losing my religion
«
T’aimes pas les filles, hm ? » Saoirse n’avait pas pris de ton désapprobateur, ni de ton qui sonnait comme un jugement. C’était plus une question, comme si elle lui avait demandé si il aimait les petit pois, ou pas. Cilian avant 15 ans, il n’avait jamais ne serait-ce que réellement posé le regard sur des filles. Enfin si, parfois, dans sa chambre sur son ordinateur il allait voir des photos de ces célébrités que ses amis admiraient tellement parce qu’elles étaient sexy et jolies. Oui, elles étaient jolies, mais il ne trouvait pas les femmes désirables. Il ne se voyait pas vraiment essayer, mais il avait envie d’essayer. Juste pour être sur, même si il l’était déjà. «
Je pense pas. » Fit-il en glissant ses doigts dans ses cheveux blonds, alors qu’il se regardait dans le miroir de la salle de bain. «
Alors c’est pas un rendez-vous. Cette pauvre fille croit probablement qu’elle t’intéresse. » Saoirse était plus âgé que lui, moins que leur aîné mais quand même beaucoup plus âgé que lui. Il ne l’appréciait pas vraiment, ils n’étaient pas proches. Leur relation n’était pas conflictuelle, cependant, et même si lui n’était pas vraiment attaché à sa sœur, il savait qu’elle se faisait du mauvais sang pour lui quand il rentrait tard. Parce qu’elle lui avait déjà fait les mêmes sermons que leur mère lui servait. «
Laisse-moi vivre, Saoirse. » Elle soupira. «
Ne soit pas un connard. » Cilian lui jeta un regard noir. «
Je n’ai pas signé pour sortir avec elle à ce que je sache, je lui ai juste demandé de venir au cinéma avec moi. C’est tout. » Saoirse haussa les épaules et lui tendit le billet de 20€ que sa mère lui avait donné, pour qu’elle le lui donne. «
Retour avant minuit. » Cilian attrapa l’argent du bout des doigts et le fourra dans la poche de son jean. Il sortit de la pièce et sa sœur le suivit. «
Cilian je suis sérieuse ! » Il hocha la tête. «
Et soit sympa avec Chloe ! » Il prit sa veste. Mais juste avant qu’il ne parte, elle le retint par l’épaule. «
C’est pas grave, tu sais. Si tu préfères les garçons. T’es pas obligé de te forcer à aimer les filles. » Cette phrase, à elle seule, était la preuve qu’elle ne connaissait que trop peu son cadet. «
Je veux essayer d’abord. » Et sur l’air choqué de sa sœur, et son sourire espiègle à lui, il se retourna et ouvrit la porte pour sortir.
La porte claqua violemment alors que Cilian la tirait avec violence derrière lui pour s’enfermer dans sa chambre. Le garçon, âgé alors de quatorze ans, attrapa un sac à dos et fourra dedans quelques fringues avant que quelqu’un ne vint frapper doucement contre la porte. «
Cilian ? » C’était son frère. Le blond s’arrêta un moment, ses mains tremblaient toujours de la rage qu’il ressentait, de cette colère qu’avait provoqué le reste de sa famille. Lui et lui, ils étaient différents. Eux, c’était les O’Callaghan classiques. Qui n’acceptaient pas sa différence. Il s’était toujours sentit un peu en marge de la société, il avait toujours eu cette impression de ne pas rentrer dans le moule préétablit du garçon ordinaire. Et ses parents le voyaient bien, du coup il avait pris cette habitude de se rebeller. Et il se sentait chanceux, avec la vie, et il prenait à malin plaisir à ne pas être prudent. Et plus sa mère avait pris l’habitude de lui faire la morale, parce qu’il n’était même pas censé être un bébé viable, plus il faisait les quatre cent coups avec ses quelques amis. Finalement, Cilian se dirigea vers la porte et l’ouvrit doucement pour laisser entrer son aîné. C’était le seul de la famille avec qui il s’entendait, malgré leur très grand différence d’âge, de dix ans. Son aîné vivait toujours chez leurs parents, mais il savait qu’il partirait bientôt. «
Qu’est-ce que tu fais ? » Cilian attrapa un t-shirt et le fourra dans le sac. «
J’vais dormir chez Nolan. » Son frère posa ue main sur son épaule, ce qui eut le don de le faire s’arrêter. «
Ecoute, je sais que t’es pas toujours d’accord avec maman et papa, mais ce sont nos parents et des parents, on n’en a pas 4 paires. » Cilian, justement, avait cet étrange sentiment de ne pas réellement à appartenir à la même famille. «
Je m’en fiche. » Cette fois, l’adolescent se dégagea de l’étreinte de son aîné, et ferma son sac à dos. «
Tu peux dire à maman que je suis parti, mais dis lui que tu ne sais pas où s’il te plait. J’ai pas envie qu’elle vienne me chercher. » Le plus âgé soupira. «
Je ne vais pas lui mentir, et tu devrais descendre et discuter a… » «
Non. Tu sais très bien que ça n’arrivera pas. Je vais chez Nolan, je reviendrai demain, ou après-demain. » «
Cilian… » Ils se dévisagèrent un instant. Jamais son frère n’avait pris un rôle de père avec lui. Il lui parlait, tentait de le raisonner, mais jamais il ne lui donnait d’ordres ou l’interdisait de faire des choses. «
Je t’appellerai. » Fit-il en ouvrant la fenêtre de sa chambre. Il était au premier étage, mais il avait fait ça des centaines de fois. Il mit son sac sur ses épaules, et passa une jambe par dessus le châssis. «
Sois prudent. » Cilian hocha la tête et passa la seconde jambe à l’extérieur, avant de sauter sur le toit du garage pour ensuite redescendre dans le jardin, et escalader la clôture pour partir par chez les voisins.
