t'as l'impression que c'était hier, la dernière fois que tu t'es retrouvée au sommet de ses falaises. pourtant, ça fait bien un mois. t'es prête, comme toujours. à force, ça en devient un automatisme. même endroit, même rituel. tous les mouvements, toutes les paroles prononcées sont toujours identiques. seule la victime change. aujourd'hui, c'est une femme. pas plus âgée que toi. elle a récemment abandonné son enfant. un petit être sans défense qu'elle a elle-même mise au monde. tu ne pouvais pas passer à côté. encore moins après les récents événements. alors tu l'as traqué, cherché toutes les informations dont tu pourrais avoir besoin. jusqu'à cette nuit. la nuit. tu regardes la jeune femme, attachée au sol, au milieu du pentacle et des bougies que t'as préalablement placé. tu peux voir la frayeur se dégager de tout son être. elle appelle à l'aide, mais tu n'en a que faire. tu ne prends même pas la peine de lui dire de se taire. tu te sens en sécurité, ici. le bruit des vagues cognant les roches te donnent cette impression de pouvoir. comme si rien ne pouvait t'atteindre. alors que tu sors ta dague de l'arrière de ton jean, tu peux voir les yeux de ta victime s'écarquiller. elle commence alors à s'agiter dans tous les sens pour essayer de se détacher. ça te fait sourire, doucement. ils font tous ça. comme s'ils peuvent t'échapper. tu sais bien que non, mais eux ne savent pas. naïfs et désespérés. tu commences à réciter l'incantation. dès que les premiers mots sortent de ta bouche, le reste suit naturellement. tu ne l'as jamais appris, comme aucun autre sorcier, d'ailleurs. c'est aussi naturel que de respirer. tu t'accroupies alors, commençant par couper les chevilles de la jeune femme. tu commences toujours par les chevilles. tu te relèves ensuite, sans jamais t'arrêter de prononcer ces fameux mots. tu te déplaces pour te retrouver derrière la tête de ta victime. tu t'assoies cette fois, en tailleur. t'attrapes alors le poignet gauche, que tu coupes également. puis tu fais de même avec le poignet droit. le sang s'écoulent. il y en a maintenant partout autour d'elle. des tas de sorciers trouveraient ça extrêmement satisfaisant, mais toi non. ça t'indiffère. t'as toujours été différente, de toute façon. différente de ta famille. différente des sorciers, en quelques sortes. les cris de la jeune femmes résonnent, comme s'ils tapaient contre la roche. you could at least make her shut up ! tellement absorbée par ton rituel, tu n'as même pas entendu que quelqu'un arrivait. pourtant, entendre ces mots ne t'as pas effrayé le moins du monde. au contraire, un sourire se forme sur tes lèvres. cette voix, comment l'oublier? tu ne relève pas la tête, cependant, gardant tes yeux fixés sur ce qu'il reste de la femme, toujours vivante. tu n'as pu t'empêcher de remarquer cette lueur dans ses yeux. l'espoir. elle a visiblement entendu le jeune homme arriver, contrairement à toi. mais cette lueur disparu aussitôt qu'il ouvrit la bouche. ce qui ne fait qu'élargir ton sourire. tu te penches alors vers elle. he's not going to save you, commences-tu à lui murmurer à l'oreille, tout en dessinant un pentacle sur sa poitrine. tu n'as même pas besoin de regarder ce que tu fais, tout te vient tellement naturellement. did you hear this gorgeous man? you're too loud. and i'm getting bored anyway, conclus-tu avant de lui trancher la gorge. tu te redresses alors et inspires un grand coup, les yeux fermés. comme pour t'imprégner de toute cette énergie. c'est à chaque fois une vraie bénédiction. tu rouvres les yeux et te relèves tout en lâchant la dague, qui tombe alors au le sol. tu fais maintenant face à ton visiteur. nolan. nerys? tu t'approches doucement de lui, un sourire aux lèvres. what a pleasure to see you, nolan. ce qui n'est probablement pas partagé, au vu de votre dernière rencontre. tu ne comptais pas laisser tomber, c'est un fait. seulement, tu ne t'attendais pas à ce que votre prochaine rencontre se fasse aussi facilement, naturellement. pas de plan tordu cette fois. un pur hasard. ô comme le hasard peut bien faire les choses, parfois. since you're here, can you do something about her, please? all this energy is tiring me out.

