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Elrich Marbh & Augustus O'Callaghan



 
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 (azilis) through hell's gates ; the ground shakes ; and valor wakes ; and so it begins

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Azilis Harkwood
we hunt those who hunt us

Azilis Harkwood
Messages : 1222
Pseudo : vae solis (paula)
Avatar : holland roden
Crédits : hepburns (ava) ; .endlesslove (signa)
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Image : (azilis) through hell's gates ; the ground shakes ; and valor wakes ; and so it begins Eoz83FK
Âge : vingt-quatre années que le monde l'a vue naître - vingt-quatre années qu'elle vagabonde et qu'elle essaie.
Statut civil : elle sait que son coeur bat pour quelqu'un - mais pour qui, cela lui a toujours échappé.
Occupation : on la voit souvent vendre des fleurs et des plantes en pots, mais rares sont ceux qui savent que la nuit, elle sort et chasse ceux qui la chassent.
Armes de prédilection : les armes blanches ; elle ne sort pas sans un couteau à la cheville gauche, et lors de ses chasses, sans deux grandes lames dans le dos, parfois même accompagnées d'une épée à la ceinture. elle sait aussi manipuler les hormones et les parfums, comme le reste des membres de sa famille.
Date d'inscription : 10/01/2016

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MessageSujet: (azilis) through hell's gates ; the ground shakes ; and valor wakes ; and so it begins   (azilis) through hell's gates ; the ground shakes ; and valor wakes ; and so it begins EmptyDim 10 Jan - 1:11


azilis harkwood
vengeance waits fury reigns with all at stake and so it begins

identity card
PRÉNOM(S) : azilis. celui de sa mère, qu'elle lui a donné avant de s'en aller. elle avait essayé de rester avec elle et ses aînés, mais elle ne voulait pas de la vie que sa belle-famille lui offrait. alors, az, elle porte son patronyme comme un fardeau, un héritage dont elle ne veut pas. quand son père la regardait, c'était la lâcheté qu'il voyait. AGE : elle a déjà vu vingt-quatre automnes, puisque née en plein milieu du mois d'octobre. lorsqu'elle gagne une année, les feuilles des arbres sont aussi cuivrées que le sont ses cheveux. PROFESSION : tout le monde la voit la fille aux fleurs et aux doux sourires, celle que l'on vient voir pour les anniversaires, la fête des mères et les rendez-vous galants. mais elle est plus que ça ; elle tue et a tué, elle chasse ceux qui chassent les siens. STATUT SOCIAL : seule. elle s'est résignée à partager sa vie avec qui que ce soit ; cette vie qui en ferait fuir plus d'un, car bien trop irréelle, bien trop effrayante. RACE : humaine, elle descend d'une des plus grands lignées de chasseurs de l'ordre. elle ose à peine imaginer ce qu'il lui arriverait si cela venait à changer. NATIONALITÉ : c'est avec fierté qu'elle revendique son appartenance au peuple irlandais. ORIGINES : elle se rappelle avoir passé plusieurs étés chez une cousine, en france - et il lui semble posséder des parents allemands. mais les harkwood, ces vagabonds, on ne sait plus trop d'où ils viennent.FAMILLE : elle n'en connaît que le côté paternel, celui auquel on l'aurait forcément rattaché, quoiqu'il en fut. harkwood, ça sonne creux pour le grand nombre. commun et banal dans le monde anglophone, peu relève la vrai signification de son nom de famille - peu en déduisent l'habilité avec les plantes, le savoir sur les lits, les armes chimiques qu'ils arrivent à mettre au point. la plupart des gens d'ici connaissent le laboratoire pharmaceutique ouvert deux générations plus tôt ; mais là encore, peu savent les meurtriers qui se cachent sous les blouses blanches et derrières leurs chlorophylles. azilis, avant, elle en avait presque honte, du sang qui coulait des mains des siens. mais elle sait désormais que tout a son sens - que tout est justifié.

