Doucement il l'attire contre lui, ignorant la douleur qui paralyse tout son corps. Les lèvres de l'adolescente se posent sur les siennes et le temps d'un instant, il oublie tout. Il oublie l'hémorragie, il oublie les Jeux, il oublie le Capitole, il oublie leur condition pour ne garder que le contact de leurs bouches. Ils ne sont plus que deux adolescents, amoureux l'un de l'autre. Il imagine la vie qu'ils auraient pu avoir, s'ils n'avaient pas été Nolan et Nerys, les tributs des district un et quatre. S'ils n'étaient pas nés dans un monde où leur mort seraient vues comme un sport. Peut-être, dans un autre univers, auraient-ils pu s'aimer. Ça aurait donné quelque chose de beau, il en est sûr. C'est le goût salé des lèvres de la brune qui le ramène à cette douloureuse réalité. Ses larmes, qui meurent sur les lèvres du blond. Ses joues sont mouillées, à lui-aussi. Il ne s'en est même pas rendu compte, mais ses larmes se sont mêlées au sang et à la poussière sur son visage.  « Live, for both of us. » Chaque mot qui franchit ses lèvres est une torture pour Nolan. Sa voix est rauque, faible. Bientôt tout son corps est secoué de tremblements. Il frissonne, il a froid. Sa peau est pâle, son front en sueur.  Mais il refuse de lâcher prise, il refuse de la quitter. C'est stupide, de se battre pour une cause perdue, pour une utopie qu'ils ne pourront jamais avoir. Et pourtant, il le fait, elle aussi. S'il n'a jamais connu l'amour avant de venir ici, aujourd'hui il peut affirmer que c'est le cas. Il n'a jamais ressenti de sentiments plus purs, plus destructeurs. Une passion qui prend aux tripes, qui donne une raison d'avancer. L'adolescent a toujours été dubitatif sur les sentiments amoureux, sur les relations en elle-même. Il n'a jamais vraiment été convaincu par l'amour, une illusion inventée par les hommes pour combler leur solitude, à ses yeux. Ça le ferait presque sourire, la stupidité dont il a fait preuve durant toutes ces années. Il l'aime et il espère qu'elle le sait. C'est même plus que de l'amour, il a trouvé son âme sœur. Ses mots se heurtent à la barrière que son propre corps créé. Il persiste, insiste, mais n'arrive plus à formuler de phrase. Nerys lui fait signe de se taire, tandis qu'un sanglot lui échappe. Sa main libre caresse son visage, tandis que bientôt la vision de Nolan commence à se flouter. Il lutte, mais rien n'y fait. La tête lui tourne, ses paupières sont lourdes. Il n'est plus capable que de se concentrer sur les doigts de la jeune fille sur sa peau. On dit qu'avant de mourir, les souvenirs de notre vie nous revienne. Comme la bande d'un film qui se joue devant nos yeux, qui nous montre nos meilleurs moments. Nolan ne vit rien de tout ça. La seule image qui s'impose à lui est celle de Nerys, souriante et heureuse. Puis le noir complet.

When he died, all things soft and beautiful and bright would be buried with him.

tes yeux brillants fixent la blessure de nolan. celle-ci n'indique rien de bon. pourtant, tu ne veux pas faire face à cette terrible réalité. il va vivre. t'en as besoin, plus que n'importe quoi d'autre. même si ça doit signifier ta propre mort, peu importe. tu ne peux pas concevoir un monde dans lequel il n'existerait pas. ça t'est tout bonnement impossible. pourtant, tu ne peux pas faire grand chose. t'as beau être une sorcière, tu n'es pas une guérisseuse. sa blessure n'est vraiment pas belle, trop de sang. l'odeur te monte aux narines. ça te donnerait presque envie de vomir. ou peut-être est-ce le mélange de sentiments, bien trop intenses. ou encore le déni qui te quitte peu à peu, souhaitant s'évacuer. tu ne veux pas, mais la triste vérité te rattrape. tes yeux se déplacent jusqu'à son visage, lui aussi couvert de sang. il peut à peine bouger. chaque mouvement lui extirpe une grimace. tu ne peux pas le supporter. t'as beau avoir tué clarissa, ça n'est pas suffisant. elle n'est pas la seule responsable. il y a des tas de personnes derrière tout ça. chacune d'entres-elles mérite la mort. on ne touche pas aux personnes auxquelles tu tiens. on ne touche pas à nolan. tu te sens impuissante. impuissante face à toute cette situation. tu te penches un peu plus vers lui. il en a beosin. t'en as besoin. sa