identity card PRÉNOM(S) : un prénom aux consonances douces, qui glisse sur les lèvres. leith. c'est son originalité qui a d'abord séduit la mère du garçon. son désir de se démarquer des autres. car siobhan oswald ne fait rien comme tout le monde et elle aime le faire savoir. AGE : vingt-huit ans. né  à la fin du mois de janvier. des années vécu auprès d'une mère surprotectrice et d'un père absent, dans le doute et l'incompréhension. PROFESSION : ingénieur de la vision. il travaille pour la télévision irlandaise, à dublin. il est chargé de la réalisation, de l'élaboration, du montage d'émissions télévisées. il a toujours été intéressé par ce milieu, par les caméras et les logiciels de montage. STATUT SOCIAL : voilà des années que leith est amoureux d'une jeune femme et qu'il partage sa vie avec elle. iseult. tout était simple entre eux, comme une évidence, jusqu'à il y a peu. sa morsure a tout changé, a tout compliqué. aujourd'hui, il n'est plus sûr de grand chose. il sait qu'il l'aime, plus que tout, mais les récents événements ont affaibli leur couple, si bien que leith ne sait plus où il va. RACE : toute sa vie, il a vécu en tant que simple humain. mais depuis peu, tout a changé. voilà quelques mois qu'à chaque pleine lune, il revêt une apparence lupine, l'instinct animal s'emparant de lui. c'est un loup, et il a bien du mal à accepter cette nouvelle condition qui remet toute sa vie en question. NATIONALITÉ : c'est un irlandais, il est né ici et n'a que très rarement quitté sa terre natale. ORIGINES : irlandaises, mais également anglaises. plus précisément, sa mère vient du pays de galles et elle y est très attachée. FAMILLE : sa famille n'est pas conventionnelle, il l'a toujours compris. enfant, il vivait avec sa petite soeur et sa mère, qui les a élevé quasiment toute seule. son père faisait des apparitions, de temps en temps, et le garçon était bien trop jeune pour comprendre. ce père, il le considérait comme un héros. puis les choses ont changé. son père est venu vivre avec eux et un week-end sur deux, meabh les rejoignait. une demi-soeur, dont il n'avait pas connaissance jusqu'alors. il n'a compris la situation que bien plus tard, lorsqu'il a réalisé quel ordure son père était en réalité.

characterization il a passé les premières années de sa vie auprès de sa mère et de sa petite soeur. il se souvient encore des traditions qu'ils avaient, comme les crêpes du dimanche matin, la soirée film du vendredi et les nuits d'été à observer les étoiles depuis leur balcon. des souvenirs agréables, leith en a beaucoup. c'est en partie pour ça qu'il n'arrive pas vraiment à en vouloir à sa mère pour ses choix. car elle a toujours été une mère aimante et attentionnée. au contraire, sa relation est plus tendue avec son père. si plus jeune, leith le plaçait sur un piédestal, tout s'est écroulé depuis bien longtemps, quand il a enfin appris la vérité sur les agissements de son paternel. ça le dépasse, toute cette lâcheté. il s'est promis de ne jamais devenir comme lui. (+++) des enfants, il n'en voulait pas jusqu'à ce que ça devienne sérieux avec iseult. il ne s'était jamais imaginé avec une grande famille. non, il a suffisamment été écœuré par la sienne pour ne pas refaire les mêmes erreurs. mais isy y tient, à ce petit morceau d'eux deux. alors il a dit oui. il s'est habitué à l'idée, même. il s'est surpris à imaginer leur vie future. des enfants, une famille, il n'en veut avec personne d'autre qu'avec elle. (+++) leith, il a besoin de capturer les instants de sa vie. des photos, des vidéos, peu importe. il veut être capable, d'ici quelques années, de se souvenir de tout ça. alors il a des tiroirs entiers remplis de photos et un dossier qui déborde de vidéos sur son ordinateur. (+++) l'amour, il connaissait pas ça avant