characterization
ж vilain petit canard, c'est comme ça que son inconscient la définit. depuis sa naissance, elle ne fait rien comme le reste de sa famille - rien que son physique dénote. elle a décidé de ne pas faire d'études scientifiques, préférant se tenir debout derrière son comptoir de fleuriste ж a d'abord eu beaucoup de mal à accepter de devenir chasseuse. c'est par honneur et loyauté qu'elle s'est donné le courage de suivre sa formation et de l'achever. jusqu'à ses dix-huit ans, l'idée de la justice que son père lui avait transmise lui semblait absurde. chasser ceux qui les chassaient lui paraissait dénué de toute logique, persuadée que ce code avait été dépassé par tout le monde, depuis longtemps. c'est parce qu'elle ne connaissait pas le monde, elle ne connaissait pas dehors. avant. ж azilis, c'est une synesthésie visage - coeur. ses traits doux, ses yeux clairs, tout cela reflète son cœur tendre. difficile de voir en elle la femme de guerre qu'elle est devenue, celle qui, la nuit tombant, range ses couteaux dans sa ceinture et dans son dos, toute de noir vêtue, et s'en va traquer le loup. ж elle refuse d'aimer qui que soit. elle refuse de laisser naître quelque sentiment plus fort que l'amitié qui soit. elle aime ses frères, elle aime sa famille, elle aime ses amis, mais elle fuit quand elle sent que tout change, ou va changer. non pas parce qu'elle a peur, mais parce qu'elle redoute. comment savoir ce qui se passerait quand ladite personne découvrirait tout ce que nom de famille cache ? en vérité, si, elle a peur ; peur que quelqu'un découvre l'âme froide dissimulée sous ses sourires chaleureux. ж têtue et impatiente, son plus grand défaut lui est insupportable : la colère. oh que oui, ses sourires sont sincères. oh que oui, elle les garde graver sur les lèvres aussi longtemps qu'elle le peut. mais avec az, il n'y a pas de milieu. elle passe de douceur à agressivité en quelques secondes, pour la moindre petite chose. elle ne sait pas gérer les choses qui la fâchent, qui lui échappent. alors elle s'emporte. cela peut aller du simple haussement de ton à l'extrême crise de nerfs. plus d'une fois elle a renversé les meubles de sa chambre, plus d'une fois elle s'est coupée en ramassant les morceaux d'un vase qu'elle avait brisé. azilis, elle marche sur un fil. arrive à tenir dessus, concentrée ; les bras tendus et les lèvres serrées. mais quelques millimètres trop à droite, ou trop à gauche, et elle risque de s'effondrer. ça ne tient plus à rien.
when wolrds collide, blood divides
depuis quand habitez-vous à Glencullen ? Et pourquoi avoir choisi cette ville ? : Elle est née ici, y a toujours vécu, et ne pense pas à la quitter de sitôt. Vingt-quatre ans qu'elle marche dans ces rues qui l'ont vu grandir, se briser et se reconstruire. Elle l'aime, sa Glencullen, n'arrive pas à s'imaginer loin d'ici. Car ici, elle a tout ce qui la fait se tenir encore debout. Elle a les siens. Avez-vous remarqué la présence de plusieurs créatures surnaturelles ? Croyez-vous en leur existence ? Cela fait maintenant plus de dix ans qu'elle a appris leur présence, et depuis, elle les voit partout. Les premiers temps, elle regardait chaque personne qu'elle croisait avec insistance, à la recherche du moindre petit détail qui pourrait confirmer ses soupçons sans fondement. Et puis, elle a appris à les reconnaître. En vérité, c'est surtout à ça, qu'elle est douée. les reconnaître. D'une certaine manière, ils la fascinent, ces gens étranges au comportement si particulier - et c'est bien pour ça qu'elle les connaît par cœur, qu'elle aime les étudier. Les chasser, bien qu'elle comprenne maintenant pourquoi il le faut, elle n'aime pas ça. C'est mettre fin à une vie qu'elle considère humaine malgré tout. Elle veut juste les connaître, du mieux qu'elle le peut. Croyez-vous en l'existence de divinités quelconques ? Avez-vous une religion ? Si oui, laquelle ? La pratiquez-vous sur une base régulière, ou pas du tout ? : Elle ne sait plus trop comment tout a commencé, elle qui était issue d'une famille dont la religion était les armes et le Code. Mais elle prie souvent, la rousse. Elle prie pour que toutes les âmes qu'elle a forcé à quitter ce monde se porte bien, elle prie pour que ceux à qui elle tient soit épargnés, elle prie pour que tout aille bien pour tout le monde. Elle se repose sur les épaules de Dieu, sans véritablement se rendre compte de sa foi. Ça lui semble naturel. Elle ne fréquente pas d'église, n'a pas lu la Bible, n'est pas baptisé, mais elle croit. Elle croit en une force capable de l'aider - pensée par l'Homme parce qu'il en avait besoin.
the cool kids
PSEUDO : DARBYSHIRE PRENOM : paula AGE : dix-huit COMMENTAIRE, SUGGESTION ? : jvoubez (azilis) through hell's gates ; the ground shakes ; and valor wakes ; and so it begins 2391984088  (azilis) through hell's gates ; the ground shakes ; and valor wakes ; and so it begins 1967561493 AVATAR : holland goddammit roden GROUPE : hunters PERSONNAGE : inventé



Dernière édition par Azilis Harkwood le Dim 6 Mar - 22:12, édité 1 fois
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Azilis Harkwood
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Occupation : on la voit souvent vendre des fleurs et des plantes en pots, mais rares sont ceux qui savent que la nuit, elle sort et chasse ceux qui la chassent.
Armes de prédilection : les armes blanches ; elle ne sort pas sans un couteau à la cheville gauche, et lors de ses chasses, sans deux grandes lames dans le dos, parfois même accompagnées d'une épée à la ceinture. elle sait aussi manipuler les hormones et les parfums, comme le reste des membres de sa famille.
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MessageSujet: Re: (azilis) through hell's gates ; the ground shakes ; and valor wakes ; and so it begins   (azilis) through hell's gates ; the ground shakes ; and valor wakes ; and so it begins EmptyDim 10 Jan - 1:12



alaric
Rares étaient les jours où Alaric Harkwood s’asseyait sur une chaise et posait les coudes sur la table. D’habitude, il restait debout, appuyait les paumes de ses mains sur le rebord de la surface en bois. Comme ça, ses enfants, il pouvait les regarder de haut, comme il aimait le faire. C’était une figure aimante, protectrice ; à aucun moment il était possible pour qui que ce soit de douter de l’amour que le père portait à ses deux fils et à sa fille. Mais c’était un homme droit, un homme d’honneur, un homme qui, malgré lui, voyait des hiérarchies partout. Alors oui, il restait debout, baisser les yeux vers eux, sans oublier de fendre sa bouche en un sourire.

Mais ce soir, quand Azilis a poussé la porte arrière de la grande maison qu’ils habitaient, elle l’a trouvé assis  dans la cuisine. Les doigts liés, la tête baissé. A peine avait-elle commencé à ouvrir la porte qu’il avait déjà posé son regard brun sur elle. Sans sourire. « Où étais-tu ? » Azilis déglutit. Elle n’avait que dix ans, après tout, c’était normal qu’il s’inquiète. Mais cette fois-ci, ce n’était pas juste parce qu’elle était arrivé en retard pour le dîner. Elle a glissé les yeux vers l’évier, où s’entassaient quelques assiettes – puis vers ceux de son père, où brillait la colère. Elle serre les lèvres, trouve un soudain intérêt à regarder ses souliers. « Chez Cora, papa. » Il rigole. Son rire est nerveux, jaune. Il se passe une main sur le visage, montre la chaise en face de lui du doigt – et la rouquine y prend place, en silence. Même ses pas étaient inaudibles. « Je t’avais dit que tu ne pouvais plus être l’amie de Cora, Azilis. » Elle hoche la tête. Elle se souvient. Azilis, tu dois arrêter de traîner avec Cora Barrett. C’était clair, précis, elle n’avait pas eu besoin de poser de question pour le comprendre. Mais elle avait le goût du danger, n’avait pas pû s’empêcher de rentrer avec sa meilleure amie après l’école.

