hollow, you drift into the night

Take my hand and lead the way, out of the darkness and into the light of the day, and take me somewhere I'll be safe. I can feel the darkness coming and I'm afraid of myself. Call my name and I'll come running 'cause I just need some help.

Il avait merdé sur toute la ligne. Il aurait du être plus prévoyant, et faire plus attention. Au lieu de quoi, dans son envie de vouloir rendre service, il se retrouvait désormais dans une impasse. Les ennuis s'accumulaient et il n'était pas certain de pouvoir les éviter ou même de pouvoir en réchapper. La pleine lune était proche, il pouvait le sentir. Et son envie de sang, de mort, amplifiait à mesure qu'elle  se glissait, tentatrice, dans le ciel aux couleurs de l'aurore. Il devait arranger la situation, au plus vite. Avant que la situation ne dégénère, et qu'il commette l'irréparable. La respiration saccadée, il pensait à tout un tas de scénarios possibles, aucun d'eux ne le réconfortant dans sa démarche.  Courant à plein poumons, il rejoint son appartement en trombes, n'étant pas surpris le moins du monde de constater qu'elle était déjà là, un énorme sourire aux lèvres, tandis que son coeur à lui se resserrait un peu plus. Elle devait partir, le plus vite possible. Il voulait la rassurer, et lui dire la vérité, aussi fou cela puisse t-il paraître. Mais il ne pouvait. Alors, il paniqua, et inventa quelque chose, une excuse, n'importe quoi qui puisse la faire partir le plus vite possible. Poppy. Ecoute, je suis désolé... Mais je vais devoir annuler le cours de ce soir. Ce soir où la Déesse est reine, ce soir où je risque de potentiellement vouloir te sacrifier pour elle, ma Mère. Il essaya de se calmer, histoire de ne pas l'alerter, mais cela ne servait pas vraiment à grand chose. Il voulait simplement qu'elle parte, qu'elle le laisse tranquille. Il ne voulait pas la blesser, ou pire, la sacrifier. Ses mains ne restaient pas en place, et il tremblait quelque peu. Anxiété ou excitation, à ce stade, il n'en savait rien. Sans doute un peu des deux. Il avait encore quelques minutes devant lui, mais rien de bien suffisant à ses yeux. Mieux valait prévenir que guérir, ou mourir, en l'occurrence. Le sorcier n'aurait jamais cru se retrouver dans une telle situation. Lui, alarmé et tourmenté par la pleine Lune approchant. Verser le sang d'un innocent en cette nuit ne le dérangeait pas, ne le dérangeait plus depuis bien trop longtemps. Sauf pour elle. Il était la seule, dans ce monde étrange qu'était le sien, qu'il voulait protéger. La seule humaine qu'il appréciait, aimait, encore. La seule qu'il ne considère pas comme un potentiel sacrifice. Son amie. C'était insensé, et nouveau pour lui. Alors, sans même d'autres explications, il prit ses jambes à son cou et quitta l'appartement - déjà bien trop étouffant à son goût - rejoignant la nuit et l'appel de sa Mère.

thaddeus & poppy

dig up her bones but leave the soul alone. Boy with a broken soul, Heart with a gaping hole. Dark twisted fantasy turned to reality. Kissing death and losing my breath.