Ah putain, qu'est-ce qu'ils étaient cons. A se prendre pour les rois du monde du haut de leurs seize ans tout juste sonnés. A piqué la voiture du père de l'un, pour aller chez l'autre. Et Cilian, il avait pas réfléchi. Et pourtant sa mère, elle le lui avait dit, elle le lui avait répété qu'il n'aurait même pas dû naître. Qu'il avait eu une chance de dingue, que c'était peut être Dieu, là-haut, qu'avait voulu de lui sur cette putain de terre et Cilian, ça lui faisait juste rien. Elle pouvait parler, il n'allait pas vivre cloîtrer pour le bien de sa saloperie de coeur à elle. Et à côté de son pote, là, il tirait une taffe sur sa clope alors qu'il avait les genoux contre la boite à gants. La musique était à fond, et ils roulaient trop vite. Beaucoup trop vite. Mais ça, Cilian ne s'en rendait même pas compte, parce que l'euphorie de l'instant lui avait éclaté dans les neurones, et déversé toute son adrénaline dans son corps, dans ses yeux, partout. Alors la voiture en face, il l'avait vu trop tard. Il avait de prévenir son ami, il s'était jeté sur le volant avec vivacité, une vivacité qui lui dés-embruma le cerveau en quelques secondes. La lune brillait, haute, dans le ciel depuis quelques instants. La voiture bascula sur le côté, fit un tonneau mais Cilian était toujours conscient. Il chercha à tâtons à se défaire de sa ceinture qu'il avait eu l'habitude de mettre, la vieille rengaine de sa mère était entrée au plus profond de son être. C'était un geste automatique pour lui... Mais pas pour Nolan, qui était au volan, et qui avait la tête en sang. Cilian, paniqué, tenta par tous les moyens d'ouvrir la porte mais n'y parvint pas. Ils étaient dans les bois, la voiture avait heurté un arbre et, sans qu'il ne comprenne ce qui arrivait, l'arbre s'écarta. Cilian sentit son coeur battre la chamade contre sa cage thoracique, comme si il le suppliait. Laisse moi sortir, laisse toi crever ! Mais Cilian avait une volonté féroce de vivre, uen volonté qu'il ne se connaissait pas avant aujourd'hui, et la porte s'ouvrit en grand. Il tituba, tomba sur son dos et un rayon de lune lui caressa le visage. Alors il la sentit, l'adrénaline, encore. Prendre possession de son corps, prendre le contrôle de ses membres et de son esprit. Il voulait ce sang, celui qu'il pouvait encore sentir dans l'air. Une force étrange agissait sur son esprit. Il se leva, tituba encore mais es jambes ne le soutenait plus, et à peine avait-il entré la tête dans la voiture qu'il sentait une violente nausée le prendre. Ses doigts griffèrent la peau de son ami – apparemment mort sur le coup – avant qu'il ne tombe à nouveau, en dehors de la voiture. Son souffle était lourd, sa poitrine se levait et se rabaissait incroyablement vite. Il ne s'était jamais sentit comme ça, il se sentait en pleine forme, mais son corps ne le soutenait plus.
Au bout de quelques secondes, il vit au loin un homme s'approcher, et Cilian recula. L'homme avait une allure de dément, et le pas beaucoup trop vite. Et Cilian avait les doigts rougeâtre du sang de Nolan. L'homme s'approcha trop vite, trop près, Cilian leva la main et une branche du même arbre qui s'était écarté fut comme le prolongement de son bras, et alla frapper l'autre au ventre pour le mettre à terre. «
Ne m'approchez pas ! » L'autre se leva. Il s'approcha malgré la menace du gamin, il ne semblait pas effrayé du tout. «
Tu es un sorcier. » Cilian fronça les sourcils, au fond, avec son coeur qui battait la chamade et cette étrange sensation de bien-être qui l'envahissait, il savait que l'autre disait vrai. Depuis toujours, il savait qu'il était différent. Du moins, différent de sa famille. «
Qui êtes-vous ? » Le brun tendit la main vers Cilian qui, après un moment d'hésitation, la saisit pour se relever. «
Je suis comme toi. » Une étrange lueur, différente des autres, entourait effectivement tout son être. Semblable à celle qu'il voyait sur lui, en se regardant dans le miroir. Un jour, il avait demandé à sa père pourquoi la sienne était différente, mais elle avait ris et lui avait demandé de quoi il parlait. Depuis, il ne l'avait plus jamais demandé. «
Et je peux tout t'apprendre. » Cilian regarda autour de lui, son regard resta un instant bloqué sur la voiture qui, soudainement, pris feu sous ses yeux. Depuis cette nuit, il resta avec Lyle. Le sorcier lui avait donné l'opportunité de s'échapper de son ancienne vie, de sa famille. Et d'être lui-même, vraiment.