« Comment tu t’es retrouvée chez elle, alors ? Si tu sais que je ne veux plus t’y voir ? » Lui, Aaron, Meredith – personne ne voulait la voir chez les Barrett. Ils avaient leur raison, une très bonne. Mais Azilis n’en savait rien. Azilis ne sait jamais rien, parce qu’elle est trop jeune, et parce que tout le monde l’écarte sans en avoir réellement conscience. Elle est étrange, Azilis, et plus d’une fois son père s’est demandé s’il s’agissait bien de sa fille. Parce que jamais une Harkwood n’avait été comme elle. Si douce, si imprudente, si discrète. Il hésitait souvent, se demandait ce qu’il pourrait bien lui dire, dans quelques années, quand il devra lever le voile sur le secret de leur famille. Il a peur de ne pas pouvoir lui faire confiance, aussi étrange que cela puisse paraître. Azilis, elle ne sait pas quoi répondre, elle se contente de garder ses iris claires rivées sur le sol de la cuisine et d’hausser les épaules. Ca l’exaspère. Son ton se fait plus sec, plus vif. « C’est fini. Tu arrêtes. C’est un ordre. » Elle hoche la tête encore une fois. Et elle comprend. Que c’est sérieux. Elle ne le réalise pas pleinement, mais elle comprend que si elle ne doit plus la voir, c’est parce qu’elle ne le peut pas. Alors elle se plie, s’excuse en chuchotant. Et, sans que son père n’ait à lui dire quoique ce soit, elle monte les escaliers dans sa chambre. Elle croise son frère, de trois ans son aîné, et elle lui rend le sourire réconfortant qu’il lui adresse.

audric
Il lui adresse le même le jour de ses douze ans. Celui où Meredith est venue la trouver, celui où on lui a enfin tout dit. Elle était allée s’asseoir sur la rambarde de son balcon, balançant ses jambes dans le vide – et il l’avait rejointe, comme d’habitude. Parce qu’Audric, peu importe l’heure, peu importe la situation, il était là, coûte que coûte. Il a commencé à balancer ses jambes aussi, prenant soin de caler son rythme sur celui de sa sœur – ce que la fit sourire. Elle tourne la tête, serre les lèvres, passe la manche de son pull trop grand sur ses joues. Ce pull, c’était celui de son frère, avant. Un jour qu’elle avait eu trop froid, elle l’avait trouvé dans le salon, nonchalamment posé sur le dossier du canapé. Il lui avait dit de le garder, sous prétexte qu’il avait l’air plus confortable pour elle que pour lui. « Ça va, t’encaisses ? » Elle hausse les épaules, Azilis, parce qu’elle ne sait vraiment pas. Les mots de sa tante résonne encore à ses oreilles, autant que le regard – mi fier, mi inquiet – de son père lui brûle encore la nuque. Elle l’entend encore parler, lui raconter tout ce qu’on lui cache depuis sa naissance. Voilà d’où venait cette rigueur, cette droiture. Ces armes, aussi, qu’elle avait parfois aperçues. Elle lui avait tout dit. Tout sur tout. Sur eux, sur ceux qui les attendait dehors. Sur les quatre prochaines années, qu’elle passerait à s’entraîner. Et elle n’avait aucune idée de ce qu’elle en pensait. Pour le moment, elle avait arrêté de réfléchir, se contentait de se repasser sa conversation avec Meredith, comme quand on découvre une nouvelle chanson et qu’on ne peut pas s’empêcher de la rejouer, encore, et encore.

« C’est pour ça que maman est partie ? » C’est d’un geste vif qu’il tourne la tête vers elle, les sourcils froncés. Il finit pour soupirer, et hausser les épaules à son tour. « Je me suis posé la même question, le jour où ils m’ont dit. Artor m’a dit que non. Mais bon. Pourquoi elle serait partie, alors ? » Elle acquiesce. C’est surtout à ça qu’elle pense, Az, depuis tout à l’heure. Les membres de sa famille étaient des tueurs, des chasseurs. Elle était au courant depuis à peine deux heures, et savait parfaitement qu’elle avait encore beaucoup de choses à apprendre sur eux. Sur les siens. Comment supporter ça ? Comme supporter une vie pareille, quand on n’y était pas forcé ? Ç’aurait fait peur à n’importe qui. Leur mère avait probablement et simplement voulu fuir un monde qu’elle n’acceptait pas. Elle avait certainement essayé de rester, aussi longtemps que possible – assez longtemps pour donner la vie à trois enfants. Mais à peine sa fille avait-elle poussé son premier cri qu’elle avait pris sa décision. Elle n’en savait rien, la rouquine. Elle ne pouvait que faire des suppositions. Elle soupire, lourdement, bruyamment, avant de passer une main dans ses boucles et de les nouer en un chignon ; avant de se rappeler qu’elle n’avait pas de quoi les attacher, et donc de les laisser retomber sur ses épaules. Elle sent le bras de son frère qui les entoure, et elle ne peut pas résister à l’envie de se blottir contre lui. « On devrait rentrer. » Elle approuve d’un hm silencieux, attends qu’Audric soit passé de l’autre côté de la rambarde pour faire de même. Elle referme la porte vitrée qui mène à son balcon derrière elle, regarde son frère s’avancer vers la sortie de sa chambre. « Audric ? » Il se retourne, lui adresse un énième sourire. Elle remue son nez, croise ses bras sous sa poitrine. « Tu restes ? » Il hoche la tête, elle copie son geste. Et c’est la joue contre son épaule qu’Azilis s’endort, sans savoir que cela lui arrivera de plus en souvent – car elle n’a pas fini d’être perdue.

