(source : damoncarolinetumblr)

Il était tôt lorsque Maya s'était levée. Elle avait ouvert les yeux, encore plongée dans son sommeil qui de toute manière, ne lui produisait que des cauchemars. Elle ne rêvait pas bien ces temps ci, elle pour qui le vent avait tourné si brutalement. Elle ignorait d'où lui venait cette perte de confiance en elle et ce manque d'entrain. Elle qui avait toujours su s'en sortir, ne jamais se retourner. Il était évident que maintenant, elle faisait machine arrière. Elle savait pour quelle raison elle n'avait pas pu avancer mais elle savait surtout pour qui. Glencullen était une ville charmante, encore fallait il aimer les plaines et le froid. Ses paysages verdoyants, dignes d'une carte postale pouvait convaincre même le plus sudiste du coin. Maya reconnaissait à ce petit coin un charme certain, elle pourrait même s'y plaire si elle y demeurait longtemps. Pour l'instant, elle venait tout juste de débarquer ici et le moins qu'on puisse dire, c'était que l'ambiance n'était pas des plus sereines. Elle sentait bien que les autres espèces, humaines ou non, avaient l'air de se monter les unes contre les autres. Elle essayait de se faufiler au milieu de tout ce petit monde et de se faire discrète. Cependant... Maya n'était pas des plus calmes. Elle était capable de provoquer une tempête à elle toute seule et cela ne devait pas arriver. Non, sa requête était simple et directe : retrouver Kaidan. Elle tuerait bien quelques personnes sur son chemin, luttant pour sa survie. C'était ce dont elle était la plus fière.

Elle avait suivi Kaidan à son insu pour découvrir où il habitait et elle fût surprise de se rendre compte à quel point l'endroit était noble, sublime. Cette maison était un havre de tranquillité, offrant confort à son hôte. Elle se doutait bien que Kaidan ne serait pas prêt aussi tôt mais elle devait le prendre sur le fait. Provoquer une surprise, n'importe quoi pour qu'il lui parle. La manière dont ils s'étaient quittés la rongeait. Elle n'avait que faire de sa culpabilité. Elle était la cause de sa nature de loup, elle était la justification de ses premiers tourments. Toutefois, elle l'avait aussi aidé dans sa condition devenant sa protectrice.Et cela, il fallait qu'il s'en souvienne.

Elle s'approcha de la porte, frappant une première fois. Elle ne fût pas surprise de voir qu'il ne répondait pas alors elle décida de poser sa main sur la porte et d'ouvrir la porte. Par chance, elle était ouverte. L'intérieur avait l'air splendide, bien entretenu et sobre. Elle jeta un oeil au salon. Il y avait même un mini bar à sa disposition. Elle sourit et décida de prendre les escaliers. Kaidan était sûrement en train de dormir. Elle allait enfin avoir une interaction avec lui. Il était question de revenir dans sa vie. Etre avec lui, comme avant.

Toute la nuit, je n’avais pas cessé de me retourner dans mon lit, incapable de dormir. Pourtant, j’étais épuisé. J’aurais dû m’écrouler dans mon lit au retour du travail, hier soir, mais je n’avais même pas l’impression d’avoir eu une seule minute de sommeil. J’aurais pu me relever, et m’assommer avec quatre ou cinq verres d’alcool, mais après avoir passé cette soirée avec Nyméria à boire, je m’étais dit qu’il serait bien de ralentir un peu. Mes cellules se régénéraient sans problèmes, mais ça, elle ne le savait pas. Elle se disait sans doute que je buvais trop, et ça, ça m’embêtait un peu. De plus, je n’avais pas envie de l’encourager là-dedans, parce que ses cellules à elle, elles ne faisaient que s’endommager un peu plus à chaque cuite. Je n’avais décidément plus l’habitude de côtoyer de près une humaine, et c’était plus déstabilisant que je ne l’aurais cru. Après tout, je devais constamment cacher une partie de ce que j’étais. Quand j’y repensais, je me surprenais parfois à me dire qu’avec Maya, ça avait toujours été très simple de ce côté-là. Elle savait tout de ce que j’étais, et elle m’acceptait de cette façon-là. Malgré tout, malgré le fait que tout ce que m’était arrivé était plus ou moins de sa faute, elle ne m’avait jamais jugé dans ma nouvelle nature. Au contraire, je crois même qu’elle aimait vraiment ce que j’étais, et elle était la seule personne qui m’avait fait ressentir ça depuis ma première transformation. Je poussai un long soupire en ouvrant les yeux pour fixer le plafond. En ce sens, je crois qu’elle me manquait, Maya. Enfin, c’était peut-être parler trop vite que d’affirmer ça. Je lui en voulais de m’avoir transformé, je lui en voulais parce qu’elle m’avait caché que tout ça était de sa faute, mais aussi parce qu’elle m’avait fait sentir normal… et que maintenant qu’elle n’était plus là, je me sentais plsu différent que jamais. Je n’avais jamais autant eu l’impression qu’il s’agissait d’une malédiction que depuis que j’étais de retour à Glencullen.

