kaidan & poppy

And I'll use you as a focal point So I don't lose sight of what I want. And I've moved further than I thought I could But I missed you more than I thought I would. And I'll use you as a warning sign. — i found

Y'avait de ces soirées où elle avait besoin de se changer les idées. De plus en plus souvent, en réalité. En général, elle passait la soirée dans son pyjama de super héro, un bonnet sur la tête à avancer son blog et manger du repas chinois qu'elle se serait fait livré - bien tranquille dans sa chambre. C'était souvent suffisant pour lui faire oublier les menaces de la nuit et les cris du coeur. Ou bien le travail... Oui, se plonger tête première dans tous les dossiers et les problèmes informatiques qu'on lui demandait de résoudre pour piéger des criminels. Ce soir, ses amies avaient insisté pour qu'elle sorte. Qu'elle les accompagne au bar du centre-ville. La blonde avait d'abord refusé. Seulement, elle n'avait pas fait long feu devant ses amies qui insistaient. Entrant dans le bar avec ses copines, elle trouva une table près de la fenêtre pour laisser l'air frais caresser son visage. Elle avait décidé de ne pas trop boire ce soir. Elle finissait toujours par le regretter quand elle laissait l'ivresse l'emporter sur la modération. C'était ce qui était arrivé à la fête organisée par Nerys. Deux, trois verres avaient suffit à l'entraîner dans une spirale embrumée, finissant par passer une nuit passionnelle avec Thaddeus. Lui qui s'était éclipsé au matin ; une insulte pour la jeune femme qui n'aimait pas avoir l'impression de n'avoir été qu'utilisée pour satisfaire un besoin. La Andersen n'avait jamais été du genre " coup d'un soir ", préférant s'abandonner dans les bras de quelqu'un de confiance. C'était le cas avec Caleb et elle avait cru comme l'idiote de service que ce serait le cas avec Thaddeus aussi mais il s'était enfui. Une erreur de plus que la blonde avait commise, elle qui s'était promise depuis Kaidan de ne plus jamais s'attacher. Alors ce soir, pas question de répéter l'expérience avec un inconnu. Ses amies parlaient fort et elle restait en retrait, laissant son regard parcourir l'établissement bondé à cette heure de la nuit. Et soudain, elle crut voir un visage familier. Celui d'un fantôme et son coeur manqua un battement. Le temps de cligner des yeux et la silhouette avait disparu. Derrière le comptoir, elle avait cru apercevoir... Kaidan ? Du regard, elle chercha la salle frénétiquement jusqu'à voir un homme s'éclipser par une porte. Porte qui donnait probablement vers l'extérieur. Vers la ruelle. D'un bond, Poppy sauta sur ses pieds et sortit du bar pour aller jusqu'à la dite ruelle. Dès qu'elle y arriva, elle vit l'homme marcher dans le sens inverse, lui faisant dos. Mais ce dos, elle aurait pu le reconnaître entre milles. Pourtant... Non... C'était impossible. Kaidan était mort... sa mère l'avait poignardé. Sa façon de marcher, sa silhouette. Elle n'arrivait pas à y croire mais elle avait la certitude que c'était lui. « Kaidan ? C'est toi ? » Laissa-t-elle tomber d'une voix timide dans la nuit fraîche qui les englobait alors qu'il continuait de s'éloigner au fond de la ruelle. Qu'il se retourne, que ce soit lui... Qu'il soit en vie et que toute la dernière année vole en éclat. Elle ignorait ce qu'elle désirait exactement. Un rêve ou la réalité ? L'esprit chamboulé de la jolie blonde s'emballait au même rythme que son coeur meurtri au creux de sa poitrine.

