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Ses mains sont crispées sur le volant, ses yeux rivés droits devant elle. Elle pince ses lèvres alors qu’elle sent la douleur dans son genou se réveiller, encore. Elle n’en peut plus, d’être prisonnière de cette attelle. Elle ne pense pas vraiment à sa route, trop occupée à essayer de taire les voix qui se bousculent dans sa tête. La sienne, celle des gens qu’elle a déjà vu partir. Les funérailles de sa cousine, avaient réussi à faire remonter assez de souvenirs pour la replonger dans la tristesse, la nostalgie, la culpabilité – et surtout, la colère. Ça n’avait que trop durer, pour Azilis. Il y avait ces moments où elle voulait simplement que tout cesse, qu’elle redevienne la gamine de quatorze ans qui ne savait encore rien de ce qu’il se tramait réellement, dehors. Elle voulait retourner à la vie tranquille et aux problèmes insignifiants qu’elle menait alors, où sa seule préoccupation était de trouver un moyen d’aller voir Cora en douce, quelque part, peu importe où et quand.

Elle n’avait plus à réfléchir, cependant. Elle avait grandi, vieilli, n’avait plus personne pour lui dire quoi faire. Elle n’avait qu’à prendre sa voiture et rouler jusqu’à la capitale, sans se soucier de si quelqu’un l’attraperait ou pas. Sans se soucier de ce qu’il y avait de mal à rejoindre sa meilleure amie. Elle adorait y aller, parce que, l’espace de quelques heures, elle échappait à la vie que sa famille lui avait imposée. Elle échappait au surnaturel, elle échappait aux problèmes de la forêt, elle échappait aux réunions de famille dans le laboratoire, entourés de leurs armes et de leurs alambiques. C’était pendant les instants qu’elle passait avec elle qu’elle avait presque l’illusion que rien n’avait changé – que jamais Meredith était venue la trouver pour lui annoncer que désormais, elle devrait chasser.

Elle essaie de faire le vide, quand elle se retrouve devant l’immeuble de Cora. Faire le vide de tout ce qui pollue son esprit, pour déparalyser ses lèvres et y plaquer un sourire. Elle sonne, redresse les anses de son sac sur son épaule gauche. Elle attend qu’elle réponde, mais rien ne vient. Elle secoue la tête, imaginant parfaitement bien la Barrett se relever de son canapé avec beaucoup de difficultés, arrivant trop tard devant l’interphone. La rousse appuie de nouveau sur le bouton en face du nom de son amie, et son sourire s’élargit quand elle entend sa voix, robotique, sortir dans le haut-parleur. « Il fait froid, Cora, grouille-toi. » Elle était en train de geler, ne sentait presque plus ses doigts, et son nez devait être bien plus que rouge. Elle avait pourtant fait en sorte de se couvrir autant que possible – pull en grosses mailles, collants de laine sous son jean, écharpe,  bonnet, gants. Mais rien à faire. Comme d’habitude, le froid avait été plus fort qu’elle.

Le son de la porte qui se déverrouille parvient à ses oreilles, et elle tend le bras vers la poignée pour se retrouver dans le hall. La soudaine chaleur lui fait mal aux doigts alors qu’elle retire ses gants, et elle monte les escaliers, s’appuyant sur sa béquille en marmonnant, essayant de replacer ses mèches rousses correctement, car emmêlées à cause de son bonnet. En vain. Et elle les maudissait encore intérieurement quand la tête de sa meilleure amie devint visible, seule partie de son corps dépassant de derrière la porte de son appartement. Azilis, elle, plaque un sourire énorme sur son visage, et sort rapidement de son sac un paquet de pop-corn et la boîte d’un DVD, les tendant ensuite à Cora, comme un billet d’entrée. « J’aurais aussi besoin d’un plaid, s’il te plaît. »