de rencontrer iseult. il allait, de bras en bras, sans vraiment se soucier du lendemain. pas de sentiments, pas d'attache. avec isy, ça s'est construit lentement, au fil des années. d'une amitié, ils sont passés à plus. c'était une évidence, leith ne s'est jamais questionné quand à ses sentiments envers la jeune femme. il savait, voilà tout. (+++) il fait de la poterie. c'est quelque chose qui l'apaise, qui lui permet d'exprimer son côté artistique. il a pris l'habitude d'offrir les vases et autres objets qu'il crée autour de lui. autant dire que ça ne fait pas toujours l'unanimité... (+++) c'est un grand enfant, toujours prêt à rire. ça exaspère iseult parfois, mais au fond c'est bien pour ça qu'elle l'aime. les enfants l'apprécient beaucoup du coup, lui qui a toujours le mot pour les faire rire. (+++) loup depuis peu, il n'a connu que quelques pleines lunes. il est incapable de se contrôler, sous sa forme de loup. alors il essaie d'aller dans des endroits déserts, pour ne blesser personne. malgré tout, la sensation qu'il ressent lorsqu'il est transformé est totalement grisante. il se surprend à aimer ça et ça le fait culpabiliser. il ne devrait pas aimer ce qui l'éloigne d'iseult. (+++) leith, c'est quelqu'un de bon, de gentil. il aime les gens, aime la compagnie. il est sociable, extraverti. c'est un homme doux, très tactile. joueur, taquin. (+++) mais c'est un homme jaloux et possessif. cette nouvelle condition de loup lui a fait découvrir des côtés de lui qu'il ne connaissait pas. plus bestial. il est irréfléchi, imprudent. il s'enferme parfois dans son mutisme, et peut se montrer négatif.

depuis quand habitez-vous à Glencullen ? Et pourquoi avoir choisi cette ville ? : leith est arrivé à glencullen il y a déjà sept ans. avec iseult, ils ont souhaité partir loin de leurs familles respectives dans lesquelles il ne se sentait pas à l'aise. leur choix s'est porté sur cette petite ville car la propre soeur de leith, ashling, était partie un peu plus tôt ici. le jeune homme a souhaité la retrouver, et faire ainsi d'une pierre deux coups. sa proximité avec dublin, une très grande ville, lui offre un très gros avantage. au final, glencullen est une bourgade sympathique, dont ils avaient tous besoin pour se sentir mieux. Avez-vous remarqué la présence de plusieurs créatures surnaturelles ? Croyez-vous en leur existence ? Si vous êtes vous-mêmes une de ces créatures, avez-vous conscience de la présence de chasseurs, ou vous pensez-vous plus fort qu'eux de toute manière ? : voilà des années que leith a conscience de l'existence de créatures surnaturelles. la première, c'était iseult. c'est elle qui lui a parlé de tout ça, parce qu'elle lui faisait confiance et qu'elle avait besoin de partager sa nature avec lui. il ne l'a jamais jugé pour ça. depuis, il sait qu'il existe des sorciers, des loups. au début, c'était difficile à accepter pour lui qui était une personne plutôt rationnelle. mais devant les évidences, il est impossible de fermer les yeux. depuis qu'il est lui-même devenu un loup, leith découvre ses créatures sous un autre angle, lui qui avait toujours ressenti un profond dégoût pour ses créatures de la nuit. Croyez-vous en l'existence de divinités quelconques ? Avez-vous une religion ? Si oui, laquelle ? La pratiquez-vous sur une base régulière, ou pas du tout ? : la mère de leith est catholique et son fils également. il a été élevé dans cette religion, il a été baptisé et a fait ses deux communions. dans la vie de tous les jours, il n'est pas un grand pratiquant. il ne va jamais à l'église, mais il se tourne souvent vers dieu lors de coups durs. d'une certaine façon, ça lui donne de l'espoir de se dire que quelqu'un, là-haut, veille sur lui. avec les récents événements, sa foi a été quelque peu ébranlée.