Sortir un soir de pleine lune, c'était courir après le danger. Loin de se laisser détournée du rendez-vous cependant, la jolie blonde était dehors. Dans l'air frais, le halo argenté qui allait bientôt découper ses délicats traits. Elle n'allait pas arrêter de vivre sa vie à cause d'un cycle lunaire capricieux et comme elle avait un entraînement avec Thaddeus, elle n'allait certainement pas reculer maintenant. Puis fallait bien avouer que si elle continuait ainsi d'aller à ses cours, c'était surtout pour voir le jeune homme. Passer un moment en sa présence. Rassurante. Chaleureuse. Elle était donc arrivée plus tôt, étrangement impatiente de le voir. Cependant, quand elle le vit approcher d'un pas de course, le souffle étouffé, l'air absent... presque froid... elle fronça les sourcils. Ça ne lui ressemblait pas, toujours à sourire quand elle lui lançait de ses répliques stupides dont elle seule avait le secret tout comme lorsqu'elle gardait le silence, se contentant de poser un regard doux sur lui. Tout de suite, elle se sentit alarmée. Maintenant qu'elle savait tout ce qui se passait réellement dans cette ville, elle n'était pas certaine que le voir ainsi était un bon signe... Il ne prit même pas la peine de la saluer en plus. « Poppy. Ecoute, je suis désolé... Mais je vais devoir annuler le cours de ce soir. » Sans plus de cérémonie, il finit par s'éclipser. Comme ça, sans un mot de plus, sans une explication. Il tournait les talons, visiblement inquiet, stressé comme s'il envisageait un mauvais présage. Était-ce une coïncidence qu'il agisse si différemment un soir de pleine lune ? Non... c'était impossible. Il était un loup lui aussi ? Une créature de cet Autre monde si étrange. Un sombre mage qui commandait l'énergie et priait la Lune ? De ceux qui se couvraient de poils sous les reflets de cette dernière ? Décidément, cette ville n'était formée que de monstres prêts à dévorer des blondes appétissantes comme elle... Elle l'observa s'enfuir un peu bouche bée. Restant plantée devant la porte sans savoir quoi faire. Mais elle ne voulait pas y croire. Il ne pouvait pas être l'un d'eux... son imagination lui jouait des tours. Il devait y avoir une explication. N'importe laquelle. Un autre rendez-vous qu'il avait oublié peut-être. Oui. Oui. Ça devait être cela. Par contre, il avait eut l'air si inquiet que ce fut plus fort qu'elle, la blonde se mit à courir pour aller le rattraper. Elle voulait s'assurer qu'il allait bien. « Attends-moi, Thaddeus. Comment ça tu dois annuler ? Qu'est-ce qui se passe ? On dirait que tu viens de voir un fantôme. » À ce point, elle ne serait même pas étonnée si c'était le cas. La Andersen réussit tant bien que mal à le rattraper et l'attrapa par le bras pour l'arrêter, qu'il cesse de courir enfin. Elle tira vers elle, cherchant tout de suite à ancrer ses yeux clairs dans les siens. Elle l'aimait bien Thaddeus, c'était plus fort qu'elle. Sa présence la rassurait et voir la panique dans son regard avait l'effet d'un virus qui se propageait à elle aussi. Elle voulait le rassurer, le faire sourire. Il était tellement plus beau quand il souriait. Chasser ses démons, peu importe ce que ça pouvait bien être. Parce qu'elle s'attachait la jolie blonde... alors qu'elle devrait courir de l'autre côté... inconsciente du danger.