uriel
« Tu te concentres trop. » Il garde la tête baissée sur ses doigts, mais fait glisser ses pupilles azur jusque dans les siennes. Azilis pince les lèvres, essayant de ne pas sourire – mais c’est plus fort qu’elle. Il n’a qu’à la regarder pour qu’elle ait envie d’étirer sa bouche, le plus grand possible. Il y a des jours où il la regarde tellement, que le soir, elle a mal aux joues. « J’aimerais bien t’y voir. » Son sourire disparaît. Jamais il ne pourrait la voir dans un état pareil. Si un jour, elle se retrouvait dans la même situation que lui, elle devrait mourir. Car c’était ce que le Code stipulait, et qu’elle respectait le Code. Elle n’avait pas encore jurer dessus, mais c’était déjà tout comme.

« J’ai peur de pas y arriver, Az. » Elle fait claquer sa langue sur son palais, en signe d’agacement. Elle prend ses grandes mains fines dans les siennes, le force à ne pas regarder ailleurs. Il arrivait à plonger son regard dans le sien, mais détestait quand c’était elle qui le faisait. « Uriel. » Il exécute. Ses iris ne sont plus bleus, mais dorés, luisantes. Elle prend une grande bouffée d’air, essaie de garder son calme. Elle les avait vu plein de fois, ces yeux brillants – mais jamais elle n’aurait pensé retrouver cette couleur dans ceux de ce qu’elle croyait être l’amour de sa vie. On ne trouve pas l’amour de sa vie à quinze ans, presque seize. Mais elle se disait que bientôt, ils seraient majeurs, adultes, et que si leurs cœurs battaient encore à l’unisson après tout ce temps passé ensemble, c’était certainement pour la vie. « Ce sera pas ta première pleine lune. » « Tu dis ça à chaque fois. Et à chaque fois, je me retrouve avec du sang sur les mains. Sur les griffes, même. » Il avait insisté sur ce mot, parce qu’il ne parvenait toujours pas à réaliser. Des mois qu’il avait été mordu, qu’il essayait de s’en sortir. Sans meute, sans alpha. Tout ce qu’il avait, c’était elle. Elle qui avait toujours baigné dans ce monde, dans le monde où il avait été plongé malgré lui. Elle les chassait, les loups, mais elle les connaissait assez bien pour lui fournir un semblant d’apprentissage. Elle les avait étudié ; à la fois dans les livres et dans la cave du laboratoire pharmaceutique, où elle et sa famille en gardaient quelques-uns prisonniers. Alors, elle lui avait appris. A se contrôler. Au cours des pleines lunes précédentes, il avait failli la mordre plus d’une fois, l’avait griffée à maintes reprises. Mais plutôt que de fuir et d’aller panser ses plaies, elle était restée avec lui, avait essayé tant bien que mal de le calmer. Il savait désormais résister à sa nouvelle nature canine,  mais il avait peur. Peur de faire du mal – peur de lui faire mal. Mais elle souriait, toujours et encore. Elle a vu ses yeux redevenir aussi bleus que le ciel, au-dessus de leurs têtes, alors que son pouce traçait doucement quelques cercles sur la paume de sa main. Ses griffes étaient rentrées, et plus aucun grognement ne sortait de sa gorge. Il soupire, passe une main derrière sa nuque. « Tu me promets d’être là ? » Son sourire s’élargit, et elle va poser un délicat baiser sur ses lèvres. « Promis. Je serai là. »


Elle essaie de lui rendre son sourire, qu’elle arrive à distinguer malgré les ténèbres qui les entoure. Elle essaie de ne pas relever les yeux vers le corps de son père, étalé quelque mètres plus loin, dont le sang dégoulinait encore un peu. Elle essaie d’oublier sa dague, planter dans les côtes du loup. Elle essaie de ne pas imaginer ses yeux, qui bientôt seront redevenus bleus – mais vides. Vides de tout ce qu’elle a pu y voir au cours de ses deux dernières années. Plus de gentillesse, plus de fierté, plus d’amour, plus de peur. Plus rien n’y passera, parce que quand sa poitrine aura fini de s’élever et de s’abaisser, elle les fermera, ses yeux, et ne pourra plus jamais les mêler aux siens.

Elle ne comprend pas, comment il arrive encore à sourire. Alors que c’est sa faute si son cœur cessera bientôt de battre. Elle ne comprend pas, comment elle a pu faire une chose pareille. Elle passe sa main dans ses courtes et brunes boucles, alors que la scène se rejoue encore une fois dans sa tête. Ils l’avaient tous les deux entendu arrivé, et au profond d’elle-même, elle savait qui se cachait derrière les rugissements qu’il poussait. Ils avaient tous les deux cesser de marcher. Alaric avait sorti son arme de son étui, et les mains d’Azilis s’étaient portées sur les pommeau des deux lames rangées dans son deux. Il avait jailli de nulle-part, s’était jeté sur le chasseur, projetant la rousse à terre. Le temps qu’elle se relève, son père avait déjà rendu son dernier souffle, la gorge déchirée. Elle sait, comment elle a pu jeter sa dague. Par réflex. C’était ce qu’on lui avait appris – c’était ce qu’Artor et Audric lui avaient appris. Elle avait réagi comme ils auraient tous voulu qu’elle le fasse : vivement, rapidement, sans se poser la moindre question. Mais elle aurait dû s’arrêter quelques secondes, prendre le temps de trouver une autre solution. Faire comme elle l’avait déjà fait plusieurs fois, s’approcher de lui, lui parler, le calmer, pour l’aider à se contrôler. Cette fois, elle n’avait pas pu. Et elle l’avait tué.

