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Elrich Marbh & Augustus O'Callaghan



 
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 Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)

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Augustus O'Callaghan
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Augustus O'Callaghan
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MessageSujet: Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)   Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse) EmptyJeu 26 Mai - 21:49

We need to talk about Cilian. And me. And you.Us.


Augustus  avait réfléchi un moment au moyen de venir voir sa sœur. Il y avait même passé tout le temps de son dernier jogging, ses écouteurs sur les oreilles, à se demander quelle était la meilleure approche pour aller voir Saoirse sans prendre le risque de se faire arracher la tête par cette dernière. Déjà, il devait exclure les interventions surprises : il savait d’expérience qu’elle n’aimait pas être prise à revers, et il n’obtiendrait jamais rien d’elle en se plantant devant elle comme un chien de berger ramenant une brebis au troupeau. Déjà parce qu’elle n’était pas une brebis, mais qu’en plus elle montrait les crocs plus facilement que lui. Il ne savait pas à quel point cette métaphore était proche de la réalité tiens. Il avait songé à se contenter de l’appeler, mais elle ne répondait qu’à un texto sur deux ces dernière semaines, signe qu’elle n’avait probablement pas envie de le tenir au courant de sa vie. Elle ne décrocherait probablement pas son téléphone si son nom s’affichait dessus, puis prétexterait qu’elle était en réunion ou en diner d’affaire à ce moment là, peu importerait l’heure. Alors il avait décidé d’adopter une autre stratégie, moins frontale, plus détournée : l’appel de l’estomac. Il avait fait l’effort de terminer à une heure décente cette après midi là, et avait fait tous les salons de thé de la ville à la recherche d’un dessert bien particulier : un fraisier. Pas une petite tartelette, non, un vrai fraisier pour quatre personnes, rond et et brillant de sucre glace et de gourmandise. On était jeudi, c’était à dire plutôt vers la fin de la semaine, et ça avait son importance : plus la semaine avançait, plus les gens étaient sujet aux fringales, rapport à la faim qui augmentait à mesure que le manque de sommeil se faisait ressentir. C’était purement physiologique, et connaissant le bourreau de travail qu’était sa frangine, il était à peu près sur qu’elle serait incapable de résister à l’un de ses desserts préférés, proposé juste après sa journée de labeur. Alors il s’était installé dans un pub cosy et propre – il n’allait pas appâter sa cadette avec un décor de tord boyau- , et lui avait envoyé une photo du dessert à coté d’une théière de thé et d’une immense tasse de café fumant, avec pour seul message l’adresse du pub. Normalement, elle comprendrait le message, c’était même sur. Ce n’était pas la première fois qu’ils se retrouvaient juste le temps de gouter, comme à l’époque où ils vivaient encore sous le même toit, simplement parce que c’était la seule tranche horaire où ils arrivaient à se rendre disponibles tous les deux. Alors Augustus reposa son téléphone sur la table, se servit une tasse de thé noir qu’il fit infuser longtemps, surement trop pour les puristes, et pris son mal en patience. Peut être qu’elle viendrait, peut être pas. Et si elle venait, elle pouvait très bien débarquer dans les dix minutes comme dans deux heures. Ce n’était pas bien grave, il n’était pas franchement pressé, de toute façon. Il attrapa le journal posé sur une chaise à coté du canapé où il s’était installé, et s’appliqua à lire les nouvelles du soir pour ne pas se mettre à cogiter de trop. Pas facile, quand on savait que le canard local ne faisait que relayer les faits divers sur lesquels il bossait toute la sainte journée. Bon, à défaut, ça l’amusait de lire les théories absurdes des journaleux du coin, qui ne connaissaient pas un dixième des éléments que possédait la police, mais semblait avoir une bonne idée sur les responsables du bordel ambiant. Il prit une gorgée de sa boisson, avant de lever les yeux en direction de la porte de l’entrée qui venait de se refermer sur une silhouette féminine. Avec un peu de chance, il n’aurait pas à attendre plus longtemps …
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Saoirse O'Callaghan
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Saoirse O'Callaghan
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MessageSujet: Re: Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)   Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse) EmptyMar 31 Mai - 17:46


augustus, saoirse ◊ ”So many Bright lights, they cast a shadow, But can I speak? Well is it hard understanding, I'm incomplete. A life that's so demanding, I get so weak. A love that's so demanding, I can't speak.”