La journée était déjà trop longue. Il venait d'assister à son dernier cours et, en sortant de l'amphithéâtre, Cilian avait allumé sa clope et il ne la tenait qu'avec ses lèvres, inspirant régulièrement une taffe dessus alors qu'il avançait, une main tenant la sangle de son sac, et une autre dans la poche, vers l'arrêt de bus plus loin. C'était sa deuxième année à la fac, et il n'avait toujours pas trouvé le moyen de chopé une voiture. Lyle ne voulait pas lui prêter la sienne, donc il devait régulièrement se taper les allers-retours vers Dublin en bus. La simple idée de devoir faire ça à nouveau pour cette fin de semaine commençait un peu à le déprimer, quand il s'appuya contre un mur pour attendre ledit bus. Il allait prendre sa cigarette entre ses doigts pour recracher la fumée de ses poumons quand un brun le fit à sa place. «
Tu sais que c'est pas bien de fumer ? Ca donne une sale haleine, après. » Et il tire sa clope. Non mais y'a pas à dire, ce mec à des couilles. Cilian expire lentement sa fumée par ses lèvres entr'ouvertes, avant de prendre une autre clope dans son paquet, et de la caler tranquillement entre ses lèvres, à nouveau. Il attrape son briquet, et l'allume. Cilian tire une latte dessus avant de regarder l'autre. «
Et tu es ? » Adam Harkwood, il le savait très bien, il avait passé son temps à le mater dans le campus et une de ses amies l'avait remarqué. D'ailleurs, la fille lui avait dit de ne pas rêver, parce qu'il n'était pas gay. Ce à quoi Cilian avait répondu d'un haussement de sourcils qui les auraient fait disparaître sous sa masse de cheveux blonds, si ils avaient pu. Elle le savait très bien : il s'en fichait pas mal, à ce moment-là il ne faisait que regarder. «
T'sais que c'est plus crédible de faire la morale quand on ne fait pas ce qu'on reproche ? » Il tira une autre latte, et tourna la tête pour expirer la fumée. «
D'ailleurs, règle numéro 1 : ne jamais voler la clope d'un mec qui fume. Sérieusement, c'est pas comme ça que tu vas marquer des points. Heureusement que t'es plutôt pas mal. » Fit-il en le regardant avec un peu plus d'insistance. «
Je suis le mec qui mate tes fesses depuis un bon moment. » Putain, Cilian avait l'impression d'être au lycée et il aurait préféré s'arracher la langue que de se l'avouer, mais il adorait ça. «
Et c'est seulement maintenant que tu viens me parler ? » Il récupéra son sac qu'il avait laissé tomber sur le sol, et le fit passer sur son épaule. L'envie de prendre le bus venait de soudainement passer. Il commença à s'éloigner, mais se retourna en voyant l'autre qui ne le suivait pas. «
Tu m'paies un verre, ou tu comptes rester là toute la journée? » Adam revint à sa hauteur, Cilian n'arrivait déjà plus réellement à le lâcher du regard tellement il le trouvait déjà beau. «
Parce que tu bois, en plus ? Heureusement que t'es pas mal, toi non plus. Sinon je me serais demandé comment j'ai pu m’intéresser à toi. » En plein dans l'ego, Cilian sourit en tirant sur sa clope et il la laissa tomber à terre, pour l'écraser du bout du pied. L'autre marquait une tonne de point assez rapidement, Cilian avait toujours adoré être désiré, ou du moins un minimum courtisé et il laissait toujours l'autre faire, jusqu'à un moment où c'était trop. Il attendait une balance, il attendait de l'autre qu'il garde son intégrité et sa personnalité, après tout. Avec Adam, c'était naturel. Cilian lançait une pique, et Adam en relançait une, et plus il parlait, plus Cilian s'accrochait à ses lèvres, et à ses yeux. Il aurait voulu s'y plonger, déjà. S'y perdre, toujours.
Cilian savait plein de choses à propos de son petit ami. Il adorait l’écouter, le regarder, apprendre toute une gamme de choses sur lui de part ses observations, et il avait appris plein de choses. Il avait appris à comprendre son langage corporel, et le regard d'Adam à cet instant avait suffit à faire bouillir son sang dans ses veines. La pleine lune était juste passée. Il avait encore ce regain d'énergie de la nuit précédente et résistait plus difficilement à ses pulsions. Le blond s'approcha rapidement, un peu comme un prédateur et ses doigts trouvèrent sa nuque, s’enroulèrent autour de son cou et il le tira à lui. Puis, ce fut son corps, tout entier, qu'il glissa contre le sien et il le piégea doucement contre le mur. Ses doigts de sa main libre vinrent se loger contre son ventre, sous sa chemise. Il mordit doucement ses lèvres, avant de souffler "
j'ai envie de toi.". Il sentit alors Adam légèrement se crisper sous ses doigts, mais l'autre n'essaya pas de se dégager. Il l'encouragea en glissant sa langue dans sa bouche, pour aller chercher la sienne et jouer avec. Cilian avait le bas ventre en feu, il ressentait une explosion de sensations familières et inconnues à la fois et pressa un peu plus son corps à cet autre. Les doigts D'Adam s'enfoncèrent un peu plus dans le dos de Cilian et dans sa nuque. Le blond ne s'arrêta pas, il était certain que le brun le désirait tout autant. Alors il glissa plus encore ses deux mains sur lui et tira sur les boutons de sa chemise pour les faire céder un a un. Sa bouche, gourmande, trouva la peau délicate de son cou et il y posa une marque rouge avec un sourire satisfait. Déjà, il sentait Adam perdre son souffle dans ses bras mais il continuait. Pour la première fois de l'autre, Cilian resterait classique. Alors après ça il lui prit la nuque et l'embrassa tout en reculant, le tirant vers lui. Il n'attendait que le lit pour pousser Adam dessus et puis vint au dessus de lui. Il se regardèrent un instant, mais n’échangèrent pas un mot avant que Adam l'attrape par la chemise pour le tirer à lui. L'autre retourna la situation et Cilian se retrouva sur le dos. Il laissa Adam déboutonner sa propre chemise et regarda ses doigts découvrir son corps, alors qu'il se mettait sur ses coudes. «
Laisse moi faire. » fit-il en enroulant ses bras autour de lui, après s'être rassis. Il prit ses mains, et les lui fit glisser sur sa ceinture. « vas-y » souffla-t-il contre sa bouche avant de mordre sa lèvre. Il le sentait hésitant, mais étrangement sur de ce qu'il voulait. Et quand ses doigts effleurèrent son bas ventre, Cilian retint sa respiration. Lui-même avait faufilé ses doigts sous la ceinture de l'autre, dans son dos. Ils bougeaient déjà ensemble. Le souffle du sorcier se fit plus intense, alors que le brun cherchait le contact avec ses doigts brûlants de désir. Bientôt, Cilian sentit et entendit sa ceinture se défaire et les doigts de l'autre se faufilèrent contre sa peau. Cilian étouffa le prénom d'Adam contre ses lèvres et ferma les yeux sous la caresse de ses doigts. Et puis bientôt, s'en fut trop. Le blond poussa l'autre contre le matelas, et retira ses fringues restantes avant de faire subir le même sort aux siennes. Adam avait une expression a se damner. Il aurait fait de Cilian son jouet rien qu'avec ses yeux d'un brun doré, qui rendait dingue le blond. Cilian admira tout son corps. Il glissa ses baisers fiévreux contre son torse et puis remonta vers son oreille. Il la pinça entre ses lèvres et souffla. «
retourne toi. »
Cilian s'éloigna pour permettre à Adam de bouger, puis revint contre lui. Il attrapa ses hanches et le fit se mettre à genoux avant de glisser d'autres baisers ardents de désirs contre sa nuque et ses omoplates. «
Tu me fais confiance ? » Adam tourna la tête pour le regarder. «
dépêche toi avant que j'en ai plus envie. » Cilian eut un sourire et gratifia son oreille d'une autre morsure délicate. Il tendit le bras pour fouiller dans sa table de chevet et en sortit une capote et du lubrifiant.