Uriel lâche son prénom, et plusieurs larmes coulent d’un coup, atterrissant sur le front pâle du jeune homme. Elle est assise à genoux, là où elle laisse sa tête reposer – pour le moment. Elle presse un peu plus ses caresses, tentant de le faire taire – en vain. Encore une fois, il laisse le prénom de celle qu’il aime franchir la barrière de ses lèvres déjà violâtres. C’est après avoir rassembler toutes ses dernières forces qu’il se met à parler. « Épique, cette première chasse. » Le rire qu’elle lâche est nerveux. Il sera resté un bel idiot jusqu’au bout. « C’est bien la preuve que tes conseils sont vraiment pouraves, Harkwood. » Encore un rire, et ses yeux se ferment, ses sanglots éclatent. Il ferme les yeux aussi, serre les lèvres pour ne pas hurler. Le tue-loup dont avait été imprégnée la lame d’Azilis arrivait jusqu’à son cœur. C’est ensemble qu’ils soupirent.  Son bras encore valide bouge lentement, fébrile, et ses doigts viennent trouver ceux de la jeune femme. Il les serre, elle ne proteste pas, se contente de continuer d’étouffer sa douleur du mieux qu’elle peut. Il aimerait la remercier, mais il ne trouve plus la force de produire le moindre son. Il aimerait lui dire qu’il l’aime, parce que c’est vrai, parce qu’il ne croit toujours pas que tout ce qu’il peut ressentir partira avec lui. Et au lieu de parler, il grave un dernier sourire sur sa bouche, qu’elle embrasse. Ce sourire, il ne disparaîtra jamais, puisqu’il était encore là quand la vie a enfin décidé de le quitter.

artor
Elle fait tomber son tube à essai, le rattrape de justesse avant qu’il ne s’écrase sur le sol et éclate en morceaux. Elle lâche un juron, sous les yeux réprobateurs de son grand frère. Le plus âgé, le plus grand, le plus dur à ses yeux. Elle était bien plus proche d’Audric qu’elle ne l’était de leur aîné. Artor n’était pas comme il avait pu être auparavant. Avant qu’il ne commence à chasser, avant qu’il soit le premier de la fratrie à sortir un soir de pleine lune, armes à la main. « Tout va bien ? » Elle hoche la tête doucement, se remet au travail. Artor était venu la chercher un peu plus tôt dans l’après-midi, après qu’elle soit remontée dans son chambre à toute vitesse, le déjeuner à peine terminer. Lui, c’était un vrai scientifique. Il passait sa vie au laboratoire, à continuer d’améliorer les armes chimiques et biologiques qui faisaient la fierté des Harkwood. Azilis, elle les trouvait géniales, malgré le fait qu’préférait les utiliser que les fabriquer. Mais il fallait bien qu’elle apporte sa pierre à l’édifice, elle aussi.

Artor sort d’une minuscule boîte en carton une lame de verre pour son microscope, et c’est immédiatement que le son produit provoque un nouveau flash. Encore une fois, elle revoit sa main tirer sa dague de son étui et la lancer droit devant elle. Elle revoit la lame s’enfoncer dans la peau d’Uriel. Elle ferme les yeux, ses doigts se crispent sur le tube à essai, qui se brise sous la pression. Plusieurs bouts de verres restent coincés dans la paume de sa main, quelques-uns avaient griffé son visage et son cou. Elle reste immobile, respire profondément, alors que son frère lui retire le tube des mains et la prends par les épaules, ses yeux bruns grands ouverts. « Qu’est-ce que t’as, aujourd’hui ? » Le regard qu’elle lui lance le foudroie. Il sait très bien ce qu’elle a. Il sait très bien ce qu’il se passe dans la tête de sa cadette depuis qu’elle est revenue, la nuit de la dernière pleine lune.

Il la force à se rasseoir sur son tabouret, et il fait de même en face d’elle. Il lui prend la mains, l’ouvre, et commence à retirer les bouts de verre. Il se charge d’abord des plus gros, il s’occupera de récupérer les plus fins avec une pince plus tard. Elle, elle a les yeux rivés sur ses paumes, sur lesquelles coulent quelques larmes. Il lève la tête, la regarde quelques secondes, avant de continuer. « Il va bien falloir en parler un jour, Azilis. » Elle acquiesce. Elle le sait, qu’elle ne peut pas tout garder en elle, qu’elle va finir par exploser. Mais c’est sans cesse que les images reviennent et que les mots se bloquent dans sa gorge. Elle mord sa lèvre inférieure, regarde son frère faire. Elle fronce les sourcils. « Comment tu fais ? » Il ne s’arrête pas, ne redresse pas le regard. « Faire quoi ? » « Vivre avec la culpabilité. » Il laisse un petit rire s’échapper, avant d’attraper une pince, quelque part derrière lui, sur la paillasse, et de s’attaquer aux bouts de verre minuscules qui restaient. « Suffit de se dire que c’est pas vraiment des humains, qu’on tue. » Elle grimace alors qu’il fait un faux mouvement, que la pince dérape et qu’il ouvre une plaie encore un peu plus grand. « Pas vraiment ? » Il soupire, lâche la pince, et plonge ses yeux dans les siens. « Plus vraiment. » Elle baisse les yeux, ne sait pas quoi répondre. « Tu penses à lui, hein ? » Tout le temps. Elle repensait à ses regards, à ses sourires, à sa peau contre la sienne, à leurs lèvres soudées, à sa voix, à la manière qu’il avait d’ébouriffer ses cheveux quand il était gêné. « Il est mort loup, Az. C’est un loup que t’as tué, pas un homme. » Elle secoue la tête, respire un grand coup pour refouler les sanglots qui venaient de refaire surface. « Il a eu le temps de le redevenir, juste un peu. Juste le temps de se dire au revoir. » Il lui envoie un sourire triste, mais elle l’entend penser. Elle entend le gros, fort des conneries, tout ça qu’il vient de murmurer dans sa tête. Elle retire sa main, réussissant à ne pas montrer qu’elle avait mal. « Laisse, je vais le faire. » Elle se lève, traverse la pièce, et referme la porte derrière elle en la claquant.