Courir toujours plus vite. Telle était sa mission. Il devait quitter la ville le plus possible, par peur de faire demi-tour et de commettre l'irréparable. Les falaises, voilà sa destination. S'il y parvenait, alors le danger serait écarté pour de bon. Le chemin était encore long, mais l'envie de tuer le submergeait de plus en plus, lui faisant accélérer le rythme, l'adrénaline se répandant dans tout son corps. Il lui fallait une victime, et très vite. Le poignard dans sa poche se faisait de plus en plus lourd, exigeant. La pleine Lune était à son zénith, Mère de tous ses maux, mais aussi de sa délivrance.  Il aurait de nouveau du sang sur les mains, ce soir. Comme tous les mois, comme à chaque fois, depuis dix ans. Il s'en moquait, au fond. Il aimait ça, tuer. La sensation que cela lui provoquait, le plaisir qui l'animait. Il s'était longtemps perçu comme un monstre, une abomination, les mots de ses parents lui revenant sans cesse en tête. Mais il avait compris, désormais. Et il n'avait plus peur. Nolan y était pour beaucoup, bien sûr. Mais également Nerys, et tous les autres, comme lui. Ils étaient une famille. Des meurtriers, des assassins, sans doute. Mais le sang devait parfois couler, c'était la dur loi de la Nature. Et Misty l'avait payé de sa vie. Elle était la seule victime qu'il regrettait, parfois, au gré d'un cauchemar, d'un mensonge, fantôme de son passé venant le hanter. Chimère furtive, et douloureuse. Il y aurait une nouvelle victime ce soir, oui. Mais pas Poppy. Le coeur battant à tout rompre, il traquait une proie, n'importe qui ferait l'affaire. Il ne tuait jamais d'enfants. C'était la seule règle qu'il s'était imposé. Trop d'innocence, de pureté, et d'insouciance pour connaître la mort. Comme Misty. Il courrait toujours, plus vite, quand un on le rattrapa, une main sur le tenant par le bras. Il s'arrêta brusquement, le souffle coupé. Ses yeux se posèrent sur la coupable, accusateurs. Poppy. Evidemment. Il se détacha violemment, ne voulant pas qu'elle le suive, qu'elle le voit, qu'elle soit son sacrifice à la Déesse, exigeante. Laisse-moi tranquille, vas-t-en. Ses mots étaient froids, et sa voix ferme. Elle devait partir, tout de suite. Il ne pouvait l'imaginer morte, la gorge tranchée et les poignets ensanglantées, par sa faute. Alors, il la rejetait. Abject prétexte pour la fuir elle, et pour se fuir lui-même. Rentre chez toi. C'est dangereux, par ici. Un dernier conseil avant de repartir. Pourvu qu'elle l'écoute. Elle serait saine et sauve chez elle, enfermée à double-tour. Loin de lui et des Ténèbres qui l'animaient. Il lui fallait une victime, un sacrifice. Et vite. Il le voulait, en avait besoin. Il n'avait jamais compris comment Nerys réussissait à rester enfermée la première nuit de pleine lune. Il se savait incapable de résister à l'appel de sa Mère, et il ne voulait plus jamais avoir à revivre le cauchemar de sa première nuit. Il finit par la trouver, sa victime. Une personne âgée, venue admirer le ciel étoilé. Parfait. Personne ne regretterait son décès. Personne ne viendrait signaler son absence. Elle n'avait plus la vie devant elle, la Mort l'attendait, la guettait, épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Thaddeus n'était que trop heureux d'abréger sa sentence.

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C'était l'incompréhension, la panique. Décidément, elle n'aimait pas voir Thaddeus ainsi. Elle était tellement habituée de le côtoyer souriant, charismatique et en plein contrôle de ses moyens. Pas cet animal sauvage qu'on est sur le point d'abattre pour une raison qu'elle ignorait. Il se lançait dans la nuit noire alors qu'elle savait très bien ce qui pouvait se cacher là-bas, dehors, maintenant que la Lune était reine dans le ciel. Le savait-il seulement ? En faisait-il partie ou venait-il simplement de recevoir une nouvelle inquiétante des plus banales d'une vie humaine encore plus banale. Tant de possibilités. Tant d'incompréhension. S'il y avait seulement une mince chance qu'il ne comprenait