PRÉNOM(S) : Electra. C’est vraiment un prénom ironique, qui respire son quotidien et son avenir. En grec, ça veut dire quelque chose comme « brillante comme une étoile », et c’est exactement ce à quoi elle est condamnée. Une petite étoile qui scintille, qui accompagne la Lune chaque nuit, qui la console, qui l’aide, qui la berce, qui la protège. Une petite étoile qui un jour va péter. Boum. Supernova silencieuse, invisible aux oreilles et aux yeux de tout le monde. Et même la Lune se foutra des poussières qui tombent, parce qu’elle aura oublié les loyaux services qu’elles lui ont pourtant rendu. AGE : ça aurait pu être vingt-cinq foutues gouttes de pluie, vingt-cinq grains de sable qui s’envolent de la plage de sa vie. Ça aurait pu les perles d’un chapelet, des conneries d’étoiles filantes dans un ciel, les pétales d’un tournesol ou les épines d’une rose. Ça aurait pu être n’importe quoi, les feuilles de l’herbier d’un gamin retardé, les pages blanches d’un écrivain désœuvré, les rails de coke d’un camé, les pinceaux d’un peintre. Mais c’est juste vingt-cinq putains d’années, qui s’écoulent comme toutes les autres, avec des mois, des semaines, des jours, des heures, des minutes et des secondes. PROFESSION : comme tout dans sa vie, c’est pour aider sa famille à survivre. Pour aider son frère et son Cercle à subsister. Qu’elle brûle discrètement quelques dossiers de police avec une occurrence un peu trop élevée de « Morgenstern » au commissariat, sous couvert de sa place de stagiaire aux archives, ou qu’elle fourre son nez dans la comptabilité du magasin ésotérique du coin pour repérer quelques clients un peu trop réguliers, elle fait tout pour être l’ombre sans visage et sans nom qui sait détourner les soupçons et anticiper les menaces. STATUT SOCIAL : elle est rarement célibataire, jamais amoureuse, mais toujours intéressée. Elle ferait tout pour soulager sa famille, pour sortir son frère de la merde, pour assister n’importe lequel des membres du Cercle. C’est exactement pour ça qu’elle ne peut pas envisager de dépendre de quelqu’un, et exactement pour ça aussi qu’elle prétend régulièrement dépendre du premier inconnu qui se présente comme un danger potentiel, ou mieux, un éventuel renfort. RACE : une putain d’humaine qui est née dans une famille de sorciers. C’est à cause d’eux qu’elle risque constamment sa vie. Elle leur prépare leur terrain, elle leur surveille le terrain, elle leur nettoie le terrain. Si elle n’était pas aussi discrète, elle serait déjà criblée de flèches, de balles, de tout ce qui pique et qui fait mal. Elle empêche les chasseurs d’effectuer leur boulot proprement, voilà ce qu’elle fait, voilà sa race : l’humaine qui protège les sorciers et fait chier ceux qui veulent les planter. NATIONALITÉ : Elle a vu le jour en Irlande, échouée au pied de ces collines verdoyantes, de ces falaises acérées, de ces plaines gondolées, de ces lacs soyeux. Tout ici lui crie que les éléments sont bien vivants, et qu’il n’y a même pas besoin de savoir les maîtriser pour les apprécier. ORIGINES : comme dans toutes les familles, il y a des histoires, des ragots, et des murmures qui circulent sur du papier, sur des paroles, sur des souffles. Mais c’est vrai que si l’on arrive à déchiffrer le flot de paroles incohérent des aïeux, on apprend quelques petites anecdotes par forcément très utiles. Electra a, entre postillons, toux, halètements et délires psychotiques, découvert qu’elle est, au même titre que toute sa génération, d’origine française et allemande. FAMILLE : les Morgenstern, c’est un joyeux bordel historique. Il y a du sang, du noir, des misères, des massacres, de l’espoir et presque autant de fragilité que de force. C’est un peu la version spéciale Halloween de Dallas. Toujours est-il que cette brochette de sorciers et d’humains se reproduit depuis longtemps, et qu’il doit y avoir une saloperie dans les gènes de la plupart de ses membres, puisque la Lune prend en pitié beaucoup de nouveaux-nés. Tellement qu’une fois, ce sont les humains Morgenstern qui se sont faits pulvérisés par les sorciers. Alors oui, errare humanum est, mais justement, dans cette famille, l’erreur est rarement humaine. Plutôt magique.