cora
Elle n’avait pas pu s’empêcher d’y aller. De troquer sa robe à fleurs contre une autre, noire, droite. Elle avait redressé ses cheveux en un chignon, s’était maquillée le plus sobrement possible. Avait glissé ses pieds dans les seuls talons qu’elle possédait –noirs et classiques. Elle était sortie sous les yeux d’Audric, qui avait décidé de ne pas la suivre. Il avait ses raisons, mais elle ne les connaissait pas. Qu’est-ce qu’elle ne savait, Azilis, que la famille qui venait de perdre un membre avait été quitté l’Ordre, qu’ils méprisaient le Code par lequel la rousse jurait ? Rien. Elle ne savait rien. On ne lui avait jamais parlé des Barrett, jamais. Et c’était important pour elle. Parce que sa Cora, elle avait été forcée de la laisser, sans avoir la moindre idée du pourquoi, alors qu’elle n’en avait jamais eu la moindre envie. Elle avait passé son enfance aux côtés de la brune. S’était habituée à devoir l’éviter à l’école. N’avait plus eu le courage de le faire une fois arrivées au lycée. Elles étaient grandes, responsables, rebelles. Elle ne savait pas vraiment si l’ordre de son père tenait toujours, mais elle avait quand même eu l’impression de le contourner, toutes ces fois où elles avaient fait en sorte de se retrouver, comme au bon vieux temps. Devant un film, dans un café, à la bibliothèque. Parce qu’elles s’entendaient si bien, parce qu’elles étaient inséparables presque par défaut. Même leurs exposés en littérature reflétaient ce lien invisible, mais en même temps si palpable, qui les unissait.

C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée debout devant le cercueil d’un homme qu’elle avait connu. Qui n’était pas son père, mais plus proche d’une figure paternelle qu’avait pu être son géniteur. Alaric avait été un protecteur, un instructeur ; mais jamais elle ne s’était senti chez elle à ses côtés. Alors que chez les Barrett, elle était bien, à l’aise, comme à la maison. Elle y avait passé tellement de temps qu’elle se souvenait des couleurs, des odeurs, des traces de pas dans les escaliers, de l’assiette qu’elle avait fêlée, une fois, en voulant débarrasser la table – et qu’on lui servait, comme une vieille blague, à chaque fois qu’elle venait dîner. Elle revoyait son visage, entendait de nouveau les petites piques qu’il aimait tellement lui lancer. Elle avait baissé la tête, fermé les yeux, joint ses doigts. Et avait commencé à prier, comme elle le faisait depuis toujours. Elle avait trouvé la foi le plus naturellement du monde, sans qu’on lui transmette quoique ce soit. Elle priait pour Joshua, elle priait pour celui qui était mort à ses côtés, elle priait pour ceux qui l’avaient vu partir et qui devrait s’habituer à une vie sans lui. Elle termina, signa une croix sur sa poitrine, se retourna. Et elle la vit. Assise au premier rang, les yeux rivés sur ses mains, les cheveux plaqués. Elle ne peut pas faire autre chose que de s’avancer, parce qu’elle se souvient qu’elle avait eu besoin d’elle, le jour où son père était mort. Il n’avait eu le droit qu’à de très simple funérailles, en famille, avec les amis les plus proches. Elle n’avait pu se reposer sur les épaule de son frère et de sa cousine seulement, et elle pleurait, parce qu’elle aurait voulu que Cora soit là. Elle s’est assise à côté d’elle, a attendu que leurs yeux se trouvent pour lui sourire, du mieux qu’elle pouvait. C’était un sourire qui voulait tout dire, et elle le comprendrait parfaitement. Elle supporta à peine le moment où leurs regards se sont déliés, et elle supportait à peine de voir sa meilleure amie dans un état pareil. Elle posa sa main sur la sienne, avant de la serrer, à la fois fort et doucement. Là aussi, Cora comprendrait. Elle la sentait crispée, tendue. Elle se retenait. Parce qu’elle était comme ça. Elle voulait paraître forte, devant tout le monde, en toutes circonstances ; sauf devant elle, elle le savait. Elle ne devrait pas. « Tu peux t'autoriser à lâcher prise Cora, tu n'es plus seule désormais. » Elle avait employé ces termes parce qu’elles les avaient toutes les deux entendus dans un film, une fois, qui les avaient toutes les deux forcées à ouvrir un pot de glace chacune. Un clin d’œil histoire de lui faire comprendre que ces mots s’appliquaient à elle aussi, plus qu’elle ne pouvait le croire. Elle était là, elle, elle était toujours là. Azilis sent une première larme s’écraser sur le dessus de sa main, la vit baisser les yeux encore une fois. Elle serre les lèvres, retire sa main d’autour de celle de l’autre pour passer son bras entier autour de ses épaules ; l’attirer tout contre elle ; et passer sa main dans les cheveux de Cora, sans vraiment y penser.

ariana
Elles sont deux, toutes de noir vêtues. Elles s’avancent, évoluent sur le sol recouvert de feuilles mortes, entre les arbres déshabillés par l’automne. Leurs chevelures, si différentes, sont relevées en un chignon presque identique – strict, solide, leur fournissant une vue optimale. Elles tiennent toutes les deux leurs armes à la main, les complément rangés dans leurs dos, leurs bottes, leurs ceinture. Elles tendent l’oreille, leurs yeux parcourent chaque millimètre s’étendant devant elle.