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Il faisait froid à Dublin. Il faisait froid dans ce beau pays dans lequel la jeune Barrett se plaisait à vivre, ironiquement. Elle se surprenait parfois à encore aimer ce pays, cette ville, cette part d'elle-même qui s'abandonnait à des actions dont elle aurait du mal à se pardonner en temps normal. Mais ces actions justifiées semblaient s'imprégner dans son esprit, dans ses mouvements, jusqu'à ce qu'elles deviennent normales. Elle l'étaient déjà. La conscience l'avait déjà quitté, elle ne se rendait plus compte de l'importance de ses actions. Elle avait grandit dans tout cela, dans tout cet environnement empoisonnant, après tout. Baignée dans la vengeance depuis sont plus jeune âge, il n'était pas surprenant que Cora y trempe encore toujours. Mais la vengeance qui animait son coeur, consumait ses poumons, était plus grande qu'elle ne l'était auparavant; plus destructrice. Ses points étaient constamment serrés à la recherche d'une cible, ses yeux arboraient un regard noir difficile à apaiser et surtout, son esprit ne se sortait pas de cette revanche qu'elle s'était mise en tête. Elle vengerait son père, elle en était sûre et certaine, et elle savait qu'elle ferait tout et n'importe quoi pour s'en assurer. Mais cette vengeance qui animait son coeur l'inquiétait, Cora avait peur d'y perdre son humanité, sa conscience. De mettre les gens à qui elle tenait en danger, ou de tous les perdre. Son esprit était fixé sur un but particulier et elle savait qu'elle n'arriverait pas à se détacher de ce but avant qu'elle y soit arrivée. Elle prendrait sa revanche sur les Johnson peu importe le prix. Elle sentait qu'elle avait déjà changé, Cora. Elle-même parfois ne se reconnaissait plus. Son image que reflétait le miroir lui semblait plus sombre, méconnaissable. Elle ne voyait qu'en son reflet l'ombre d'elle-même, une ombre sans vie, sans passion, dénuée de sens. Et pourtant, rares étaient les personnes qui arrivaient encore à redonner le sourire à cette âme déchue. Et l'une d'entre elles arborait la plus belle des chevelures; Azilis.

L'eau brulante coulait doucement sur sa peau nue. Une douce complaisance se dégageait de cet agréable sentiment de plénitude. Sentiment dont Cora ne pourrait pas se priver. Une agréable musique se dégageait des enceintes qu'elle avait pris le soin d'installer dans sa salle de bain; elle n'était pas grande mais elle était bien suffisante pour une personne seule. Les voisins de la jeune femme se plaignaient d'ailleurs souvent des bruits qui se dégageaient de l'appartement mais Cora s'en fichait pas mal, elle était bien chez elle et c'était tout ce qui l'importait. Elle n'entendit pas la première sonnerie de la Harkwood alors que sa tête étaient sous l'eau, bouchant toute entrée possible de son. Elle fut cependant capable d'entendre la seconde et manqua de glisser sur le sol tout en sortant de la douche. « Merde. » ces mots lui avaient échappé tandis qu'elle enveloppait une serviette chauffée autour d'elle en se dirigeant vers l'interphone précipitamment. « Je t'ouvre, je suis un boulet désolée. » un sourire s'était imposé sur ses lèvres tandis qu'elle était retourné dans la salle de bain pour essorer ses cheveux mouillés qui dégoulinaient sur sa peau. Puis de nouveau, elle se dirigea vers la porte d'entrée tandis que quelques cheveux collaient encore sur son visage. « J’aurais aussi besoin d’un plaid, s’il te plaît. » un nouveau rictus s'étala sur sa bouche tandis qu'elle ouvrit la porte pour laisser Azilis entrer. Cora récupéra alors les objets que sa meilleure amie lui tendit avant d'oser croiser ses iris vertes pour la première fois depuis quelques temps. « C'est comme si c'était fait! » une fois dans sa chambre, elle récupéra le plaid originellement posé sur son lit avant de le tendre à sa meilleure amie. Cora vint ensuite mettre les popcorn et le dvd sur la table du salon avant de faire un grand sourire à sa meilleure amie. Ses yeux vinrent cependant se déposer sur le parquet dorénavant trempé à cause de ses allés et venues. Cora soupira avant de poser ses doigts sur ses tempes. « Merde j'en ai mis partout. » elle suivit ses paroles par un nouveau soupir avant de se diriger vers sa chambre et d'enfiler le pyjama qu'elle avait prévu pour leur soirée. Elle débarqua de nouveau dans le salon en s'asseyant à côté d'Azilis qui semblait avoir déjà déplié le plaid. Ses iris vinrent alors se poser sur l'appartement et elle se rendit compte qu'il n'était pas très rangé, moins que d'habitude en tout cas. « Désolée pour l'état de l'appart, j'arrête pas avec les cours. Tu verrais mon bureau, des feuilles PARTOUT. » elle espérait qu'Azilis croit à ce mensonge qu'elle devait tout juste d'inventer; Cora ne se voyait pas lui dire la vérité après tout. Lui dire qu'elle se trouvait en fasse d'une tueuse qui adorait ce qu'elle faisait, en plus. Elle prendrait peur et n'hésiterait sûrement pas à s'en aller, et Cora ne la blâmerait pas, au contraire.