pas dans quelle situation il se fourrait, elle devait aller l'aider. Le rassurer. Le tirer de cette nuit où rôdait les monstrueux enfants de la Lune. Elle avait couru pour essayer de le rattraper, le retrouver. Elle croyait l’apercevoir dans l'ombre, titubant et elle le rattrapait. Mais quand elle posa sa main à son coude pour le retenir, il se défila violemment. Reculant de quelques pas alors que la blonde resta plantée là à l'observer la rejeter vulgairement. Impuissante, confuse, blessée. « Laisse-moi tranquille, vas-t-en. Rentre chez toi. C'est dangereux, par ici. » La voix cassante... Coupante. Ça ne lui ressemblait pas. Ce n'était pas lui. Pourquoi faisait-il cela ? Qu'avait-elle fait pour mériter cette attitude froide, ce rejet ? Qu'est-ce qui lui prenait ce soir ? Était-ce la Lune, la coupable de tous les maux dans cette ville ? Tant de questions qui resteraient sans réponses, le jeune était déjà reparti et cette fois, elle ne lui suivit pas. Pas tout de suite. Le temps de regarder le vide qu'il venait de laisser, toujours plus confuse, toujours plus inquiète. Les doutes se propageaient dans ses veines à la manière d'un venin et elle tremblait la jolie blonde. Elle réalisait soudain qu'elle était seule, abandonnée au milieu de cette nature inquiétante maintenant qu'elle la regardait avec des yeux conscients du monde sombre qui pulsait dans les entrailles de la ville. Peut-être qu'elle devrait rebrousser chemin. Peut-être qu'elle devrait écouter Thaddeus. Thaddeus... non, elle ne peut pas le laisser comme ça... S'il lui arrivait quelque chose ? Alors, après un instant d'hésitation, elle s'enfonça dans le noir en ignorant la peur qui la prenait aux tripes. Elle avait envie d'appeler son prénom mais elle se retint, ne voulant pas attirer quelqu'un d'autre... quelque chose d'autre. Après plusieurs minutes, voir qui lui parurent des heures, elle crut apercevoir une silhouette au loin. Et la scène qui se dévoilait à ses pieds ressemblait dangereusement à un sacrifice. Comme celui dont elle avait échappé de peu il y a quelques mois. Mais ce qui la dérangeait le plus c'est qu'elle crut reconnaître cette silhouette... « Oh mon dieu... » Les paroles lui avaient échappées, plaquant aussitôt ses mains sur sa bouche prenant souvent trop de libertés. Elle avait reculé, se plaquant au rocher le plus près. La vue du sang, lui donnait la nausée. « Thaddeus ? » Ça ne pouvait être que lui... elle le reconnaissait. Peut-être qu'elle devait courir et s'enfuir. Peut-être pas. Elle ignorait quoi faire, paralysée par la vision d'horreur... Thaddeus ; un sorcier. Ça expliquait son comportement erratique mais plus les secondes s'écoulaient et moins elle ne voulait y croire. Poppy jeta un bref coup d'oeil au corps par terre pour constater qu'elle était morte. La vieille femme et son regard vide... alors que celui de la blonde se reportait sur le jeune homme. Le sorcier...

Sa victime ne se débattait plus. Ses mains et ses pieds étaient liés. Les bougies, l'encens. Tout était prêt, le rituel pouvait commençait. Thaddeus sortit sa dague, et s'approcha de sa victime, lui entaillant les poignets et les chevilles avec une précision telle qu'il n'aurait eu aucun soucis à se faire passer pour un chirurgien. Des années de pratique, des années de sacrifices humains. Voilà ce qu'il suffisait pour devenir un maître dans l'art d'éviscérer les gens. Mais être un sorcier n'avait pas fait de lui un tueur. Il l'était bien avant ça. Les Killingworth, des chasseurs entraînés toute leur vie pour éliminer rapidement et efficacement, sans aucun remords. On lui avait appris la survie et la guerre. Il ne faisait qu'employer ce qu'on lui avait enseigné toute son enfance. Sauf que ce n'était pas les siens qu'il tuait. C'était eux, les humains. Le sang coulait à flot, et Thaddeus se délectait de cette vue. Le liquide rouge carmin qui quittait son propriétaire pour rejoindre sa Mère et son Père. Il était fasciné, laissant ses doigts glisser le long de la plaie, lentement, comme pour admirer son oeuvre un peu plus longtemps. Ses doigts sur ses lèvres, il se délectait du liquide, comme toujours. Il prononça ses prières, le gaélique glissant doucement sur sa langue, envers la Déesse. Voilà pour vous, Mère. Sa victime se vidait de son sang, de son énergie vitale. Et bientôt, elle finirait par ne plus être qu'un cadavre de plus à sa collection, déjà bien trop grande. Thaddeus s'en moquait.  