Saoirse était bien loin d'être la personne la plus honnête de Glencullen. Rien de bien grave à son actif, seulement de petits mensonges par ci, par là ; une certaine inclinaison à la manipulation quand la tâche ne s'avérait pas trop compliquée et qu'elle pouvait lui servir et, il fallait l'avouer, elle aimait offrir des verres bien remplis si ça pouvait aider les autres à aller dans sa direction. Elle n'avait jamais trop hésité à offrir un cadeau pour faire pencher la balance de son côté, et ça n'étonnerait pas tout le monde si l'on découvrait qu'elle avait occupé quelques lits le temps d'une nuit pour avoir les informations dont elle avait besoin pour une affaire ou une autre. Sans être un démon, Saoirse n'était pas un ange – aucun O'Callaghan ne l'était, vraiment, et elle s'était toujours dit que c'était une tradition familiale à respecter – mais elle s'était toujours efforcé à rester droite pour quelques personnes. Il y avait Nolan, il y avait eu Helios, même Nephaël. Il y avait eu Cilian, quand bien même elle avait fleuri sa tombe vide pendant cinq ans ; et puis, depuis toujours, depuis la première fois où ses grands yeux de princesse s'étaient ouverts sur le monde, il y avait eu Augustus. Augustus le grand, le seul, l'unique; Augustus qui avait toujours été son modèle, plus encore que ses parents, et qu'elle aimait plus que tout. Augustus qui avait toujours été un repère fiable, l'homme de sa vie bien plus que n'importe quel amant qu'elle avait eu ou aurait. Augustus avait toujours été là et le serait toujours, Augustus, c'était tout, et d'un coup, c'était plus rien.
Elle avait eu du mal à l'accepter. À accepter cette trahison, qui venait de la seule personne qu'elle n'aurait pas cru capable d'une telle horreur. Elle avait retrouvé Cilian. Bien vivant, cinq ans après – et lui, cette ordure de bas étage qui l'avait prise à chaque fois qu'il la voyait dans ses bras pour la consoler, il avait été capable de la regarder dans les yeux et lui dire que tout avait été fini le jour de l'accident. Qui était-il vraiment, celui qu'elle avait toujours cru connaître aussi bien qu'elle se connaissait, pour qu'il puisse lui planter une dague dans le dos sans en montrer la moindre culpabilité ? Elle était peut-être celle qui se transformait à la pleine Lune, se recouvrant d'une épaisse fourrure blanche, mais s'il y avait un monstre, d'eux deux, elle n'était plus que la victime. Une position qui ne lui plaisait que très peu.
Alors elle avait arrêté de donner des nouvelles; arrêté de répondre aux messages et aux appels, arrêté de passer à l'improviste voir son cher grand frère. Elle prétendait ne plus rien en avoir à faire, même si cette histoire la rongeait, en l'ignorant royalement. Elle voulait qu'il comprenne combien il l'avait blessée, combien il l'avait déçue. Elle voulait qu'il mesure l'ampleur de ses actes, et qu'il voit ne serait-ce qu'une minuscule portion de ce qu'elle avait pu ressentir, en appelant chaque mois sur le téléphone de Cilian en priant tous les Dieux pour qu'il réponde, quand lui lui parlait régulièrement. Elle espérait que ça répare ses fautes en un sens, elle espérait que ce serait suffisant pour ne plus lui en vouloir – parce qu'au fond, elle voulait ne plus lui en vouloir. Elle voulait l'aimer ans limites comme ça avait été le cas jusque là, et lui faire confiance plus qu'à n'importe qui d'autre, mais quelque chose l'en empêchait encore.
Et puis il y avait eu ce message, qu'elle avait reçu après quelques appels dans la semaine auxquels elle n'avait jamais répondu. Un magnifique fraisier, comme elle en voyait en rêve, et la promesse d'un grand café chaud – Dieu, elle aurait vendu son âme pour un tel goûter. Saoirse était descendue du taxi qui l'avait amenée de Dublin à Glencullen en traînant un peu des pieds – à vrai dire, maintenant que son ventre lui hurlait de céder, elle hésitait entre rejoindre son frère ou s'acheter elle-même un fraisier. Elle aurait gagné le plaisir du ventre et évité une confrontation dont elle se serait bien passé pour encore, disons, quelques mois. Elle avait pensé en marchant, beaucoup, et avant même de s'en rendre compte, elle était face à la porte du café où Augustus l'attendait. Elle se décevait elle-même sur ce coup-là, mais se résignait en passant la porte, laissant la sonnette annoncer son arrivée.
Elle n'eût pas à chercher longtemps avant de trouver Augustus. Elle aurait reconnu sa silhouette entre mille, et sentait l'odeur enivrante du gâteau jusque là où elle se trouvait. Saoirse laissa ses talons claquer le long de l'allée qui longeait les tables, pour la plupart occupées, jusqu'à venir se poster face à Augustus à qui elle n'adressait même pas un regard, le bras et l'épaule encore enfermés dans une atèle après l'horrible soirée de la Saint Patrick. Elle posa son sac à main à ses pieds, et entreprit de s'asseoir avec délicatesse, alors que son seul bras libre ne se gênait pas pour ouvrir la boîte du gâteau, qu'elle referma aussitôt. La louve était assise à cette table plus par gourmandise qu'envie de voir Augustus, et elle n'attendit pas plus d'une minute avant de briser le silence qui les séparait. Tu me diras combien je te dois pour le gâteau, je n'aimerais pas devoir t'être redevable. Croisant ses jambes sous la table, elle se saisit du café qui lui faisait de l’œil, et en but quelques gorgées. Puis, avant qu'il ne réagisse, Saoirse reprit la parole, sa langue claquant contre son palet. Eh bien ? Tu n'as donc rien à me raconter ? Parle-moi donc de ta vie, ton travail peut-être ? Toujours commissaire, ou tu es devenu une pourriture à temps plein ?
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Augustus O'Callaghan
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MessageSujet: Re: Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)   Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse) EmptyMar 31 Mai - 21:47

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Augustus ne savait que trop bien à quel point il avait merdé avec sa sœur. Ce qu’il avait fait, il l’aurait probablement condamné dans n’importe quelles autres circonstances. Il avait menti à sa sœur, rien que cette donnée était totalement répréhensible. Ce n’était pourtant qu’un détail de cette histoire : le plus grave était le sujet sur lequel il avait occulté la vérité à sa chère frangine. Il avait décidé de lui cacher non pas la mort, mais bien la survie de leur cadet. Il avait menti, pendant cinq ans, en affirmant à Saoirse, les yeux dans les yeux que Cilian avait péri dans ce fichu accident de voiture. Il l’avait consolé pendant des soirées entières de détresse pure, l’avait accompagné au cimetière pour veiller une tombe qu’il savait vide. Il avait fait tout ça sans jamais se trahir, sans jamais s’emmêler les pinceaux dans ses mensonges et ses explications. C’était assez effrayant d’ailleurs, quand on y réfléchissait bien, de se dire qu’Augustus avait pu tenir aussi longtemps, jonglant entre son frère et sa sœur avec l’aisance d’un jongleur mythomane. Jusqu’à ce que son petit manège se casse allègrement la gueule au moment même où ses cadets s’étaient décidés à se revoir. Comment ça s’était produit, il n’en avait fichtrement aucune idée, tout ce qu’il voyait, c’était le résultat : Saoirse avait décidé de couper les ponts avec lui, et Cilian ne s’était toujours pas décidé en revanche à refaire officiellement surface, et il ne savait pas s’il le ferait vraiment un jour. Alors Augustus se retrouvait au milieu, comme un imbécile, à attendre après des coups de fils qui ne viennent pas, à courir après non plus un, mais deux fantômes familiers. Il avait beau être endurant, l’O’Callaghan, il y avait des guerres qui se faisaient lasses…

Il offrit un sourire discret et sincère à sa sœur quand celle-ci passa le pas de la porte. La voir ici, après plusieurs jours – semaines ?- de silence, c’était une véritable victoire. Il savait que le chemin le plus rapide pour aller au cœur de sa sœur était son estomac, et plus précisément sa gourmandise et sa passion pour les bons desserts. Pour autant, il n’était pas vraiment sur de la voir venir : depuis qu’elle avait retrouvé Cilian, c’était comme si il était mort à la place de son frère. D’ailleurs, le regard glacial de la jolie jeune femme lui donnait le ton : elle lui faisait une faveur en l’autorisant à jouir de sa présence, le temps d’un gouter, mais elle comptait bien le lui faire payer chèrement.

- Je dois surement avoir le ticket de caisse dans une poche.

Qu’il répondit tranquillement, refusant de répondre aux aboiements de sa sœur par d’autres grognements. Il n’était pas là pour s’engueuler avec sa sœur, et c’était même plutôt l’inverse. Bien qu’il s’était assuré qu’elle n’était pas inscrite sur la liste des portés disparus de la Saint Patrick, il avait mal dormi sans nouvelle de sa cadette depuis lors. Il avait même fait le tour des services de l’hopital pour être sur qu’elle n’était pas dans un état grave, quelque part. A la voir fièrement assise en face de lui, son bras bandé, se dit qu’il s’était inquiété pour rien. Augustus s’inquiétait toujours bien trop pour Cilian et Saoirse, de toute façon. Il plissa le nez devant la nouvelle estocade de sa douce frangine, prenant une gorgée de thé avant de soupirer :

- Sao …

Elle cherchait la confrontation, encore. Et lui n’avait aucune envie de ça. Il avait fait de son mieux, pour tout le monde, et de toute évidence, le mieux n’était pas suffisant aux yeux de l’opiniatre Saoirse. Pire encore, aux yeux de cette dernière, il était … une Pourriture ? Rien que ça. Le commissaire serrait les dents, conscient que la jeune femme n’avait pas l’air d’en avoir fini avec lui. Alors il se contenta de répondre à sa question, dans l’espoir de calmer un peu le ton de la conversation :

- Tu sais bien que je suis toujours commissaire, tu sais aussi que je travaille beaucoup, et honnêtement. Plus que la plupart des requins avec qui tu fais affaires, probablement.