Doucement, Cilian s'unissait à Adam. Il l'entendait soupirer et gémir doucement. Il le sentait crispé mais Cilian prenait soin de lui. Il avait glissé une main contre son dos et dans sa nuque pour le maintenir la tête basse, et l'autre main maintenait sa hanche contre lui. Il ne voulait pas le toucher plus, Adam devait trouver son équilibre pour ressortir du plaisir de cette étreinte. Cilian se pencha contre lui, tout son torse était colle à son dos alors qu'il entrait un peu plus en lui. Il ne dit rien - il n'aurait pas su - mais il mordit sa peau et l'embrassa un peu partout, de ses manières à lui de lui dire je t'aime, que je t'aime, tellement, tu es parfait et surtout, tu es mien.
Ce n’était pas la première fois qu’il le remarqua, ce pansement sur le ventre d’Adam. Mais les autres fois, il était trop occupé à ne pas penser que pour lui poser la question. Désormais, Adam dormait et Cilian glissait ses doigts sur sa peau. Il avait un peu bougé, et son coude était posé sur le matelas, et sa tête reposait sur sa main. Ses doigts, eux, glissaient doucement sur le corps de cet être presque trop beau que pour être réel. On aurait dit une sorte d’ange, endormi comme ça, entre ses draps. Il était paisible, et Cilian souriait à le regarder comme ça. C’était si rare, qu’il se réveille en premier. Alors, il en profitait. Mais encore une fois, ses doigts glissèrent sur ce pansement. Une fois de trop, peut être, car il sentit Adam bouger et sa main, étonnement vive pour quelqu’un qui dormait encore quelques secondes auparavant, vint attraper la sienne pour l’empêcher de bouger encore. Mais Adam se fit plus doux quand son regard se posa sur lui, comme si il réalisait avec qui il était. Alors il sentit le brun essayer d’emmêler ses doigts aux siens, mais Cilian refusa la manœuvre et lui grimpa dessus, ses deux jambes de part et d’autre de son corps. Il s’installa à califourchon sur l’autre qui se réveillait doucement, et se pencha pour capturer ses lèvres. Alors, il sentit Adam bouger encore un peu, ses mains se glissant sur sa nuque, pour forcer Cilian à rester là un peu plus longtemps. Ce qui était une bonne idée, car Cilian était déjà en train d’amorcer son retour à la position assise. Mais il resta penché, et leurs lèvres, et leurs langues se cherchèrent pendant quelques secondes. «
Bonjour. » Souffla Cilian avec un sourire, Adam lui souffla un autre bonjour en retour alors qu’il le laissait partir, et se redresser. Cilian glissa ses mains sur son ventre, et s’arrêta encore sur son pansement. «
Qu’est-ce que tu t’es fait ? » Dit-il, une petite ride se creusa entre ses sourcils, il était inquiet. «
Ca fait longtemps que tu l’as. » Les doigts d’Adam glissèrent sur la main de Cilian, et puis bientôt il se mit à parler pour lui expliquer. Plus tard, Cilian comprendrait mieux. Il comprendrait que c’était une sorte de demi-mensonge. Peut être qu’il avait vraiment vécu une sorte de traumatisme, ou peut être qu’il avait juste été entrainé à parer à toutes les éventualités. Surement.
C'est le seul avec qui il parle encore. Son grand frère, ils s'entendent bien, très bien même. C'est son pilier, ou du moins ça l'était, quand il vivait encore dans cette famille de fous. «
Tu devrais lui dire. » Cilian glisse ses doigts dans ses cheveux, le regard perdu sur la silhouette d'Adam, endormi à l'autre bout de la pièce, dans son lit. C'est le matin, c'est rare que Cilian se réveille en premier, mais son téléphone a vibrer et il a vite décroché en voyant qui l’appelait. «
Ca fait 5 ans... » A l'autre bout du fil, le silence. Cilian va dans la cuisine et ferme la porte derrière lui, il ouvre la fenêtre, et attrape son paquet de clopes, celui de la cuisine, qu'il laisse toujours là. Y'a un cendrier sur l'appui de fenêtre, spécialement pour les moments où il fume en attendant que son plat réchauffe. «
Elle s'en remet pas, Cilian. Et ça me pèse, tu le sais très bien. » Cilian sort une clope de son paquet, il la cale entre ses lèvres d'un mouvement d'expert, et allume sa clope. «
Écoute, je sais que je t'en demande beaucoup mais lui dit rien, s'il te plaît. Toi tu sais garder le secret, mais elle, elle va finir par le dire à papa et maman. J'ai plus envie de les voir, j'te jure, c'est pas possible. » Il pose ses coudes contre l'appui de fenêtre, et expire la fumée en dehors de son appartement. Depuis qu'Adam est plus souvent chez lui, il fait gaffe à ne pas trop fumer à l'intérieur. Avant ça, il s'en fichait, mais désormais, plus vraiment. «
Cilian tu peux pas fuir toute ta vie. » Il fait tomber des cendres dans le petit cendrier de fortune, un pot de fleur à moitié cassé, et déjà bien remplit. «
Et pourquoi pas ? » Son aîné soupire à l'autre bout du fil. «
T'as encore une famille, je te signale. C'est pas le cas de tout le monde, alors tâche d'y penser. » La porte s'ouvre derrière lui, Cilian tourne la tête et croise le regard endormi de son amant. Adam s'approche, ses yeux sont entre-ouverts, probablement à cause de la lumière. «
Ouais ouais ok, j'te laisse. » Fit-il en raccrochant, juste quand Adam, glisse ses bras autour de sa taille, et son visage dans sa nuque. Cilian se retourne dans ses bras, il tient sa clope derrière lui et glisse ses doigts dans ses cheveux. «
Qui t'appelles aussi tôt ? » Il lui demande en relevant la tête. Cilian en profite pour lui voler un baiser, sa lèvre inférieure caresse celle d'Adam, et il la pince entre les siennes avant de s'éloigner un peu pour tirer une autre latte. «
Un emmerdeur, si tu veux mon avis. » Adam le dévisage un instant, et Cilian sait qu'il ne veut pas de cette conversation. Alors il écrase sa clope dans le cendrier, et attrape son petit ami par le visage, pour l'embrasser avec fougue. Adam resserre son étreinte autour de lui, et Cilian espère que ça suffira à lui faire oublier cette conversation, le secret qu'il lui cache parce qu'il n'ose pas lui dire. Il a déjà compris que pour Adam, la famille c'est important, et il ne veut pas lui dire que lui fuit la sienne envers et contre tout.