main attrape la tienne avant d’exercer une pression. au fond, tu sais déjà. il n'a pas besoin d'ouvrir la bouche pour que tu comprennes. tu n'es juste pas prête. tu n'es qu'une adolescente de dix-sept ans. tu n'es pas censée affronter la mort. tu n'es pas censée te retrouver dans une telle situation. promise me. ses mots te frappent, comme une gifle en pleine figure. il ne veut pas que tu te laisses aller. il veut que tu sois forte. pour lui, mais surtout pour toi-même. même si cette pensée te semble incohérente, tu peux comprendre. t'aurais souhaité la même chose. tu lui as dit, d'ailleurs. tu lui as dit de trouver le bonheur, la paix. mais surtout l'amour. tu ne veux pas qu'il se retrouve seul. il a beau être un garçon solitaire, il mérite tout de même quelqu'un à ses côtés. personne ne devrait être seul. alors, naturellement, c'est à son tour de te faire part de ses espérances à ton égare. tu secoues la tête, sans même y réfléchir. no.. no no no. look, they probably can do something for you. they must have a healer, or anyone who can helps you. you can't die, nolan. you won! they need their winner. you did it! you just need to be strong a little longer. i know you can do it. le désespoir résonne dans ta voix. et peu à peu, c'est la culpabilité qui apparaît. tu ne veux pas être la gagnante. tu n'as jamais souhaité cette vie. lui, si. et pourtant, c'est nolan qui est entrain de s'éteindre, dans tes bras impuissants. le goût amer de l'injustice te serre la gorge. il a grandi dans cette optique. il a grandi avec l'idée qu'il gagnera les jeux, un jour. il aurait pu vivre une vie banale, mais il a fallut qu'il se porte volontaire. tu ne peux pas le blâmer, en soit. il est allé au devant de ce qu'il désirait le plus. et toi, tu n'as fait que le distraire. la petite tribut du quatre. celle qui a affiché un sourire moqueur à l'entente de son nom. celle qui a joué pendant les entraînements. celle qui n'a pas prit les choses au sérieux. douce ironie. alors oui, tu te sens coupable. au fond, tu te dis que les choses se serraient passées autrement si tu n'avais pas attiré son attention, avant l'arène. si tu n'avais pas délibérément lancé un couteau sur sa cible. cible sur laquelle il semblait si concentré. si tu ne l'avais pas regardé avec ton doux regard et ton sourire charmeur. ce n'était pas ce que tu cherchais. à vrai dire, tu ne sais même pas pourquoi t'as fait ça, ce jour là. tu t'es laissée guider par ton instinct, une fois de plus. tu t'es laissée attirer par la force qui se dégageait de ce tout jeune homme. et inconsciemment, tu l'as mené à sa propre perte. les larmes grossissent alors que tu te penches, attirée une fois de plus par ton partenaire. instinctivement, tes lèvres se posent sur les siennes. ses douces lèvres que t'aurais aimé goûter plus souvent. celles qui t'ont redonné de l'espoir, précédemment. ça ne marche pas cette fois-ci. tu ne peux pas faire taire cette voix - cette douleur - qui te crie que t'es la responsable. t'as beau avoir fermé les yeux, ça n'empêche pas les perles salées de couler, désormais. tu ne peux plus te retenir, tu craques. live, for both of us. le son de sa voix est loin d'être rassurante. ces mots démontrent sa résignation, et son corps semble suivre. il est faible. tu ne pensais jamais le voir dans un état pareil, toi qui l'a mis sur un piédestal à la seconde où tu l'as vu. ton admiration pour lui n'a cessé de grandir, jour après jours. peu importe ce qu'il pouvait faire, t'étais là, à le supporter. malgré le sang qu'il a fait couler à plusieurs reprises - ce qui n'était pas la première fois - t'as continuer à penser que son âme était belle. personne ne peut comprendre. tu ne pourrais expliquer. c'est nolan, c'est tout ce que tu peux dire. t'aurais tant aimé que votre rencontre se fasse dans d'autres circonstances. t'aurais tant aimé avoir le temps. le temps d'avoir la personne qui t'est destinée à tes côtés. how rare and beautiful it is, to even exist. la vie est courte, mais on imagine jamais à quel point. don't leave me. i need you. what am i supposed to do now? i'm so sorry. désolée de l'avoir entraîné avec toi. désolée de l'avoir laissé seul. désolée de ne pas être arrivée assez