PSEUDO : flyingsquirrel. (et ici c'est nolan aussi ) PRENOM : maëlle. AGE : dix-neuf ans. COMMENTAIRE, SUGGESTION ? : restez comme vous êtes, c'est-à-dire perf. AVATAR : richard madden. GROUPE : wolves. PERSONNAGE : inventé, avec l'aide d'astrée chaton.

Le petit garçon court à toute vitesse jusque dans le salon, évitant de peu sa mère et le plateau qu'elle porte. « Leith fait attention. Tu vas finir par te faire mal. » Siobhan Oswald pose son regard réprobateur sur son fils, mais ne peut s'empêcher de sourire à la vue de ce dernier. Ses cheveux bruns en bataille, son grand sourire. Il ressemble à son père, plus que la jeune femme ne le souhaiterait. Ashling est déjà installée sur le canapé, son doudou contre elle. Leith se presse de la rejoindre, tandis que leur mère dépose le plateau sur la table basse. Ce soir, c'est vendredi et comme tous les vendredi chez les Oswald, c'est soirée film. Le petit garçon saisit son assiette et ne prend pas le temps d'attendre sa mère et sa sœur pour commencer à manger. « Ce soir, c'est à moi de choisir le film. » Siobhan hoche doucement la tête tandis qu'elle aide la cadette avec son assiette. Après un court instant de réflexion, le garçonnet lève les yeux vers sa mère. « Le Roi Lion. » Prévisible. Depuis que ce Disney est sorti, Leith ne cesse de vouloir le voir, encore et encore. Comme la plupart des enfants de son âge, à vrai dire. Le jeune mère s'exécute alors et lance la vhs dans le magnétoscope. Les premières images apparaissent sur l'écran et déjà l'enfant est captivé, comme s'il découvrait le dessin animé pour la première fois. Ses yeux sont rivés sur l'écran. Cette soirée, c'est ce qu'il préfère. Avec sa mère, sa sœur. Sa famille. Ash ne tarde pas à s'endormir dans les bras de sa mère. Ces petits moments, en famille, c'est ça qui les maintient ensemble. Qui leur donne un semblant de normalité. Qui les fait oublier que leur père est absent, qu'ils ne le voient quasiment jamais. La fillette ne s'en rend pas vraiment compte, pour l'instant, mais Leith ressent le manque. Il aime sa mère, plus que tout, mais il a besoin de son père. Besoin d'une figure masculine sur laquelle s'appuyer pour grandir. « Papa vient nous voir demain. » Le sourire du garçon s'élargit un peu plus, tandis qu'il daigne enfin lâcher l'écran des yeux pour regarder sa mère. La joie de voir son père, encore plus forte que de regarder le Roi Lion. C'est dire. « J'ai hâte! Il va enfin pouvoir voir la dent que j'ai perdu. » Et sur ce, il se replonge dans le dessin animé. Mais Siobhan a le cœur lourd. C'est elle qui a choisi cette vie, mais pas un jour ne passe sans qu'elle questionne ses choix. Et voir cette lueur sur le visage de son fils, ça lui serre la poitrine. Il a besoin d'un père et pas d'un fantôme, qui vient au gré de ses envies - et de ses possibilités, surtout. Un soupire quitte ses lèvres, mais Leith n'y fait pas attention, tandis qu'il chante en cœur l'amour brille sous les étoiles.