Il aurait pu tomber sur n'importe qui. Combien de personnes y a-t-il dans ce monde ? Sept milliards. Sept milliards d'âmes, qui foulent cette terre, tous différents. Des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées. Et pas deux personnes identiques. Ça aurait pu être n'importe qui, mais c'était elle. Elle qu'il n'avait pas envie de voir. Elle qui avait réussi à le faire douter sur ses propres convictions, qui lui avait mis la tête à l'envers, les sentiments sens dessus dessous. Et il ne comprend pas pourquoi c'est sur elle qu'il tombe. Pourquoi est-ce que l'univers cherche absolument à les réunir, à les pousser l'un vers l'autre. Nolan ne croit pas au hasard. Il a de profondes convictions que tout arrive pour une raison et qu'une voie est déjà toute tracée pour eux. Une voie susceptible de changer, avec les événements du quotidien, mais la vie n'est pas une grande histoire d'improvisation, une successions de hasards qui font bien les choses. Alors il ne peut s'empêcher de se demander ce que le destin a prévu pour lui, pour eux. Pourtant, il se persuade qu'il ne veut rien avoir à faire avec Nerys. Il ne veut pas la voir dans sa vie. « What a pleasure to see you, Nolan. » Il a l'impression de lui avoir beaucoup trop simplifié la tâche en allant jusqu'à elle sans qu'elle ait besoin de faire le moindre effort. Et il espère qu'elle n'y voit aucun espoir, aucune tentative de rapprochement de sa part, aucun signe de la Déesse. Il a envie de repartir, de se perdre dans la forêt, d'oublier ce qui l'a mené ici en premier lieu. Il ne peut s'empêcher d'accorder un regard à la jeune femme. Ses yeux vides sont fixés vers les étoiles et la lune qui veillent sur eux. Son visage est pâle, ses vêtements maculés de son propre sang. Elle n'a pas l'air paisible, elle a l'air effrayé. « You're so fucking stupid, anybody could have heard her. » Il est tellement en colère contre elle ce soir. Car elle est imprudente, qu'elle se met en danger et qu'elle met en danger leur condition. Mais surtout, il lui en veut car elle a ressassé de très mauvais souvenirs. Parce que l'histoire d'un instant, elle lui a donné de l'espoir. Pendant quelques minutes, il a vraiment cru qu'Eileen était toujours vivante. C'est stupide, car ça fait des années qu'elle a disparu et il le sait très bien. Elle est morte. Morte. « Since you're here, can you do something about her, please? All this energy is tiring me out.» Nolan a envie de lui dire non, de la laisser faire le sale boulot seule, mais il a besoin que le cadavre disparaisse. Parce qu'il n'arrive pas à se détacher de cette vision morbide. C'est malsain. Alors sans dire un mot, il s'approche du corps, et l'enflamme. Le bûcher prend vide. Nolan a appris, au fil des années, que le corps humain représentait un très bon combustible. Et qu'il n'y a rien de mieux que le feu pour effacer leurs crimes. C'est un fait et c'est aussi un avantage qu'il possède en ayant connecté avec cet élément. Il observe quelques secondes son oeuvre, la flamme qui crépite, qui s'associe au mouvement des vagues, plus bas. Le feu et l'eau. Deux opposés, et pourtant si souvent associés. Le sorcier se tourne ensuite pour faire face à la jeune femme. Elle le regarde, un léger sourire aux lèvres. Ce sourire, il a envie de le faire disparaître de son visage. Il a l'impression qu'elle le nargue, et ça le rend fou. « Seriously, you're crazy. Why didn't you gag her? » C'est tellement imprudent de laisser quelqu'un faire tellement de bruit, surtout par une nuit de pleine lune. Les chasseurs rôdent, tout autour, même s'il doit bien avouer qu'ils sont plus fréquemment dans la forêt qu'autre part. Mais ici, il n'y a aucun moyen de se cacher, on est entièrement à découvert. Et ça aussi, ça le perturbe. Il se sent à l'abris, sous les arbres. Et là, il n'a que le ciel, pour veiller sur lui.  

la colère, tu la ressens de tout ton être. ce soir, il s'agit de celle du jeune homme qui te fait face. nolan. tu peux ressentir physiquement sa colère, comme si elle te traversait. tu n'as jamais ressenti ça avant, venant de sa part. même pas le soir de l'hôpital. pourtant, on aurait pu penser qu'il avait plus de raison de l'être, cette nuit là. après tout, t'es allée jusqu'à appeler l'hôpital pour prévenir d'un drame qui n'avait en réalité pas eu lieu. t'as tout inventé de toutes pièces, pour égoïstement le déranger sur son lieu de travail. seulement c'est aujourd'hui qu'il est réellement en colère, ce que tu ne comprends pas vraiment. tu n'as pas fait en sorte de le voir. tu n'as rien arrangé. tu faisais simplement ton rituel, comme tous les mois. comme lui aussi venait de le faire. you're so fucking stupid, anybody could have heard her. stupide. tu gardes une expression neutre, mais tu peux sentir ton sang bouillonner. en une fraction de seconde. un claquement de doigt. avec un seul petit mot. il aurait pu choisir n'importe lequel, mais il a fallu qu'il utilise celui-là. tu n'es pas stupide et tu refuses qu'un homme, n'importe lequel, te qualifies ainsi. bien sûr, on peut plaisanter, taquiner, mais là, ça sortait du coeur. tu ne dis rien, cependant. tu ravales ta salive, emportant ta colère avec elle. so? simplement, parce que tu n'as pas envie d'argumenter. pas après ça. tu préfères garder le silence. silence qui peut devenir ta meilleure arme - à condition que la personne en face de toi s'en soucie un minimum. ce n'est pas le cas, en cette pleine lune, mais au moins tu ne risques pas de t'emporter. surtout qu'à ta plus grande surprise, nolan met le feu à ta victime. tu regardes la scène, incrédule. il a fait quelque chose pour toi. il y avait surement une autre raison derrière ceci. ou peut-être pas, d'ailleurs. il peut très bien aimer ça, tout simplement. il n'empêche qu'il aurait pu dire non, t'envoyer balader. tu t'y attendais, mais il ne l'a pas fait. les flammes se réflètent à travers tes yeux. pendant un instant, il t'es impossible de les détacher de ce spectacle. en tant que sorcière solitaire, tu n'as pas souvent l'occasion d'assister à de telles choses. tu sais ce dont les autres sorciers sont capables, mais théoriquement. tu détaches finalement tes yeux de la jeune femme pour les reposer sur nolan, qui ne te fait toujours pas face. tu ne peux pas voir son visage, et pourtant tu ne l'as jamais autant trouvé attirant qu'à ce moment précis. le feu est un élément ravageur, sans aucune pitié. pourtant tu n'as pas peur. tu te sens incroyablement en sécurité, à ses côtés. il se retourne enfin, avant de t'adresser la parole. seriously, you're crazy. why didn't you gag her? t'hausses les épaules avec une telle désinvolture, sans pour autant perdre ton sourire. tu te demandes pourquoi il est tant obsédé par ce détail, même si au final t'as déjà fait tes propres conclusions. comme toujours. i like to hear them scream, dis-tu avec une douceur presque innocente, et une indifférence totale en même temps.