Ce n'était qu'une humaine, après tout. Mais la réalité le rattrapa bien plus vite qu'il n'aurait aimé. Il sentit sa présence avant même de l'entendre. Elle était revenue. Sa voix lui fit tourner la tête vivement, les yeux accusateurs. Les mains pleines de sang, quelques gouttes perdus au creux de ses lèvres, et le visage à moitié caché par les ténèbres; au-dessus d'un corps, sans vie. Voilà ce qu'il était, il ne pouvait plus se cacher derrière de faux-semblants, désormais. Elle aurait du l'écouter, fuir et rentrer chez elle. Et au petit matin, il serait venu la retrouver et se serait excusé, comme si de rien n'était. Mais non, elle n'en avait fait qu'à sa tête et l'avait suivi. Sa bouche avait un arrière-goût amer, sans aucun rapport avec le sang. La peur et la rage l'envahirent, maelström d'émotions sous cette Lune implacable. Il se releva, le regard toujours aussi sévère, et les traits tirés. Je croyais t'avoir dit de me laisser tranquille et de rentrer chez toi. Il aurait voulu la protéger. Il le voulait encore. De lui, de la Déesse, et de tout ce bordel qu'était sa vie. Au fond, elle aussi n'était qu'une simple humaine. Mais étrangement, il ne souhaitait en aucun cas la voir sacrifier à sa Mère. Thaddeus avait conscient de faire peur, ainsi. Mais quitte à la protéger, autant l'effrayer et l'éloigner le plsu de lui. Il se contenterait de la protéger dans l'ombre, sans jamais plus l'approcher. Car c'était ça désormais, une menace qu'elle le dénonce, et une promesse qu'elle n'oublierait jamais. Il coupa les liens de sa victime d'un coup sec, rangeant sa dague toujours ensanglanté dans sa poche. Il ignorait quoi faire. En réalité, il avait envie de hurler. La peur lui tiraillait les entrailles, et menaçait de le faire chavirer. Poppy était toujours là, le visage pris de terreur et les mains tremblantes. Il aurait voulu l'enlacer et la réconforter. Mais il ne pouvait pas. C'était lui le monstre qui avait manqué de la sacrifier, lui le monstre qui la terrorisait.

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La seule fois où elle avait vu autant de sang, c'était quand sa mère et elle avaient été attaqués par son ex. Le loup avait ravagé la chair de ses crocs mais ce soir, elle voyait un cadavre qui avait été découpé avec minutie. Et beaucoup, beaucoup de sang. Sur les mains du jeune homme, contre ses lèvres. Elle aurait pu fuir sans demander son reste. Lui tourner le dos et appeler la police pour le dénoncer. C'était probablement la chose brillante à faire mais Poppy était paralysée. Elle ne voulait pas le dénoncer, tout comme elle n'avait jamais voulu dénoncer sa propre mère. Thaddeus, un sorcier. C'était impossible. Comment lui, pouvait être de ceux qui tuait pour satisfaire une déesse inconnue. Du moins, c'était ce qu'elle avait cru comprendre dans les livres. Elle n'avait jamais côtoyé de sorciers - par chance - c'était pas comme si elle avait abordé ce sujet de conversation dans ses échanges avec les gens en général. Il avait assassiné cette pauvre femme. L'experte informatique qui travaillait pour la police en elle était indignée, lui passerait immédiatement les menottes. Mais son grand coeur, son âme trop bonne envers les autres et sa curiosité lui dictait de rester et comprendre. Elle jetait un coup d'oeil au corps sans vie, à la dague puis à Thaddeus. Elle tentait d'enregistrer le plus de détails possibles même si la vue d'une telle scène propageait des frissons le long de son frêle corps. Thaddeus lui ne semblait pas dérangé le moins du monde... en tout cas par le sacrifice car quand il se retourna, la seule chose qui semblait le déranger, c'était