Le soleil se levait à peine à travers les grands sapins bordant la ville, lorsque Lovka sortit de chez elle, refermant bien à clef derrière elle. Il n'y avait rien de suspect chez elle de toute manière, mais la jeune femme prenait toujours ses précautions avant de sortir. Installée à Glencullen depuis quelques semaines déjà, la belle petite Russe semblait se faire à la vie Irlandaise, le coin était bien plus que plaisant, la forêt non loin lui permettait de sortir autant sous sa forme louve qu'humaine au grès de ses envies, il y avait tout à porté de la main, à la fois la vile tout comme la nature. S'adapter à la ville ne fut pas de tout repos au début, mais grâce à ses propres moyens, Lovka s'était démenée jusqu'à se trouver un endroit ou loger ainsi qu'un petit job qui lui permettait de vivre confortablement dans cette nouvelle vie.

Il ne faisait pas très chaud en ce doux matin, l'air était remplit d'humidité tandis que la rosée du main s’évaporait au fils des heures passantes. Il n'y avait presque personne dans les rues du centre-ville, il était encore trop tôt pour que les gens partent au travail, seuls quelques courageux s'étaient résignés à sortir. Lovka esquiva la plupart des passants en se dirigeant vers les alentours de la ville, jusqu'à atteindre les grands pins de la foret. Plusieurs jours auparavant, sous sa forme de louve, elle avait remarqué un ancien sentier qui avait du servir à des randonneurs ou comme parcours de course à pied, aujourd'hui il semblait étonnant vide, les humains préférant les sentiers au plus près de la ville plutôt que dans cette foret épaisse. Lovka n'avait pas eu à se poser la question de ce qu'ils pouvaient bien redouter ? La réponse était elle, ce prédateur extraordinaire que pouvait être un loup. Il ne lui fallut pas plus de trente minutes de marche pour arriver devant ce fameux sentier, le sol portait encore les traces des foulées endurées. Habillée d'un jogging et d'un pull la protégeant de la douceur du matin, Lovka s'était préparée à courir, elle en avait grandement besoin autant sous sa forme louve qu'humaine. Ses muscles étaient habitués à subir de longues courses au point d'entre devenir douloureuses, mais c'était cette sensation de douleur qui la rendait plus que jamais vivante. Lovka accrocha ses cheveux en un chignon plutôt haut, avant de mettre des écouteurs dans ses oreilles, la musique l'aidait à se détendre et ne penser à rien d'autre que le rythme des chansons.

Ses foulés étaient grandes et rythmées, ses pas suivant le chemin rugueux et difficile entre les arbres et les fougères, sa respiration laissait échapper une légère vapeur à chacune de ses expirations tant l'air était froid. A cet instant, il n'y avait absolument rien qui ne pouvait la perturber, elle ne pensait à rien et ne ressentait absolument rien d'autre que le bonheur de se sentir libre de courir à sa guise. Peu à peu son corps se mit à se réchauffer et le climat peu tempéré ne la dérangeait plus, ses muscles s’échauffaient aussi à leur tour doucement, puis d'heures en heures, jusqu'à devenir douloureux, ce qui ne l’empêchait pas d’accélérer le rythme. Lovka gardait cependant une foulée acceptable, bien qu'elle se laissait aller bien trop souvent, c'était l'une de ses premières sorties dans la foret et la belle ne préférait pas se faire remarquer à courir bien trop vite pour une humaine. Les musiques défilaient dans son Iphone, tantôt un bon jazz, tantôt un morceau plutôt rock des années 80.

Le soleil s'était levée, la vie avait du reprendre son cours à Glencullen tout comme ici, les oiseaux sauvages s'étaient mis à chanter et les petites bêtes sortaient doucement de leurs nids, Lovka croisa un renard tout en continuant sa route jusqu'à un crochet, le sentier se séparait en deux chemins, elle en profita alors pour faire une petite pause contre un arbre. Bien pressée ce matin, la Russe n'avait pas pensé à prendre un sac avec une bouteille d'eau ou n'importe quelle chose utile comme de quoi grignoter. Se servant de l'arbre, Lovka se mit à faire quelques étirements, ce qui lui arracha une légère grimace tant ses muscles étaient devenu rigides par la course. Elle laissa échapper un soupire, si seulement tous les jours qui lui restaient a vivre pouvaient paraître aussi calme que celui-ci, elle en serait ravie.