Il enfourna une cuillère de fraisier, détournant le regard de celui de sa sœur un moment. C’était qu’elle avait le regard perçant, quand elle le voulait. Il reprit sa respiration, comme si l’air manquait dans le pub, avant d’enchainer, jetant un coup de menton en direction du plâtre qui enveloppait son bras :

- Tu t’es fais ça comment ? La St Patrick ?

Il était à peu près sur de la réponse, mais ce n’était pas vraiment ce qui lui importait. Il voulait juste faire parler sa sœur, entendre sa voix, l’entendre s’exprimer sur autre chose que sa qualité de grand frère damné. Au moins quelques minutes.
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Saoirse O'Callaghan
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Saoirse O'Callaghan
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MessageSujet: Re: Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)   Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse) EmptyLun 20 Juin - 3:49


augustus, saoirse ◊ ”So many Bright lights, they cast a shadow, But can I speak? Well is it hard understanding, I'm incomplete. A life that's so demanding, I get so weak. A love that's so demanding, I can't speak.”

Sous ses faux airs de grande dame, douce et calme, Saoirse était une tempête. Une de celles qui ravagent sans pitié, sans remords. Souvent, elle s'emportait – dans ses mots, dans ses gestes. Saoirse, elle gueulait toujours trop faux, à en faire dérailler sa voix, à en faire détourner les regards des autres. Elle avait une patience limitée pour ce qui était de se taire et se tenir tranquille. Ça, ça vaut bien pour le travail – et encore. Elle était teigneuse, la louve. Hargneuse, même. Bien plus qu'elle n'en avait l'air.
Elle avait toujours su se contrôler avec Augustus. Parce qu'il avait la parole sainte, le commissaire; c'était lui le Tout. L'Absolu. Mais le masque s'effritait, se brisait – et un seul nom revenait, celui de Cilian. Elle savait bien que leur aîné avait voulu faire au mieux, qu'il avait tenté de satisfaire tout le monde, mais c'était trop à supporter; il fallait un coupable à toute cette histoire, à ses pleurs, ses souffrances, et ça ne pouvait plus être Cilian. Ça ne pouvait plus être Cilian, parce qu'il avait su répondre à ses attaques. Parce qu'elle avait compris : il était heureux, en étant loin. Et elle hurlait, et elle hurlerait encore, mais une part d'elle-même lui répétait sans cesse qu'elle n'avait pas le droit de lui en vouloir. D'en vouloir à un gamin qui n'avait jamais été à sa place nulle part, sauf quand il était loin.
Alors elle en voulait à Augustus, parce que c'était plus simple. Parce que s'il avait parlé, elle n'aurait pas autant souffert, elle aurait pu profiter de cinq ans avec ce petit frère qu'elle chérissait tant. Et la tempête qu'elle était avait décidé de lui faire payer. De faire payer à Augustus, le grand Augustus, le saint Augustus, cinq années privée de son cadet, cinq années de pleurs incessants.
Elle avait voulu l'éviter, mais il la retrouvait – elle était de toute évidence moins douée que Cilian. Alors maintenant : elle attaquait. Il la connaissait mieux que quiconque, il savait ce qu'elle allait faire avant même qu'elle ne passe la porte du café. Il savait qu'elle allait mordre, quand bien même elle n'avait pas de fourrure sur le dos cette fois-ci.
Je dois sûrement avoir le ticket de caisse dans une poche. Saoirse levait légèrement les yeux au ciel en réponse. Sans qu'elle ne l'avoue, la voix de son frère lui faisait du bien – parce que c'était comme retourner à la maison; entendre Augustus c'était rassurant parce qu'il avait cette voix grave et douce à la fois. Il avait une délicatesse certaine, et l'avantage d'habiter la vie de Saoirse depuis plus de trente ans. Elle respirait un peu plus sereinement, d'une certaine façon, quand bien même sa colère ne diminuait pas, maintenant qu'il était là. Elle voulait pouvoir le haïr et le fuir sans qu'il la laisse partir – et jusque là, il ne l'avait pas déçue. Elle ne voulait pas être un fantôme, devenir une absente. Elle voulait qu'il la chasse, la trouve, toujours, où qu'elle soit. Elle voulait que même si elle hurle et frappe, il continue d'être là si elle finit par s'effondrer.
Distraitement, Saoirse tendit la main en l'air, vers Augustus – mais elle s'arrêta à mi-chemin, serrant le poing dans les airs avant de le laisser retomber autour de sa tasse de café. Sao… Tu sais bien que je suis toujours commissaire, tu sais aussi que je travaille beaucoup, et honnêtement. Plus que la plupart des requins avec qui tu fais affaires, probablement. Elle fronça les sourcils, mécontente de ce qu'elle entendait là, mais n'étala pas plus son ressenti en avalant quelques gorgées de café. Machinalement, comme un réflexe qu'elle avait depuis toujours, Saoirse mit une tape à la main de son frère qui s'approchait une seconde fois du fraisier – elle n'avait pas été assez rapide pour l'avoir la première fois – et s'empara à sa place d'un morceau de gâteau. Ce n'est pas parce que je suis ta sœur qu'il faut en oublier ta galanterie. Sa voix était basse, comme un murmure, une parenthèse dans la conversation qui s'annonçait bien longue. Tu t’es fais ça comment ? La St Patrick ? Après l'avoir scruté pour un moment bien trop long, Saoirse baissa son regard jusqu'à son bras blessé. Elle en bougea les doigts, sans cacher une légère grimace, avant de relever les yeux vers le commissaire face à elle. Oh ? Un hoquet de surprise mal joué, qui laissait vite place à un sourire qui n'en était pas vraiment un. Excuse donc ma surprise, je n'étais pas sûre que tu te soucie encore de mon état après tout ça. Est-ce que tu n'as pas assez entendu parler de ce qu'il s'est passé en ville, pour poser une telle question ? La louve serra les dents, se stoppant elle-même dans son flot de paroles, le regard plongé dans celui de son frère – puis, elle soupira. Ces... choses ont semé la panique et je me suis retrouvé un peu trop près. On a été plusieurs à voler les uns sur les autres, et Cilian et moi avons fini empilés comme des morceaux de viande. C'était un peu compliqué à admettre pour elle, d'avoir été balayée comme ça. Comme si elle n'avait même pas été le plus petit des obstacles – seulement une poussière sur leur chemin. Sa gorge se serrait un peu, en repensant à ces yeux noirs qui l'avaient scrutée, et elle changeait aussitôt de sujet. Je ne fais pas affaire avec des requins, comme tu les appelle. Tu ne te crois pas mal jugé pour juger les gens, entre ton honnêteté défaillante et et tes méthodes de persuasion... Elle jeta un regard au gâteau. ...Douteuses ? Ces requins-là ne sont peut-être pas des plus honnêtes, mais ils ont l'avantage de faire leur travail, eux. J'ai entendu dire que l'enquête n'avançait pas... C'est comme ça que tu comptes protéger les gens, Augustus ? Ça faisait des années qu'elle n'avait pas prononcé son nom comme celui d'un vulgaire étranger. C'est comme ça que tu comptes nous protéger ?
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Augustus O'Callaghan
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MessageSujet: Re: Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)   Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse) EmptyLun 20 Juin - 22:45