Leith fronce les sourcils, tandis que ses parents le regardent, de l'autre côté de la table. « Tu vas vivre avec nous? » Son père hoche la tête. Le garçon jette un coup d’œil interrogateur à sa mère, puis à Ash, à côté de lui. Pendant neuf ans il a grandi avec sa mère et seulement elle. Son père qui venait, de temps en temps. Il était toujours content de le voir, mais là, c'est différent. Qu'il emménage ici, ça va tout changer. Tout ce qu'il a construit avec sa mère, sa soeur. Toutes leurs habitudes, tous leurs rituels. Il a peur que ça change. Il ne veut pas que ça change. « Mais, ça va rester pareil, hein? On aura toujours la soirée film, les crêpes le dimanche et la piscine le mercredi? » Il est tellement confus, Leith. Il se réjouit au fond, de savoir que son père va enfin vivre avec eux. Mais de l'autre côté, ça lui plaisait d'être le seul garçon à la maison. Il n'a pas envie de partager sa mère et sa sœur. « Bien sûr mon chéri. Mais maintenant, on fera tout ça avec papa. En famille. » Les pensées se bousculent dans la tête du petit garçon, mais il finit par hocher la tête. Il se convint qu'il s'agit d'une bonne nouvelle, malgré la petite voix qui crie le contraire dans sa tête. Il joue avec ses doigts, un peu gêné du regard perçant de ses parents posé sur lui. Leith a envie de retourner dans sa chambre, d'aller jouer. « Il y a autre chose que l'on doit te dire. » Siobhan accorde un regard à son compagnon. Un regard lourd de sous-entendus. Mais le garçon est bien trop jeune pour saisir la subtilité de cet échange. La jeune femme est tendue, elle appréhende l'annonce qui va suivre. Alors son père se lance. Les mots sortent de sa bouche dans un flot intarissable. Leith a bien du mal à rester concentrer sur tout ce que son père dit. Il parle d'une demi-sœur, de son âge, qui viendra chez eux un week-end sur deux. Meabh. C'est son prénom. Il ne la connait pas, mais elle est très gentille, apparemment. Son père est sûr qu'ils s'entendront bien, tous les deux. Ils ont pleins de choses en commun, apparemment. Et au fond, le garçon se demande comment il peut savoir ça, car il le connait à peine. Il n'est jamais venu à ses entraînements, à ses matchs de polo ou n'importe quelle activité qu'il a pu faire. Mais il se contente de hocher la tête. Il ne cherche même pas à savoir d'où sort cette demi-sœur dont il n'a jamais entendu parler. « Je peux aller jouer maintenant? » Sa mère hoche la tête et le garçon s'empresse de quitter la table, non sans un dernier sourire. Il est perdu, complètement perdu. Mais c'est une bonne chose, ce qui lui arrive. C'est une bonne chose..


La porte claque derrière lui, tandis que l'air d'été vient lui caresser la peau. Il presse le pas, souhaite mettre le plus de distance possible entre lui et cette maison. Lui et cette famille. Lui et tous ces mensonges. Leith soupire. Il ne sait pas où il va, mais il continue d'avancer. Il finira bien par arriver quelque part. Il a besoin d'être seul, besoin de réfléchir à tout ça. Les doutes, il les a depuis longtemps, mais il n'a jamais osé confronter sa mère. Et son père, n'en parlons pas. Tout a changé lorsqu'il est venu habiter avec eux. Au fil des mois, les habitudes ont commencé à disparaître pour laisser place à de nouvelles, qui ne plaisaient pas au petit garçon qu'était Leith. Mais il s'y est fait. Il a apprécié la présence de son père comme