Il sait que ses paroles ont pu la blesser, mais il s'en fiche. C'est toujours comme ça, avec lui. Sous le coup de la colère, il ne pèse pas ses mots. Il n'a plus de filtre, plus de tact, pour empêcher les phrases assassines de se former sur ses lèvres. Parfois, il lui arrive de regretter une fois calmé, parfois non. Nolan l'observe, elle, et il sent qu'elle est tendue, prise de court. Il la jauge, la défie presque de dire quelque chose, d'apporter l'étincelle qui mettra le feu aux poudres. mais elle ne dit rien, elle se contient et intérieurement, ça l'enrage. Il a envie de la provoquer, de l'énerver, de la faire réagir. Il a besoin de ça pour sentir la tension s'échapper de son corps. Car il voit, encore et encore, la même image dans sa tête. Son esprit torturé la rejoue en boucle, sous tous les angles possibles. Le corps sang vie, la mort qui rôde. Et c'est sa faute. Il ne va pas réussir à dormir cette nuit, il le sait. « So? » Un seul mot, qui laisse le sorcier perplexe. Le fait-elle exprès, ou est-elle vraiment si inconsciente ? Depuis le temps, elle aurait pourtant dû savoir que ça n'est pas prudent. Fait-elle partie de ces sorciers qui se pensent intouchables, inaccessibles ? La mort touche les leurs comme n'importe quelle personne, et parfois certains ont tendance à l'oublier. Ou alors peut-être qu'elle s'en fiche, tout simplement. Et ça ne l'étonnerait même pas. « So, it's dangerous. Are you seriously this unconscious ? » Lorsqu'il s'entend, Nolan, il a l'impression de se retrouver à la place de sa mère, qui le sermonnait lorsqu'il était enfant. Lorsqu'il faisait des choses dangereuses, qu'il se montrait bien trop téméraire pour son âge. Ses parents ne comprenaient pas, comment un si petit garçon pouvait causer tellement de problèmes, avec ses idées bien trop souvent dangereuses. Il avait toujours manifesté une différence avec les autres enfants de son âge, on l'avait pris au début pour un enfant surdoué, mais ça n'était pas le cas. Personne n'arriva jamais à mettre de nom sur l'attitude du garçon et avec les années, on pensa qu'il s'était calmé. En réalité, il était juste devenu plus malin, plus discret. Et d'un côté, il en est bien content aujourd'hui, car c'est ça qui le pousse à se montrer si prudent et qui lui a sauvé la vie plus d'une fois. Mais Nerys, elle n'est pas comme lui. Ils n'ont même rien à voir. Deux opposés, qui inlassablement se retrouvent pousser l'un vers l'autre. « I like to hear them scream. » Elle prononce ces mots d'une voix douce, elle dégage une innocence qui ne colle pas au personnage. Ça lui arrache presque un sourire, mais ça le rend fou aussi. Elle en parle, comme d'un sport, et il ne peut s'empêcher d'imaginer sa sœur, tranchée par la lame aiguisée de la dague. Sa sœur sous les doigts d'experte de Nerys, la crainte dans ses yeux. D'ordinaire, il s'en fiche bien de ces humains et de leur mort. Ils n'ont pas le choix, alors autant apprécié l'exercice. Mais ce soir, c'est plus difficile que d'habitude. « I don't think you will like it when you will be the one screaming because of the hunters or the werewolves. » Nolan lève les yeux au ciel un instant. Pourquoi réagit-il comme ça ? Peu importe après tout, si elle a envie de se mettre en danger de la sorte. Non, il persiste à se dire qu'il ne s'agit que d'une histoire à propos de sa sœur. C'est ça qui le dérange, rien d'autre. Le jeune homme accorde un dernier regard à la sorcière avant de contourner le feu qui brûle près d'eux pour aller se tenir non loin du bord de la falaise, face à la mer. Cette surface lisse, qui brille, sous les rayons lunaires. Il concentre ses pensées sur ça, et rien d'autre que ça. Doucement, il sent son cœur commencer à ralentir, et ses muscles se détendre. Il aurait pu rester là des heures, avec comme seul compagnon, la Lune, sa Mère, bienveillante.

so, it's dangerous. are you seriously this unconscious ? tu lèves les yeux au ciel avec dédain. tu n'en as que faire, de savoir si c'est dangereux ou non. tu fais les choses à ta manière. t'as tout appris seule. tout ce que tu sais à l'heure actuelle, tout les progrès que t'as fait, tu ne les dois qu'à toi-même. tu n'as besoin de personne pour te dire quoi faire. surtout pas nolan. après tout, tu t'en es plutôt bien sortie jusqu'ici. du moins, t'es toujours en vie. et de toute manière, tu ne crains pas la mort. il t'arrive même de la tenter, parfois. beaucoup plus souvent que tu n'oses l'admettre, à vrai dire. i can take care of myself, thank you very much. irritée et blasée en même temps. tu ne sais pas vraiment comment réagir. t'as l'impression que son comportement est en contradiction totale avec ses paroles. ça t'énerve. pourquoi te dire de faire attention, si au final il ne veut rien avoir à faire avec toi? serait-il possible qu'il s'inquiète pour toi? cette simple pensée te procure une sensation étrange. tu ne saurais l'expliquer, mais il a de la joie derrière ça. t'essaies de ne pas sourire, de rester cool. seulement, t'as des yeux extrêmement expressifs. tu ne peux pas cacher ton regard. t'espères quand même qu'il ne verra rien. t'as retenu ta leçon. tu comptes désormais la jouer plus fine. te montrer plus intelligente. mieux te préparer. i don't think you will like it when you will be the one screaming because of the hunters or the werewolves. t'hausses les épaules, un sourire aux lèvres. un sourire léger et sans arrières pensées. un simple sourire. t'as beaucoup plus peur de souffrir émotionnellement, que physiquement. la souffrance physique, tu peux la gérer. et ce depuis que t'as passé une pleine lune - du moins officiellement - à l'intérieur. à côté de ça, on peut littéralement te torturer. ce n'est pas que tu n'auras pas mal, juste que t'as connu pire. i wouldn't scream. i can contain myself, dis-tu simplement, avant d'ajouter. they can kill me if they want, who cares? des tas de personnes, en réalité. et puis après tout, on devient subitement beaucoup plus aimé une fois mort. même si tu devrais, ce n'est pas vraiment un sujet que tu prends au sérieux. t'observes nolan un instant, le suivant du regard. il bouge, mais toi non. tu restes plantée là, ne sachant pas quoi faire. tu décides finalement de le rejoindre. tu remarques qu'il semble s'être perdu, les yeux fixés sur l'eau. tu te places à ses côtés et croises les bras, observant à ton tour la vue. it's my spot. it's wonderful,  isn't it? ta voix est d'une telle douceur, qu'on croirait presque que tu chuchotes. tu ne t'en ai même pas rendu compte. c'est instinctif. surement parce que lorsque tu te trouves ici, t'es toujours seule.