Je passai une main dans mes cheveux et fermai les yeux un instant. Je me redressai finalement et me dirigeai vers la salle de bain, au fond de ma chambre. Je m’aspergeai le visage d’eau et me regardai dans le miroir pendant de longues secondes. Je n’avais plus l’impression d’être le même. Pourtant, je ne me sentais pas particulièrement différent, si ce n’était des pleines lunes. Je m’étais habitué aux sens plus aiguisés, et j’avoue que je ne me rappelais plus tellement ce que ça faisait de ne pas entendre quelqu’un cogner à la porte de chez moi… Je fronçai les sourcils. Qui est-ce qui pouvait bien être là à cette heure-là? Ce quelqu’un entra, et monta lentement les escaliers. Je me redressai, et retournai lentement dans ma chambre pour me rendre jusqu’à la porte de celle-ci, et en l’ouvrant, me retrouver face à face avec Maya. C’était quoi l’expression? Quand on parle du loup… «Maya?» Je jetai un coup d’œil vers les escaliers, comme pour m’assurer qu’elle était seule même si je n’avais pas entendu personne d’autre. Je la détaillai pendant un bref instant, et plongeai ensuite mon regard dans le sien. Elle n’avait pas changée. Elle s’invitait chez moi, je devinais qu’elle m’avait donc traquée pendant un moment, et ça ne m’étonnait pas d’elle. En fait, à bien y réfléchir, le contraire m’aurait étonné. Je soupirai. «Qu’est-ce que tu fais ici?» Étrangement, je n’avais pas le réflexe de la mette dehors. J’aurais cru qu’en la revoyant, je serais aussi furieux que quand je l’ai quitté, mais j’étais relativement calme. Peut-être que j’étais trop épuisé pour me fâcher. Je m’appuyai contre le cadre de porte et croisai les bras sur mon torse nu. «Qu’est-ce que tu veux?» Parce qu’elle avait forcément besoin de quelque chose pour faire tous ces efforts pour me retrouver.

(source : damoncarolinetumblr)

Maya savait que ce n'était pas forcément une bonne idée de venir ici.Depuis qu'elle était arrivée ici, tout s'était résumé à essayer de se faufiler parmi les autres mais surtout à LE retrouver. Lui, celui qui avait partagé tant de choses avec elle et sur lequel elle s'était appuyé, pendant tout ce temps. Il n'y avait rien de plus important que la confiance entre loups. Elle savait qu'elle l'avait obtenu. Ils avaient passé plus de temps ensemble qu'elle n'avait jamais passé avec n'importe qui. Il avait été comme une parenthèse dans son existence solitaire, une bouée à laquelle se raccrocher. Certes, elle l'avait conquis. Elle ne cherchait pas l'amour, pas le véritable mais ils s'étaient tenus chaud tous les deux. Ils avaient été un tout et cela, Maya était déterminée à ne pas l'oublier. C'est d'ailleurs car elle ne l'avait pas oublié que tout devenait si confus. Elle aurait certainement mieux fait de continuer sa route. Après tout, c'est ce qu'elle s'était habituée de faire depuis tant d'années. En plus de cela, la vie à Glencullen ne lui réussissait pas tant que cela. Il faisait trop froid pour elle et elle n'aimait pas savoir qu'elle ne connaissait pas les lieux. Elle ne pouvait pas s'y cacher en cas de danger et surtout, elle devait se méfier de tout le monde. Ce comportement lui rappelait des souvenirs, plutôt mauvais.Elle devait retourner à ses angoisses d'antan et retrouver le chemin de l'apaisement. Celui qu'elle avait trouvé grâce à Kaidan. Elle savait qu'il était important pour elle et quelque part, elle voulait lui montrer qu'elle était aussi importante pour lui.