n'importe quel enfant aurait dû le faire. Mais l'incertitude a toujours persisté. Les années sont passées et l'adolescent a ouvert les yeux. Et aujourd'hui il a enfin affronté sa mère pour obtenir la vérité. Confirmer ce qu'il savait déjà. Une double vie, une autre femme, une autre famille. Voilà la raison qui a poussé son père à être absent pendant toutes ces années. Il vivait ailleurs. Il était marié même. Et ça, sa mère le savait. Et elle l'a accepté, elle a fait des enfants avec cet homme en toute connaissance de cause. Des bâtards. C'est tout ce qu'ils sont, en vérité. Le mot est dur, mais il n'est que le reflet de la réalité. Leith a envie de crier, d'évacuer toute la rage qu'il a en lui. Il se sent trahi par la personne qu'il estimait le plus : sa mère. Cette femme si forte qui l'a élevé seule durant les première années de sa vie. Il ne sait plus quoi penser, l'adolescent. Ses pas le mènent jusqu'à un parc où il avait l'habitude de venir avec sa mère, enfant. Un parc non loin de leur ancien appartement. Ça lui arrache un sourire froid, amer. Il pousse un soupire tandis qu'il s'installe sur un banc libre, observant les passants qui déambulent dans les allées. Son téléphone portable ne cesse de sonner dans la poche de son jean. Il sait que c'est sa mère, qu'elle veut savoir où il est. La nuit commence à tomber et à son âge, on attend pas de lui qu'il soit dehors à cette heure-ci. Mais il s'en fiche, il ne lui fera pas le plaisir de rentrer, pas tant qu'il ne l'aura pas décidé. Après de longues minutes, il décide enfin de décrocher après le trentième appel de Siobhan. « Arrête de m'appeler. Je veux rien entendre de toi. Tu me dégoûtes, sérieusement. » Et il raccroche, sans même lui laisser le temps de dire un mot. Il imagine le choc qui s'insinue sur son visage, les larmes qui coulent sur ses joues. Mais ça ne lui fait rien. Pas une once de culpabilité. Leith reste ici un moment, à réfléchir ou à observer la nature, tout simplement. Le moindre détail, le moindre bruit. C'est finalement lorsque l'air commence à se rafraîchir qu'il décide de faire demi-tour et de rentrer chez lui. Un chemin qui lui paraît beaucoup trop court. Il traîne les pieds, repousse le moment fatidique où il devra pousser la lourde porte d'entrée. Mais il ne peut pas éviter cette maison indéfiniment. Alors arrivé sur le perron, il prend son courage à demain et entre. La maison est calme, silencieuse. Violent contraste avec les cris qui ont résonné dans l'habitacle avant qu'il ne parte tel une furie. D'un pas sûr, il se dirige vers le salon. Personne. Du moins, c'est ce qu'il croit jusqu'à ce qu'il ne voit une tête blonde dépassée du grand canapé. Meabh. Un sourire se forme sur les lèvres de la jeune femme. « Alors ça y est, t'as compris toi aussi? » C'est l'ironie qui transparaît de ses paroles. Et maintenant, il la comprend tellement. Elle qui a supporté tout ça sans rien dire, sans broncher. La trahison de leur père, elle l'a vécu en direct. Sur la première ligne, même. Elle a été plus rapide que lui à mettre toutes les pièces ensembles. Mais Leith, il s'est longtemps voilé la face, ne voulant pas détruire cette image de famille parfaite qu'il avait construit dans son esprit. Il ne lui répond rien. Il n'en a pas envie. Il se sent stupide, à vrai dire. Alors il se contente de se diriger vers sa chambre et de s'y enfermer jusqu'au lendemain.