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Ses airs de grande dame douce et calme, Augustus le sait, c’est juste du Bullshit. Quand on savait que Saoirse voulait dire Liberté, on ne pouvait pas douter que cette dernière prenait la sienne de faire vivre un enfer à ceux qu’elle estimait ne pas être à la hauteur. Et pour tout vous dire, elle avait toujours mis la barre très, très haute. Le commissaire savait que pendant longtemps, il avait bénéficier d’une sorte d’Etat de grâce aux yeux de sa sœur : ils avaient traversé tellement de choses ensemble qu’elle n’avait jamais songé à le voir autrement que comme une sorte de saint, une vision totalement biaisée du garçon, puis de l’homme qu’il était devenu. Il était loin d’être parfait, tout juste tentait il de faire de son mieux, pour tout le monde, tout le temps. Parfois ça marchait, parfois il merdrait grave, sauf que ça, Saoirse en avait toujours fait fit. En tout cas jusqu’à maintenant. A présent, il ne voyait plus que du mépris froid dans le regard ambré de sa cadette, et il avait presque l’impression de pouvoir voir le venin suinter de ses canines aussi parfaites que le reste de sa dentition, qu’elle faisait surement blanchir à l’occasion pour parfaire son physique déjà exceptionnel. Il s’attendait à une prochaine estocade avec un peu de lassitude, mais sans agressivité. Il en était probablement incapable face à sa cadette, de toute manière.
Il fit la moue quand elle lui tapa sur les ongles comme une maitresse d’école sur ceux d’un enfant mal élevé pour lui subtiliser la prochaine part de gâteau, mais il la lui laissa de bonne grâce finalement : si ça pouvait l’adoucir un peu, il lui laisserait toute la chantilly et la crème dessert du monde sans le moindre regret.

- Navrée, princesse, je n’ai plus l’occasion d’entretenir mes bonnes manières sans les diners avec ton service de couverts en argent.

C’était vrai, techniquement, si il essayait de se montrer le plus irréprochable possible avec les dames, mais avec sa sœur, ça atteignait un tout autre niveau. En même temps, c’était un peu elle qui lui avait expliqué ce qu’il fallait faire avec les filles, à l’époque, et il l’avait toujours écouté religieusement sur ce sujet là. Il ne pouvait pas nier que d’ailleurs, ça lui avait plutôt réussi. Malheureusement, ce petit moment de légèreté ou presque se dissipa rapidement alors qu’elle le fixait d’un regard de prédateur : allait elle lui sauter à la gorge, physiquement ou verbalement, ou se payerait elle le luxe de faire les deux ? Les lèvres de sa sœur s’étirèrent dans un rictus dangereux, alors qu’Augustus avalait une cuillère de crème. Un peu de sucre pour adoucir les morsures. Le ton était acide, les reproches à peine voilés. Les machoires de Gus se serrèrent ostensiblement quand elle mentionna le fait qu’ils s’étaient retrouvés tous les deux, Ciliant et Elle, au milieu de cet apocalypse sur Terre. Non, il n’était pas en ville ce soir là. Par un hasard scandaleux, il avait passé la soirée à Dublin à bosser avec les meilleurs criminologues sur les différents meurtres qui avaient déjà secoué la ville le mois précédent. Comment aurait il pu deviner qu’une bande de psychopathes viendraient transformer la fête la plus familiale de l’année en véritable boucherie ? Il n’était pas devin, aux dernières nouvelles.

- Sao …

Mais non, encore une fois, ce n’était pas à son tour de parler. Saoirse continuait avec son débit de mitraillette, le dardant de ses prunelles perçantes qui avaient le don de voir aux tréfonds de son âme. Ce qu’elle lui disait ne lui plaisait pas. Elle mettait le doigt là où ça faisait mal : Il n’avait que son travail dans sa vie, son travail et ses frères et sœurs. Si il échouait sur les deux tableaux, que lui restait il, à la fin de la journée ? Pas grand-chose, en effet. Il resta silencieux un moment après la question de sa sœur, la fixant à son tour de ses iris comme deux billes d’acier sombre dans l’ambiance tamisé de l’endroit, pareilles à un ciel d’orage.

- Je ne suis pas un super héros, je ne l’ai jamais été. *qu’il souffla d’une voix basse, étonnement calme. Presque éteinte* Je suis juste un type normal, terriblement normal, qui essaye de faire de son mieux avec ce qu’il a. Je n’ai pas vos … Capacités d’adaptation, à Ci’ et à toi. J’suis p’t’être pas aussi doué qu’vous à gérer les situations difficiles aussi, surement. Mais dis moi, Sao, à ma place, tu aurais fait quoi ?  Tu aurais pris le risque de laisser Cilian tout seul, parce que si tu en parlais à qui que ce soit, il disparaissait pour tout le monde, définitivement ? Tu aurais décidé de le traquer comme un criminel pour le ramener à la maison, au pied de Papa ? Parce que tu as raison, moi j’ai pas eu les couilles de le faire. J’ai préféré lui obéir, parce que j’avais la trouille qu’il se barre définitivement, et qu’il n’y ait plus aucune chance qu’il change d’avis, comme il s’est décidé à le faire avec toi. Après une éternité, mais il l’a fait quand même. Alors tempête autant que tu veux, mais en attendant, au final, je préfère que ça se fasse dans ce sens que dans l’autre.

Il n’y avait pas de colère dans son ton, tout juste de la lassitude. Il était las de se prendre des coups, des reproches de chaque coté, et pourtant en bon chien de berger, il restait là, fidèle au poste. Simplement tout ça commençait à lui peser, en plus de tout le reste. Sauf qu’on ne lui demandait jamais, à lui, comment il allait. Parce qu’il n’en parlait jamais spontanément, alors, on présumait qu’il allait bien, toujours. Malgré les cernes d’encre à ses yeux et ses ongles rongés, Augustus allait toujours bien. Solide comme un roc, il parait.
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Saoirse O'Callaghan
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MessageSujet: Re: Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)   Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse) EmptyMar 21 Juin - 3:15


augustus, saoirse ◊ ”So many Bright lights, they cast a shadow, But can I speak? Well is it hard understanding, I'm incomplete. A life that's so demanding, I get so weak. A love that's so demanding, I can't speak.”