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Elle lève les yeux au ciel. Boulet. A chaque fois que ce mot parvient à ses oreilles, elle ne peut s’empêcher d’imaginer cette boule de métal accrochée au pied d’un prisonnier. Symbole d’une liberté dont on ou vous privait, qui vous empêchait de marcher correctement, d’avancer comme vous le voudriez, de jouir d’une vie normale. Tout ce que Cora n’était pas pour Azilis. Bien au contraire. Cora, elle la maintenait debout – elle se serait effondrée depuis si longtemps si la grande brune n’avait pas été là. Alors oui, elle lève les yeux au ciel, et laisse s’échapper un léger rire en se disant qu’elle n’avait pas l’air de comprendre, Cora, ce qu’elle était.

Elle ouvre la porte, la laisse entrer, et pour la première en plusieurs semaines, leurs regards se retrouvent. Aucune d’entre elles ne peut s’empêcher de sourire, parce qu’elle se voue quelque chose qui les dépasse. Elles ont grandi ensemble, bien que la famille de la rousse n’ait pas rendu les choses faciles. Elles ont été là l’une pour l’autre à chaque fois qu’elles en avaient ressenti le besoin. Azilis n’arrivait pas à se rappeler d’un moment où elle n’avait pas eu cette envie compulsive de composer son numéro et de parler, simplement, alors que tout autour d’elle s’effondrait. Elle s’était juré de ne jamais parlé de l’autre côté de sa vie, et même pas à elle – mais elle avait tout de même l’impression de tout pouvoir lui dire. Elle la laisse prendre le popcorn et le dvd, avant de la remercier avec un nouveau sourire quand elle s’échappe pour attraper un plaid. Elle ne fait pas attention à son corps seulement enroulé dans une serviette, à ses cheveux encore trempé, aux l’eau qui dégoulinent sur sa peau. Elles se connaissent, ne sont plus surprises, ne ressentent plus de gêne. Elle attrape l’étoffe qu’elle lui tend, et n’a pas le temps d’en faire quoique ce soit que la Barrett s’est remise à sourire. Avant de constater qu’elle avait inondé son parquet. La rousse rit, pose le plaid sur le sofa et se dirige jusqu’à la cuisine – comme chez elle. « J’vais essuyer, va te changer toi, avant d’attraper froid. » Et elles s’exécutent. Quand Cora revient dans le salon, Azilis en avait déjà terminé avec le sol. Elle avait aussi retiré son manteau, qu’elle avait accroché dans l’entrée, ainsi que son écharpe. Ses chaussures gisaient lamentablement devant le canapé, où elle s’était vautrée, les bras et les jambes cachés sous le plaid que son amie lui avait gentiment prêté. Elle regarde Cora s’avancer vers le sofa et se laisser tomber à côté d’elle. Comme d’habitude, leurs genoux se touchent, mais elles n’y font pas attention. Elle secoue la tête alors qu’elle s’excuse pour le rangement, inexistant, de son appartement. « En même temps, t’as vu ta vie de fou. » Elle était bien placée pour le savoir – bien qu’elles ne partagent pas le même genre d’occupation. Elle se cachait derrière son magasin et ses compositions, alors que la vérité, c’était que ses lames et l’aconit la tenait réellement hors d’haleine. Comment dire à sa meilleure amie, à son pilier, qu’on avait fait d’elle une tueuse de sang froid ? Elle savait qu’elle avait gardé la vérité cachée pendant trop longtemps, qu’elle aurait du venir la voir ce jour où Meredith lui avait révélé le secret de sa famille. Mais il était trop tard pour faire marche arrière. « J’vais faire chauffer le popcorn ! » Elle se relève, s’extirpe de sous son plaid et peine à retenir un frisson. Elle s’empare du paquet de popcorn, qu’elle fourre dans le micro-ondes. Trente secondes plus tard, le sachet a triplé de volume. Elle l’ouvre, en verse le contenu dans un saladier, rajoute un peu de sucre – histoire de, elle ne se voyait pas passer la soirée chez Cora sans prendre de calorie – avant de retourner s’asseoir, de s’emmitoufler de nouveau dans le plaid et de poser le saladier entre elles deux. Elle lève les yeux vers Cora, qui avait profité du temps passé en cuisine pour s’occuper du film. Clueless. Pour changer. Elles ne s’en laissaient pas. Elle lui adresse un énième sourire – tendre, aimant, compatissant. « Comment tu vas, ma belle ? »