Un sourire se niche sur son visage tandis qu'il jette un rapide coup d’œil à la jeune femme endormie sur le siège passager. Quelques secondes, à peine, mais ça suffit à lui réchauffer le cœur. Il s'empresse de refixer son attention sur la route, mais l'image est gravée dans son esprit. Elle a l'air si paisible, si apaisée. Leith adore la voir dormir, car elle a l'air bien. Libérée de tous ses tourments, de sa mère. Et d'une certaine façon, elle le sera, bientôt. Lorsqu'ils arriveront enfin à Dublin. Une nouvelle vie qui s'offre à eux. Loin de leurs anciens démons. Construire quelque chose à deux, leur propre vie. Lorsqu'il pense à leur futur, ça lui fait un étrange sentiment. Une vie d'adulte, sérieuse. Il a si peu de temps encore, il ne connaissait pas le sens de l'amour. Des femmes, des visages, dont il oubliait chaque détail le lendemain. Jamais de sentiments, même pas d'attachement. Et pourtant, il se souvient parfaitement d'Iseult. L'adolescente effacée qu'il n'avait pas su remarquer, au début. L'ombre qui l'observait sans dire un mot. Un jour, leurs regards se sont croisés et quelque chose l'a attiré chez elle. Il n'aurait su dire quoi, mais elle était différente. Il l'a tout de suite remarqué. Et comme un papillon attirée par la flamme, il s'est laissé aller. Il lui a fait confiance, il s'est attachée à elle. Il a appris à la connaître, chaque détail de sa personnalité. Une amitié profonde, sans faux-semblants. Elle avait suffisamment confiance en lui pour lui confier la vérité sur sa nature. Et il ne l'a jamais jugé sur ça. Pas même lorsqu'il est venu la chercher en pleine forêt après son premier sacrifice. Qu'il l'a serré dans ses bras, lui a chuchoté que ça n'était pas sa faute. Il n'avait accordé aucune importance au sang qui maculait son t-shirt. Ni au corps sans vie qui gisait à quelques pas d'eux. Et avec les années, les sentiments sont apparus, sont devenus plus forts. Jusqu'à l'amour, le vrai, celui dont tout le monde parle, qui fait battre les cœurs. Alors, il a appris à connaître chaque parcelle de son corps, à la chérir comme si elle était la chose la plus importante qu'il possédait dans sa vie. C'était le cas, en vérité. Et les voilà désormais, de jeunes adultes, prêts à ouvrir les bras à leur nouvelle vie. Mais lorsque Leith baisse les yeux vers la figure endormie d'Iseult, il y voit encore l'adolescente qu'elle était lorsqu'il l'a connu. Au fond, ça le rassure de savoir qu'ils n'ont pas tellement changé. Ils ont grandi, ils ont mûri, mais sont restés les mêmes. Et c'est tout ce qu'il demande.


L'astre lunaire brille haut dans le ciel, dans toute sa magnificence. Les pieds de Leith foulent le sol meuble, tandis qu'il essaie, tant bien que mal, d'habituer ses yeux à l'obscurité ambiante. Il n'a pas l'habitude d'être ici, pas à cette heure-ci. Il n'a pas de raison de s'y trouver, d'ordinaire. Mais il s'inquiète, ce soir. Il a vu Iseult, il a vu comme elle était faible. Alors il espère que tout se passe bien, pour elle. Il l'attend là, à l'orée de la forêt. Ça lui arrache un sourire, cette situation. Ça n'est pas conventionnel, d'attendre sa fiancée qui est en train de pratiquer un sacrifice dans cette même forêt. Il aurait pu paniquer, prendre ses jambes à son cou lorsqu'il l'a vu, des années auparavant, recouverte de sang. Mais non, peu importe. Cette condition, elle ne l'a pas choisi. Alors si c'est ça qu'elle doit endurer toute sa vie, il veut être à ses côtés pour la soutenir. Le silence est pesant. Leith est à l'affût du moindre bruit, de la moindre menace. Mais ses faibles yeux d'humains ne lui permettent pas de distinguer la silhouette qui se dessine entre les arbres. Une imprudence qui lui vaudra très cher. Avant même qu'il ne puisse s'en rendre compte, il se retrouve plaqué au sol par un immense loup, qui referme bientôt sa puissante mâchoire sur lui. L'homme se débat, donne des coups et finalement, le voilà libre. La bête a fui. L'incompréhension se lit sur le visage de Leith, bientôt remplacée par la douleur causée par la plaie béante. Il ne réfléchit pas, il ne réfléchit plus. Il se lève avec difficulté et se concentre pour mettre un pied devant l'autre. Ses pas le mènent jusqu'au cœur de la forêt. S'il doit mourir ce soir, il veut voir Iseult une dernière fois. Il ne tarde pas à la trouver. Elle le jauge, un instant, tandis qu'il continue d'appliquer une pression sur la morsure pour calmer le flot d'hémoglobine. « Non. Pas ça. Pas toi. » Et en quelques enjambées, elle est à ses côtés. Elle utilise son foulard pour le mettre sur la blessure. Leith la regarde, les yeux emplis d'une émotion à laquelle il n'est pas habitué, la peur. « Iseult, est-ce que je vais... » Elle ne lui laisse pas le temps de finir, elle ne veut pas entendre ce qu'il a à dire. « Chut. Ne dis rien, je m'occupe de toi. » Et il s'exécuté, garde le silence. Sa respiration est difficile, la douleur qui irradie de sa blessure lui coupe le souffle. Son regard ne quitte pas le visage d'Iseult, c'est bien la seule chose qui le rassure. A ce moment là, Leith était bien loin de se douter de ce qui l'attendait, suite à cette morsure. Des transformations douloureuses, à chaque pleine lune. Une nouvelle apparence, d'un grand loup brun-roux. Et une vie, totalement différente. Des espoirs, des projets anéantis par cette nouvelle condition. Tout allait changé.


