A cette heure-ci, la majorité de Glencullen dormait, alors que je traversais les rues seules pour rentrer chez moi. Le bar venait de fermer, ma journée était terminée et j’allais pouvoir m’affalée sur mon lit et dormir. Toutes les lumières des maisons étaient éteintes, ou d’autres s’éteignaient encore, la ville s’endormait. Je vivais un peu en dehors dans la ville, avec mes frères dans une vieille ferme. Assez pratique pour les soirs de pleine lune, les transformations restaient invisibles aux yeux des humains qui habitaient cette ville. Ce n’était pas si loin que ça finalement, alors je rentrais à pieds après le boulot. Je n’avais pas peur, c’était difficile à croire comme ça mais j’avais plus de force que la plupart des hommes de cette ville. Si un humain venait à être un peu trop collant, j’arriverais à m’en débarrasser en un claquement de doigt. Mais par chance, la ville était tranquille, ce qui était drôle quand on pense au nombre de créatures surnaturelles qui traînaient dans le coin. De ce fait, les soirs de pleine lune étaient beaucoup moins tranquilles. Mais les humains ne se doutaient de rien, pour la plupart. Certains étaient plus malins que d’autres. Tant qu’ils ne s’aventuraient pas dans la forêt… Je sortais un peu de la ville, empruntais un chemin de terre sur la droite, et les derniers mètres me séparant de la maison passaient rapidement. Toute la maison était plongée dans le noir, comme à chaque fois que je rentrais chez moi après le boulot. Sauf une pièce. Une lueur brillait encore à la fenêtre de salon, certainement un de mes frères qui s’était endormi devant la télé en la laissant allumée. Il restait juste à deviner lequel ronflait affalé sur le canapé. Certainement pas Sevastian ou Aamos… Non, bizarrement je voyais plus Misha, ou mon double. J’entrais et me débarrassais de mes chaussures avant d’aller dans le salon pour voir si j’avais gagné ou non mon pari intérieur avec moi-même. Perdu. C’était Markus, affalé sur le canapé, bien éveillé à regarder je ne sais quoi devant la télé. Je m’approchais et m’affalais à côté de lui. « Ben, tu dors pas crevette ? »

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