Elles n’étaient jamais sorties qu’à deux. Il y avait toujours eu Adam, Aaron, Meredith, parfois la famille toute entière et les alliés qu’ils s’étaient fait. Personne n’avait vraiment cru Ariana quand elle avait dit qu’un des loups assassinés lors de la précédente nuit de pleine n’était pas mort, contrairement à ce que tout le monde avait pris pour acquis. Personne sauf Azilis, qui n’éloignait aucune alternative. Elle connaissait assez bien les lycanthropes et le corps humain pour savoir que parfois, le pouls était trop faible pour être ressenti ; et que, dans ces cas-là, le loup avait tout le temps de guérir, et de se retrouver sur ses deux pieds en trop peu de temps pour que cela puisse paraître réel. Alors, une fois tout le monde rentré de la chasse de la pleine lune, elles étaient ressorties. En douce, sans faire de bruit, aussi discrètes qu’on le leur avait appris. Aucun de leurs pas n’avait résonné dans la maison immense et endormie, et Dieu merci, la porte avait décidé de ne pas grincer pour cette fois-ci. Et elles s’étaient retrouvées là, au milieu des bois, à chasser celui qu’elles avaient déjà chassé plus tôt. A l’affût du moindre bruit, du moindre mouvement. Il avait récemment été mordu, et Omega signifiait aucun apprentissage : la pleine lune le rendait incontrôlable, et donc, plus facile à attirer.

C’est la rousse qui tire, au lance pierre, le cocktail d’hormones qu’elles étaient allées fabriquer en vitesse. Elles s’accroupissent, se retiennent sur le genou de l’autre quand l’une manque de perdre l’équilibre. Elles ne disent rien, se contentent de respirer à l’unisson, et d’attendre que leur proie soit poussée à venir jusque devant le buisson qui les dissimulait. Concentrée, Azilis arrivait tout de même à se rappeler des rares moments où les deux Harkwood s’étaient retrouvées seules. Elle se souvenait des nombreux combats corps à corps qu’elles avaient menés, et jamais personne n’avait réellement pu dire qui gagnait. Elles étaient plus similaires que les gens ne le croyaient, malgré leurs caractères éloignés. Elle l’aimait beaucoup, en fin de compte, bien que ce n’était pas toujours très visible. Elles avaient simplement toujours un geste, un regard, qui signifiait le monde.

Très vite, leur piège a fonctionné. Alors que les yeux, luisants et bleus, de la créature croisent ceux d’Azilis, elle se rappela son visage, et son corps étendu sur le sol. Aucune d’entre elles n’hésita, et c’est une flèche d’Ariana qui le blesse en premier. « Putain, j’aurais dû en envoyer une en argent, quelle conne. » Elle sourit alors qu’elle l’entend murmurer cette phrase en murmurant, qu’elles sortent de leur planque et qu’elle court vers lui. Azilis dégaine ses deux sabres, prenant garde à ne pas blesser sa cousine. Elle trébuche en courant, comme ça lui arrivait, au début. Elle se maudit d’avoir baissé sa garde, tente de se relever, mais n’y arrive pas. Elle se contorsionne pour tenter d’apercevoir ses jambes, et c’est quand ses yeux se posent sur son genou gauche que la douleur surgit. Vive, piquante, elle lui arrache un cri, et elle n’entend pas le loup arriver. Ce n’est que lorsqu’Ariana s’interpose et le jette à terre d’un grand coup de pied qu’elle se rend compte qu’elle vient d’échapper à la morsure, si ce n’est à la mort. Il était là, tout prêt, prêt à planter ses crocs dans n’importe quelle partie de son corps. Alors qu’elle entend les coups qui fusent, les rugissement de l’un et les cris de l’autre, elle essaie de se retourner, de ramper pour se rapprocher d’eux et de leur faire face. Elle se retrouve allonger sur le ventre, après s’être emparée de sa lame la plus fine, celle qu’elle lance, habituellement. Mais entre la douleur, sa position, et Ariana qui ne fait que des va-et-vient dans son champ de vision, elle ne trouve aucune occasion de tirer. Elle jure, encore et encore,  blâme tout ce qu’elle peut pour cette chasse qui tourne mal. Elle ne sait toujours pas comment elle va se relever, et voilà qu’Ariana est à terre. Azilis en profite pour jeter son arme, qui fait fuir le loup et les laisse toutes les deux. Elle rampe jusqu’à la brune, qui se tient le bras, hurle de douleur, et Azilis n’a pas besoin de baisser les yeux vers la plaie pour savoir de quoi il s’agit. Elle jure encore une fois, arrive à se retourner et à s’allonger près de sa cousine. Elle fait de même, sans s’arrêter de hurler. Bientôt, les sanglots se mêlent aux lamentations. Elles essaient toutes les deux de rester consciente, récitant le Code de l’Odre en boucle pour se maintenir éveillées. Mais dans leurs têtes, une seule phrase reste et ne les quitte pas. Pour garder notre honneur, nous nous retirons la vie lorsque nous avons subi la morsure. En français, parce que c’est comme ça qu’on leur a enseigné le code. Et en anglais, pour en saisir tout le sens et la fatalité qui se cache derrière les mots.

adam
Elle rentre de l’hôpital, boiteuse, appuyée sur une béquille. Tout son esprit jure contre cette nuit qui s’est si mal passée, qu’elle a terminé allongée dans un lit si petit, si peu confortable. Elle avait toute la jambe gauche dans le plâtre, ne pourrait pas retourner chasser avant trois ou quatre mois. Elle allait devoir passer quatre pleines lunes ici, chez elle, en sachant les siens et ses amis dehors en train de risquer leurs vies alors qu’elle sera sûrement coincée devant un film ou une série. Maudite jambe, maudite branche, et maudit loup. Maudits loups, en fait. Depuis le début, ils étaient la seule cause du bordel dans lequel elle se trouvait.