Ses yeux balayent le corps frêle de la jeune femme, tandis qu'il reste là, impuissant. Des jours qu'il la regarde souffrir sans savoir quoi faire. Des jours qu'elle s'entête, qu'elle persiste à s'accrocher à ce morceau d'espoir. Il comprend, mais il est plus rationnel, Leith. C'était tout ce qu'ils voulaient, mais pas ainsi, pas dans ces circonstances. Et il refuse de la voir se tuer pour ça. Pour un enfant, leur enfant, qui grandit en elle. Son cœur se serre à la vue des larmes qui coulent sur les joues d'Iseult. Ses doigts agrippent ceux de son fiancé, en quête de soutien. C'est tout ce qu'il peut lui offrir, son soutien. Il se sent inutile et ça le dégoûte. Il n'est que le simple spectateur de la souffrance d'Isy et il ne le supporte plus désormais. Son sourire lui manque. Ses yeux qui brillent, aussi. Son rire cristallin, qui sonnait comme une douce mélodie à son cœur. Désormais il ne voit plus que des larmes, des cernes, un corps affaibli. Il n'entend que ses pleurs, ses gémissements de douleur. Il ose à peine la toucher, de peur que le contact la fasse souffrir. Et c'est ce bout d'eux deux qui lui fait ça. Cet enfant qu'elle aime déjà tellement qu'elle serait prête à lui donner sa vie. Leith l'attire contre lui, doucement, avec la même délicatesse qu'il utiliserait pour manipuler de la porcelaine. Ses doigts glissent sur la peau de la jeune femme, cherchant à la rassurer. Il murmure des mots rassurants dans son oreille, espère que ça va l'apaiser. Mais ça ne trompe personne. Ni lui, ni elle. Cette situation ne peut pas durer. Elle leur est insoutenable. « Je ne peux pas te perdre. » Iseult ne tient plus, elle se laisse aller contre lui. Les sanglots se forment dans sa gorge et elle n'arrive plus à les retenir. Son étreinte se fait plus insistante, il n'en peut plus. C'est lui qui lui a fait ça. Lui et sa nature maudite. Lui et cette foutue morsure. Il s'en veut tellement. Ça pèse sur sa conscience, sur son âme. Ils auraient pu l'avoir, leur famille. Jusqu'à ce qu'il gâche tout et que leurs espoirs s'envolent en fumée. Il sait à quel point c'est important pour elle. Et il vient de lui enlever l'espoir de pouvoir porter un jour la vie, leur enfant. Deux natures incompatibles, de races ennemies. Une union interdite. Pourtant, il ne peut se résoudre à la haïr, comme il serait censé le faire. Cette sorcière, c'est avant tout une femme, sa femme. L'animosité n'est jamais apparue entre eux. Toujours cette passion, la même qu'au premier jour. Une idylle trop parfaite. Ça ne pouvait durer. Leith l'incite à se tourner, pour lui faire face. D'une main, il lève son visage pour pouvoir plonger son regard dans les yeux noisettes de la jeune femme. Il dépose un baiser sur ses lèvres. Sa main caresse sa joue mouillée, chassant les larmes qui s'y attardent. Cette femme, il l'aime tellement que s'en est douloureux.