Il l'agace, et ça se voit. Mais peu importe après tout. Peu importe ce qu'elle pense et surtout peu importe ce qu'elle fait. Nolan ne comprend pas pourquoi il insiste tellement, pourquoi il tient à ce qu'elle soit plus prudente. Pour elle, pour lui, pour les autres ? Non vraiment, il s'en fiche. Et peut-être qu'en le répétant plusieurs fois dans sa tête, ça finira par devenir vrai. «  I can take care of myself, thank you very much. » Nolan hausse les épaules. Bien sûr qu'elle peut, il n'en doute pas une minute. Mais lorsqu'il la voit, il a parfois l'impression d'observer une enfant qui aurait été livrée à elle-même bien trop tôt, et qui aujourd'hui a décidé de faire les choses à sa façon. Oui, Nerys a tout d'une enfant, imprudente, têtue. « I wouldn't scream. I can contain myself. Il n'est pas franchement convaincu. La douleur, bien sûr qu'ils la supportent, et peut-être mieux que l'humain lambda. Mais personne n'est infaillible et Nerys n'est sûrement pas insensible non plus. Nolan sait reconnaître ses faiblesses lorsqu'il le faut, mais il les garde pour lui, toujours. « They can kill me if they want, who cares? » Sur le coup, ça le prend au dépourvu, ça lui fait presque mal au cœur. Elle le dit d'une telle façon, avec tellement de détachement, qu'il a l'impression qu'elle est presque résignée à l'idée de mourir, seule, comme elle aurait vécu. C'est du moins ce qu'elle sous-entend, une vie de solitude, personne de qui se soucier ou qui se soucie de vous. Étrangement, il se reconnait dans ces paroles, même s'il refuse de l'admettre. Nolan est toujours entouré, mais au final, il est tristement seul. Même s'il sait que sa disparition pourrait attrister quelques personnes, égoïstement, il trouve que ça n'est pas assez. Et ça lui est déjà arrivé de se demander à quoi ressemble la mort. Comment il se sentirait, en rejoignant son Père ? Il sait qu'il serait bien accueilli et peut-être même que sa vie serait meilleure, là-bas. Il n'en sait rien, au final  et il n'a pas encore le courage de le découvrir. « It's my spot. It's wonderful,  isn't it? » Il ne l'a même pas entendu venir se placer à côté de lui, il était bien trop plonger dans ses pensées. Son regard ne quitte cependant pas le paysage. Ses yeux sont comme hypnotisés, attirés inlassablement par le scintillement de l'eau. « Yes. I understand why you like it, with so much water and our Mother upon us. » Nolan ne sait pas si elle ressent la même chose que lui lorsqu'il a du feu devant les yeux. C'est une passion dévorante, il se sent attiré par les flammes. Peut-être qu'elle, l'eau l'appelle. Et dans ce cas, elle n'aurait pu choisir meilleur endroit. Son élément, juste à côté, leur Mère, qui veille sur eux. L'atmosphère est apaisante, ça déteint sur lui. Sans détacher son regard de l'horizon, Nolan décide de poser la question qui lui brûle les lèvres depuis qu'il l'a revu pour la dernière fois. « Why ? » Il sent le regard interrogateur de Nerys sur lui. « Why didn't you go on with your life ? »

t'as toujours fait tes sacrifices à cet endroit. tu le trouves apaisant - si on oublie les cris de tes victimes. tu t'y sens aussi incroyablement forte. surtout la nuit. comme si la noirceur t'attirait. ce qui est le cas, d'ailleurs. ça a toujours été le cas. c'est probablement pour ça que tu ne peux te résigner à laisser nolan. il peut se montrer si sociable et ouvert, mais t'as désselé quelque chose en lui. tu ne sais pas encore quoi, mais c'est là. yes. i understand why you like it, with so much water and our mother upon us. tu détaches tes yeux de ton élèment pour les poser sur nolan. il semble maintenant si paisible. ça te surprend. mais d'un côté, ça te fait chaud au coeur. l'endroit que t'apprécies le plus au monde, qui te rassure et te fait te sentir mieux, a un effet sur lui. surement pas autant que sur toi, mais tout de même. finalement, vous avez beaux être tellement différents, peut-être que malgré tout, certaines choses vous rapprochent. tu gardes le silence, ne souhaitant pas gâcher ça. tu te contentes simplement de le regarder, jusqu'à ce qu'il ouvre de nouveau la bouche. why ? why didn't you go on with your life ? tu fronces les sourcils, te demandant d'où est-ce que cette question sort subitement. tu ne t'attendais pas à ça. tu ne sais pas comment le prendre. tu rediriges ton regard sur l'eau, cherchant tes mots. pourquoi? c'est une excellente question. une part de toi ne sait même pas. ou du moins, ne veut pas savoir. tu ne veux pas non plus en révéler trop sur toi, pas explicitement. tu préfères nettement laisser échapper des petites phrases, des mots qui n'ont pas forcément de sens aux yeux des autres. entretenir le mystère, ça te plait. et au moins, on ne se rend pas tout de suite compte que t'es une fille torturée. folle par contre, tu l'as déjà entendu. ça te dérange pas. you should ask her. tu ne précises pas qui, car tu n'en vois pas l'utilité. she reunited us tonight. i didn't do it like the other time. you obsviously didn't do it neither. only her could have done that, prononces-tu d'une voix calme. tu relèves les yeux, vers la lune, cette fois. thank you mother. i know i can be a shitty daugther. well, i am a shitty daughter, so it really means a lot. if you ever need to come down here, just take my body. cette fois, il y a un peu plus d'excitation dans ta voix. except not really. don't take my body. but you know what i mean. tu respectes la lune, mais tu peux te montrer si insensible parfois. on ne peut pas vraiment dire que tu l'aimes. t'y crois. tu crois en son existence et toutes ces histoires. seulement, tu n'es pas d'accord avec toutes ses punitions qu'elle vous fait subir alors qu'elle n'est même pas là. pas physiquement, du moins.