Une seconde, tout était normal. J’aurais presque pu croire que j’avais une vie ordinaire, que j’étais toujours humain, à travailler au bar et à discuter tranquillement avec les clients réguliers. La seconde suivante, tout autour de moi s’écroulait. Cette odeur, celle de la jolie blonde que j’avais tant aimée, je l’aurais reconnue entre milles. Je n’osai pas la chercher du regard, de toute façon, j’étais certain qu’il s’agissait bel et bien d’elle. Je n’aurais pas confondue son parfum avec celui d’une autre étant humain –j’avais peu de mérite, quand même, parce que je lui avais offert le sien- alors ne pas reconnaître son odeur à elle en étant un loup, c’était peu probable. J’aurais pu aller la voir ou du moins la laisser venir vers moi, enfin lui faire face, mais la seule chose que je trouvai à faire fut de m’enfuir, exactement comme je l’avais fait il y avait un an de cela. Je commençais à me demander si ça ne faisait pas juste parti de moi, si je n’étais pas juste un peu… lâche. Je préférais me dire que non, que c’était seulement la relation entre Poppy et moi qui était compliquée, et ce même si je savais qu’elle n’y était pour rien, au fond. Toutes les femmes n’avaient pas eu la malchance de voir leur copain se transformer en bête, les attaquer, elle et leur mère, pour ensuite se faire poignarder à plusieurs reprises et disparaitre dans la nature. Je secouai la tête pour chasser ce discours que je m’étais de toute façon répéter trop souvent déjà et je fis rapidement signe à ma collègue que je sortais prendre l’air. Elle fronça les sourcils, visiblement mécontente, mais je ne lui laissai pas le temps de me le faire savoir avec des mots. Je ne travaillais pas avec elle depuis bien longtemps, mais elle avait vite appris que ça ne servait à rien d’essayer de me contrôler. Je faisais mon travail, je le faisais bien, et c’était tout ce qui comptait au final, alors elle supportait quelques petites insubordinations. En sortant par la porte sur le côté du bar, j’évitai soigneusement de regarder dans la direction de la blonde parce que, c’était vrai, j’avais un peu peur de croiser son regard. Je n’avais aucune idée de l’effet qu’il pourrait encore avoir sur moi et, pour être franc, je n’avais pas non plus envie de la savoir. Pas maintenant.

La nuit était fraiche, et un regard en direction du ciel me confirma que la lune serait pleine d’ici quelques jours. Je grimaçai à l’idée de devoir de nouveau m’enfermer dans le bunker pour ne pas blesser les gens lorsque je serai devenu un monstre. Je marchais rapidement vers la rue, mais cela prit moins d’une minute avant que je n’entende la porte s’ouvrir et se refermer derrière moi. Je détectai d’abord son odeur, puis sa voix timide lorsqu’elle me demanda si c’était bel et bien moi, si j’étais Kaidan. Je pinçai les lèvres mais ne m’arrêtai que quelques mètres plus loin. J’hésitais à me retourner. Je pourrais recommencer à marcher et elle ne me suivrait peut-être pas, que je me disais, mais ensuite je souris mentalement. Il s’agissait de Poppy, quand même. Elle ne me laisserait pas m’en tirer aussi facilement, surtout pas si elle avait pris la peine de me suivre jusque dans la ruelle. «Je n’avais pas prévu que tu apprenne mon retour comme ça.» soufflai-je tout bas en guise d’excuse. Je pris une grande inspiration et expirai doucement. «Si tu veux que je disparaisse de nouveau, t’as qu’un mot à dire et c’est fait.» Je lui devais bien ça, après tout. Je ne me retournais toujours pas, parce que si elle me demandait de partir, je ne comptais pas la laisser croiser mon regard une dernière fois. Des adieux, des vrais, ça serait trop douloureux… parce que malgré tout ce qui s’est passé dans la dernière année, elle resterait toujours la jolie blondinette au pyjama de superman dont j’étais tombé amoureux et avec qui j'avais vécu ma première histoire d'amour.  

kaidan & poppy

And I'll use you as a focal point So I don't lose sight of what I want. And I've moved further than I thought I could But I missed you more than I thought I would. And I'll use you as a warning sign. — i found