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Avoir Azilis avec elle, chez elle, lui faisait du bien. Cora savait que vivre seule n'était pas bon, à la longue. Habituée de solitude, de vide, de silence, un peu d'agitation lui faisait le plus grand bien du monde. Bien que la Barrett ne passait pas tant de temps chez elle, trop amoureuse de l'air frais et de la liberté que symbolisait l'immensité de l'extérieur. Un sentiment qui semblait la rendre de plus en plus dépendante, bien trop d'ailleurs. Azilis avait alors ce don de lui offrir une fraîcheur extérieure, un chaleur agréable, une présence rassurante. Une vie de fou, "si seulement tu savais" avait-elle envie de lui répondre. Mais ces paroles restaient accrochées, collées contre la paroi que représentait ses lèvres. Une paroi qui l'empêchait de dire beaucoup trop de choses. Il y avait des fois où elle avait juste envie de crier, de tout balancer, de dire la vérité pour une fois. Mais elle s'en empêchait elle-même, effrayée des représailles que ses paroles pourraient avoir, de ce qu'elles pourrait engendrer. Mais elle ne voulait pas y penser ce soir-là, elle avait juste envie de passer une bonne soirée avec sa meilleure amie, comme les personnes normales le faisaient si bien. Elle aussi elle avait le droit au bonheur, elle en était convaincue. « J’vais faire chauffer le popcorn ! » un sourire étira les lèvres de Cora lorsque que ses yeux se posèrent sur la chevelure rousse d'Azilis, les yeux brillants d'engouement. « Ça marche! » elle profita de cette agitation pour se diriger vers son poste de télévision, le dvd en main, et s'empressa de le mettre dans le lecteur dvd. Télécommande en main, elle ne pu retenir un nouveau rictus quant à la familiarité que dégageaient ces actions. En effet, ce n'était pas la première fois que les deux jeunes femmes se prêtaient à ces occupations. Un bol de popcorn, un bon film et un gros plaid, des rires, des pleurs. Elle ne s'en lassait jamais, Cora, et appréciait ces moments même plus que tout. Elle vint rapidement s'installer de nouveau dans le canapé, enroulée dans le plaid. Un rapide coup sur la télécommande suffit pour que le film se mette en route. Le sourire ne semblait pas avoir quitté le visage de Cora tandis qu'Azilis vint se ré-installer sur le canapé, à ses côtés. Cora vint alors plonger sa main dans le bol de popcorn avant d'enfourner une poignée des délicieuses sucreries dans sa bouche. « Comment tu vas, ma belle ? » ses yeux se baissèrent sur ses genoux recouverts par la grosse couette. Un soupir s'extirpa de ses lèvres sèches tandis que ses cheveux bruns et humides venaient lui chatouiller les épaules. Ses pupilles vinrent de nouveau se poser sur le visage d'Azilis, un visage doux qui avait le don de la rassurer. « Oh tu sais. Ça va, ça vient. » elle marqua une pause avant de commencer à jouer avec ses doigts, geste instinctif. « Mais là, tout de suite, ça va alors c'est le principal. » un nouveau sourire, sincère, vint étirer ses lèvres jusqu'à dévoiler ses dents blanches. « Et toi alors, comment ça va dernièrement? » regard insistant, doux, Cora se disait que les moments étaient rares où elle savait faire preuve délicatesse. Généralement contrôlée par son impulsivité et sa brutalité, le sentiment de douceur lui faisait finalement du bien. C'était calme et reposant.

