I: Mieux vaut faire les choses que d’espérer qu’elles se feront.
Ils étaient sept. Sept familles de loups, sept clans différents partageant pourtant la même malédiction. Il fallut que je vienne au monde dans une de celles-ci. Une famille pas très différente des autres, si ce n'est que la pleine lune influait dangereusement sur l'état physique des membres. Elle était jeune, trop jeune pour donner la vie. Dix-neuf ans. Mariée depuis un an seulement, elle donna à son époux un fils, moi. Les terres écossaises furent ma demeure, celles qui entendirent mon premier cri. Ma famille était les de Brùn, dite une famille noble dans ce pays de traditions, de légendes, d'histoires fantastiques. Ma naissance fut bien accueillie, bien que ma mère failli perdre la vie en me mettant au monde. J'étais un fils, j'étais un héritier et mon père ne pouvait voir en ça qu'une nouvelle merveilleuse. Ma vie fut bien différente de la vôtre. Ici, pas de place pour l'innocence, pour la douceur, pour la tendresse. J'étais un homme, j'étais un loup et surtout, premier fils d'une longue lignée, je devais être à la hauteur. Trois sœurs me suivirent de près Kennocha et Ailein viennent au monde quatre ans après moi, deux jumelles à la beauté douce et délicieuse. Vient le tour de  Kentigern, un an après les jumelles pour ensuite donner place aux faux jumeaux Fenella et Keir. Ils avaient de la chance. Oui, ils n'étaient pas les premiers, ils n'étaient pas destiné à reprendre les reines plus tard. Moi, c'était une toute autre histoire.

***

Carron de Brùn -> 32 ans.
Kennocha et Ailein de Brùn -> 28 ans.
Kentigern de Brùn -> 26 ans.
Fenella et Keir de Brùn -> 21 ans.


II: Mieux vaut petit feu qui chauffe, que grand qui brûle.
Je devais garder la tête haute, faire face à ses demandes constantes, ses obligations qui m'étaient imposées comme une dur réalité. Je n'avais que six ans quand mon père décida qu'il était temps pour moi d'apprendre.  L'apprentissage commença. Scolarisé à domicile comme mes frères et mes sœurs, je fus néanmoins celui qui ne profita pas de sa douce jeunesse. Trop occupé à me battre, apprenant le maniement des armes les plus subtiles, comprenant comment maîtriser ce loup en moi. Rapidement, le corps à corps n'eus plus aucuns secrets à mes yeux. Il faisait de moi une machine à tuer, alors qu'avec douceur, ma mère tentait de garder mon innocence éveillée. Je n'étais qu'un enfant, pourtant, j'agissais comme un battant près à détruire les obstacles se dressant sur mon passage. Ça me bouffa, ça me tua. Je rêvais de liberté alors qu'au loin, j'observais les miens rires et jouer dans les hautes herbes. Moments de distractions qui nourrissaient mon sommeil léger. Il voulait que je sois façonné à son image, je voulais le rendre fière. Néanmoins, l'étouffement fut rapidement bien trop présent en moi, comme me déchirant de l'intérieur, me bouffant silencieusement. J'allais imploser, j'allais exploser et ce jour-là ça n'allait pas être beau à voir. Tradition exige, je fus fiancé très jeune à une jeune demoiselle de mon âge, elle aussi louve, elle aussi fille d'une des sept familles. Je ne l'aimais pas, elle m'appréciait. Deux êtres totalement différents. Soumise aux siens, elle était la douceur même. Dominant face aux miens, j'étais la bestialité incarnée.