vite. désolée de ne pas l'avoir sauvé, alors que lui l'a fait de plus d'une manière. comment est-on censé survivre à ça? comment est-on censé continuer à vivre après avoir perdu une partie de soit-même? tu le sais, une partie de toi partira avec lui. tu ne peux plus retourner en arrière. pas après avoir finalement goûté à la paix, toi qui avait constamment l'impression qu'une guerre se déroulait dans ton coeur, ton être. tes yeux se plongent dans les siens. il lutte, ça te brise. alors, timidement, tu hoches la tête, comme pour lui donner la permission. tu ne peux retenir le sanglot qui t'échappe, alors que tu viens caresser la joue de l'adolescent. tu n'es définitivement pas prête à affronter ça, mais tu ne peux être égoïste plus longtemps. il mérite la paix, lui aussi. you are loved.. t'as besoin qu'il l'entende, avant de rendre son dernier souffle. t'as besoin qu'il sache qu'il a compté, qu'il ne part pas seul. tu poses la tête sur son torse et pleure, comme une enfant que tu es. ta main ne quitte pas sa joue, cependant. tu ne peux pas le lâcher, plus maintenant. t'as déjà fait cette erreur auparavant. bientôt, son torse ne bouge plus au rythme de sa respiration, son coeur s’éteint. tu fermes les yeux, ça te paralyse. il n'est plus là. t'as perdu ton sauveur, ton allié. et étrangement, les larmes se font moins nombreuses. comme si un vide se créait doucement en toi. un trou béant que personne ne pourra jamais combler. tu ne sais pas combien de temps tu restes là, inerte. ce sont les canons qui te réveillent soudainement. deux coups. les deux derniers, annonçant ta victoire. tu te relèves légèrement, juste assez pour regarder le corps sans vie de nolan. tu déposes tes lèvres sur les siennes une fois de plus. un baiser chaste, un baiser froid. tu ne t'en es pas rendue compte avant, mais la chaleur a déjà quitté son corps. la colère envahit tout ton être. elle ne fait qu'un tour. ils ne vont pas tarder à arriver, te sortir de là. alors tu te lèves, difficilement. t'as l'impression que tes jambes vont de lâcher. la fatigue. mais tu luttes. tu dois être forte. tu te diriges ensuite vers le corps de clarissa et y récupère ta dague, toujours plongée dans la poitrine de l'adolescente. tu te redresses ensuite à nouveau, la tête haute. le regard noir, tu les défis. tu ne sais pas où se trouvent les caméras exactement, mais elles sont forcément braquées sur toi. ils te regardent, tous. le capitole voulait un vainqueur, qu'ils se débrouillent avec celui-là. tu resserres l'emprise que t'as sur ta dague. t'es prête. au fond, tu ne t'étais peut-être pas trompée. peut-être que nolan est bien le grand gagnant. il n'a peut-être pas été le dernier, mais il a gagné bien plus que ce que le capitole n'aurait jamais pu lui offrir. il a gagné une âme totalement dévouée à sa cause. ton regard se fait insistant, menaçant. et sans attendre une seconde de plus, avec un geste rapide mais précis, tu te tranches la gorge. tu lâches ta dague pour poser tes deux mains sur ton cou, en dessous de la blessure. plus par réflexe qu'autre chose, tu ne souhaites en aucun cas arrêter l'hémorragie naissante. la mort ne t'a jamais fait peur. celle des autres, oui. celle de nolan t'as terrorisé, brisé. mais en ce qui te concerne, tu n'as jamais pensé à ça comme à une fatalité. tu l'as défié plusieurs fois même, sans succès. tu penses que finalement, tu n'as jamais réussi avant parce que tu n'avais pas atteins ton but. voilà qui est fait. nolan. c'était lui, ça a toujours été lui. alors t'es ravie, au fond, de rejoindre ton père. tu sais qu'il te garde une place particulière, auprès de ton amour. votre père vous aime, il prendra soin de vous. il ne vous fera pas subir ce que ces ordures vous ont fait. il vous réunira dans de bonnes conditions. l'enfer est loin d'être un endroit horrible, comme tout le monde le pense. tu finis par tomber à terre. tu te rends compte que les larmes qui avaient cessées de couler ont finalement refait leur apparition. les yeux bouffies, brillants, tu regardes en face de toi. ta vision est déjà floue. le fait que tu ne te battes pas y est pour beaucoup. tu laisses la douce fin de bercer. after all, maybe life should be about more than just surviving.