sa présence à elle sur les lieux. « Je croyais t'avoir dit de me laisser tranquille et de rentrer chez toi. » S'il avait vraiment cru qu'elle aurait rebroussé chemin sans aucune explication, il s'était trompé royalement. Peut-être qu'il ne s'en rendait pas compte, mais elle s'en faisait pour lui. Il était son entraîneur, son ami, son... elle ne l'aurait pas laissé s'éclipser comme ça alors que l'inquiétude s'emparait d'elle. Et maintenant, elle se retrouvait devant Thaddeus, le tueur. Le sorcier. C'était elle qui devrait avoir peur. Et elle avait peur. Ayant eu une première expérience d'un sacrifice dont elle avait échappé de justesse, elle ne voulait pas finir sacrifié sous une lame. Celle de Thaddeus en plus. Ça lui comprimait le coeur de le voir ainsi couvert de sang. Ça lui faisait peur et pourtant, elle ne courait pas... comme si une petite voix lui disait qu'il ne se retournerait pas contre elle. Un espoir peut-être, qu'elle avait une importance aux yeux du jeune homme. Il faut aussi dire qu'il restait immobile, aurait pu depuis un moment déjà s'en prendre à elle mais non. Pourquoi ? Elle l'ignorait, avait envie de le savoir, de le percer à jour. Chasser cette image du sanguinaire Thaddeus pour retrouver celle du charmant entraîneur. « Et alors, ça veut pas dire que je dois absolument t'écouter. » Elle se tut un instant, toujours accrochée au rocher comme si sa vie en dépendait. Sa voix paniquée, mais ferme finit par s'attendrir un peu. « Je voulais juste m'assurer que tu allais bien. » Elle voulait le confronter, lui faire réaliser qu'il venait de tuer quelqu'un, mais elle savait que c'était inutile. Tout comme il aurait été inutile de faire comprendre à sa mère, une louve, qu'elle risquait à chaque pleine lune de dévorer des gens. À la place, elle l'observait d'un air inquiet. Pour elle. Pour lui, elle ne savait plus. « Je croyais que tu risquais de rencontrer des ennuis, ou je sais pas. Je m'inquiétais pour toi, ok. Mais, tu n'as jamais été en danger... » Qu'il parle, qu'il la rassure, n'importe quoi plutôt que la regarder comme ça d'un regard sombre.

La Lune était toujours là, et il ne pouvait se détacher de son influence. Néanmoins, son sacrifice avait été accompli, Poppy ne craignait plus rien. Du moins, plus vraiment. Tant qu'elle restait là, en sa présence, tout pouvait dégénérer. Il ne contrôlait plus rien. Et face à son regard apeuré et scandalisé, il ne pouvait s'empêcher de se montrer encore plus distant, plus monstrueux. Un rire rauque s'échappa de ses lèvres. Bien évidemment qu'elle ne l'avait pas écouté. Elle ne serait pas Poppy si elle se pliait aux volontés des autres. Je vais bien, merci de t'en inquiéter. Bien sûr qu'il n'avait jamais été en danger, du moins, sans la présence de chasseurs en tout cas. C'était lui le danger, cela l'avait toujours été, et il le serait toujours. Il avait du sang sur les mains pour le prouver. L'adrénaline et le plaisir que lui procurait de tuer, l'excitation de voir le sang couler, et de réciter les prières à la Déesse. Tout ça faisait partie intégrante de qui il était, et ce depuis la naissance. En danger de quoi ? Des loups ? Il n'y en a pas dans le coin, j'ai vérifié. Il n'était pas prêt de tout lui révéler, pas encore. Mais des loups, c'était une excuse valable. Ces bêtes sauvages, ces êtres impurs, insultes à sa Mère, la Lune. Vendrait-elle la mèche ? Pauvre humaine perdue dans un monde surnaturel. Le sorcier ignorait même qu'elle était au courant. Il avait seulement voulu la protéger. Et maintenant, elle savait. Elle le prenait sans doute pour un fou, un tueur en série, un sataniste. Tant de termes pourtant loin de la vérité. Pourtant son coeur se serra, et ses yeux s'adoucirent. Il ne pouvait plus nier, et il ne voulait pas d'elle dans le coin. Pas maintenant. Pas comme ça. Poppy... sa voix n'était qu'un soupir. Ses traits étaient toujours durcis, il voulait simplement qu'elle parte, qu'elle s'en aille. Qu'elle le fuit. Elle était beaucoup mieux sans lui. Je t'en supplie, rentre chez