Soudain, une foule de sentiments qu'elle avait cru disparu revinrent à la surface. Kaidan... C'est lui... Je le sens, je le sais... Il avait été si important pour elle. Trois années de sa vie pendant lesquelles elle ne s'était jamais sentie aussi précieuse. Si aimée. Kaidan, elle l'avait adoré si fort qu'elle ignorait si elle avait vraiment réussi à faire son deuil en une année. Alors de s'dire qu'il était là, à quelques mètres d'elle lui tordait les entrailles d'une douleur - mais aussi d'une joie - qu'elle avait espéré ne plus jamais ressentir en se promettant de ne plus jamais aimer. Surtout pas dans un monde comme celui-là. Une promesse qu'elle brisait aujourd'hui effrontément à s'perdre dans le regard et les bras de Thaddeus, et deux fois plutôt qu'une en sentant tous les sentiments qu'elle avait pu ressentir pour le Sutter sortir de la tombe avec lui. « Je n’avais pas prévu que tu apprenne mon retour comme ça. Si tu veux que je disparaisse de nouveau, t’as qu’un mot à dire et c’est fait. » Son retour ? La jeune humaine ne comprenait pas c'qu'il voulait dire. Mais, cette voix... C'était véritablement lui, et la blonde eut l'impression qu'elle se faisait claquer. Par la réalité... la surprise d'le retrouver ici.

Pour toute réponse, elle se précipita vers l'avant. Elle courait comme s'il était un mirage qui allait disparaître sous ses yeux. Avec tout ce qui se passait dans cette ville, elle ne serait pas surprise d'être victime d'un bien mauvais sort. Sortilège lancé par un sorcier pour s'amuser aux dépends de la jolie blonde. Trop naïve pour ce monde de brutes et d'êtres sanguinaires. Un être sanguinaire comme Kaidan. Le loup, celui qui avait failli la tuer presque un an jours pour jours. Mais plutôt que de fuir, elle courait vers lui, le contourna et lui fit enfin face. Ses yeux clairs se posèrent sur les traits de son visage. Il était identique au Kaidan qu'elle avait embrassé amoureusement avant de le voir se muer en bête sauvage l'attaquant pour ensuite disparaître par la fenêtre. Le voir, là devant elle, la fit pratiquement flancher. Un tas de questions envahissait son esprit... Comment ? Pourquoi ? Où avait-il pu disparaître comme ça ? Pourquoi l'avait-il laissé seule, à croire à sa mort ?

À bien y repenser, elle avait été idiote de penser ça, une seule seconde. C'était un loup-garou, il pouvait soigner plus rapidement à ce qui paraît. Les coups de couteau n'auraient pas pu le tuer. Mais bon... qu'en savait-elle au juste ? La blonde ne connaissait pas grand chose du monde magique et lunaire... La seule raison à ses yeux qui aurait pu expliquer la disparition du jeune homme était la mort. Et pourtant, il était là. « J'croyais que tu étais mort... Pourquoi j'voudrais que tu disparaisses de nouveau ? » Pendant un instant, elle eut un doute... Peut-être qu'elle était ivre morte et qu'elle ne faisait qu'halluciner. Peut-être qu'il lui manquait un bout de la soirée et que son cerveau intoxiqué lui jouait des tours ; lui montrant une image de ses plus secrets désirs. Celui d'retrouver Kaidan. Le premier. Celui qu'elle avait cru être l'homme de sa vie, celui avec qui elle passerait le reste de son existence. Alors pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, elle fit un pas en avant. Elle se réfugia d'un coup dans ses bras. Et il était bien réel, l'enlaçant avec désespoir sans lui laisser le choix ou le loisir de fuir. Elle sentit son coeur se serrer alors que sa tête se posait contre son torse pour y entendre le sien battre entre ses côtes. « Je... J'arrives pas à y croire. Je... Je comprends pas. Où étais-tu passé ? Pourquoi t'es parti sans donner signe de vie après... » Après cette nuit-là... Malgré le souvenir troublant de son attaque sur elle et sa mère, Poppy n'arrivait pas à se détacher du jeune homme... comme si elle essayait de rattraper les mois passés sans lui. Mais aussi lui faire savoir qu'elle ne lui en voulait pas et que ; non elle ne voulait pas qu'il disparaisse à nouveau.