Venir ici n'avait donc pas été une très bonne idée mais c'était la seule qu'elle ait trouvé. Comme elle l'avait bien entraîné , il la retrouverait sous peu, cela en était certain. Il détecterait son odeur à l'instant même où elle franchirait la porte, entendrait ses mouvements même les plus minimes. Etre plus jeune loup qu'elle lui donnait quelques avantages, notamment lors du combat. Maya pouvait compter sur son ancienneté pour en réchapper mais des deux, il était le plus rapide. Il l'avait prouvé maintes fois lorsqu'ils s'amusaient, tous les deux à courir à perte de vue dans la forêt. Il était vigoureux, fort et vaillant. Même en étant loup, il restait un homme admirable aux yeux de Maya. Lui avoir caché la vérité était la plus grosse erreur qu'elle ait pu faire mais elle ne pouvait plus revenir en arrière. Il lui fallait vivre avec ce fardeau, essayant d'arranger les choses comme elle le peut.


En montant les escaliers, elle avait aussi entendu des bruits de pas. Elle savait qu'il les ferait les plus fins possibles afin de la surprendre.«Maya ?». Il avait l'air décontenancé mais son expression ne reflétait pas vraiment de haine. Il était clair qu'elle avait peut être sa chance... à condition de ne pas pousser le bouchon trop loin. Elle ignorait si elle devait continuer. Elle restait debout, au milieu des escaliers. Elle respirait doucement, attendant impatiemment une autre réaction de lui, peut être plus probante. Il soupirait un instant avant d'ajouter : «Qu’est-ce que tu fais ici?» . Maya soupirait à son tour. Cela paraissait pourtant évident à ses yeux. Il croisa les bras sur son torse nu pour clore ses interrogations : «Qu’est-ce que tu veux?». Elle ne sait par où commencer, elle finit de monter les escaliers mais ne reste pas devant lui. Elle marche d'un côté puis de l'autre de l'étage, au moins elle visite. Elle est assez loin de lui quand elle lui lance avec un sourire. «Voyons, je venais voir comment tu allais !». Elle sait qu'il ne tiendra pas longtemps avant de s'énerver mais il a l'air fatigué. C'est son jour de chance. Elle tourne devant lui , passant une main dans ses boucles blondes. Il est toujours aussi beau, encore plus avec sa serviette autour de la taille. Elle poursuit : «Disons que j'ai décidé de venir m'installer ici.». Elle est déjà plus sérieuse. Elle ignore comment compte réagir Kaidan mais elle ne peut le lui cacher plus longtemps. Elle se met plus près de lui, à sa hauteur avant de terminer. «Puis je me disais que tu devais vivre dans un endroit sympa... je ne me suis pas trompée manifestement.». Elle lance des regards de part et d'autre de l'intérieur. C'est vraiment beau, offrant un confort considérable.

Debout au milieu des escaliers, elle respirait calmement. Je soupirai et lui demandai directement ce qu’elle faisait là, ce qui la fit soupirer à son tour. Je croisai les bras en arquant les sourcils, légèrement agacé. Je la relançai en lui demandant finalement qu’est-ce qu’elle voulait. Qu’est-ce qu’elle me voulait à moi, surtout. Elle monta les escaliers pour venir me rejoindre, mais ne se planta pas devant moi comme je m’y attendais. Elle se contenta plutôt de marcher d’un côté à l’autre du couloir en observant l’endroit. Souriante et comme si c’était parfaitement naturel, elle me répondit finalement qu’elle venait voir comment j’allais. Je penchai un peu la tête sur le côté. «Hm-hm.» soufflai-je, loin d’être convaincu. Comment j’allais? C’était ridicule, mais je ne pouvais quand même pas m’empêcher de me demander si elle en avait vraiment quelque chose à faire. Elle pensait encore à moi ou bien elle avait besoin de quelque chose? Elle s’arrêta soudain devant moi en jouant ses cheveux, et je ne la quittai pas des yeux même au moment où les siens me détaillèrent de haut en bas. Ce n’était pas la première fois qu’elle me voyait en sous-vêtement, pourtant cela semblait presque l’amuser. Le pire, c’était que je la reconnaissais bien là-dedans. Elle avait toujours été du genre à rire et à charmer. C’était une partie d’elle à laquelle je m’étais habitué. Ce n’était pas désagréable, avant. Aujourd’hui, je n’en pensais plus grand-chose. Elle poursuivit toutefois en étant beaucoup plus sérieuse pour m’annoncer qu’en fait, elle avait surtout décidé de venir s’installer ici. «Pardon?» J’entrouvris la bouche et pris un instant à analyser ce qu’elle me disait. S’installer ici, c’était où ça? Ici, c’était où? À Glencullen ou chez moi? Elle se rapprocha un peu plus de moi, au point où elle m’obligeait à baisser un peu la tête pour la regarder, et je fronçai les sourcils. Elle ignora mon questionnement et m’avoua qu’elle se doutait bien que je vivais dans un endroit sympa, et qu’elle se rendait compte qu’elle ne s’était pas trompé. Elle regarda encore autour d’elle pour appuyer son propos, et je compris finalement avec certitude qu’elle voulait s’installer chez moi. Elle en avait l’intention et, évidemment, elle ne me demandait pas la permission. Pourtant, je ne pouvais pas m’imaginer la voir à tous les jours. Je ne pouvais pas m’imaginer qu’elle puisse rencontrer Nyméria. Enfin, si je revoyais Nyméria. «Le pub où je travail, je suis certain que tu le sais déjà, il a de jolis chambres pour pas cher.» Je la regardai encore de longues secondes et soupirai. «Mais tu ferais mieux d’y rester le moins longtemps possible, je crois. Toi et moi, ça ne fonctionnera pas, Maya. On ne peut plus être amis, ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs, et tu sais exactement pourquoi.»