Navré, princesse, je n’ai plus l’occasion d’entretenir mes bonnes manières sans les dîners avec ton service de couverts en argent. Un léger sourire étira les lèvres de la louve, avant qu'elle ne se force à le cacher. Elle aimait la manière qu'Augustus avait de lui donner des surnoms comme si elle était une enfant; une chose de plus qui lui donnait cet air paternel. C'était fou, comme même si elle lui en voulait et désirait le haïr, elle retrouvait toujours une certaine tendresse pour lui. Un attachement spécial, quelque chose qu'elle ne pouvait avoir qu'avec lui. Rassurant de voir que malgré tout ce qui s'était passé, malgré le temps et les épreuves, malgré les sautes d'humeur capricieuses de mademoiselle, Augustus et Saoirse restaient Augustus et Saoirse.
Elle n'y avait pas fait spécialement attention, mais le départ de deux de leurs voisins de tables et la pluie qui tapotait les carreaux du café la ramena à la réalité – elle n'aurait, même en se concentrant, pas été capable jusque là de dire si elle était assise sur cette chaise depuis déjà deux heures ou seulement cinq minutes. Le temps s'était presque arrêté, tant il n'y avait plus qu'eux; Augustus et sa patience face à Saoirse et ses reproches.
Elle prit une autre bouchée de fraisier, son estomac la remerciant joyeusement d'être venue, en laissant la crème fondre sur le bout de sa langue. Son pouls était encore agité par chacune de ses prises de paroles, qui avaient le défaut de la laisser s'emballer, mais elle se concentrait sur sa respiration pour ne rien montrait. À l'occasion, quand un inconnu quelconque leur jetait des coups d’œil furtifs, la juriste se forçait à feindre un sourire poli, soutenant les regards jusqu'à ce qu'ils ne soient plus le centre de l'attention de quiconque.
Son attention à elle se reporta à nouveau sur Augustus, et elle se stoppa net sous la lourdeur de ses mots. Elle s'arrêta de bouger, de réfléchir, de respirer. Je ne suis pas un super héros, je ne l’ai jamais été. Elle avait trente ans révolus, elle n'était plus une enfant. Elle avait entendu des horreurs, vu des horreurs, entendu des horreurs. Et pourtant : elle était là, tétanisée face à ce frère si grand qui articulait des mots effrayants. Il avait toujours été un super héros. Le grand sauveur. Il avait assuré ses arrières quand elle faisait des bêtises, il avait prit sur lui quand les voix des parents s'élevaient pour ne pas que Cilian ou elle aient à les supporter. Il avait séché ses larmes de crocodile quand elle tombait, il l'avait rassurée quand elle avait peur, il l'avait réconfortée quand elle était triste. S'il y avait un fil rouge à la vie de Saoirse, c'était Augustus, toujours là, héros dans l'ombre, qui agissait dès qu'il le fallait. Et les mots qui la frappaient maintenant lui laissaient une boule au ventre et la gorge serrée. Elle n'avait jamais attendu ça de lui – c'était probablement le problème avec le fait de le considérer comme un surhomme: il n'en avait plus les faiblesses. Mais elles étaient là, sans qu'elle s'en rende compte. Augustus avait d'autres chats à fouetter, il avait d'autres soucis, d'autres inquiétudes dans sa propre vie. Il n'était extraordinaire que parce qu'elle voulait qu'il le soit, ça n'avait jamais été autre chose. Et c'était compliqué à comprendre.
La juriste serrait la mâchoire, fort, les sourcils froncés au-dessus d'un regard outré. S'efforçant de garder une délicatesse qu'elle voulait à toute épreuve, Saoirse reposa sa cuillère sur la table, gardant les yeux rivés dessus; elle les sentait s'humidifier, doucement, et tout ce qu'elle n'avait pas dit lui monter au visage. Elle en avait les joues rougies, les joues gonflées, les yeux trempés. Un vrai spectacle son et lumières en préparation. Et à peine Augustus eût-il fini sa tirade qu'elle se levait de rage, explosant en laissant son bras frapper le bois de la table. BIEN SÛR QUE JE TE L'AURAIS DIT ! Sa voix résonnait entre les murs du café, et tous les regards se portaient sur la furie qu'elle semblait être. Elle renifla, une fois puis deux, et resta silencieuse un instant pour tenter de se contenir. Je... Comment... J'aurais pas pu vivre avec ça, putain. J'aurais pas pu te regarder dans les yeux, et te dire que j'étais désolée mais qu'il ne restait rien à faire alors que je savais. J'aurais peut-être tout ruiné, mais j'aurais pas pu te mentir, tu vois ? Parce que même là, même là où (Elle mima un étranglement de sa seule main valide, dirigé contre Augustus.) ... même là où je pourrais t'étrangler de rage, tu vois, j'pourrais pas te mentir. Un rire, qui lui était bien amer, la prit de court et la fit bégayer. J'pourrais même pas te dire que j'te déteste alors que j'essaie, si tu savais, j'essaie de te haïr. Et j'peux pas. Même ça j'peux pas – alors non, j'aurais pas pu te mentir yeux dans les yeux, pendant cinq ans. Comme à bout de forces, Saoirse retomba sur son siège, presque molle. Et si j'avais pas croisé Cilian par hasard ? Et si j'y étais resté, à la Saint Patrick, et que je l'avais pas croisé avant ? T'aurais fait quoi, en sachant que j'étais partie sans savoir ? Et à Cilian, tu lui aurais dit quoi, hein ? Plus rien n'avait de sens, et elle ne savais même plus où elle voulait en venir, mais elle voulait que ça sorte. Elle avait besoin que ça sorte. Je... T'as toujours été un héros, Aug. T'as toujours été un meilleur parent que Papa et Maman, et mon meilleur ami, et le meilleur des frères. Et putain, la seule fois où c'était important... Elle ne finit pas sa phrase, mais releva son regard vers lui – un regard qui crachait tout, de sa déception au regret qu'elle éprouvait déjà de lui avait balancé tout ce qu'il ne méritait pas. Saoirse secoua la tête, distraitement, avant de reprendre, dans un souffle. Je sais pas, je sais plus. Je sais pas quoi faire, je sais plus quoi penser de toi... Si t'es pas un héros, t'es quoi, Aug ? J'veux pas que tu sois juste mon frère, tu peux pas être juste ça. Tu peux... tu peux pas. Les larmes lui montaient à nouveau aux yeux, et la rivière débordait déjà de son lit. Tu sais, j'suis triste à propos de beaucoup de choses en ce moment – mais j'crois que le pire, c'est de te voir comme ça. C'est de te voir encaisser, toujours. Hurle, putain. Crie, frappe, insulte-moi, j't'en supplie... Tu peux pas rester comme ça et me dire que t'es pas un héros, alors que j'suis la plus injuste avec toi, alors que tous les autres auraient abandonné toute envie de me voir après tout ce que je t'ai balancé. Tu peux pas... Elle se stoppa en un soupir, et examina le visage d'Augustus en détail, en se mordant la lèvre de nervosité. Tu.. C'est... Augustus, depuis combien de temps t'as pas dormi ? Ses sourcils étaient froncés, mais tristement cette fois. Elle tendit encore sa main vers Augustus, et effleura sa joue du bout des doigts. Est-ce que tu as toujours eu l'air aussi anéanti ? Elle s'était calmé, d'un coup. Pas pour l'apparence, mais réellement. Elle ne pensait pas à chercher à savoir s'il allait bien ou non, s'il mourrait de fatigue ou non – parce qu'il avait toujours été super Augustus, parce qu'un héros, ça ne tombait pas de fatigue, ça ne se décourageait pas. Et elle tombait de haut, mais ses mots raisonnaient un peu encore : il n'était pas vraiment un héros.
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Augustus O'Callaghan
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MessageSujet: Re: Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)   Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse) EmptyMar 21 Juin - 20:44

We need to talk about Cilian. And me. And you.Us.