III:  Mieux vaut tenir le diable dehors, que de le mettre à la porte.
L'innocence s'éteint petit à petit comme une bougie qui semeur. Dans mon regard cette flamme n'exista rapidement plus...jusqu'à ce qu'il me trouve. Il était différent. Un peut trop stupide, un peut trop drôle. Pourtant, il éveilla en moi cet enfant qui n'était plus. J'avais dix-sept ans quand nos regards se croisèrent dans cette clairière animée par le soleil d'été, faisant vaciller ses rayons ici et là, rendant l'atmosphère étrange et hypnotisant. Si je l'aimais ? Bien sûr, mais pas de cette façon passionnelle, pas assez pour lui dire ses trois mots. Il était le premier, il fut le dernier. Il souhaitait partir avec moi, m'éloigner de cette famille, de ce père qui ne cessait de me bâtir à sa guise. Je refusais. A quoi bon partir ? Je n'en avais pas l'envie. Élevé ainsi, cela me semblais si normal que j'en avais oublié la réalité des choses. Alors, ce fut en secret que nos chemins se croisaient sans cesse dans cette clairière. En silence. Quelques baisers échangés, parfois des nuits passionnés. Deux hommes. Rien que ça ça aurait fait faire un arrêt cardiaque à mon père. Un an. Ça dura un an. Puis un jour il me demanda de choisir. L'amour ou les miens. J'ai choisi les miens. Depuis, plus jamais je ne suis revenu dans cette clairière, plus jamais je n'ai croisé son regard, plus jamais je ne l'ai aimé. J'ai juste oublié...J'ai continué à avancer le regard fixé vers l'horizon, j'ai continué à demander à mon corps l'impossible alors que les nuits de pleine lune, je succombais aux cris de souffrances. Jusqu'au jour ou enfin, je réussis là ou beaucoup avaient échoués. J'avais 25 ans, quand, enfin, je réussis à maîtriser mes transformations.


IV: Les morts ne mordent plus.
Il y a un jour où le point de rupture est atteint, comme une douce fin à cette vie sans foi ni loie. Cette rupture je finis par la sentir apparaître en moi. Un feu qui s'embrasse et qui ne s'éteint plus. Je devais marier, il était temps, j'avais déjà bien trop traîner. Pourtant, mon cœur s'y refusa, je m'y refusais, brisant cette alliance pour garder ma liberté. Mon père en fut fou de rage, me condamnant au regret, s'empressant de marier le second héritier de la famille. N'ayant nullement reçu le même apprentissage que moi, il n'en fut pas moins bon avec son épouse, acceptant cette responsabilité, envieux de faire changer le regard que notre père posait sur lui. Je m'en voulais tellement pour lui. De ma faute, il se vit priver d'amour, du vraie, mais également de cette liberté dont il avait toujours bénéficié. Je n'en restais pas moins l'héritier malgré ça. Mon père ne pouvait pas le changer. J'étais le premier né...malheureusement pour lui. Je me mis à me rebeller contre ses idées, sa dictature. Il était enfin venu le temps d'ouvrir les yeux. Je ne souhaitais plus le voir faire de moi son arme incessante, tuer ses ennemis sans me poser de questions, car du sang j'en avais déjà assez sur les mains. Alors, je me mis à aimer la vie comme elle me venait. Brisant mes chaînes, refusant de m'ancrer comme j'aurais du le faire. Enfin je pouvais vivre. La mort de ma mère arriva peut de temps après, tuée par un chasseur lors d'un de ses voyages d'affaires. Jamais elle ne revient, jamais elle ne pu m'aimer de nouveau...Ce fut la cause de mon départ définitif, sauf que je ne fus pas seul, ils me suivirent, tous...

V: Aime-toi bien, tu trouveras qui t'aime.
Nous avons voyagé, laissant derrière nous une vie entière, décidément ainsi ce clan qui n'avait plus lieu d'être. Nous étions ensemble, c'était ainsi le principale. Loin de nos terres, loin de notre père, nous avions besoin d'air, de nouveautés. Il y a un mois nous avons atterri ici alors qu'un ami d'enfance à moi y avait élu domicile, cette ville aux nombreuses surprises, aux multiples dangers. Nous sommes six. Six de Brùn, six loups de naissance, six fortes personnalités. Pourtant, nous vivons tous ensemble, une famille unie et ce jusqu'à ce que la mort nous sépares.