toi. Cette fois, ses mots étaient dénuées de toute aigreur et de toute dureté. De la douceur et de l'affection, voilà ce qu'on pouvait y lire. Il tenait à elle, et il venait probablement de la traumatiser à vie. De plus, il devait se débarrasser du corps. Au plus vite. Et il était hors de question qu'il le fasse devant elle. Il devait se montrer fort, Thaddeus refusait de flancher. Pourtant, il ne pouvait ignorer les larmes qui menaçaient de tomber, de couler, dénotant avant le sang sur son visage, et son visage de tueur. Pourquoi fallait-il qu'elle complique les choses ? Pourquoi fallait-il que le Destin s'acharne ainsi sur lui ? Tu ne devrais pas rester. Ce que je m'apprête à faire... vas-t-en. Il venait de tuer une personne de sang froid, et le referait sans doute si besoin était. Mais se débarrasser d'un corps, c'était la partie que le sorcier aimait le moins. Parfois, il regrettait de ne pas avoir été lié au feu, cela lui aurait évité bien des ennuis.

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La blonde avait beau essayer de comprendre comment il était possible pour un sorcier ou même un loup de tuer aussi facilement, elle n'y arrivait pas. Elle qui n'ferait aucun mal à une mouche, elle n'arrivait pas à s'imaginer les mains pleines de sang à faire comme eux. Comme lui. Comme Thaddeus. Lui non plus, elle ne l'aurait jamais imaginé ainsi, le sang sur le coin des lèvres, les mains souillées. Elle avait été si gentil avec elle ses derniers mois à s'entraîner et rigoler un peu de sa maladresse quand elle envoyait un coup de poing. Elle tremblait et se disait qu'elle aurait dû rester enfermée chez elle. Que pour le reste de sa vie, plus jamais elle n'allait sortir. Peut-être devait-elle tourner le dos au jeune homme et s'enfuir. Le dénoncer et le faire arrêter. Mais elle en était incapable tout simplement parce qu'elle voulait encore voir cette humanité dans ce regard sanguin qui finit après un moment par s'adoucir, non sans faire remarquer avant que jamais le danger n'avait plané au dessus de sa tête, à lui. Une remarque qui la poussa à poser une nouvelle fois son regard clair sur le cadavre, sentant son coeur se serrer ainsi que sa gorge tellement la nausée la prenait. « Poppy... Je t'en supplie, rentre chez toi. » Cette voix presque brisée qui parvint jusqu'à ses oreilles comprima le coeur de l'humaine qui reporta ses yeux dans les siens à la mention de son prénom. Il y avait quelque chose dans la manière qu'il l'appelait ainsi qui la faisait vibrer d'une drôle de sensation, les papillons dans le ventre et le coeur qui accélérait à tout rompre... si cela était encore possible vu la situation. « Tu ne devrais pas rester. Ce que je m'apprête à faire... vas-t-en. » Quoi ? Danser nu sous la Lune à chanter des prières qui n'faisait pas de sens aux oreilles de simple humaine comme elle ? Le dévorer ce corps ? Ou bien le traiter avec respect comme il se doit ? Quoi ! L'imagination bien trop fertile de la Andersen s'imaginait déjà des scènes à lui retourner l'estomac et se força à inspirer profondément. Quittant appui sur le rocher, elle recula un peu. Non par réelle peur du jeune homme mais par envie de s'éloigner du corps sans vie de la vieille dame. « Qu'est-ce que tu t'apprêtes à faire Thaddeus ? Tu l'as déjà tué la pauvre femme ! » Sa curiosité maladive allait finir par avoir sa peau, mais Poppy ne put s'empêcher de demander même si en réalité, elle ne voulait pas vraiment savoir. Et trop préoccupée à ne pas le lâcher des yeux, elle accrocha une branche sur le sol et tomba sur le dos, un peu sonnée. Elle se redressa aussitôt sur ses coudes et honteuse, elle n'osait même pas relever les yeux sur le jeune homme. « Ça va, j'ai rien. Ne t'approches pas, je t'en prie. » Sa voix tremblante, ses membres aussi et les larmes qui bataillaient au coin de ses paupières, Poppy ne savait plus quoi penser. Thaddeus un sorcier. Un tueur. C'était tellement irréel et ça lui brisait le coeur. Au fond elle s'attachait à lui et c'était bien le plus douloureux...