Je lui promis que si elle me demandait à l’instant de disparaître de nouveau, je le ferais. Pour elle, en souvenir de notre relation, de notre amour aussi, j’étais prêt à quitter la ville. Pour toujours, cette fois. Je lui devais au moins ça après tout ce que je lui avais fait subir. Elle méritait d’avoir le choix. Pas moi. De toute façon, cela faisait tellement peu de temps que j’étais arrivé que je n’avais pas encore eu le temps de renouer avec qui que ce soit, vraiment. Je n’étais de retour que depuis quelques jours, le temps de faire deux ou trois services au bar, et je tombais déjà sur Poppy. Ça devait arriver tôt ou tard, mais il fallait croire que ça devait arriver plus tôt que plus tard, au final.

Sans que je ne comprenne vraiment pourquoi, elle se précipita dans ma direction et je fermai les yeux. Quelques secondes plus tard, je les ouvrai de nouveau pour la voir se planter devant moi. Ça me faisait drôle de réaliser qu’elle était bel et bien en face de moi. Franchement, je ne pensais pas la revoir un jour lorsque j’avais d’abord quitté Glencullen. Je ne pensais tout simplement pas revoir cette ville. Pourtant, aujourd’hui c’était le cas, et je n’avais pas envie de les quitter. Ni l’une ni l’autre.

Poppy me regardait comme si j’étais un fantôme, un revenant. Elle m’avoua qu’elle croyait que j’étais mort, et j’arquai les sourcils, surpris. Je réalisai qu’elle n’en savait pas autant que moi sur les loups si elle n’avait pas cru que j’aie pu survivre aux coups de couteau. Je compris qu’elle ne s’était donc pas vraiment informée sur ceux de ma race. Était-ce parce qu’elle voulait m’oublier ou plutôt parce qu’elle n’en avait pas eu l’occasion? J’espérais secrètement la deuxième option, mais me contenterait d’un peu des deux. Je pensais qu’elle me détestait, parce que ça aurait été logique. J’étais certain que je lui ferais peur, aussi, mais elle me demanda ensuite pour quelle raison est-ce qu’elle voudrait que je disparaisse de nouveau. J’entrouvris la bouche pour parler mais la refermai aussitôt. Peut-être parce que j’avais failli la tuer, elle et aussi sa mère. Peut-être parce qu’à cause de moi, sa mère était devenue une louve. Peut-être aussi parce que j’avais fui et qu’elle avait cru à ma mort. Je n’avais même pas réalisé qu’elle pourrait penser que j’étais mort. En fait, j’avais seulement cru qu’elle serait soulagée que j’aie disparu. «Je t’ai fait tellement de mal, Pop.» soufflai-je difficilement. J’haussai les épaules et elle fit soudainement un pas vers l’avant pour se réfugier dans mes bras. Apparemment, j’avais eu tout faux. Je restai figé pendant un instant, complètement perdu, et refermai ensuite mes bras autour d’elle avec un soulagement surprenant. Elle m’avoua qu’elle n’arrivait pas à y croire, qu’elle ne comprenait pas ce qui se passait, et mon cœur se serra lorsqu’elle me demanda où est-ce que j’étais passé et pourquoi j’étais parti sans lui redonner le moindre signe de vie. Je pris quelques secondes avant de répondre. «Je… Je pensais l'avoir tué.» Par l’usage de l’imparfait, elle comprendrait donc que j’avais appris qu’elle ne l’était pas, finalement, et que c’était pour cette raison que j’avais osé un retour. Je serrai la mâchoire et resserrai du même coup la blonde contre moi. «Je ne voulais pas que tu sois la prochaine… et puis je ne croyais pas que tu puisses un jour me pardonner. Moi, je ne le pouvais même pas.» Je me séparai légèrement d’elle pour la regarder dans les yeux. Je n'aurais jamais cru que tout cela sortirait aussi rapidement et aussi facilement, pourtant c'était comme si j'avais attendu une éternité pour avouer lui avouer tout cela. «Je suis terriblement désolé qu’elle ait eu à devenir...» Mais cette phrase, je ne pu la terminer. De toute façon, qu'est-ce que j'aurais dû dire? Un loup? Un monstre? Ou alors simplement... comme moi?