L'eau, ça lui est tellement étranger. Il ne ressent rien avec cet élément qui est tellement éloigné du sien. S'en est même l'opposé, d'ailleurs. Mais ça ne l'empêche pas de pouvoir apprécier sa beauté lorsqu'il en a l'occasion. Il ne ressent pas le même sentiment face au feu, cette connexion inébranlable, mais ça l'intrigue. Il s'est toujours demandé comment fonctionne le lien avec un élément. Pourquoi celui-ci plutôt qu'un autre ? Est-ce en lien avec le caractère de la personne, ou pas du tout ? Il n'en sait rien, personne n'en sait rien. Il a bien essayé de demander aux sorciers du Cercle, mais aucun n'a été capable de lui apporter une réponse claire. Ça se fait comme ça, c'est tout. Il n'y a pas d'explications à chercher, c'est inscrit dans leur corps, dans leur âme. Après sa question, Nolan sent que Nerys hésite. Elle reste un instant silencieuse, probablement car elle cherche une réponse. Comme lui, lorsqu'elle lui avait demandé pourquoi il avait arrêté de lui parler, à l'hôpital. Et qu'il n'avait pas su quoi répondre. Il espère réussir à créer le même genre de réaction qu'elle a éveillé en lui. La faire douter, se questionner. « You should ask her. » Elle n'a pas besoin de préciser, il sait très bien de qui elle parle. Instinctivement, son regard dévie vers l'astre qui brille au-dessus d'eux. « She reunited us tonight. I didn't do it like the other time. You obsviously didn't do it neither. Only her could have done that. » Il le savait, qu'elle allait penser ça. C'est ce qu'il craignait et voilà qu'elle prononce les mots à haute voix. D'une certaine façon, elle n'a pas tord. Ni l'un ni l'autre n'ont provoqué cette rencontre. Alors qui l'a fait ? Pourquoi leur Mère chercherait à les réunir, tous les deux ? Il n'en savait rien. « You know that doesn't mean anything, right ? » Ça ne signifie rien. Rien. Peut-être que s'il n'avait pas été présent, un chasseur ou un loup aurait débarqué et qu'elle aurait perdu la vie. C'est peut-être totalement insignifiant, et elle y accorde trop d'importance. Et lui trop peu. « Thank you mother. I know I can be a shitty daugther. Well, I am a shitty daughter, so it really means a lot. If you ever need to come down here, just take my body. » Elle prononce ces mots d'une voix calme. Enfin il se décide à détacher son regard de la lune et pose ses yeux sur Nerys. Le fou rire le gagne avant même qu'il ne puisse y faire quelque chose. Son rire résonne dans le silence de la nuit et il entend à peine les paroles qu'elle prononce encore une fois. Elle va finir par l'achever, cette femme. Avec elle, il passe de la colère au rire, en si peu de temps. Mais là, il ne peut juste pas s'en empêcher. Sa façon de s'adresser à leur mère, de la remercier - pour quoi, d'ailleurs? - c'est tellement... trop, presque surjoué, mais pourtant il sait que c'est sincère. « You're serious ? She's probably laughing now. » Il secoue doucement la tête, un léger sourire aux lèvres. « I bet you don't do that very often. »

tu ne détaches pas ton regard de l'eau. cette douce eau. t'as envie de la toucher, la sentir. l'habitude, tu n'y fais plus attention. instinctivement, tu fais monter une boule d'eau en l'air. sans bouger, sans prononcer un seul mot, sans même y penser. tu la laisses simplement flotter à ta hauteur. tu ne la quittes pas des yeux, obnubilée par celle-ci. you know that doesn't mean anything, right ? tu dévies subitement ton regard sur nolan. tellement subitement que la boule retombe et s'écrase lamentablement, éclaboussant autour d'elle. tu le regardes un instant, le jauges. tu cherches quelque chose. un signe pouvant t'indiquer qu'il ne pense pas ce qu'il dit. tu ne vois rien, du moins tu n'arrives pas à le détailler comme tu le voudrais. tu rediriges ton regard vers l'eau une nouvelle fois. did you know the little mermaid actually killed herself because of the prince? she also saved him, but he never realized. she sacrificed herself, and all he did was marrying another girl. that doesn't mean anything. un conte. un simple conte, mais ton préféré. certainement parce qu'il se déroule dans l'océan. ariel - d'après disney - a toujours été ta princesse préférée et ce depuis aussi loin que tu t'en souviennes. t'as beau avoir vingt-cinq ans maintenant, ça n'y change rien. t'aimerais garder ton âme d'enfant le plus longtemps possible. tu le trouves en contradiction totale avec ton côté obscur. t'aimes bien. tu n'irais pas jusqu'à dire que tu t'identifies à la sirène cependant, parce que c'est faux. une telle douceur se dégage d'elle, et une grande innocence. innocence que tu ne possèdes pas. et puis tu trouves tout simplement l'histoire belle. tragiquement belle. ça a beau être fictif, t'es persuadée qu'à l'image de ces contes et autres, tout est écrit. tu ne sais pas comment ça marche, en y pensant. seulement tu penses réellement que ce qu'il doit se passer, se passe toujours. you're serious? she's probably laughing now. i bet you don't do that very often. un léger sourire se forme sur tes lèvres. il a entièrement raison. à chaque fois tu t'adresses à la lune - ce qui n'arrive en effet pas souvent - t'es extrêmement maladroite. tu ne sais pas comment t'y prendre. tu ne prends pas souvent le temps de la remercier. pourquoi, après tout? les sacrifices sont bien là pour une raison. certes, vous gagnez de l'énergie en faisant ça, mais elle aussi. grâce à vous. c'est déjà pas mal. we have a complicated relationship, confies-tu en levant les yeux au ciel. tu lances un regard coupable à la lune, comme pour te faire pardonner. tu rediriges une fois encore ton regard sur nolan. ton sourire s'élargit timidement. en y repensant, t'as l'impression que ça fait une éternité que tu ne l'as pas entendu rire. at least i made you laugh. peut-être qu'il riait de toi, plutôt que grâce à toi, mais t'es prête à prendre n'importe quoi.