Il n’avait jamais voulu lui faire de la peine, c’était bien même la dernière chose qu’il voulait au monde. Il avait passé des années, des An-nées à ménager la chèvre et le chou, à essayer de contenter tout le monde dans ces circonstances absolument intenables pour lui. Il avait apaisé les sanglots de Saoirse et les paranoïas de Cilian, en plus des colères de son père et des inquiétudes de sa mère. Augustus ne s’était jamais vu comme un espèce de bon samaritain, et pourtant c’était un peu ce qu’il était, comme une nature profonde et implacable. Il ne supportait ni la détresse ni l’injustice, et c’était surement pour ça qu’il était devenu flic, et qu’il se pliait en quatre pour ses deux cadets depuis plus d’années qu’il ne pouvait les compter de tête. Il ne réclamait pas une médaille pour service rendu, il n’avait même jamais réclamé de gratitude ou de remerciement, et c’était peut être ça le problème : à trop donner l’impression aux deux autres O’Callaghan que son comportement exemplaire était un acquis, ils avaient pris la mauvaise habitude de trop en attendre de leur aîné. Or, il n’était pas plus infaillible qu’eux, loin de là même.

Il ne réagit même pas quand Saoirse poussa sa première gueulante de la soirée, provoquant un mouvement général de surprise dans l’assistance. Si il avait été cynique, il aurait applaudi sa sœur pour avoir réussi à résister plus d’une dizaine de minutes avant de se mettre à beugler comme une vache. Parce que ouais, bel effort, vraiment. Au lieu de ça, il continuait de la fixer d’un regard sombre mais résigner : évidemment qu’elle s’imaginait qu’à sa place, elle aurait été capable de surmonter l’omerta. Lui aussi, sur le papier, il était persuadé que jamais il ne cèderait au chantage de qui que ce soit. Sauf que voilà, elle n’avait pas été à sa place. Elle n’avait pas eu à souffrir du ton déterminé de leur frère, qui menaçait de disparaitre, littéralement et métaphoriquement, de leur vie si il pipait mot. Elle n’avait pas eu à veiller jusqu’à des heures improbables dans l’espoir d’entendre Cilian cinq minutes au téléphone, pour tenter de le convaincre inlassablement de dire la vérité à son entourage. Parce qu’après toutes ces années, s’il y avait quelque chose dont il ne s’était pas détourné, c’était bien ça : rabâcher à Cilian qu’il manquait à sa sœur, qu’il était fatigué de mentir et qu’il fallait qu’il revienne, au moins pour elle. il ne savait pas si c’était ça qui avait décidé Cilian à se montrer en public, mais toujours était il que si c’était à refaire, il réitèrerait l’expérience, sans hésiter, si ça permettait à Cilian et Saoirse de se retrouver, à chaque fois. Il secoua la tête, doucement, avant de soupirer alors qu’il n’entamait aucun mouvement de recul devant les serres de sa sœur qui s’approchaient de sa gorge, même symboliquement :

- J’aurais préféré ne pas avoir à le faire. Je n’en ai pas eu le Choix. Ce n’était pas moi, le maitre de la situation. J’aurai préféré.

Il balaya les arguments de sa sœur d’un mouvement impatient de la main : Avec des si, on refaisait le monde. Avec des Si, Cilian ne partait pas de la maison, il avait le luxe de faire des études de droit parce qu’ils auraient eu des parents décents, elle serait devenue infirmière plutôt que juriste. Alors les Si, Augustus ne s’en embarrassait pas pour autre chose que ses enquêtes, sinon il pouvait dire adieux à ses nuits, déjà bien courtes. Il continuait d’encaisser les reproches de Saoirse sans flancher, pour l’instant du moins, se promettant de réfléchir à cette logorrhée plus tard, promis, juré. Il réfléchirait à ce titre de héros qu’il ne méritait pas plus qu’un autre, de ce que c’était, la déception, et de ce qu’il pourrait faire pour se rattraper, si elle lui donnait l’occasion. Son esprit divaguait un petit peu d’ailleurs, expliquant son peu de réactions aux attaques de sa frangine, qui auraient pâlir n’importe quel type un tant soit peu fier et susceptible. Lui n’était ni l’un, ni l’autre, et il savait que de toute façon, tant qu’elle était dans cet état, il ne pourrait pas lui exposer le moindre argument raisonnable. Alors autant se taire, et attendre que l’orage passe. Il finit toujours par passer.

- Hmmm , quoi ?

Il devait avoir louper un épisode, parce qu’à présent elle avait les larmes aux yeux. C’était parce qu’il avait pas répondu à sa question sur ce qu’il était, ça la chagrinait tant que ça ? Parce que pour être honnête, il voyait pas trop quoi lui répondre, à part lui dire qu’il était son frère, et flic. C’était ce qui le définissait, et jusqu’alors, juste avant ses reproches, il en tirait suffisamment de fierté pour se sentir bien dans ses baskets. Il n’avait jamais trop eu l’ambition d’être plus que ça, parce qu’il trouvait ça déjà pas mal.

- J’t’ai jamais frappé ou hurlé dessus, c’est pas pour ça que je commencerai, surtout quand il y a sur’ment une part de vérité dans ton plaidoyer.

Il ne répondit pas à la seconde question tout de suite, se raidissant au contact des doigts fins de sa sœur sur sa joue un peu râpeuse : ça faisait longtemps qu’il n’avait pas eu ne serait ce qu’un simple contact physique autre qu’une poignée de main avec un autre être humain. Vivant en tout cas. Son visage se ferma un peu devant les interrogations inquiètes de Saoirse, plus ostensiblement encore pour deux pauvres questions que pour toutes les horreurs qu’elle avait pu lui dire juste avant. D'aileurs, ce ton se fit presque plus dur, malgré le trémollo qui le trahit à la fin :

- Ça va, Sao, t’es pas obligée de te sentir concernée juste après m’en avoir mis plein la gueule, c’est pas grave hein. Oui je travaille beaucoup en ce moment, tu sais, pour compenser mon incapacité à gérer les choses dès qu’elles commencent à devenir un peu compliqués. J'espère au moins que ça t'a fait du bien de vider un peu ton sac, appremment tu en avais besoin ...