Elle pousse la porte du manoir, qu’elle avait si sagement fermée derrière elle dans la nuit, sa cousine devant elle. Elle plisse les sourcils alors qu’elle découvre tout le monde assis autour de la table, les yeux rivés sur la surface en bois. Tout le monde sauf Aaron. Et Ariana. Et Adam. Et puis, comme si elle avait oublié, les souvenirs reviennent. Le combat, la morsure, et le Code. Elle serre les lèvres, hoche lentement la tête, et Audric se lève. Parce qu’Audric sait ce qu’elle va faire – il sait qu’elle va laisser tomber sa béquille et monter les escaliers du plus vite qu’elle peut. Il essaie de la retenir alors qu’elle a déjà gravi quelques marches, mais elle le pousse, avec toute la force qui lui reste, le faisant perdre à la fois l’équilibre et le courage de la convaincre de rester en bas et d’attendre, comme tout le reste des Harkwood le faisait. Mais elle n’était pas le reste des Harkwood. Depuis toute petite, elle se répétait qu’elle n’avait rien à voir avec eux, même avec ses frères. A cet instant précis, elle se sentait plus comme la sœur d’Ariana que celle d’Audric – et c’était Ariana qu’elle montait voir, sans savoir qu’elle ne croiserait plus jamais son regard.

Elle peine à arriver en haut, mais elle marche bientôt dans le couloir où la voix, forte et lointaine, l’a guidée. Elle l’entend répéter le nom d’Adam, jamais sur le même ton, mais toujours au même volume qui lui donne déjà mal au crâne. Il est tard, la lune brille au-dessus de sa tête et illumine certaines passerelles de la moquette, arrivant des pièces dont les portes étaient ouvertes. Elle boîte jusqu’à son oncle, pose une main sur l’épaule de l’homme, le faisant se taire immédiatement. Comme à chaque fois, ses yeux lui rappellent ceux de son père. Elle adresse à Aaron un léger sourire, triste et compatissant, comme elle savait si bien les faire. Il comprend. Il n’y a rien d’autre à dire, ni à faire. Il ne peut pas s’empêcher d’enrouler ses bras autour de sa taille, dans lesquels elle se réfugie. Il reste comme ça quelques instants, mais il finit par défaire son étreinte et de s’éloigner. Elle, elle s’avance vers la porte, toque trois coups, doux, presque inaudibles. « Adam ? » Son mot aussi est doux, se veut le plus apaisant possible n’obtenant pas de réponse, elle le répète. Silence. Elle fronce les sourcils, soupire doucement, et se laisse glisser sur le sol, le dos contre la porte. Elle pense, elle réfléchit. Lâche le nom de son cousin une fois, de temps en temps, histoire de lui faire savoir qu’elle est toujours là et qu’elle ne partira pas avant qu’il lui ai ouvert.

C’est au bout de plusieurs dizaines de minutes qu’elle décidé de parler. « Tu vas pas rester là-dedans jusqu’à mourir de faim, de froid et de chagrin, si ? » Déjà trop de morts, beaucoup trop. Elle entend du bruit de l’autre côté, se relève alors que la clé tourne dans la serrure. Le visage qu’elle voit, ce n’est pas celui qu’elle connaît. Déformé par le chagrin, la colère et la lassitude, il lui est presque inconnu. Elle fait descendre ses yeux jusque ses mains, et elle sent les larmes monter jusqu’à ses yeux. Il l’avait fait. Avait aidé sa propre sœur à respecter ce Code et a préservé son honneur. Il avait été la dernière personne à la voir en vie. Les derniers yeux auxquels elle avait pu se rattacher. « Je suis désolée. » Ça venait du cœur, parce qu’elle l’était vraiment. Elle était désolée de ne pas l’avoir retenue, hier soir ; désolée de ne pas avoir pu la protéger comme elle se devait ; désolée de n’être là pour lui que maintenant ; désolée de ne pas avoir pu l’épauler. Elle prend ses mains dans les siennes, sans se préoccuper du sang de sa cousine qui y est encore collé. Elle refoule ses sanglots au fin fond de sa gorge, mais elle ne peut empêcher quelques larmes de glisser sur ses joues. « Tu vois, ce qu’ils peuvent faire. » Adam avait longtemps été le seul à qui elle pouvait parler librement de ses doutes au sujet de l’activité de leur famille, parce qu’il avait été le seul à les partager. Mais elle s’était plus vite rendu compte de la légitimité de leur devoir, là où le jeune homme ne la comprenait toujours pas. Ce qu’elle acceptait. Mais elle avait désormais du mal à imaginer qu’il puisse rester si indécis. Sa sœur venait de voir ses jours se terminer à cause d’un Beta. Et secrètement, peut-être sans même se l’avouer, elle espère qu’il changera. « Viens, j’vais te bichonner, un peu. » Trop longtemps depuis la dernière fois qu’ils avaient passé du temps ensemble. Trop longtemps depuis qu’ils avaient partagé ce qu’ils avaient sur le cœur. Sur le chemin vers la salle de bain, elle croise Artor, Audric et Aaron. Un bref signe de tête pour leur faire part de ce qu’ils avaient tous déduit, avant de fermer la porte de la salle de bain derrière elle et le brun, et de se mettre à l’écouter.


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(azilis) through hell's gates ; the ground shakes ; and valor wakes ; and so it begins

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