Nolan observe la bulle d'eau qui flotte devant ses yeux, tandis que Nerys ne semble faire aucun effort. C'est juste... naturel. Aussi naturel que ça l'est pour lui de faire naître une flamme au creux de sa paume, de sentir la chaleur irradier contre sa peau, sans jamais être brûlé. Aussi vite qu'elle est apparue, la bulle d'eau disparaît, retombant en une fine pluie quelques mètres plus bas, rejoignant la surface lisse de l'eau. Le choc crée quelques vibrations qui se propagent sur quelques centimètres avant de mourir à petit feu.  « Did you know the little mermaid actually killed herself because of the prince? She also saved him, but he never realized. She sacrificed herself, and all he did was marrying another girl. That doesn't mean anything. » Et avec ces quelques phrases, il ne voit pas où elle souhaite en venir. Non, il n'était pas au courant de la vraie histoire de la petite sirène. A vrai dire, il n'a jamais été vraiment intéressé par les histoire de princesses. Des contes, ses parents lui en ont lu lorsqu'il était plus jeune. Mais il préférait ceux comme Hansel et Gretel ou le petit chaperon rouge. Il adorait les livres tels que Peter Pan. Bien sûr il n'a pas échappé aux classiques, aux histoires de fées et de princes, à cause de sa sœur. Mais comme tout ce qui touchait à cette dernière, Nolan n'en a gardé que des souvenirs flous, comme si son subconscient a cherché à le protéger. Comme si tout ce dont il aurait pu se souvenir clairement l'aurait bien trop fait souffrir. Malgré tout, même avec les informations que Nerys vient de lui fournir, il ne comprend pas ce qu'elle veut lui faire passer comme message. Alors il ne répond rien, comme il le fait si souvent. Un léger sourire se forme sur les lèvres de la jeune femme et qu'est-ce qu'elle est belle, comme ça. Ça lui réchauffe le coeur et pourtant, ça ne devrait pas. Il ne fait aucun commentaire là-dessus, il l'ignore même. C'est toujours plus simple, d'ignorer les choses qui nous dérangent. «  We have a complicated relationship. » Nolan et la Déesse, ça a toujours été une évidence. Plus jeune, le garçon ne croyait en rien, car ça lui semblait faux. Il n'a jamais réussi à être convaincu par l'existence d'un Dieu ou d'un autre, car ça ne lui a jamais semblé juste. Il ne ressentait pas cette énergie, cette présence. Et le jour où Elsie lui a expliqué toute leur condition et ce qui en découlait, il a compris. Il n'y avait qu'elle. Elle et la Mort. Ses parents. Il n'a jamais douté de son existence, car il la sent à ses côtés. Il la sent qui veille sur lui, qui lui transmet son énergie lorsqu'il fait couler le sang pour elle.  Et désormais, il peut comprendre ceux qui croient et qui prient. Car il le fait, parfois et ça lui apporte du réconfort, du courage. Il sait qu'elle l'écoute et qu'elle essaie de le guider vers le bon chemin et parfois, ça le rassure. Leur Mère, elle n'est pas parfaite, mais il l'aime. « I couldn't dream of a better Mother. » Le feu qu'il a créé commence à s'apaiser, près d'eux et l'atmosphère déjà se rafraîchit.  « At least I made you laugh. » Il lui accorde un regard - rapide - et sourit légèrement. Il ne peut pas ne pas sourire, elle est touchante, même pour son cœur si difficile à attendrir. « You know Nerys, I was serious the last time we saw each other. » Il fait une pause, juste quelques secondes, histoire de trouver ses mots. « You're really kind, maybe a little obsessive, but I don't do relationship. Of any kind. That's just too complicated. » C'est la moitié d'un mensonge, on peut dire. Car c'est vrai, que les relations sont compliquées, mais ça n'est pas ça la première raison qui le pousse à ne pas s'ouvrir aux autres, même si c'est ça dont il se convainc, chaque jour qui passe.