Il aurait pu lui dire que non, il ne dormait pas, ou alors que peu parce que dès qu’il fermait les yeux, il avait l’impression de se paralyser dans son sommeil, une sorte de cataplexie provoquée par ses cauchemars et les hurlements qui résonnaient dans ses oreilles, même dans le silence le plus profond. Il aurait pu lui dire que oui, il était anéanti, parce que parmi les victimes, il avait du assister à l’autopsie d’une gamine d’une dizaine d’années aux longs cheveux chatain et à la peau laiteuse qui ressemblait tellement à Saoirse qu’il en avait perdu l’appétit pendant près de quarante huit heures. Il aurait pu, oui, mais à la place, il préférait détourner la conversation. Parce qu’il préférait presque qu’elle soit fachée qu’inquiéte. La colère, il savait gérer. L’inquiétude, beaucoup moins.
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Saoirse O'Callaghan
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MessageSujet: Re: Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)   Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse) EmptySam 2 Juil - 21:15


augustus, saoirse ◊ ”So many Bright lights, they cast a shadow, But can I speak? Well is it hard understanding, I'm incomplete. A life that's so demanding, I get so weak. A love that's so demanding, I can't speak.”
D'un coup, l'inquiétude était tombée sur Saoirse comme la misère sur le pauvre monde. Elle se perdait, lentement, tombait de la montagne de certitudes qu'elle avait mit trente et quelques années à fonder. Ça n'était pas la fin du monde, pas même comparable à ce qu'elle avait vécu concernant leur cadet, mais elle se sentait mal de tomber ainsi. Parce qu'elle aurait du savoir – elle n'était après tout pas si bête; on la complimentait souvent sur son sens de l'observation, sa capacité à voir et analyser les choses rapidement. Elle avait remarqué que son associé avait changé de lunettes la semaine passée, et que sa patronne portait un nouveau chemisier. Saoirse, si elle n'était pas douée pour retenir ni les dates ni les numéros de téléphone, s'apercevait d'un changement capillaire aussi minime soit-il, s'offusquait de la couleur du nouveau sofa de l'entrée des bureaux où elle travaillait qui était une teinte plus clair que l'ancien – et ça jurait avec le papier peint. Elle observait, sans cesse, quand elle n'était pas occupée à hurler, et pouvait se vanter de connaître des détails auxquels peu de gens faisaient attention.
Et Augustus... sainte mère ! Elle avait passé sa vie à le détailler, sans cesse. L'on pourrait la soumettre à un test, le jeter parmi une armée de clones et elle retrouverait toujours le bon. Elle connaissait chaque parcelle de son visage, des reflets roux de sa barbe à ceux plus dorés qui venaient habiller les pointes de ses cheveux; elle connaissait la teinte juste que prenaient ses joues quand elles s'enflammaient d'embarras, et l'endroit exact où venaient se creuser ses fossettes quand il éclatait d'un bon rire. Si elle avait eu suffisamment de talent, elle aurait pu le peindre à la perfection; les yeux fermés, elle se souvenait encore de la frimousse de son frère plusieurs années en arrière, comme si c'était le seul souvenir qui avait toujours habité son esprit, et le seul qui resterait là jusqu'au bout. Les autres s'effacent; elle avait pleuré de peur d'oublier le visage de Cilian quand elle sentait ses souvenirs s'estomper et devenir flous, mais Augustus restait intact.
Et pourtant, elle avait mal étudié son cas.
Elle n'avait jamais vu cet air absent qui habitait son visage, ni la teinte fade que pouvaient prendre ses prunelles, d'ordinaire d'un bleu si pétillant – à vrai dire, elle avait du le voir, mais ne l'avait jamais regardé. Lui revinrent en mémoire, au moment-même où cette pensée lui passait en tête, quelques miettes de souvenirs, des regards jetés du coin de l’œil, des attentions distraites envers Augustus; si une partie d'elle, enfouie quelque part, avait peut-être capté cette étincelle éteinte en son frère, elle s'était toujours arrangé pour l'ignorer, l'enfermer loin et espérer que tout passe. Et tout lui remontait à la gueule, maintenant.
La conversation à propos de Cilian semblait déjà loin, et la fureur de Saoirse s'était envolée avec. Si elle était fâchée, c'était contre elle à présent – fâchée, énervée, irritée de sa propre incapacité à voir la seule chose qui lui importait; furieuse, même, de s'en être pris à la seule personne qui lui pardonnait tout, comme toujours, à la seule personne qui s'inquiétait pour elle comme si elle avait été le plus grand trésor de ce monde. Elle avait une chance plus qu'immense d'être née dans cette famille; quand bien même leurs parents n'étaient pas des plus exemplaires, être liée à Augustus représentait probablement sa plus grande fierté, et elle n'était une fois de plus pas à la hauteur pour mériter un tel privilège.
Saoirse se concentrait davantage sur les expressions de son aîné que sur ses paroles; elle tentait de rattraper trois décennies d'ignorance et voulait ancrer ce visage-là dans son esprit, aussi douloureux fut-il à regarder. Un soupir la prit néanmoins quand il eut fini de parler, laissant sa main retomber sur la table en douceur.
Est-ce que t'en as pas marre, de toujours nous faire passer avant toi ? Elle plantait ses yeux rougis dans ceux bien plus froids de son frère, sans gêne. Pourquoi tu continues, après tout ce que j'ai pu te dire, d'agir comme ça ?Pourquoi après tout ça, t'avoir fait attendre des heures pour répondre à un pauvre SMS, t'avoir hurlé dessus et mit la honte en pleurant au beau milieu d'un café... pourquoi tu continues encore de faire semblant ? C'était elle qui était gênée de la situation, pour le coup. Gênée d'avoir l'impression d'être sur un piédestal qu'elle ne méritait plus, qu'elle n'avait peut-être jamais mérité. Si elle s'occupait tant d'elle-même, alors il aurait du faire de même. Je te connais trop, Aug. Je te connais quand tu ris, quand tu pleures, quand t'en as marre des repas de famille, et même quand tu t'énerves. Mais ça... ton visage, là, c'est encore différent. Et je connais pas, et ça m'effraie. Mais tu peux pas me dire que c'est seulement un manque de sommeil – ça, c'était bon quand on avait douze ans. On s'en fout, que j'ai besoin de vider mon sac – ça fait trente ans que tu me fais le vider, mon sac. Ça fait trente ans que tu supportes l'hystérique qui te sert de sœur sans broncher, et même là... T'as l'air tellement fatigué, et je m'en étais jamais rendu compte, et tu espères que je change de sujet. J'ai plus envie, Aug. J'ai plus envie de hurler, j'ai plus envie de pleurer. Elle fit une petite pause dans son monologue, le reprenant d'une fois moins affirmée.
Est-ce que tu ne vas pas lâcher prise, au bout d'un moment ? À force de t'inquiéter pour nous comme si on était des trésors de grande valeur ? La pointe d'hésitation qu'elle pouvait sentir en elle s'échappa en vitesse, et Saoirse prit la main de son frère, la serrant fort dans la sienne. Elle était un peu hypocrite, à lui cracher son venin avant de s'inquiéter de son bien être, mais elle avait toujours été comme ça. Une tornade, menaçante. Parfois destructrice, et en constant changement. Je sais que je suis horrible mais... ce que je t'ai dit, je le pensais. Une part de moi le pense, en tout cas, mais... mais j'aurais pas du exploser, et certainement pas comme ça. Tu mérites pas ça; j'ai été trop loin et – A nouveau, un soupir la prit, et elle resserra encore plus l'emprise qu'elle avait sur la main de son aîné. J'ai jamais pu te détester, même quand je pensais tout ça, et je pourrais jamais en venir là – et j'veux pas que tu me détestes. J'veux pas qu'un jour – Pause courte. J'veux pas qu'un jour tu te réveilles et que t'en aies marre de moi et de mes pseudo problèmes, de mon égocentrisme à toute épreuve. J'veux pas te croiser dans la rue et voir ce visage exténué en face de moi. C'est trop tard mais... j'veux pas te décevoir. Et j'veux pas que tu te négliges, ni que tu me mentes, même si c'est juste pour dire que tu vas bien. Parce que tu vas pas bien, Aug. Je sais pas depuis quand tu es comme ça, mais tu vas pas bien. Et j'ai beau avoir vécu trente ans sans rien voir, maintenant je peux pas l'ignorer.
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MessageSujet: Re: Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse)   Are you avoiding me, Sis' ? (Saoirse) EmptyLun 4 Juil - 22:39