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Le canapé, le dvd, le pop corn et le plaid - tout cela sentait comme le bon vieux temps. Le temps où, malgré la vérité sur sa famille révélée, Azilis n'avait pas à sortir à chaque nuit de pleine lune. Le temps où son père et sa cousine était toujours là ; le temps où le père de la brune était encore là également. Alors que tout semblait redevenir à la normal,  elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que tout avait changé. Et que, surtout, rien ne serait plus comme avant. Comme si la normalité (si elle avait seulement pu lui être autorisée) n'avait aucun sens. Comme si elle faisait tâche, comme si elle ne rimait à rien. Mais elle en avait besoin. Elle avait besoin d'une touche de normal dans sa vie si étrange, un aperçu de la vie qu'elle aurait pu avoir si elle était née dans une autre famille. Elle se demandait parfois ce qu'elle aurait pu devenir si sa mère était partie avec elle dans ses bras. Si elle avait grandi loin de son père, de ses frères et de ses cousins. Elle n'aurait été qu'une simple humaine, aurait demeuré loin, si loin du surnaturel - qui aujourd'hui, grignotait sa vie à petit feu.

C'est un sourire tendre qu'elle adresse à Cora quand elle répond à sa question. Question que tout le monde temps à qualifier "d'usage", mais Azilis, si elle la pose, c'est qu'elle s'inquiète. Elle sait qu'elle ne sort pas beaucoup, elle se doute que sa famille lui manque. Elle la connaît, sa Cora, et elle ne veut que s'assurer qu'elle aille bien. Elle voit qu'elle commence à jouer avec ses doigts, comme cela lui arrive souvent. Elle la connaissait par coeur, connaissait toutes ses petites manies, ses mimiques, les signes qui pouvaient trahir telle ou telle émotion. Son sourire s'élargit alors qu'elle continue, et elle ne peut résister  à l'envie de lui claquer un baiser sur la joue. Elle lui retourne sa question, et les yeux de la chasseuse se voilent, alors qu'elle essaie de trouver une réponse. Est-ce qu'elle va bien ? Elle n'en a aucune idée. Elle traverse trop d'émotions et trop d'humeurs différentes, en trop peu de temps, pour pouvoir dire comment elle allait. Alors elle se contente d'hausser les épaules et de lui adresser un énième sourire. Celui qu'elle comprendrait comme étant le signe qu'elle était perdue. Qu'elle n'arrivait plus à mettre de mots sur rien.

Elles laissent quelques minutes se faire combler par le silence. Elles sont toutes les deux les yeux rivés sur l'écran. Leurs genoux se touchent, et parfois leurs doigts s'emmêlent alors qu'elles pioches dans le bol de pop corn. Et elle trouve ça trop calme, Azilis. Même si d'habitude, elle aime être baignée de silence, elle veut parler. Elle veut rire. Elle veut vivre activement, et non passivement. Alors elle tourne la tête vers la brune, plus concentrée que jamais. Les gestes qu'elle fait pour insérer les sucreries dans sa bouche sont lents. La rousse pince les lèvres pour réprimer un sourire, attrape une petite poignée du maïs soufflé - et les lance sur Cora d'un geste vif et rapide ; le même qu'elle faisait quand elle faisait filer ses couteaux dans l'air. Elle lâche un rire léger quand la brune tourne la tête vers elle, visiblement offensée, et elle hausse les épaules avec malice. « Désolée. »