t'es croyante mais tu ne pratiques pas. tu n'en ressens pas le besoin, ni même l'envie. la prière, par exemple. tu ne vois pas en quoi ça te serait utile. t'es persuadée que la déesse n'y répondra pas. peut-être même qu'elle n'écoutera pas. après tout, pourquoi t'aiderait-elle pour une épreuve dans laquelle elle t'a mise? oui, t'es persuadée que tout se qu'il se passe dans ta vie, tu lui dois à elle. en quelques sortes. alors tu ne vois pas en quoi l'ennuyer avec tes prières pourrait aider. i couldn't dream of a better mother. t'es tout de même reconnaissante d'être là. pour tu ne sais quelle raison, elle t'a choisi. malformation cardiaque, qu'ils disaient. mais au final, ça a disparu, juste comme ça. ils ne savaient par quel miracle. toi, tu sais.  même si ton coeur se trouve à droite, au moins ça ne t'empêche pas de vivre. t'es en parfaite santé, si on peut dire. t'es aussi reconnaissante pour toutes les bonnes choses qui t'arrivent dans la vie. bien que ça, tu penses que tu ne le dois qu'à toi-même. d'une manière générale, tu penses un peu ce que tu veux en faite. quitte à être en contradiction totale, voir ne pas avoir de sens. ton cerveau fonctionne bizarrement, de toute façon. tu sens l'air se refroidir et te tournes, constatant que la source de lumière diminue également. le feu s'éteint peu à peu. tu n'arrives même pas à distinguer le corps de ta victime, si ce n'est l'odeur de cochon grillé qui s'est rapidement dégagée lorsque nolan y mit feu. you know nerys, i was serious the last time we saw each other. tu te tournes de nouveau vers lui à l'entente de ses mots. you're really kind, maybe a little obsessive, but i don't do relationship. of any kind. that's just too complicated. obsessive. ça aurait dû te faire sourire, si seulement le reste ne suivait pas. tu ne souris pas, mais gardes un expression neutre tout de même. mais tes yeux, ils te trahissent. de la tristesse s'en dégage. jusqu'ici, tu te contentais de te montrer d'autant plus bornée, moqueuse même. mais ce soir, c'est différent. il a sourit. légèrement, mais t'as remarqué. du coin de l'oeil, à vrai dire, mais tout de même. tu sens de la sincérité dans ses propos. il n'essaie pas simplement de te rejeter méchamment, et ça fait toute la différence. ça te rend triste. so.. you don't have any friends? tu t'arrêtes un instant, avant d'insister. no one? tu n'y crois pas une seule seconde. même toi, t'as des gens sur qui compter. t'as l'impression d'être seule, même entourée, mais ça ne veut pas dire que tu l'es réellement. d'après toi, personne ne l'est vraiment. on ne s'en rend pas forcément compte, mais il y a toujours au moins une personne. alors finalement, c'est peut-être bien toi le problème. peut-être qu'il serait temps que tu redescendes sur terre, que tu te rendes compte qu'on ne peut pas plaire à tout le monde. parfois, ça ne fonctionne juste pas.

Les relations humaines, ça a toujours été quelque chose de compliqué pour Nolan. A vrai dire, toujours n'est pas vraiment le mot. Car adolescent, le jeune homme n'avait aucun mal avec les autres, ni même avec lui-même. Tout est venu plus tard, après la mort d'Eileen. Après que ses parents l'aient repoussé pour se protéger eux-même. C'était égoïste, mais il les comprenait si bien maintenant. Jour après jour, c'est ce qu'il fait. Protéger son cœur, protéger les autres. Leur épargner la déception de son amitié, s'épargner à lui-même bien des complications. Avoir des amis, des amours, tout ça pourquoi? Mais Nolan, il a besoin des autres, tellement besoin. Alors il les utilise, juste suffisamment pour apaiser son cœur durant une période. Comme si cette situation lui convenait. L'important, c'est d'avoir l'air convaincu. D'avoir l'air heureux. Au final, il finit presque pas y croire lui-même. « So.. You don't have any friends? » Des amis, il en a, comme tout le monde. A première vue, on pourrait même penser qu'il en a énormément, car il est toujours entouré, toujours avec d'autres personnes. Mais ce ne sont que des gens qui disparaissent aussi vite qu'ils sont arrivés. Des gens qui côtoient sa vie jusqu'à ce que le jeune homme décide du contraire. Mais des vrais amis, le jeune homme en a peu. Et il n'en veut pas plus. Ce sont des personnes qui comptent pour lui, tellement, qu'il sait qu'il pourrait faire n'importe quoi pour eux. Elsie. Thad. Des personnes dont la perte le détruirait. Des amis qu'il a connu il a quelques années, alors qu'il était plus jeune, plus conciliant à laisser quelqu'un entrer dans sa vie. Des personnes qui ont su imposer leur présence, même lorsqu'il n'en voulait pas. Et surtout, des exceptions. «  No one? » Il sent la tristesse qui teinte sa voix. Il n'a pas envie de lui faire face, de se perdre dans ses yeux qui lui refléteront probablement le même sentiment. Et si, quelques minutes plus tôt, il était prêt à la blesser avec ses paroles, désormais il culpabilise. Il déteste faire ça, Nolan. C'est pour ça qu'il se défile tout le temps. Il n'est pas insensible à la peine des autres. Surtout lorsqu'il en est la cause. That's why I don't do relationship. It just hurts. « Of course I have, I'm not gonna lie to you. » Il ne sait pas comment lui expliquer sans se dévoiler. Et il n'a pas envie de se dévoiler. « But, they are exceptions. And a few, really. » Nolan pousse un léger soupir. Voilà qu'il ressent des remords, le Breslin. « Look at you, I'm hurting you right now. When you care for someone, you give him that power. » Il se décide enfin à reposer son regard sur le visage de Nerys. Elle ne le regarde pas, alors il se permet de détailler ses traits qui lui donnent tellement de douceur. Il a rarement vu une femme aussi belle de toute sa vie. Et la lumière du claire de lune qui baigne son visage ne fait que l'embellir d'avantage. « And I don't want to give anyone that power anymore. »