Elle savait que tout n'allait pas être rose pour leurs retrouvailles. Elle en aurait même parfaitement douté, quand bien même il lui aurait tendu une tasse de café. Elle ne pouvait pas se voiler la face, même si elle se complaisait dans son sympathique bonjour, comme si de rien n'était. Elle voulait tellement se le persuader à elle même que cela en devenait presque pitoyable sur le coup. Sans la connaître, on se demanderait qu'est-ce qu'elle cherchait à venir chez lui, lui demander de lui reparler alors qu'il ne souhaitait pas cela pour lui. Il ne s'imaginait pas la revoir sans doute.«Hm-hm.» Il soufflait, visiblement exaspéré par la venue de la jolie blonde. Elle savait que l'effet de surprise n'aurait qu'un impact moindre, de minuscules conséquences à côté de celles après la révélation. Maya était celle qui avait mordu Kaidan. C'était l'unique responsable de sa condition, du fait qu'il soit devenu vampire par sa faute. Elle savait qu'il avait maintenant son visage sur cette ombre que jadis, il avait associé à ce "monstre".Il n'avait pas su jusqu'alors qui l'avait mordu et il s'était souvent arrangé pour croire que c'était un homme sans vergogne ni loi, sans une once d'humanité. Cependant, Maya avait fauté en lui avouant la vérité... Ou bien l'aurait-il appris par la suite ? A vrai dire, elle n'en savait plus trop rien. Elle ignorait comment les choses allaient tourner, finalement. Au fur et à mesure qu'elle lui annonçait ses plans, il se crispait, n'aimant pas ce qu'elle lui racontait. Surtout pas la partie où elle lui informait qu'elle restait ici. «Pardon?» Elle eût envie de tousser assez fort, comme pour masquer le "pardon" si singulier qu'il venait de sortir. C'était aucunement une demande de renseignement, plutôt un reproche qu'il lui formulait de manière biaisée. Il savait quelque part pourquoi elle était là mais il préférait éviter de lui donner des détails sur lui, sur ce qu'il voulait faire. En clair, il était mal rien qu'à l'idée de penser qu'elle serait là et Maya le sentait. Elle le connaissait par coeur, elle savait même que; quand elle souriait, il aimait ça. Il avait un regard si attentionné, si sincère qu'elle était revenue. Elle aimerait lui implorer son pardon mais il ne lui donnerait pas comme ça. C'était trop facile. Elle décida de l'écouter, se mettant enfin à sa hauteur et en face de lui.. «Le pub où je travail, je suis certain que tu le sais déjà, il a de jolis chambres pour pas cher.» Son regard se fit soudainement moins attendri, davantage sur la défensive avant qu'il rajoute. «Mais tu ferais mieux d’y rester le moins longtemps possible, je crois. Toi et moi, ça ne fonctionnera pas, Maya. On ne peut plus être amis, ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs, et tu sais exactement pourquoi.».
Ces simples mots eurent l'effet d'une bombe. Certes elle s'y attendait mais pas de manière si brutale. Elle tendit la main vers lui en lui disant doucement : "Je sais mais...". Elle avait envie d'ajouter plusieurs choses, laissant entrevoir sa déception qu'elle aurait voulu dissimuler, encore un peu. Elle se ressaisit immédiatement en faisant bonne figure.Les larmes étaient à l'intérieur. Elle poursuit : " On ne peut pas faire comme si on ne se connaissait pas... Tu sais ce qu'il se passe ici, avec tous ces meurtres, tu sais ce que je t'ai appris...". Ce n'était pas gentil mais elle utilisait leurs années de chasse pour se raccrocher encore un peu à lui. Elle lui fit une moue triste avant de terminer "Tu sais, tu m'as manqué.". Elle sourit avant de se rapprocher de lui et poser ses mains sur son visage. Elle plonge son regard dans le sien, histoire de chercher sa confiance à nouveau.