C'était doux, mais aussi un peu rugueux par endroits. C'était agréable. Le bout de ses doigts découvraient sans cesse le corps de son amant, pendant que ses lèvres butinaient le goût un peu sucré de sa peau chaude. Et il s'enivrait de son odeur, il se laissait aller contre son touché, il s'aveuglait du reste, à trop le regarder, lui. Mais c'était surtout le souffle incontrôlable d'Adam qui lui donnait l'envie de plus. Il voulait lui faire découvrir tout ce que lui connaissait déjà. Mais Adam l'aidait tout autant. Jamais découvrir un autre homme n'avait été si exaltant à chaque fois. Il savait que Adam n'avait jamais eu d'autre amant que lui, et pour ça il y allait doucement, mais à chaque fois un peu moins. Les lèvres du blond glissèrent un peu plus au sud de son anatomie et il sentit les doigts d'Adam agripper son crâne. Il savait que l'autre ne voulait pas qu'il s'arrête, donc il continua et glissa plus bas encore, jusqu’à ce que sa bouche caresse l'autre de telle manière qu'il le sentit retenir un gémissement. Cilian voulait l'entendre. Il leva les yeux vers lui et verrouilla son regard avec le sien avant de glisser sa langue sur toute sa longueur. Il voyait l'autre résister, ce qui le frustrait. Il arriverait à le faire gémir. Cilian reprit, utilisant ses doigts également. Son regard était toujours ancré à celui d'Adam alors qu'il posait ses lèvres le long de son intimité, suçotant la peau par endroit. Adam résistait toujours, il était fort à ce petit jeu. Cilian abandonna un instant, pour glisser sa langue dans l'intérieur de sa cuisse. Il finit par prendre un peu de peau entre ses lèvres et marqua l'endroit d'une zone rougeâtre qu'il embrassa tendrement avant de revenir vers sa cible première. Entre temps, Cilian avait recherché le regard de son amant, mais celui-ci, n'en pouvant plus, avait échappé à son emprise. Ses doigts glissèrent alors sur son ventre, pour attirer son attention. Ce ne fut que quand il l'obtint qu'il daigna le prendre entre ses lèvres. Et c'est quand il le prit presque tout entier qu'il l'entendit finalement craquer.
Satisfait, Cilian eut un sourire triomphant quand il se retira et continua un peu avant de remonter vers lui. "
Qu'est ce que tu veux, maintenant ?" lui glissa-t-il à l'oreille. Adam l'attrapa par le creux de ses reins en guise de réponse et Cilian eut un rire avant de répondre à son baiser enflammé.
Cilian venait encore une fois de raccrocher d’un appel avec son frère, quand Adam entra dans la pièce. Le blond était nerveux, ce qui était très rare étant donné la dose de confiance en soit qu’il avait. «
Ca va ? » demanda Adam, inquiet. Le brun s’approcha, et glissa ses bras autour des hanches de Cilian. «
C’était mon frère. » Il avait décidé de tout lui dire. Ils allaient emménager ensemble, alors il devait lui dire. Il devait absolument le faire avant que son frère ne débarque un jour à l’improviste. «
Ton… Frère ? » Cilian hocha la tête, alors qu’Adam s’éloignait de lui. Le blond se rapprocha, et le poussa doucement pour s’asseoir sur une chaise. «
J’ai un frère et une sœur, ils sont beaucoup plus vieux que moi. En fait, je n’étais même pas censé naître. » Dit-il en laissant échappé un rire nerveux, à l’évocation du souvenir de sa mère qui le lui rappelait sans cesse. «
Attend, Cilian… Pourquoi tu m’en parles maintenant ? Ca fait trois ans qu’on est ensemble. » Cilian cessa de bouger et de faire les cent pas dans la pièce, pour s’approcher de lui. «
Je sais. » Fit-il en lui prenant le menton délicatement, pour poser un baiser sur ses lèvres. Rapide. «
Je sais, je sais Adam. Ils pensent que je suis mort. » Et voilà, il l’avait dit. Il se mordit la lèvre inférieure, alors qu’il voyait le choc se peindre sur les traits de son tout. «
C’est… Le fameux accident, dont tu m’as déjà parlé ? » Cilian hocha la tête. «
J’en ai profité. Je sais, c’est difficile à comprendre, mais je n’ai pas la chance d’avoir une famille comme la tienne qui… Qui me comprend. » Le jour où Cilian avait fait son coming-out, son père avait déclaré que ça lui passerait. A quinze ans, on ne peut pas savoir ces choses là. Et puis sa mère, c’était pas tellement que son fils était homosexuel qui la dérangeait. Non, c’était plutôt qu’il soit si à part, à se foutre de tout, de tout le monde. A se foutre de lui-même, en premier, de ne jamais l’écouter elle. Il préférait la franchise brute de son paternel. Adam leva sa main pour la glisser contre la peau du blond. «
Mais c’est ta famille. » Cilian prit sa main dans la sienne, y entremêla ses doigts. «
J’avais seize ans quand j’ai fais ça. Je n’avais rien, Adam. Pas un rond, pas d’affaires et je suis quand même pas revenu chez eux. C’est à quel point j’en avais besoin. » Ses doigts tremblaient, c’était la première fois qu’il était si vulnérable. Son histoire, il ne la racontait pas. Il prétendait que ses parents vivaient ailleurs. Loin. Dans un coin perdu d’Irlande, alors qu’il pouvait prendre le risque de les croiser en allant à Dublin. Adam resserra ses doigts autour des siens. «
Et il voulait quoi, ton frère ? » Il savait que si Adam changeait le sujet, ce n’était pas parce qu’il comprenait. Peut être que ça lui prendrait du temps de comprendre, mais en tout cas il ne le jugeait pas. Il ne le repoussait pas, il ne se mettait pas en colère. Cilian soupira, évacuant sa nervosité, un peu, au passage. «
C’est le seul qui sait que je suis encore en vie. Il veut toujours la même chose. Que je revois ma sœur : Saoirse. Elle s’inquiète… » Adam ne dit rien, il se contentait de le regarder avec ses yeux couleur d’ambre, qu’il aimait tant. Et il savait ce qu’il pensait. Adam avait une sœur lui aussi, après tout. «
Elle fait partie de cette famille que je déteste, Adam. » Le brun n’avait même pas à ouvrir la bouche, Cilian le lisait comme un livre ouvert. «
Ok, j’y réfléchirai. Peut être que j’irai la voir, à Dublin. » Adam sourit et l’embrassa doucement, comme pour le récompenser d’y penser. Et Cilian s’accrocha à lui, soulagé de l’avoir toujours à ses côtés. Il devait encore tout lui raconter, mais le plus dur était passé.