tu rediriges ton regard vers l'eau, ne souhaitant désormais plus faire face à nolan. ça te frappe soudainement, comme une gifle en pleine figure. tu ne peux pas forcer les gens à rester dans ta vie s'ils ne le désirent pas. ils n'ont pas besoin de raison pour avoir envie de s'éloigner. ils n'ont pas à te donner de raison. t'en as besoin parce qu'au fond, t'es toujours une petite fille. tu crois encore à l'amitié pour toujours et à l'amour, le vrai. seulement, ça ne se passe pas comme ça dans la vrai vie. tu le sais. il faut seulement que tu reprennes tes esprits, qu'un éclair de bon sens de foudroie. ça arrive, parfois. tu te réveilles et réalises à quel point ta vision des choses est ridicule, à quel point t'es ridicule. t'as tellement peur de l'abandon que tu t'accroches égoïstement à des personnes qui ne voient en toi qu'un boulet qu'on traine à la cheville. tu t'accroches égoïstement à nolan. et pourquoi? parce qu'il t'a fait te sentir bien pendant le peu de temps que ça a duré. il t'a fait penser à autre chose. il t'a fait croire que finalement, tu n'es peut-être pas si différente. le monde aime clamer haut et fort les vertus de la différence. mais toi, tu ne veux pas l'être. pas comme ça, du moins. tu veux juste être normale. of course I have, i'm not gonna lie to you. but, they are exceptions. and a few, really. tu baisses la tête, ne le regardant toujours pas. tu n'as pas la prétention de penser que tu pourrais également devenir une exception. tu aurais pu, dans tes moments d'insouciance, d'innocence. pas là. look at you, i'm hurting you right now. when you care for someone, you give him that power. t'hoches timidement la tête, sans la relever pour autant. tu ne pourrais être plus d'accord. il a raison, après tout. et ton changement radical d'humeur ne pouvait pas tomber mieux pour illustrer ses propos. mais parfois, ça en vaut la peine il parait. tu ne saurais expliquer pourquoi - t'es peut-être juste un peu masochiste - mais t'as le sentiment qu'il en vaut la peine. i would hurt you, dis-tu d'une petite voix pleine de sincérité. à te regarder, on pourrait en douter, mais il s'agit pourtant de la vérité. t'es capable d'être la plus attentionnée des amies, comme la plus froide des ennemis. parfois les deux en même temps. tu peux rentrer dans des colères noires, perdre le contrôle. et même sans arriver dans les extrêmes, t'es tout de même capable de faire des choses qui n'ont pas de sens. alors oui, ça en vaut la peine parfois. mais toi, tu n'en vaut pas la peine. and i don't want to give anyone that power anymore. peut-être même qu'au fond, c'est ce que tu devrais faire aussi. seulement s'il y a bien une chose qui t'effraie plus que le fait d'être abandonnée, c'est celui d'être seule. alors tu prends le risque, quitte à finir déçue. tu finis par lâcher un léger soupire. i think i'm going to go..

Il n'en vaut pas la peine, il le sait. Ses parents le savent, aussi. Pourquoi chercher à le connaître alors qu'il repousse les gens sans arrêt, qu'il se montre égoïste et même parfois blessant. Nolan, c'est un ensemble de contradictions. Ses justifications changent chaque jour. Il se lasse trop vite, il a besoin de beaucoup d'attention, il se protège. Mais au final, la vérité, c'est qu'il a peur. Peur que quelqu'un, un jour, puisse réellement s'intéresser à lui et chambouler toute son existence. Peur qu'une personne puisse tout remettre en question et remplir le trou dans son cœur qu'il traîne avec lui depuis tellement d'années. Peur de ne plus ressentir ce sentiment de vide auquel il s'est habitué. Et peur, par-dessus tout, d'accorder son amour à quelqu'un. Mais Nolan, il ne sait pas, il ne peut pas vivre seul. Il a besoin d'attention, d'affection. Alors il s'entoure, une présence qui le rassure, mais qui ne le satisfait pas. Et tant que la peur l'aveuglera, il ne sera pas prêt à changer. « I would hurt you. » Malheureusement, il voit très bien qu'elle le pense. C'est sincère. Mais ce soir, c'est lui qui la blesse. Il l'entend dans sa voix, le voit dans son comportement. Il ne la connait pas, mais il la pensait tellement forte. En réalité, il a l'impression d'avoir une enfant devant lui, une âme brisée. Comme la sienne. Et ça va finir par l'attendrir, s'il reste trop près d'elle. Comme Icare et le Soleil, il va finir par se brûler les ailes s'il gravite trop près de Nerys. « I think I'm going to go.. » Nolan se contente de hocher doucement la tête. Il ne va pas la retenir, c'est mieux pour eux deux si elle part. Et il espère qu'il ne la reverra plus, plus jamais. Car elle le fait réfléchir, elle le fait douter de ses convictions. Et il refuse ça. Encore une fois, ça l'effraie, même s'il se garde bien de l'admettre. « Ok. Be careful. » Il ne peut s'empêcher de lui dire de faire attention, car la nuit est dangereuse. Il ne va pas tarder non plus. Le froid commence à le gagner, la chaleur de son appartement lui manque. Il a sommeil, aussi. Et pourtant il sait qu'il n'arrivera pas à trouver le sommeil ce soir. Tout ça va le travailler, jusqu'à ce qu'il se décide enfin à oublier cette soirée, à la repousser dans un coin son esprit. Et continuer sa vie, comme si de rien n'était. Se complaire, toujours un peu plus, dans son illusion de bonheur. « And, Nerys. » Il ne se retourne même pas pour lui faire face. Non, son regard reste fixé sur l'horizon. « You're beautiful when you smile. » Il aurait aimé ce gifler pour avoir dit ça, mais ça lui brûlait les lèvres. Il avait besoin de le dire, besoin qu'elle le sache. Et au fond de lui, il espère avoir réussi à lui arracher un sourire. Parce qu'il ne supporte pas l'idée qu'elle rentre chez elle en pleurant.