We need to talk about Cilian. And me. And you.Us.

C’était assez paradoxale, cette manière dont Augustus était capable d’essuyer les tempêtes, les cris et les hurlements sans même ciller, mais ne pouvait pas supporter une seule seconde que l’on s’inquiète pour lui. Ça devait venir de l’éducation, sans doute, puisqu’on lui avait toujours appris que le fils, l’ainé, était l’homme fort de la maison, celui qui avance en serrant les dents, qui cache ses faiblesses, sa fatigue, sa colère même parfois. Il ne se souvenait même pas d’une fois où il avait vu une lueur d’inquiétude dans le regard de son père, enfant : il s’en était pris des gamelles, en skate, à vélo, il s’en était reçu des baffes des autres petits durs du quartier, mais jamais son paternel ne s’en été fait plus que ça de la santé de son fils. Il était grand et fort, et cela suffisait bien à satisfaire le père O’Callaghan. Pour ce qui était de sa mère… La petite Saoirse était bien plus délicate et facile à cajoler que son ainé, et Cillian encore un peu plus, en tout cas jusqu’à ce qu’elle s’en désintéresse tout à fait. Dans tous les cas, Augustus n’était pas celui pour lequel on s’inquiétait, et ça lui allait très bien comme ça, et il préférait que cela continue ainsi le plus longtemps possible.

Alors naturellement, il s’était renfrogné en entendant Sao s’épancher soudain et se soucier de son sort, de sa santé. Il n’aimait pas cette façon qu’elle avait de le regarder, avec tant d’interrogation dans le regard pour lesquelles il n’aurait aucune réponse rassurante ni réconfortante. Il ne lui mentait pas, jamais, en dehors de ce théatre tragique qu’avait été la fuite de Cilian, et pourtant il n’avait absolument pas envie de lui dire dans quel état il était actuellement : De toute manière, qu’est ce qu’elle aurait pu y faire, hein ? L’aider à résoudre ses enquêtes ? Lui offrir une cure de sommeil ? Non, alors pas besoin d’épiloguer la dessus pendant des heures non plus. Il gérait. Pas forcément bien, mais de son mieux, et c’était très bien comme ça à ses yeux. Il se passa la main sur le visage, ce dernier plus fermé que n’importe quand en amont de cette conversation :

- Non, je n’en ai pas « Marre » Saoirse. Et je ne fais pas semblant non plus. Je suis fatigué ma grande, parce que j’ai un travail qui me prend beaucoup de temps et d’énergie, parce que des gens meurent dans le coin, beaucoup de gens, et qu’on ne sait toujours pas ce qu’il se trame, et ça, ça ça m’empêche de dormir la nuit, plutôt deux fois qu’une.

Il se laissa interrompre par le monologue débité par sa sœur à un débit de mitraillette. Chacun des mot sifflait, claquait, fouettait, malgré la voix douce et caressante de la jeune femme, et Augustus serrait un peu plus les dents. Il ne comptait pas lacher prise, plutôt mourir avant de montrer un signe de faiblesse devant eux ouvertement. Il baissa lentement les yeux vers la main que sa sœur venait de prendre, toujours sans rien dire. Il avait l’impression d’entendre les cliquetis de l’armure autour de son cœur grincer, pour resserrer un peu plus son emprise sur son palpitant. Elle n’avait pas à s’inquiéter, il allait bien, il allait bien, il allait bien, il allait …

- Je … Vais… Bien… Saoirse. Je manque de sommeil, ça ne veut pas dire que je suis prêt à me tirer une balle. Tu n’as pas besoin de te sentir coupable parce que tu m’as crié dessus un peu plus fort que d’habitude. Si je suis là pour vous, c’est parce que j’en ai envie, pas par obligation, pas par devoir. Si un jour j’en ai marre, je prendrais ma retraite je sais pas où dans le fin fond des highlands, et crois moi qu’on me retrouvera pas, pas comme Cillian qui gardait constamment son téléphone allumé.

Il soupira à nouveau – il avait l’impression que c’était sa nouvelle façon de respirer, tiens- en regardant toujours la main de sa sœur dans la sienne. Il la serrait, mollement, mais sans vigueur. Il aurait envie de la serrer fort, mais son regard avait dérivé vers le fond du pub, vers une jeune femme au visage ensanglanté : Penny Waltz, une des victimes. Une de ses victimes, celui dont il s’occupait depuis des semaines. Il battit des cils, elle lui sourit, et disparut. Foutu mirage. Foutues visions. Il n’était pas épuisé, non. Il était juste purement et simplement en train de devenir fou, avec toutes ses conneries de mystères insolubles qui l’obsédaient. Il se redressa un peu, relachant la main de la jeune louve :

- Si tu dois t’inquiéter pour quelqu’un, fais le pour Cillian, il en a surement bien plus besoin que moi. Et puis je suis à peu près sur que maintenant, il t’écoutera beaucoup plus que moi, la preuve, j’ai pas réussi à le convaincre de grands choses durant toutes ses années….

Changer de sujets, vite et bien, et surtout, surtout ne pas regarder Penny au fond de la salle. Ne pas regarder Penny qui faisait des petits signes, comme pour lui intimer de venir la rejoindre. Sauf qu’il ne pouvait pas quitter la table, sa sœur, pour un foutu fantôme, un putain de mirage. Il ne pouvait pas dire ouvertement à sa frangine qu’il était en train de devenir totalement barjo.
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