Il n'a pas de problème avec le fait de ne pas tout le temps le voir. Cilian n'est pas ce genre de personne, dépendante de l'autre, qui a besoin sans cesse de son attention mais... Ils avaient prévu un rendez-vous, et ça faisait longtemps. Lui aussi, parfois, il a besoin d'être seul. Lui aussi, parfois, il ne prend pas les devants pour le voir mais il accepte difficilement d'être laissé en plan. Pour quelle raison ? Il ne le sait même pas. Alors, quand Adam lui a annoncé qu'il ne viendrait finalement pas, Cilian a résister à l'urgence de balancer son téléphone contre un mur et a été se prendre une bière dans le frigo. Adam lui faisait souvent la morale, quand il en prenait plusieurs en trop peu de temps, mais il s'en fichait pas mal. Il n'était même pas là, de toute façon. Et ce fut quand il avait terminé la bouteille, qu'il reprit son téléphone pour lui envoyer un sms lourd de toute la colère qu'il avait laisser mûrir. Il considéra un instant les cartons, empilés au milieu du salon, signe que l'autre allait bientôt vivre avec lui et il se posa une fois la question : est-ce qu'il voulait vraiment vivre avec Adam, qui lui avait fait ce coup plus de fois qu'il ne pouvait s'en souvenir, en trois ans ? Cilian inspira un grand coup, oui, c'était ce qu'il voulait. C'eut été mentir que de le nier. Il se leva, et posa sa bouteille vide dans le bac, pour le ramener une fois qu'il serait remplit de bouteilles vides. Puis il entra dans la salle de bain, et ferma la porte derrière lui. Pendant que l'eau coulait, il retirait tous ses vêtements pour les poser sur le coin du lavabo. Son téléphone était resté dans le salon, et c'était mieux comme ça. Il ne voulait pas le voir, il ne voulait pas l'entendre. Cilian se glissa dans l'eau et s'y enfonça jusqu'aux oreilles, avant de plonger sa tête sous l'eau un instant. Ce qui eut pour résultat qu'il n'entendit pas Adam rentrer. Mais il l'entendit l'appeler quand il sortit sa tête de l'eau. Cilian ne répondit pas. Il ne voulait pas le voir, ni l'entendre. Il espérait que Adam le croirait ailleurs, mais la lumière allumée et visible sous la porte le trahirait. Et effectivement, Adam ouvrit la porte et vint s'installer près de lui. Il s'excusa, en glissant ses doigts sur sa joue. Et même si Cilian avait envie de le laisser faire, il se dégagea et ne daigna pas le regarder. Alors, Adam qui le connaissait mieux que personne, sut comme réagir. Il attrapa son menton, plus fermement, et le força à tourner la tête vers lui. Cilian le dévisagea, plein de rancœur et d'un petit quelque chose en plus. Du désir, qui consumait ses prunelles, une lueur de défi qui vacillait dans ses iris. Et Adam l'embrassa, il le força à ouvrir la bouche pour le laisser venir s'excuser contre sa langue. Cilian ferma les yeux, il l'accueillit malgré lui et ses doigts, trempés, agrippèrent sa chemise pour l'attirer à lui. Il arracha presque tous les boutons, le pressait de le rejoindre dans cette baignoire trop petite, mais qui les avait déjà accueilli tous les deux, parce qu'ils s'en fichaient pas mal de manquer de place, tant qu'ils étaient à deux. Cilian le mouillait sans même en avoir quelque chose à foutre, l'eau de la baignoire s'agitait et s'étalait au sol dans l'impatience des deux hommes à se retrouver. «
Je te déteste. » souffla-t-il finalement dans sa bouche, mais Adam ne pressa que davantage ses lèvres contre les siennes, et ses doigts sur sa nuque, pour le garder là, alors que Cilian s'acharnait à le déshabiller. Tout pour qu'il le rejoigne, vite. Plus vite.
