Le musée était relativement peu fréquenté et c'était ça aussi qui avait plus à Elsie au premier abord. L'endroit était calme, quand il y avait du monde, on renforçait simplement les effectifs et on arrivait à faire des merveilles. Le silence était de rigueur dans un établissement comme ce dernier et aussi, elle pouvait se balader, elle aussi entre les œuvres. Parfois, elle s'accordait même l'entièreté de sa pause déjeuner pour contempler les tableaux et les œuvres qu'elle exposait. Bref, en ce jour assez froid, lesgens étaient plus enclins à rester chez eux ou à se terrer dans leurs bureaux loin de tout et surtout des autres porteurs des virus de la grippe, ou encore des angines. De ce fait, il y avait peu de personne se pressant dans le musée. Il faut dire qu'en semaine, pour avoir du monde, il fallait qu'une classe d'enfants arrivent pour mettre un peu plus de gaieté. Depuis longtemps, Elsie avait compris qu'elle ne voulait pas d'enfants, qu'elle n'en aurait jamais et que c'était bien mieux pour l'enfant comme pour elle.

La Mort l'appelait bien trop souvent pour lui permettre de faire subir à un petit être la perte qu'elle même avait vécu des années plus tôt. C'était comme si c'était bien trop fort pour elle, elle savait bien qu'un jour, elle succomberait à l'appel de son père et le retrouverait. En tout cas, cela avait développer en Elsie un instinct maternelle surdéveloppé. Sentiment qu'elle appliqué à tout le monde et tout le temps, elle ne pouvait s'empêcher de s'accrocher aux personnes qui étaient dignes de confiance et de ne jamais les lâcher. C'était peut-être ce qui se passerait avec la petite Dalia. Maggie, la réceptionniste, avait certainement fait patienter la fille et appela par téléphones reliés entre eux, sa patronne. Lorsque le téléphone sonna, Elsie était en train de peindre. Elle n'arrivait plus à se concentrer convenablement sur son exposition et elle n'y arriverait pas si elle s'acharnait, elle se connaissait. Alors, pour se détendre, elle avait ressorti une toile sur laquelle elle pouvait se défouler, apportée de chez elle. « Oui Mag' ? » dit-elle en saisissant le combiné les mains, pleines de peintures. « Une jeune femme vous demande. Je peux la rediriger vers votre bureau ? » « Pas de soucis, Mag. Merci. » Et elle raccrocha. Maggie dut certainement donner les instructions à Dalia pour atteindre le bureau, car quelques instants plus tard, comme prévu, une petite tête brune toqua à la porte du bureau. « Entre ! N'hésites pas ! » Dit la blonde en tentant de laver le combiné, où l'on pouvait voir ses empreintes faites deux minutes plus tôt en le saisissant. « Bonjour, Dalia ! » La jeune conservatrice lui sourit et lui montra les sièges devant son bureau. « Alors, ça va ? Ton devoir a été satisfaisant ? » Après avoir réussit à éliminer un peu de sa bêtise sur le téléphone, Elsie essuya ses mains sur son tablier avant de l'enlever. Tout de même, elle ne pouvait continuer son activité si elle avait de la visite. Alors, elle l'accrocha sur un porte manteau qu'elle avait prévu à cette effet puis, se dirigea vers le petit lavabo qu'il y avait proche de ses toilettes, un peu rustique, mais toujours pratique. Elle ne quittait pas la jeune femme du regard, c'était bien trop impoli.

La peinture avait été un déclencheur dans la vie de la blonde, oui. Trop souvent, elle avait caché ses émotions au travers de filtres, de sourires à deux temps, de regards furtifs. Elle savait bien jouer la comédie et pendant de nombreux mois, pour ne pas dire des années, tout le monde ne s'était aperçu de rien, ni du mal être de la jeune femme, ni de ses penchants pour la mort. De toute façon, qui aurait pu voir son mal être ? Personne ne prêtait vraiment attention à elle lors de son adolescence, personne ne lui posait jamais de questions. Ils voyaient juste une petite fille déjà bien amochée par la vie et parfois, pour ne pas dire souvent, les gens ont peur de la phrase « non ça ne va pas ». Clairement car la plupart du temps, ils ne savent pas comment aider, ils ne savent pas comment se sortir de cette situation. C'était lors d'un cours d'art plastique que la jeune femme avait trouvé son moyen d'exprimer tout le mal être qu'elle avait en elle. Elle venait de rencontrer l'amour de sa vie.

Au fil des ans, elle travailla le peu de talent qu'elle avait. Réaliste, Elsie savait qu'il ne fallait pas que le talent pour réussir, il fallait travailler dur et de façon prolongée. Encore maintenant elle peignait des tableaux, mais bien plus gais que les premiers qu'elle s'était aventurer à faire. La demoiselle qui lui faisait face aurait très bien pu figurer sur sa toile, mais au lieu de ça, elle lui répondit. « Pas du tout ma belle, j'ai assez de temps devant moi. » un sourire, assise dans son immense chaise. Son corps frêle paraissait toujours bien plus petit.

Les sourcils froncés, les yeux regardant ce petit bout de femme, ses mains sur les accoudoirs. « Bien sûr que je me souviens… » Elsie la laissait parlé. C'était un besoin, sinon elle ne serait clairement pas dans ce bureau. Ne voulant lui couper la parole, elle hocha simplement de la tête, l'incitant à continuer. Puis cette question. « Non, je sais qu'ils existent, c'est tout. » Pas besoin de plus de mots. Parfois, il valait bien mieux les économiser. « tu en es une n'est-ce pas ? » Le regard d'Elsie plongea dans celui de son interlocutrice. « Bien sûr que oui… » Faisant les questions réponses, elle s'approcha du bureau pour être aussi près de la jeune femme. « Il n'y a pas de problème à ça, tu sais. On se rends tous compte de nos capacités un jour ou l'autre… Si je peux te donner un conseil…C'est une simple partie qui te définis, certes tu changeras… C'est tout à fait normal, mais n'oublie pas que nos capacités ne sont pas notre identité. » Beaucoup de sorciers se considérait avec fierté comme tel. Elle aussi, il ne fallait pas le nier, mais il n'y avait pas que la sorcellerie dans nos vies et il ne fallait pas définir un trait de caractère pour un tout. Autrement, la vanité leur ferait payer le prix.