Parfois, il se prenait à imaginer ce que serait sa vie sans la magie et le surnaturel. Serait-il plus heureux ? Vivrait-il dans un autre pays ? Aurait-il poursuivi ses études en astrophysique ? Il n'en savait trop rien. Il espérait que oui. Cela lui évitait de trop déprimer les jours où il était seul, la solitude étant sa plus vieille amie. Même avant que la Lune ne le réclame et qu'il exécute son premier sacrifice, il n'avait jamais trouvé sa vie des plus excitantes. Certes, sa vie demeurait bien plus trépidante que celles de ses amis, mais à la fin de la journée, il ne s'en sentait pas plus fier. Un chasseur, c'était dans ce but là qu'il était né et qu'il avait été entraîné toute sa vie. Si la Déesse ne l'avait pas sauvé, il serait mort-né. Probablement une bonne chose, pour beaucoup. Ou bien, il vivrait toujours parmi les siens, les Killingworth, cette famille qui l'avait renié. Misty serait toujours en vie, et sans doute les jumelles n'auraient pas perdu cet éclat de lumière dans leurs yeux, et dans leur âme. Il ne serait plus l'ombre au tableau, celle que l'on renie, que l'on enterre et que l'on tente au mieux de dissimuler au reste du monde. Et il ferait ce qu’on attendait de lui : détruire le monde paranormal. Mais le Destin en avait décidé autrement. Et il en payait le prix. Poppy aussi. Son patronyme était un blasphème, autant pour eux, que pour lui-même. Son regard croisa celui de Poppy, apeurée, scandalisée. Son coeur se contracta, battant dangereusement vite dans sa poitrine. Car, oui, la nuit, dans ses chimères aux arrières goûts amer, il imaginait une vie avec elle, plus simple, et moins sanglante. Une routine agréable, qu'ils pourraient apprécier ensemble, au lieu de se faire face ainsi, tels des étrangers. Lui, tellement de sang sur les mains, et elle, prise entre deux feux. Il taisait ces fantasme là, bien trop impersonnels, et utopiques. Elle recula, et il sut. Sut qu'à cet instant, leur vie avait pris un tournant bien trop dramatique pour revenir en arrière. Pour que chacun d'eux en ressorte indemne. Le corps. Je dois m'en débarrasser. Il se refusait à accomplir une telle tâche tant qu'elle serait là. C'était son monde, et Poppy n'aurait jamais du le découvrir ainsi, voire même le découvrir du tout. Elle avait peur de lui. Comment pouvait-il lui en vouloir. Il se prit la tête dans les mains, réfléchissant. A tout, à rien. Mais surtout au moyen de la faire partir, de la protéger. C'était son seul but, sa seule mission, maintenant que son devoir à la Lune était accompli. Je suis vraiment désolé. Il détourna les yeux, pouvant déjà sentir la culpabilité le ronger de l'intérieur. Elle était la seule pouvant lui faire regretter ce qu'il était. Et il ne le supportait pas. Alors, sans un mot, il s'empara du corps, et s'enfonça de nouveau dans la nuit, murmurant une nouvelle prière à sa Mère, l'implorant de ne faire qu'un avec les Ténèbres. Loin d'elle. Et de ses larmes.