Ca faisait presque une demi-heure qu’Adam et lui se disputaient. Le brun lui avait posé un lapin – encore – la nuit précédente et Cilian n’avait pas daigné le rejoindre chez lui, alors qu’il se doutait qu’Adam allait y faire un tour. Non, Cilian n’en pouvait plus. Adam lui avait fait ce coup bien trop souvent, et à la place il était allé dormir chez Lyle. Son ami lui avait ouvert la porte sans hésiter et ne lui avait pas posé de question. Le lendemain, Cilian était retourné chez lui, mais Adam était là. Et ça avait commencé comme ça. «
Cilian… T’étais où ? Je suis venu hier, t’étais pas là. » Cilian avait alors laisser tomber sa sacoche sur le sol, et s’était rendu dans la cuisine, Adam sur les talons. «
J’étais chez un ami. » Il n’avait pas présenté Lyle à Adam, jamais. Il ne savait pas trop pourquoi mais il sentait qu’il ne devait pas le faire. Et Cilian avait toujours suivit son instinct. Dans son dos, il sentit Adam se crisper. «
Ah… Qui ça ? » Un sourire triomphant avait étiré les lèvres du blond, ravi de voir que la jalousie pouvait aller dans les deux sens Il ne s’était pas retourné et avait ouvert le frigo, pour prendre une bière. Il l’avait alors ouverte, et s’était retourné vers Adam, avec cette lueur de défi au fond des yeux. Il avait prit une gorgée de la bière, un truc pas trop fort qu’Adam préférait le voir boire, plutôt qu’une Guiness. Qu’est-ce qu’il s’en fichait, à cet instant… «
Un ami. » Il l’avait dépassé sans le toucher et pour se rendre dans le salon. A nouveau, Adam l’y avait suivit. «
Cilian. » Son prénom sonnait comme une menace, un peu. Cilian s’était retourné, encore. «
Non, je n’ai pas à te répondre, Adam. » Il le lui avait dit en tendant le doigt vers lui, de la main qui tenait sa bouteille. «
Pas quand tu gardes tous tes secrets. Pas quand c’est la deuxième fois en un mois que tu me fais ce coup. Un jour, ce sera plus un simple ami que j’irai voir. » Il lui avait cracher son venin à la manière d’un serpent, et Adam avait le regard mauvais, d’une jalousie qu’il semblait peiner à contrôler. «
Je te l’ai déjà dis des dizaines de fois : je n’ai pas le choix, c’est ma f… » «
Ta famille, je sais ! Putain, Adam, je le sais très bien ! » Il avait glisser sa main libre dans ses cheveux d’or et soupiré. «
Tu les laisse prendre trop de place. » «
C’est ma famille, Cilian ! » Cilian pouvait sentir la colère faire bouillonner son sang. Quand il était plus jeune, une vive colère avait un jour fait doucement trembler la terre. Il devait faire attention, mais le sorcier pouvait se contrôler. «
Et moi, juste ton plan cul régulier chez qui tu peux crécher, par dessus le marché ? » Adam avait semblé être au bord de la crise de nerfs, lui aussi. «
Arrête de faire le con, tu sais très bien que non. » Cilian avait laisser échapper un léger rire sans joie. «
Justement, tu vois, je sais pas. » Et ça avait continué crescendo, ils s’étaient crier dessus. Ils s’étaient approchés, proches, si proches, et puis avaient tout envoyer en l’air encore une fois et s’était reparti. Cilian avait posé sa bouteille sur la table pour continuer à s’en prendre à lui. «
Peut être qu’il vaut mieux que je parte, alors, Cilian ! » Le blond l’avait suivit dans sa chambre, ou le sac d’Adam était. «
Ouais, peut être ! C’est ça, vas-y, retourne entre les pattes de ta famille ! » Adam s’était retourné pour lui faire face. «
Tu pourras demander à ton ‘ami’ de venir te rejoindre. Content ? » Et c’en fut trop, Cilian n’y tenait plus, il s’approcha, trop vite, et plaqua sa bouche contre celle d’Adam. Le brun réagit au quart de tours. Il lâcha son sac, qui retomba un peu lourdement sur le sol sans que Cilian n’y prête attention. Ils ne pouvaient plus de lâcher. Les mains de Cilian étaient sur les hanches d’Adam, à tirer son t-shirt pour le lui retirer, et Adam réservait le même sort aux boutons de la chemise d’Adam, les arrachant presque. «
T’es trop con. » Souffla Cilian sur ses lèvres, avant de repartir l’embrasser. Adam enfonça ce qu’il avait d’ongles dans la peau de ses reins, pour l’attirer contre lui. Ils étaient pressés et l’urgence les faisaient agir sans douceur. Déjà en temps normal il n’y avait pas vraiment de douceur dans leurs relations charnelles, mais c’était pire, désormais. Cilian avait mordu la lèvre d’Adam un peu trop fort et le goût métallique du sang s’était répandu sur sa langue, qu’il glissa contre sa blessure, comme un pardon silencieux, mais aussi parce qu’au fond, il aimait ça. Adam fut le premier à glisser ses doigts sur Cilian, après avoir fait disparaître toute barrière à ce qu’il voulait vraiment atteindre. Cilian glissa sa bouche dans son cou, et se colla un peu plus à lui, alors que ses doigts lui réservaient le même sort. «
Juste un ami… Hein ? » Adam soufflait plus difficilement, et Cilian lui mordit la peau doucement, avant de le pousser contre le lit. Malgré tout, Adam avait besoin que Cilian le rassure. Au moins un peu. Le sorcier comptait bien le faire. Il vint se placer derrière lui, ses mains caressant tout son torse, et sa bouche mordillant doucement son oreille. «
J’ai envie de toi. » Souffla-t-il alors que, déjà, il le repoussait pour le faire se pencher. Cilian l’aimait, oh il l’aimait beaucoup trop. Ce brun un peu trop joyeux, tout le temps, un peu trop envahissant, parfois. Ce brun qui plaisait à trop de filles et d’hommes parce qu’il était beau, gentil, intelligent. Il était à lui, Adam avait fait la main basse sur son cœur et son corps et en échange, Cilian voulait le posséder tout entier.
C'était devenu presque naturel, pour lui. Depuis que Nolan était mort, il avait, tous les mois, pris la vie d'un humain innocent pour la donner à celui qui était son véritable père. Et l'énergie, il la donnait à sa vraie mère. Celle sans qui il ne serait même pas là, à respirer, à avancer, à traîner cette masse derrière lui par les bras. Il avait tiré, fort, si fort que les épaules s'étaient démises, mais il s'en fichait. L'autre était inconsciente. Cilian ne sacrifiait que des femmes, toutes ressemblait étrangement à sa mère. Blondes, la cinquantaine, plutôt grandes et propres sur elles. Cilian portait de vieilles fringues. Une chemise dont les tâches de sang semblait faire partie de l'imprimé, et un jean usé. Il ne voulait pas qu'Adam tombe sur des fringues souillées, alors c'était des fringues qu'il laissait chez Lyle. D'ailleurs, il savait que son mentor était ailleurs, pas loin, avec son propre sacrifice. En plaçant le corps au centre de son pentacle, la langue de Cilian glissa contre sa lèvre inférieure, dans un mouvement qui trahissait son impatience à voir couler le sang, à le voir tâcher ses doigts et emplir ses narines de son odeur métallique dont il avait l'habitude de se délecter. Cilian faisait partie des sorciers avides de sang. Il léchait ses doigts après chaque sacrifice, et était souvent le premier à lever la main dès qu'un cours pratique de la fac tournait un peu trop autour de l'hémoglobine.