La porte claque derrière lui, tandis qu'il enfile son épais manteau et sort dans le froid hivernal. De la vapeur se forme devant son visage, opposition de son souffle chaud et de la température de l'air. Le voilà dehors, mais il ne sait quoi faire. Il ne peut pas retourner chez lui, chez eux, car il risquerait de la voir. Et il n'est pas prêt à lui faire face, pas prêt à voir son reflet dans ses grands yeux tristes. Pas prêt à lui mentir ouvertement. Il passe une main sur son visage, tandis qu'un soupir quitte ses lèvres. Il a merdé hier, vraiment. Les souvenirs de la soirée se mêlent, se mélangent, disparaissent. Trop d'alcool, des sentiments contradictoires, mais ça n'est pas une excuse. Rien ne pourrait justifier ce qu'il a fait cette nuit. Il avance, tandis que les images lui reviennent en mémoire, accompagnées d'une vague de culpabilité. Il avait tout de suite compris que quelque chose n'allait pas lorsqu'il s'était réveillé dans une chambre qui ne lui était pas familière, dans un lit qui ne portait pas le parfum d'Iseult. Et lorsque Leith s'était redressé et qu'il avait posé son regard sur le visage doux encadré de ces longs cheveux bruns, il s'était souvenu de tout. Ça lui avait coupé le souffle, ça l'avait écœuré de lui-même. Et Isadora n'avait pas tardé à se réveiller, elle-aussi. La même panique était inscrite sur son visage. Ils avaient convenu que tout ceci n'était qu'une erreur de deux personnes soûles, qu'ils devaient tout deux oublier ça et ne jamais plus en parler. Ne rien dire à Iseult. Ne rien dire à personne. Et sur ces belles paroles, il était parti. Et désormais, ses pieds foulent le bitume, tandis qu'il essaie de refouler ces douloureux souvenirs. Il ne peut pas rentrer, et pourtant il n'a qu'une envie, enfouir son visage dans le cou de sa fiancée, sentir son parfum qui réussit à l'apaiser. Il a besoin d'elle, mais il n'a pas le courage de lui faire face. Tout a changé, depuis quelques mois. Tout s'est compliqué. Leith doute de tout dans sa vie, sauf de son amour pour la jeune femme. Et pourtant, c'est cet amour qui est mis à rude épreuve depuis peu. Le brun arrive finalement à sa voiture, mal garée sur le bord de la route. Il ne se souvient même pas comment ils ont réussi à venir jusqu'ici. Il a pris le volant, imprudent, inconscient. Il s'installe derrière le volant et sort son portable, fixe son fond d'écran pendant de longues secondes. Une photo d'Iseult et lui. Ça lui serre le cœur. D'une main hésitante, il clique sur l'un des contacts de son répertoire. Il a besoin de la voir, besoin de lui parler. Bientôt le numéro est composé et les tonalités retentissent dans l’habitacle de la voiture. Rapidement, quelqu'un décroche. Cette voix à laquelle il s'est habitué ces dernières semaines. « Faith, j'ai besoin de te voir. » Elle doit sentir l'émotion dans sa voix, car elle n'hésite pas un instant avant de lui donner rendez-vous quelque part. Plus qu'un soutien, elle est devenue l'une des personnes les plus importantes dans sa vie dernièrement. Et aujourd'hui, il a besoin de se confesser à elle, car il sait qu'elle ne le jugera pas.

Plus tard ce jour, il se décide enfin à rentrer à la maison. Iseult assoupie sur le canapé. Ça lui arrive plus souvent que de raison, ces derniers temps. Elle se réveille lorsqu'il vint s'installer à côté d'elle et lui adresse un sourire timide. Il ne peut s'empêcher de la prendre dans ses bras, de déposer un baiser sur son front. Il essaie de chasser cette petite voix dans un coin de sa tête, mais elle insiste. You're just like your father.