Il ne mit pas longtemps à sentir la puissance de la Mère se distiller en lui, alors qu'il avançait dans son sacrifice. Ses doigts étaient rougis par le carmin de sa victime, et sa voix se faisait plus grondante, plus insistance. Les flammes des bougies, placées à chaque extrémités de son pentacle, vacillaient légèrement sous la brise qui l'entoura. Il se sentait plus que jamais connecté à la terre sur laquelle il se tenait debout, sentant chaque racine, chaque graines sous ses pieds. Cilian ouvre le vêtement de la femme sur sa poitrine, du bout de sa dague, pour atteindre sa poitrine. Il psalmodie toujours ses mots, et le bout de sa dague dessine un pentacle à la place de son coeur, déchirant les chaires. L'autre n'est pas encore morte, mais elle se réveille sous la douleur et il se remercie de l'avoir bâillonnée, car elle se met à hurler à travers le bout de tissus qu'il lui a enfoncé entre les dents. Cilian ne dit rien, mais il a hâte de finir, et quand le pentacle est terminé, il lui tranche la gorge... Et c'est là qu'il sent une sorte de brûlure contre sa peau. Les doigts encore rougis par le sang, Cilian ne lâche pas sa dague de rituel et lève les yeux.
Un million de choses se passent dans sa tête en une fraction de secondes. Il sent l'énergie le quitter, monter vers le ciel, mais une partie lui demeure. Il sent la terre, vibrer sous ses pieds. Il sent la colère, faire bouillir son sang. Il sent aussi la surprise lui donner la chaire de poule, et le désespoir de constater que l'autre, que le chasseur, c'était aussi celui qu'il croyait être son tout. Sa moitié, tout ce qu'il avait besoin pour respirer, pour vivre, pour exister. Et qu'Adam l'avait attaqué, sans scrupules. Alors les prunelles déjà foncées de Cilian s'assombrirent un peu plus, et sans qu'il n'ait besoin de rien dire, ni de rien faire, une racine jaillit du sol pour venir frapper son désormais ancien amant de plein fouet, dans la poitrine. Le combat dure longtemps, Cilian veut le tuer mais n'arrive pas à s'y résoudre. Pourtant, il le sait très bien, c'est Adam ou lui. Et il a toujours cette farouche envie de vivre, il a toujours cet instinct qui coule dans ses veines. Celui qui lui fait savoir que peut importe quoi, peut importe ce qu'il se passe, il ne mettra jamais fin à ses jours, il ne laissera jamais quelqu'un le tuer sans se battre jusqu'au bout du bout. Il a envie de le lui hurler, de le lui dire qu'il va devoir essayer plus fort, plus ardemment pour avoir sa peau. Leur combat est encore plus violent que leurs ébats, et finalement, Cilian se résout. Il ne le tuera jamais. Ou pas ce soir, alors, d'un mouvement du bras, il demande aux branches de le prendre, à la terre de le sauver. Et la terre l'écoute, ils sont frères, et Adam ne peut plus bouger. Cilian le regarde, une dernière fois, il s'éloigne à reculons, il ne l'a pas touché avec sa dague, et il hésite... Il sait qu'une blessure avec cette dague ne se refermera jamais, veut-il vraiment lui offrir un dernier cadeau ? Le blond murmure une phrase, en gaélique, le corps de la femme prend feu et il s'enfuit en courant. Il ne rentrera pas chez lui, plus jamais, pas alors qu'Adam a une clé et pourrait venir l'égorger dans la nuit. Il retourne chez Lyle.
Il y a encore quelques bleus qui doivent guérir, sur son torses. Sur ses jambes. Sa lèvres encore légèrement fendue n'arrête pas de se rouvrir, et pourtant il a but l'aconit que Lyle lui a donné. Mais il ne veut pas que ça guérisse trop vite. Sa clope bouge un peu entre ses lèvres, alors qu'il s'active à retirer sa chemise et qu'il la laisse tomber contre le sol de sa chambre. Il observe ses hématomes. Autrefois, les mains d'Adam l'avaient caressé. Ses ongles s'étaient parfois perdus dans la chaire de son dos, pour y marquer sa possessivité, mais jamais avec tant d'ardeur. Ils s'étaient battus avec toute la haine qu'ils avaient de découvrir ce que l'autre était réellement. Cilian faisait celui qui s'en foutait, mais son cœur était tombé au fond de ses talons, il s'y était brisé dans la longue chute, et les morceaux encore sanguinolents s'étalaient à ses pieds, n'attendant que de lui qu'il les piétine un peu plus. Il glissa le bout de ses doigts contre une entaille encore profonde. Une que ni lui, ni Lyle, ne pourrait soigner tant qu'elle était si profonde. Une causée par un couteau, ou une dague, il n'avait pas bien vu. Ce n'était pas la première fois qu'il croisait un chasseur, mais c'était la première fois qu'il ne s'était pas méfié. Les autres fois, il avait sentit le danger, comme un chien sent l'arrivée d'une tornade, et s'était enfuit en sens inverse. C'était différent cette fois, un vrai combat avec l'être qui était censé vouloir tout dire, pour lui. Avec celui qu'il aurait protégé envers et contre tous, mais qui s'avérait pouvoir le tuer aussi facilement que si il avait été fait de papier mâché. Cilian soupira un nuage de fumée, et écrasa sa cigarette dans son cendrier. Certaines blessures étaient bien soignées, alors, presque avec regret, il glissa ses doigts sur celles-ci et murmura quelques mots en gaélique. Il pouvait uniquement soigner ses blessures superficielles, mais c'était déjà ça.
La blessure qu'il avait à la place du coeur, ce trou béant qui absorbait tout espoir, toute lumière dans sa vie, ne pouvait être soulagé que par une seule chose, il en était certain : la mort d'Adam Harkwood, et de ses propres mains.